Récit de la course : Les Templiers 2003, par Mathias

L'auteur : Mathias

La course : Les Templiers

Date : 26/10/2003

Lieu : Nant (Aveyron)

Affichage : 6933 vues

Distance : 65km

Matos : Matos :
- sac DK 5l
- couverture de survie, sifflet
- 2 gels, 2 granys, 1 balisto
- nok anti-échauffements
- 1,5l de boisson énergétique dosée au pif
- frontale

En ce qui concerne les vêtements, je prends tout sur moi (rien dans le sac !) :
- NB 870 (sans semelles !), chaussettes de ski de fond
- collant, tee-shirt respirant
- polaire légère

Objectif : Terminer

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Le récit

CR Templiers (4 pour le prix d'un)
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Samedi 25 octobre, vers 7h, alors que je pars de Valence, direction l'Aveyron, je me fais la réflexion : bigre, il fait frisquet, j’ai bien fait de prendre la polaire ! Je vais courir les Templiers, et j’ai emporté ma polaire uniquement « par précaution », ayant couru les Templiers en tee-shirt il y a 2 ans…

Je file sur l’A7 en admirant le lever de soleil. Je pense avec délectation au WE sportif qui m’attend : Roc’Orientation pour commencer, 2h de CO au score ce matin. Puis, Roc’Vertical le soir : course de côte de 380m de D+. Enfin, le trail des Templiers le lendemain !

Objectifs : une balade de 2h avec la boussole, à peine une randonnée, pour éviter toute fatigue. Puis un petit sprint en côte, trop court pour vraiment se fatiguer. Et enfin, profiter de ce qui reste de mon entraînement « Embrun 2003 » pour exploser mon temps de 2001 aux Templiers (9h50). Je pense être à moins de 3h sur marathon : je vise 9h, et pourquoi pas 8h !

C’est parti pour un long CR…


1) Roc’Orientation
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J’arrive en avance à la Couvertoirade : ça me laisse le temps de visiter cette petite cité templière au sud de Nant. Pour l’anecdote, j’y trouve, sous un porche, une rangée de stalactites qui donnent une idée du froid qui règne dans la région…

J’ai réussi à oublier mes chaussures (mizuno trail) ! Heureusement, j’ai une deuxième paire (NB 870). Seul problème : les semelles sont dans les mizuno :-((
Je vais essayer d’utiliser les « semelles de propreté » de mes NB de route, qui sont un peu trop grande pour les NB de trail. On verra bien…

Le départ est donné en masse. Certains se sont donnés 1 heure pour chercher les 27 balises, d’autres comme moi se sont donné 2 heures. Après quelques centaines de mètres de sprint, on nous distribue nos cartes. Je me freine pour ne pas continuer le sprint avec les allumés qui regardent la carte 3 secondes et partent à bloc. Du calme, du calme, t’es là pour te promener… pas pour faire une perf’ !

Je prends 30 bonnes secondes pour établir une stratégie. Prendre la distance en compte, ça va, mais je ne suis pas assez fort pour intégrer le D+ dans mon choix du meilleur itinéraire. Ne soyons pas mesquins, le D+ c’est rigolo. Et zou, c’est parti…à bloc !

J’essaie de me fier plus à mon orientation qu’aux grappes de coureurs qui s’agglutinent autour des balises, mais c’est pas évident. 1, 2, 3, 4 balises, woooow ça va vite ! Tellement vite que j’en rate la balise 15, tiens je suis trop loin, oups 1/2 tour, ça y est je commence à faire n’importe quoi…

5, 6, 7, 8 balises, ça s’enchaîne et tout se passe bien. Tellement bien même, que je me suis complètement pris au jeu, et je donne tout ce que j’ai pour tenter de rallier les 27 balises dans le délai fatidique des 2 heures… sans m’économiser le moins du monde. Bah, les Templiers, c’est demain : j’aurai bien le temps de récupérer !

9, 10, 11 balises. Je suis ravi de me balader au milieu de ces paysages : rien à voir avec les Alpes, mais c’est chouette aussi les collines pelées à perte de vue ! Soudain, en revenant de la 21 vers la 13, je suis surpris par un chevreuil, qui déboule à toute berzingue, à 20 ou 30 m à peine ! Je ne sais pas dans quel buisson il était planqué, mais c’est beau…

Tellement beau que je me retrouve à la balise 26, que j’ai déjà poinçonnée, alors que je me dirigeais vers la 13. Hum hum…

Je me maudis et mets le cap sur la 13. La végétation clairsemée permet à des bœufs comme moi de pratiquer l’orientation « rapide », c’est-à-dire un œil sur la carte et on trace grosso modo dans la bonne direction, espérons que l’attaque du poste soit potable…

12, 13, 14, 15 balises… ayé, j’ai fait toute la partie sud-ouest de la carte, en terminant sur la balise 14. Je déplie la carte, pour préparer la suite de ma course. Oh, surprise, j’aperçois 2 « nouvelles » balises tout au sud-est. Damned, quelle idée de plier la carte en 4 !
Pour rattraper le temps perdu, je me fais un bon raid sur la 7, puis cherche la 10 en revenant. Impossible à trouver… et c’est tout penaud que je retourne à la 14. Je regarde ma montre : 23 minutes aller-retour pour 1 seule balise, bravo ! Je risque de regretter ces 23 minutes, surtout si je ne réussis pas à chopper toutes les balises restantes…

Il me reste une vingtaine de minutes… allez, 17, 18, 19 balises… courage, j’ai le temps d’aller cherche la 17, complètement à l’Est. Elle est si proche et si loin à la fois…
La 9 est encore moins loin, mais il faut grimper un sacré raidillon… et il reste moins de 10 minutes ! C’est un véritable sprint maintenant… après avoir fouillé un peu pour la trouver, je descends en sprint, choppe la 5 qui est sur le passage, aie aie aie il reste 4 minutes, je décide quand même de ne pas contourner la colline, afin de récupérer la 3 au sommet.

Il me reste moins de 2 minutes, et je mets les gaz dans la pente pour rejoindre le village que je vois là bas. Je sais qu’il reste la balise 27, quelque part dans le village, mais je n’ai pas le temps de regarder la carte. Je suis vraiment à bloc, et plus très lucide. Les organisateurs ont parfaitement minuté le coup, et au moment où je déboule dans le village, j’entends le speaker qui dit : « plus que 14 secondes, 13, 12, … »…

J’aperçois sans vraiment y penser une flèche orange qui part à gauche. Non, ils n’auraient tout de même pas fléché la 27 ? Je n’y crois pas, et prends ma décision en une fraction de seconde : je prends le pari que la 27 est à côté de la ligne d’arrivée, et me tape le sprint de la dernière chance…

J’arrive hors d’haleine, un bœuf tout fou à 25kms/h, en jetant des regards à droite, à gauche. J’ai dépassé le temps d’une poignée de secondes, mais, une fois engagé dans le sas d’arrivée, je n’ai pas le courage de demander au bénévole qui me souris : « vous z’auriez pas vu une balise 27 par hasard ? »

Niveau orientation, c’est clair : j’ai été assez mauvais. 2h et quelques secondes pour 23 balises de collectées (curieusement, je suis chronométré en 1h59’46’’, 56ème/153). Le meilleur, François Gonon, a mis 1h19 pour tout ramasser !!! Plus rigolo : le « meilleur itinéraire » était estimé à 12kms et 450m D+. Je ne sais pas combien j’ai couru de kms, mais pour faire durer le plaisir, j’ai fait 650m de D+ pour ramasser 23 balises seulement, trop fort ! ;-)

C’est intéressant de choisir son itinéraire, mais j’ai trouvé encore plus amusant que, plus je me rapprochais de l’arrivée, plus le temps manquait par rapport aux balises restantes, plus je perdais ma lucidité, et plus les décisions étaient importantes !

Niveau CàP, par contre, j’ai bien carburé. Il est tout content de lui, submergé d’endorphines, le gros malin. En dégustant son agneau du Larzac (sympa le ravito d’arrivée), il ne pense pas trop aux lendemains qui déchantent, ce gros malin… il ne pense qu’à s’allonger dans l’herbe pour profiter du soleil, même s’il fait toujours un peu frisquet…


2) Roc’Vertical
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Direction Nant, pour la suite du programme. Je fais le tour des stands (rahhhh toutes ces courses, dans des cadres tous plus magnifiques les uns que les autres !) et vais chercher mon dossard. Et hop, un 2ème tee-shirt…
Je me bois une bonne petite bière, en se faisant dorer au soleil (malgré la température), avec des copains. On est bien…
Pour rester dans l’ambiance « CàP », on va voir le départ et l’arrivée de la « Templière », et encourager Sophie. Ouahh toutes ces jeunes filles qui courent, ça change des poilus !

Je commence à me poser des questions sur la suite des évènements : il fait très froid, et de plus en plus froid au fur et à mesure que la nuit tombe… je ne sais pas trop ce que ça va donner, la nuit au camping dans une tente pourrie et un duvet de 600gr…

Le départ de la Roc’Vertical est donné à 19h30, par vagues de 4 ou 5 coureurs. 2,5 kms, qui commencent par 400m de descente puis 2,1 kms de montée avec 380m de D+. En revenant du camping en tenue et en petites foulées, je ne me sens pas trop bien : j’ai mal à une cheville, à un genou, et à une hanche. Mmm on verra bien.

Je pars dans la vague de 19h34. Nous sommes seulement 3, dont un Ethiopien ! A chaque départ, les noms sont annoncés, on nous met « Era » pour nous galvaniser, et des fumigènes pour mettre l’ambiance !

Pan ! C’est la première fois que j’essaie de suivre un Ethiopien, au sprint (enfin, MOI je suis au sprint, en tout cas !). C’est rigolo. Ca le devient moins quand ça commence à monter, et j’explose immédiatement. Je suis un peu déçu par le parcours : je m’attendais à courir de torche en torche, mais il y a juste quelques spectateurs pour montrer le chemin (pas facile de suivre la rubalise à la frontale !).

La Roc’Orientation se rappelle vite à moi. Ouille ouille. Je souffle comme un Bœuf, à un tel point qu’une spectatrice, applaudissant dans la nuit à mon passage, dit à sa copine : « mais non, c’est un chien, là ??? ». Je n’ai toujours pas compris si elle disait ça pour rigoler ou si elle a vraiment cru qu’un chien se promenait avec une frontale…

J’essaie de tout donner, en gardant toutefois quelques forces pour la fin, qui est annoncée « très pentue avec passages rocheux ». Et je suis encore une fois déçu, quand je croise un coureur qui m’annonce : « ça y est, c’est fini, il reste 300m », alors que la pente devient de moins en moins forte.

Je termine en sprint pour la forme, en ayant l’impression d’en avoir gardé sous la semelle. 21’55 à mon chrono (18ème/39). Le vainqueur termine en 17’02 !

Le temps de boire un thé bien chaud, de récupérer mon 3ème tee-shirt, et il faut déjà redescendre, en petite foulées, et en encourageant les coureurs partis dans les vagues suivantes.


3) Sprint de nuit
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A peine arrivé, j’entends qu’on m’appelle pour le départ du sprint de nuit. Ouch ouch, c’est reparti. J’ai bien fait de courir la Roc’V avec ma boussole ;-) car je n’avais pas le temps de retourner au camping !

Et en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, je me retrouve en train de sprinter avec quelques autres orienteurs, par le même chemin que celui emprunté pour la Roc’V, pour aller chercher nos cartes de CO du village de Nant…

C’est difficile de décrire une CO de nuit, dans un village, un sprint qui plus est !
Très rapidement, Nant se transforme en véritable fourmilière : des orienteurs-fourmis, fébriles, courent dans tous les sens, se croisent et se recroisent, manquent régulièrement de se rentrer dedans, ou de rentrer dans des spectateurs, parfois effrayés mais très souvent amusés par toute cette agitation ! Il est très difficile de courir de nuit, changer de direction tous les 50m, et regarder la carte à la frontale en même temps !

J’en termine avec mes 13 balises en 15’24’’ (le 1er met 10’26’’ !!!), en n’ayant pas fait d’erreur d’orientation, pour une fois ! Heureusement d’ailleurs, car en sprint, ça ne pardonne pas. Il suffit de se gourer de ruelle, dans la labyrinthe nantais, et comme on est en permanence à bloc, on se retrouve dans ce cas là complètement désorienté : difficile de se recaler !

Bref, ce fut une super expérience, malheureusement trop vite terminée…


4) Récup’ et dodo !
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Je vais récupérer le délicieux casse-croûte offert aux coureurs de la Roc’V : charcuterie, roquefort, fruits… et je vais faire ma pasta-party sur le parking devant la fontaine. Mes copains ont déjà mangé, ils me font réchauffer une platée de pâtes et une bonne soussoupe sur un réchaud de camping, à l’arrière de la voiture, pour accompagner mon saucisson et mon pâté de l’Aveyron !
Ahhhh, on ne peut pas dire que ce soit le grand luxe, mais qu’est ce que c’est bon !!!

De retour au camping, je n’ai pas le courage d’aller me doucher, malgré les 3 courses de la journée (beurk !). Il faut dire que les douches ne sont pas très engageantes, et qu’il doit déjà faire en dessous de zéro degrés…

J’aime ces moments là, quand on vérifie minutieusement tout ce qu’on met dans le sac à dos pour le lendemain ! (non, rien à voir avec une pub quelconque, la jambe gauche en 1er, bla bla). Dehors il gèle, et dans ma voiture je prépare soigneusement mon sac :

- sac DK 5l
- couverture de survie, sifflet
- 2 gels, 2 granys, 1 balisto
- nok anti-échauffements
- 1,5l de boisson énergétique dosée au pif
- frontale

En ce qui concerne les vêtements, je prends tout sur moi (rien dans le sac !) :
- NB 870 (sans semelles !), chaussettes de ski de fond
- collant, tee-shirt respirant
- polaire légère

Et c’est tout !

Je traîne jusqu’à minuit, en lisant et relisant les descriptifs du parcours… ah, j’ai hâte d’y être ! Par contre, j’ai moins hâte de regagner ma tente… et pour cause ! Je me réveille en grelottant à 1h50 : il fait 2 degrés dans la tente, et mon duvet de 600gr ne suffit pas pour me réchauffer… je vais passer une nuit d’enfer !


5) Les Templiers
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5.1) Où nos héros se préparent dans la joie et l’allégresse
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Ouch… le réveil est difficile, à 4h45, après une nuit entière à grelotter, à me tourner et me retourner dans mon duvet… je mange un bout de gatosport, et on se réfugie dans les sanitaires avec d’autres coureurs, pour finir de s’habiller, passer de la nok sur les pieds, accrocher le dossards… la « pression » monte, enfin, je dirai plutôt « l’exaltation de la course »…

On courrote 500 m pour rallier le centre de Nant. On y rejoint 2028 autres coureurs, 4 minutes avant le top départ ! J’ai mûrement réfléchi à ma « stratégie de course » :
- un départ rapide histoire d’éviter les bouchons de début de course, pour viser 9h et pourquoi pas 8h,
- ou un départ piano piano, pour accompagner mon pote Gaël un maximum (c’est son 1er ultra), ne pas me griller d’entrée, et décider à mi-course si j’essaie d’accélérer ou non. Dans ce cas, adieu les rêves de 9h…

Vu mes sensations du matin, j’ai finalement choisi de partir très tranquille. La présence de Gaël est une aubaine pour moi : ça m’aidera à garder un rythme raisonnable, pour ne pas refaire la même erreur qu’il y a 2 ans. D’autant plus que je suis bien usé par mes 3 courses de la veille (douleur à la cheville G, au genou D, à la hanche D : rien que ça !).


5.2) Où le départ du trail est donné dans une ambiance folle !
Nant-Sauclières : 14,4 kms, 435m D+
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Après quelques discours, qu’on entend mal tout au fond du peloton, les flambeaux sont allumés, la musique (ERA) est lancée, et 2030 coureurs peuvent entrer en transe !
On part très doucement, mettant plus de 3 minutes à passer la ligne de départ. On est parmi les derniers, et ça va très bien comme ça ! On sort de Nant, toujours sur le bitume. En contrebas, on aperçoit une file impressionnante de voitures qui se dirigent vers les prochains points de contrôle pour voir passer les coureurs. En face de nous, on admire le serpentin de loupiotes qui dansent sur le flanc de la montagne… bigre ! Ça part vite, devant !

Après 2,5 kms et 120m D+ en 26 minutes, on quitte (enfin) la route pour emprunter un chemin forestier. Ca continue à monter progressivement. On double un petit peu, mais on reste très prudents. Calme...
On passe à l’endroit où ça bouchonnait il y a 2 ans. Cette fois ci, ça coince juste une poignée de seconde. Ils ont légèrement dévié le parcours pour éviter un goulot d’étranglement, et ça marche !

Je suis inquiet : on vient à peine de commencer, et j’ai les jambes lourdes, ainsi qu’une douleur à la cheville... ça n’augure rien de bon tout ça !
Mais on est bien ! J’aime ces moments, qui semblent légèrement irréels, quand on court très tôt, en observant la brume matinale qui se réfugie dans les vallons en contrebas.
On devise gaiement avec Gaël, entre autres je lui décris le projet de la Grande Traversée du Vercors du 10 novembre. C’est sympa, parfois d’autres coureurs interviennent dans la conversation pour donner leur avis...

Et voici la première vraie montée : on aperçoit des dizaines de coureurs scotchés sur un chemin qui monte droit dans la pente ! C’est bientôt à notre tour, et là encore, je me sens assez mal : faible, mou. En plus, l’estomac n’est pas très bien... et je monte laborieusement…

Puis on attaque la partie roulante, sur l’ancienne voie ferrée. On passe les 2 tunnels, et on est contents d’avoir gardé la frontale sur la tête ! Surtout pour éviter la charrette qui rouille dans le 2ème tunnel !

Même si je n’ai pas la pêche aujourd’hui, j’ai beaucoup de mal à me retenir. A ce moment là, on se sent bien, on a envie de lâcher un peu les chevaux. Je me vois au même endroit 2 ans auparavant, 4kms/h plus rapide, m’envolant par-dessus le chemin herbeux…

Enfin, c’est l’arrivée à Sauclières, dans le même temps qu’en 2001 : 1h47, à 1 minute près. On y est allé cool, oui mais, cette année il n’y a presque pas eu de bouchons. Ceci explique cela...
Je suis surpris, comme d’hab’, du nombre de spectateurs qui applaudissent à notre passage ! Et Sophie, la copine de Gaël, qui est la plus en voix !
C’est un ravito en eau, à l’extérieur. Rien pour se réchauffer, on va pas traîner ici hein ? Nous avions prévu de nous alléger de la polaire à cet endroit là. Finalement, on va la garder ! Il fait toujours frisquet...


5.3) Où nos héros affrontent les intempéries.
Sauclières-Saint Guiral : 10,9 kms, 765m D+
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On attaque la montée vers le St Guiral. On a droit à quelques paysages sympas, au fur et à mesure de la montée. C’est chouette, mais je me sens vraiment à la ramasse. Qu’est-ce qu’ils ont été longs ces 10,9 kms !

J’ai de plus en plus mal à la hanche et à la cheville. Mais le pire, c’est le mal de bide, la nausée, et l’impression d’être à bout. Il arrive même que la tête me tourne, alors qu’on y va vraiment tranquille ! Je ne mange rien, et ne boit presque pas. Pas bon...
Je gamberge sec... à quoi ça sert de continuer ? Je me rappelle comment j’en ai bavé l’an dernier sur les dernières heures. Pas question de ramper sur 40kms ! La nausée peu passer, mais si je continue à ne pas m’alimenter, je n’irai pas loin. Je me force à manger une barre. Gaël me fait goûter son délicieux miel. Mais je ne vois pas comment mes douleurs hanche+cheville peuvent passer. C’est pas le genre qui passe...
A cet instant là, j’ai quasi décidé d’arrêter à Dourbies. J’essaie de me remotiver, et je conclu un contrat avec moi-même : à Dourbies, j’irai voir un toubib, et s’il n’améliore pas mes soucis, j’arrête !

On essaie de deviner le sommet. Si on est toujours dans mes temps de l’an dernier, on devrait y arriver après 3h de course. Hummm, 2h45 et toujours rien en vue : est-ce qu’on va continuer jusque là haut tout là haut ? Il semblerait que oui...

Hoooo de la neige ! J’en crois pas mes yeux, mais pourtant on pouvait s’y attendre : de petits flocons de neige commencent à virevolter autour de nous... chic alors, le trail blanc du Larzac !

Un peu de descente, beaucoup de montée... et enfin, le petit sentier qui part à gauche et serpente entre les genêts. C’est bon signe… et quelques minutes plus tard, on atteint enfin le StGuiral après 3h33 de course. Oups, on a sacrément ralenti... ou bien peut être avais-je accéléré l’an dernier dans la montée ?

5.4) Où notre héros frôle l’abandon dès le 33ème...
Saint Guiral-Dourbies : 7,7 kms, 125 m D+
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On bascule de l’autre côté, par un petit sentier assez technique. Très vite ça bouchonne, ou au moins, ça ralentit sévère. Je bouillonne, j’enrage. J’ai envie de me détendre, de me laisser descendre, relax’, et de m’amuser un peu dans la descente. Au diable les cuisses qui protestent ! Après quelques minutes peinard, j’explique à mon coéquipier que je prends un peu d’avance afin de me faire masser. Et je pars à fond la caisse, raaaaaaah banzaï ça fait du bien !

J’arrive au ravito de Dourbies bien décalqué. C’est malin. Encore quelques marches d’escalier. Hop, on fait le beau devant les spectateurs. Notre groupie Sophie est là, clic-clac une petite photo. 4h23 de course pour 33 kms, contre 3h47 en 2001.

Je bois un thé (hummm), une soupe (ahhhhh), un coca (glouglou), mange 1 ou 2 barres, et je vais me faire masser. Une gentille dame me demande où j’ai mal. Ici, là, et là. OK. Elle saisit sa pommade, et masse avec insistance la cheville gauche (au dessus de la malléole). Aïe, ça fait mal. Elle me confirme une petite entorse. Ca dure...

Gaël vient me voir pour savoir si je continue. Il est arrivé quelques minutes après moi, et il prend son temps au ravito, comme à peu près tout le monde à ce moment là. Je lui dis d’y aller, je vais repartir.

Je me sens mieux. Je suis disposé à repartir. J’ai moins mal, et cette longue pause, après avoir bien grignoté, m’a remis d’aplomb. Je prends mon temps pour retartiner mes pieds de nok.
Je décide de jeter ce qu’il me reste de boisson énergétique (je la soupçonne de me donner mal au bide), constate avec effroi que je n’ai bu qu’1/2l en 4h30, et recharge en maxim de l’organisation. Léger le maxim.

5.5) Où notre héros retrouve une pêche d’enfer...
Dourbies-Trèves : 10 kms, 485 m D+
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C’est après une longue pause de 23 minutes que je reprends la route, après 4h46 de route (contre 3h53 en 2001 ! à ce rythme, je suis parti pour mettre bien plus de 11 heures !).

J’ai retrouvé la pêche, et je double sans arrêt, pour essayer de rattraper Gaël qui est parti 3 minutes avant moi. Ca monte raide, par un chemin en lacets...
Je double un gars en débardeur : bin y’en a qui ont chaud ! Il me dit que ça va, tranquille...
Je ne vois pas Gaël dans la longue file de coureurs qui serpentent au dessus de moi, quand j’entends « allez Mathias ! ». Ah, il est là haut... j’accélère un peu, et je le rejoins un peu plus tard.

On retrouve la neige. Et pas seulement quelques flocons par-ci, par-là, mais une bonne neige, avec même un tapis de neige sous nos pieds… mais qu’est ce que c’est que cette histoire ? C’est pas l’Aubrac pourtant… zipr-zap ça glisse pas mal, et je repense au gars en débardeur : déjà que moi j’ai pas chaud avec ma polaire, alors…

Finalement, on arrive en haut du « précipice » : un à-pic avec une vue plongeante sur Trèves, tout en bas là bas. Magnifique. Chic, de la descente, on va rigoler un brin, me dis-je. Je dis à Gaël que je prends un peu d’avance, et j’essaie de me lâcher dans la descente… c’est très technique, mais… bof ! Il y a vraiment trop de monde, et ça ne plaît pas toujours quand on double un peu limite limite. Pas loin de la fin de la descente, je suis en train de me dire que, quand même, la plupart des coureurs n’ont pas l’air d’avoir l’habitude des terrains accidentés, qu’ils feraient mieux de se relâcher un peu, et je peste contre tous ces coureurs avec des chaussures de bitume au pied… quand, dans une épingle à cheveux, je salue Sébastien Sxay qui donne le même conseil en encouragent les coureurs. Et je me dis que les coureurs de trail devraient faire plus souvent de la CO ;-)

35 minutes de descente et 740m plus bas, j’arrive au ravito de Trèves, après 6h17 de course, soit 14 minutes de plus qu’en 2001. J’ai couvert 43 kms et 1810m de D+.
Le temps que je mange et boive un coup (j’ai retrouvé l’appétit), je vois arriver Gaël. Je ne vais pas me faire masser finalement, mais je me tartine les cuisses de nok pour éviter que les échauffements qui sont apparus ne s’aggravent. Je demande de l’anti-inflammatoire pour ma cheville, mais il n’y en a pas. Tant pis…


5.5) Où nos héros se séparent...
Trèves-Cantobre : 12,6 kms, 550 m D+
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Après 15 minutes de pause (quand même !), on repart d’un pas gaillard !
Dans la bonne montée qui s’annonce, Gaël nous fait la lecture : sur la description du parcours…
Le moral est bon. Ca va de mieux en mieux. Je reconnais un passage en forte montée, où j’avais été très très mal il y a 2 ans. Je constate que je vais beaucoup mieux cette fois… et ça me donne une sacrée patate.
Je double un coureur qui marche : il a un épanchement dans le genou, ça va pas fort. Il pense terminer en 9h : je ne suis pas aussi optimiste…
Gaël a un coup de moins bien, sur la fin de la montée et au début du « plat vallonné » qui fait tout le « charme » de cette partie de la course ! Il a l’air vraiment pas bien (plus d’énergie, plus rien, la nausée…), et quand je pense à ce qui l’attend, je suis inquiet pour lui… Je l’attends un moment, avant de prendre le large en lui prodiguant un dernier encouragement. A ce moment là, je ne suis pas très optimiste sur ses chances de terminer… et je l’abandonne lâchement à son triste sort !

Je prends un bon rythme sur le « plateau ». Je redouble plein de coureurs, qui nous ont passé sur les derniers kms. J’ai la pêche, je cours tout le long, mais c’est long… A chaque « bosse », on se dit qu’on va plonger derrière. Mais non…
Je demande à un bénévole si ça « descend derrière ». Il me répond : « oui oui. Et puis ça remonte. Et puis ça redescend, et ça remonte… » ouarf ouarf, quelle bande de comiques ;-)

On arrive ENFIN à la descente sur Cantobre. C’est magnifique, on aperçoit en face, de l’autre côté, le village de Cantobre, perché au sommet d’une falaise… et je me rappelle il y a 2 ans, j’étais persuadé qu’il fallait descendre dans le trou pour tout remonter !
Mais en fait non, le ravito est bien tout en bas.

Après la neige, la pluie : on aura tout eu… j’espère que cette fine bruine ne va pas se transformer en trombes d’eau…

Je me fais encore une descente « mumuse dans les rochers », car en plus de prendre mon pied en « glissant » sur les cailloux, cette fois-ci je me dis, un peu stupidement, qu’il est encore possible d’améliorer mon temps de 2001, malgré mon début de course lent. Mais c’est devenu encore plus difficile de doubler, à cause de passages pierreux, qui nécessitent souvent de poser les mains. Il y a même parfois des cordes le long des rochers. Je me la joue parfois « lapining », style y’a des gens qui font la queue pour descendre un rocher pentu et glissant en s’aidant d’une corde, et moi j’arrive vite, saute le rocher, et me réceptionne en bas comme je peux… tin tiiiiin… Mais j’arrête vite ce petit jeu, car je m’aperçois qu’en plus d’énerver certains coureurs, je fais peur à d’autres. Cette impression est confirmée : un coureur me dit « passes devant ». Je m’apprête à le remercier, « vous êtes bien urbain mon cher », mais il me coupe la chique avec « tu me stresse trop »…
Bon, ok… Ouaaaah l’autre, dis…

Après avoir bien bouchonné, on arrive (enfin) en bas, il reste le près à traverser et nous voilà au (petit) ravito de Cantobres. Il est 14h30, j’ai couru 55,6 kms et monté 2350m de D+. J’ai 12 minutes de retard sur 2001 : je n’avais donc pas été aussi lent que ça sur la fin…
Rien pour s’abriter (mais la pluie a fait une pause).
Allez, pas de temps à perdre si je veux rentrer en moins de 10h. Je bois un verre en vitesse, et 1 min 30 plus tard me voilà reparti vers de nouvelles aventures…

5.6) Où notre héros en termine « facile » acclamé par la foule en délire
Cantobre-Nant : 9,4 kms, 550 m D+
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Juste après le ravito, on passe sous un pont, qui est squatté par une troupe de supporters en folie : et ça chante, et ça crie…
Sous une légère pluie, je fais un brin de route, avec pas mal de spectateurs sur le bas-côté. Dont Sophie, notre Groupie préférée, qui s’élance sur le petit sentier pour prendre une meilleure photo… je lui dit de redescendre jusqu’au ravito, pour encourager Gaël à continuer.

On quitte rapidement le sentier pour emprunter le lit d’un ruisseau. C’est une originalité, et une nouveauté de cette année. La progression n’est pas facilitée : ça tourne, le terrain est accidenté, il y a des grosses marches à passer…
C’est encore plus difficile quand on essaie de doubler. J’y passe beaucoup d’énergie : un petit sprint de quelques secondes à chaque fois, pour ne pas déranger le coureur doublé.

J’ai un petit coup de faiblesse, à la suite de mes dernières descentes et de mon rythme assez rapide depuis quelques heures. Je force pas mal dans cette montée, mais je décroche petit à petit. J’essaie de relancer en prenant un gel, mais c’est dur…

On quitte le lit du ruisseau pour retrouver un petit sentier qui monte pas mal.
Tiens, on double un gars qui monte en VTT : il n’aurait pas pu trouver un coin plus tranquille pour faire du vélo ? Mais je n’ai pas tout vu : on entend des moteurs de moto trial. Peu après on les rattrape (elles attendent derrière les coureurs). Je demande à un compagnon de route s’il s’agit de l’organisation. « Penses-tu, elles ne sont pas immatriculées dans le coin ». Si vraiment elles ne font pas partie de l’organisation, ça me met les nerfs. Faut pas se gêner non plus, de venir nous asphyxier avec leur fumée nauséabonde !
Et quand, quelques minutes plus tard, les 2 motos se retrouvent à bouchonner derrière moi, je fais comme si elles n’étaient pas là, et trace ma route sans me retourner. Oui mais, peu après, je les retrouve arrêtées à un point de contrôle : visiblement elles faisaient bien partie de l’organisation… oupssss….désolé…

On retrouve un chemin plus large, qui monte doucement, pendant un long moment… il arrive le sommet oui ? Une fois celui-ci passé, la descente n’est pas franche. On va courir un long moment sur des faux plats, en guettant le Roc Nantais.

Au détour d’un chemin, on trouve enfin le rocher qui annonce la descente, et on bascule derrière, en dégringolant vers la terre promise, euh... vers Nant.
Je suis maintenant un peu « vidé » et je n’ai plus l’énergie de forcer sur la fin. Je vois que je ne ferai pas mieux qu’en 2001, et une fois encore c’est délicat à cause des bouchons. Ce qui ne m’empêche pas d’être agacé, une fois de plus. C’est long… c’est lent…et il pleut !

Et c’est en file indienne qu’on en termine avec la descente, encore quelques centaines de mètres le long d’un mur, et ça y est, on approche, une petite remontée sur le bitume, ça sent l’écurie…
J’ai une pensée pour le Mathias de 2001, qui était complètement sec à cet endroit là : je n’avais même pas eu la force de courir sur les 300 derniers mètres.
Cette fois-ci ça va beaucoup mieux, et je trottine tranquillement. J’accélère un peu sur la fin, et passe sous la fameuse arche des Templiers tout sourire, clic-clac la photo.

9h52 à ma montre, j’ai quand même réussi à mettre 2 minutes de plus que la dernière fois : balèze le gars.

Petit moment d’émotion quand même, une fois la ligne franchie. Je pensais être blindé, étant donné que j’ai déjà terminé cette course. Mais non… je suis ému, une fois encore : m’en fous, mon temps n’est pas terrible, mais je l’ai fait, j’ai terminé, malgré les conditions climatiques et mes courses de la veille … content !

A peine le temps de boire un coup et me remettre de mes émotions, et qui c’est que je vois débarquer ? C’est Gaël, tout sourire, qui en termine une poignée de minutes derrière moi ! Contre toute attente, son coup de moins bien a passé très vite, et il a pu courir sur le plateau, et il semble avoir très bien terminé. Alors là chapeau, pour une première, il termine en rudement bon état !

5.7) Bilan
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- j’arrête d’écrire des CRs de 8 pages, c’est bien trop long !
- très satisfait d’avoir réussi à tout enchaîner, presque sans bobo.
- c’est plus dur que ce que je pensais : on se s’en rend pas forcément compte, car le lendemain d’une CO de 2h, on ne fait pas souvent de sport, mais en fait ça laisse des traces.
- mais j’ai mal à un genou. La cheville fait toujours mal. La hanche, pas plus qu’après 2 heures de course. Faudrait que je retourne voir un osthéo. Pas malin aussi de courir sans mes semelles…
- j’ai l’impression de rencontrer une limite vers 8-9h de course. Il me semble qu’il est hors de ma portée de courir les 130 kms du GRR, par exemple…
- pas de bol pour la météo. Ca arrive…
- les Templiers c’est super chouette, mais je ne sais pas si j’ai envie de revenir. Y’a vraiment trop de monde. Dans les descentes c’est infernal, je ne m’amuse pas, alors que c’est ce que je préfère habituellement.
- ma décrépitude physique est bien engagée. Entre le 19 oct. et le 9 nov., mes seules sorties auront été les Templiers ! 3 semaines avec 2 jours de sport !
- mmmm du coup je ne sais plus si j’ai envie de refaire la saintélyon, pour terminer difficilement en boitant du genou… enfin on verra ça plus tard, pour l’instant, place à la GTV !!!

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