L'auteur : LongJohnSilver
La course : Trail des Lumières - 20 km
Date : 16/10/2010
Lieu : Nancy (Meurthe-et-Moselle)
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Distance : 20km
Objectif : Pas d'objectif
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Cet automne, je suis inscrit à Paris-Versailles et au 20km de Paris. Mon objectif majeur étant Paris-Versailles, il ne reste que le plaisir pour le 20km de Paris. Mais je trouve un récit qui décrit le Trail de lumières. C'est un 30km nocturne en binôme dans les forêts nancéiennes. Ca tombe bien : c'est mon anniversaire. Bon il y a une épreuve découverte de 20km qui convient mieux, mais je convaincs mon petit frère (10cm de plus) de venir avec moi. Vendu pour une semaine après les 20km de Paris donc.
J'ai un sac avec poche à eau de 2l, plein de barres de céréales cadeau et j'investis dans deux frontales : une pour moi et une pour mon frère. J'ai juste vérifié que les lampes fonctionnaient.
Nous arrivons au gymnase en face de la faculté des Sciences pour le retrait des dossards. Alors que nous nous préparons, le départ du 50km puis celui du 30km sont donnés. 50km à monter/descendre dans la vallée de la Moselle, ils ont du courage. Déjà que 30 avec deux montées/descentes, ça m'impressionne. Sur le 20km, les cartes d'itinéraires montrent qu'on va monter sur le plateau de Brabois, faire un tour dans la forêt de Hayes, puis retour à Villers.
Le départ est donné dans le parc du château. Derrière l'arche, 10m de pelouse plane, puis on attaque la montée dans le jardin du château. C'est costaud mais pas très long. Nous suivons ensuite une rue dans Villers, puis un petit chemin inattendu en sous bois nous conduit jusqu'en haut du plateau. Et puisque c'est en haut, il y a un superbe dénivelé . Je sens mon petit frère à la peine sur le sentier et je propose de ralentir. Il me dit que ce n'est pas la peine. En plus, je découvre que sur ce petit sentier, il est difficile de se mettre sur le côté pour laisser passer.
Arrivé sur le plateau, on contourne un centre d'équitation. Le chemin est maintenant plus large et caillouteux. Ce chemin surplombe l'agglomération nancéienne, nimbée par la lumière orange du soleil couchant. On quitte ensuite le bord du plateau pour attaquer une plaine herbeuse. Je laisse passer la troisième féminine pendant que mon petit frère refait son lacet. On tourne un petit bosquet et la forêt de Hayes était cachée derrière!
Pour les premiers passages en forêt, on utilise une grande allée qui descend. Comme lors de promenade en forêt, la vision s'adapte graduellement à la luminosité décroissante. Mais mon frère commence à ressentir des douleurs. Au chrono, je dirais qu'il est 8km (quoi, il faut un GPS?). Le fait que le chemin descende ne semble pas le soulager. Mais on quitte cette grande "avenue" pour un petit sentier en épingles à cheveux : très joli, on entend les coureurs au-dessus et on voit ceux du dessous.
Juste derrière cette montée, une descente rapide avec peu de retard au freinage. Et c'est confirmé: les douleurs du petit frère sont des crampes. Beaucoup d'eau pour essayer de faire passer, mais nous continuons à courir. Nous sommes de nouveau sur une grande allée forestière, et les lucioles commencent à fleurir. On s'enfonce alors dans un chemin sous-bois, et j'allume ma frontale.
Effet garanti : ma loupiote éclaire très loin devant celles de concurrents proches. Je propose donc de courir de façon à éclairer le chemin. Mon frère souffre en silence. Il a bien tenté un "non mais pars devant, je te ralentis", mais il n'y a pas de raison de le laisser. De toute façon, c'est déjà le km 12 : ravitaillement avec du chocolat. Je n'en ai pas spécialement besoin, mais je ne résiste pas à l'appel du chocolat.
A partir du ravitaillement, je comprends enfin l'appellation "trail des lumières" : la rubalise est réfléchissante donnant aux chemins de la forêt un air de corridor mystérieux. Et aussi, je regarde devant et derrière, et je n'aperçois personne; alors que l'on est qu'à 3/4 km après le ravitaillement. Les crampes de mon frère qui s'étaient faites oubliées ressurgissent. Il essaye de me convaincre qu'il me gâche ma course, mais ça ne fonctionne pas. Je suis venu profiter de la forêt de nuit, pas courir pour un temps. On alterne donc marche et course.
Pour le soulager, au km 16, on retrouve la route qui traverse le plateau de Villers. Je propose d'arrêter au niveau du signaleur. Un demi-binôme du 30km signale aux bénévoles que son coéquipier arrive derrière et a besoin du médecin. Mon frère n'ayant pas encore récupéré, je décide de rester encore un peu. Le concurrent du 30km arrive difficilement. Je propose le ravitaillement et l'eau intacte dans mon sac (tiens, j'ai pas bu, mais je crois qu'il a plu).
Un petit peu de négociation et hop mon frère repart. Il reste 4km en descente vers Villers. On reprend une concurrente qui marche et on la remotive. Notre petit groupe de trois arrivera par le haut du jardin du Château. De nuit, le jardin ressemble à un labyrinthe. On arrive derrière un couple qui termine aussi le 20km avec effort mais avec une joie communicative.
Et c'est l'arche d'arrivée dans le gymnase.
Après avoir bu un peu d'eau aromatisée, je découvre la teneur réelle du buffet : sangria (coca pour moi, il y a de la route après), cahouètes, et bretzels. Et en plus, il faut pas non plus croire qu'il n'y a que l'apéro : une portion individuelle (pour 4 personnes) de lasagnes permet aux coureurs de se refaire un peu en énergie. Mon frère me présente quelques-uns de ses collègues qui s'étaient aussi alignés ce soir-là. Au bout d'un an de récupération, je tâche de ramener mon frère en 2011 pour qu'il prenne sa revanche sur les crampes.
Et moi qui était venu courir de nuit dans la forêt, j'ai adoré l'expérience. C'était un chouette cadeau d'anniversaire.
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