L'auteur : marmotte_parano
La course : La Savoyarde
Date : 13/3/2011
Lieu : La Feclaz (Savoie)
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Distance : 73km
Objectif : Se dépenser
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73km en 1 boucle de 7km + 2 boucles de 33km
Le récit d'une course qui avait toutes les raisons d'être un échec !
Comment dire ? La saison de ski de fond ayant été salement entachée par un manque de neige avec l'annulation de la Trace du Monolithe et ma non-inscription au Run&Skate de Chamonix (trop moche le temps ! ), la Savoyarde devait être pour moi LE gros objectif de l'année.
Autant tout de suite planté le décor, non, je ne me suis pas bien préparé à skier 73km, ni physiquement, ni psychologiquement.
Comptant beaucoup sur mon endurance latente et sur ma technique de ski, je ne me faisais pas trop de soucis ...
La météo, après avoir annoncé de la pluie, se contente d'un ciel gris et d'un vent frais, ce matin à 7h à la Féclaz. C'est encore avec le ventre tout barbouillé d'un repas trop copieux la veille que je récupère mon dossard.
Vient alors l'éternelle question de « comment je m'habille ? » à laquelle s'ajoute pour ma sœur la question « lentilles ou lunettes ? ». Et oui ! Schtroumpfette_74 s'est inscrite aussi pour ce long rendez-vous. Elle a bêtement suivi son père et son frère (moi !).
Avec elle, on part s'échauffer un petit coup sur les premiers hectomètres du départ qui se révèlent très glissants. Finalement, ce ne sera peut-être pas si terrible avec une neige aussi glissante.
Donc à l'erreur du petit déjeuner beaucoup trop léger s'ajoute l'erreur de l'échauffement pas assez long ...
Le départ est donné, ça part plutôt vite, je me place parmi les premiers dans les premiers kilomètres. On peut dire que j'ai fait un très beau départ ! Mais rapidement, très rapidement, je lâche du terrain, car je sens que les muscles ne sont pas suffisamment chauds, que le souffle s'accélère. Il faut bien que je temporise un peu si je veux finir cette course. A partir de ce moment, commence ma lente déchéance.
La neige est très, très, glissante . Le fraisage bien dur de la piste rend les skis assez incontrôlables et ce d'autant plus, que je n'arrive pas à me placer sur mes skis.
Jusqu'au ravitaillement du Revard (21ème km), on ne peut pas dire que je me fasse vraiment plaisir. Un bout de pâte d'amande avalé et tout d'un coup, c'est magique, je me sens bien. Je ne vois pas passer la montée du Revard , qui est pourtant une belle difficulté sur ce parcours. La descente qui suit est un petit moment d'adrénaline pur avec petits virages serrés et gros murs de neige en cas de sortie de piste.
Je me dis qu'enfin la course commence, je rattrape quelques coureurs. La neige a un peu changé et je me glisse enfin sur mes skis. Un bon moment de plaisir qui dure quand même une dizaine de kilomètres jusqu'à ce que je commence à sentir mes forces s'affaiblir un peu avant l'Arcoutier.
Comme j'avais bien étudié le parcours la veille, je tiens mon mental car je sais que le prochain ravitaillement est tout proche. Mais en arrivant à l'Arcoutier, je vois la piste tourner à droite, ce que je n'avais pas du tout prévu.
Je me rends alors compte de la distance qui me sépare en réalité du prochain ravitaillement et mon mental s'effondre . Les coureurs que j'avais doublés dans les précédents kilomètres me doublent tous et aggravent mon état psychologique.
C'est en trainant des skis que j'arrive tant bien que mal au ravitaillement de la Féclaz et boucle mes 41 premiers km en 2h. En s'élançant dans le second tour, on a directement un avant-gout des prochaines heures de ski : une neige profonde, brassée et collante. Les participants du 30km sont passés par là et la piste ressemble à un champ après le passage de sangliers !
C'est dans un état second que je parcours les km me séparant du ravitaillement de St François. J'ai terminé mon eau. Je suis tout seul. Je suis en train de faire une hypo mais je n'arrive pas à manger sans eau. Je me dis que je vais tenir jusqu'à ce ravitaillement pour m'arrêter et manger correctement. A chaque sortie de virage, je crois voir des personnes au bord de la piste pendant quelques secondes, mais ce ne sont que souches, rochers ou branches aux formes humaines. J'arrive finalement au ravitaillement où je commets une nouvelle erreur : faire remplir ma bouteille de thé. Ce thé qui m'avait fait tellement de bien au ravitaillement du Revard s'avèrera un poison. Il me retournera le bide et ajoutera à ma fatigue un bon mal de ventre et un dégout du sucré.
Pour le moment, je ne le sais pas et je m'empiffre de quatre quart, de pain d'épice, de fruits secs. J'ajoute à cela quelques verres de coca. Je reste finalement 5 min à ce ravitaillement et je vois les participants me doubler. Mais ça m'est égal, avec ce que je me mets, je vais repartir sur les chapeaux de roue !
Des jeunes m'encouragent à la sortie du ravito, je leur adresse un grand sourire et un signe de la main car je suis remonté à bloc ! L'euphorie des glucides et des encouragements est vite entamée par ce long plat montant collant, où de nouveau je me fais doubler.
Je sens au fur et à mesure les effets du thé arriver et je m'oblige à découper les kilomètres restants en objectifs atteignables : d'abord le ravito du Revard, puis la montée du Revard, la verte, la redescente vers St François.
J'essaye tant bien que mal d'appeler des pensées positives et motivantes : la tarte aux pommes faites la veille avec ma tendre qui nous attend à l'arrivée, au fait qu'il fasse beau, que je suis en train de skier. Plusieurs fois, je me demande ce que je fais ici et si ça vaut le coup de continuer. Mais, malgré la fatigue, la neige collante, je ne trouve pas de raison justifiée d'abandonner.
Je continue donc et je continue à me faire doubler. C'est vraiment dur pour moi. C'est la première fois (en tout cas dont je me souviens) que je sens autant perdre pied dans une course. Je me sais capable d'être meilleur, d'être plus motivé. Mais là, il faut juste que je termine.
Se concentrer sur mon ski, prendre du plaisir malgré tout. Les kilomètres s'enchainent doucement et le cerveau déconnecte peu à peu. Pour la première fois, je rattrape un participant plus mal que moi. Ça me console un peu...
Puis je sens un autre participant se mettre derrière moi. Je sers donc sur un côté pour qu'il ait la place de me doubler mais il ne semble pas vouloir doubler. Il reste comme cela derrière moi un petit moment. Ça me redonne un peu de baume au cœur et m'aide psychologiquement à apprécier les derniers kilomètres de la course.
Enfin je débouche sur le plateau de la Féclaz, je vais en finir avec cette course. Le parcours nous fait contourner une barrière et on peut voir les participants qui nous devancent. Je reconnais Dawa Sherpa qui en termine. Il m'avait doublé, à la fin du premier tour, je ne le pensais pas si proche.
Je passe sous l'arche en 4h27min17s.
Je suis finalement fier d'avoir terminé cette course, même si la performance n'est pas au rendez-vous. Je ne regrette pas d'avoir pris le départ.
Mon père achève ses 73km en 5h10 et ma sœur en 5h26. Bravo à eux deux d'avoir terminé cette épreuve !
Comme d'habitude, mes pensées vont aux bénévoles et aux organisateurs sans qui cet événement n'aurait pas lieu. Je tiens à soutenir le choix qui a été fait l'an passé de passer la Savoyarde à 73km. On est très loin de l'ambiance de la Transju et de ses milliers de participants, mais il est bon d'avoir d'autres courses longues distances à notre calendrier.
2 commentaires
Commentaire de @lex_38 posté le 17-03-2011 à 08:03:00
Moi je dis que même si tu es déçu, ça impose le respect!
Puis console toi en te disant que tu finis juste derrière Dawa! Ce sera peut-être pareil pour ton prochain trail!
Bonne Récup ;-)
Commentaire de lulu posté le 17-03-2011 à 22:41:00
Que de déboires...en tout cas beau mental ! Bravo !!
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