L'auteur : julsocks
La course : Marathon du Mont-Blanc
Date : 27/6/2010
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 3691 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Pas d'objectif
Partager : Tweet
Cette annee je me suis fixe sur 4 courses. Le semi-marathon du Val de Marne, le Marathon du Mont Blanc, le Triathlon de Barcelone et la Sainte Lyon.
Apres un semi-marathon ou j’ameliore mon record personnel a 1h27, je me sens prêt pour le marathon du Mont Blanc, avec un entrainement en continu ou presque depuis le debut de l’annee. Ce marathon c’est mon premier vrai trail. J’avais couru la Sainte Lyon l’annee derniere mais il y a 50% de route et bcp moins de denivele. Je viens de la course sur route (3 marathons et 3 semis sous la ceinture en 4 ans). Je ne savais pas trop comment aborder cette epreuve alors j’ai suivi un entrainement marathon en rajoutant un peu de denivele. Oui un peu seulement, premiere erreur ;) Quel objectif niveau temps? Pas facile a evaluer. Mon meilleur temps sur Marathon est a 3h12. Je demande donc a mon ami traileur Fabien avec qui je vais faire cette superbe course. Il me donne un regle mathematique de base. Il faut multiplier le denivele positif par 10 et l’ajouter a la distance, ca nous fait du 67km donc a courir au meme rythme qu’un marathon normal ca nous donne … 5h00. Je regarde rapidement les resultats de l’annee derniere… 1ere feminine Maude Giraud en 4h54. Bon allez on rajoute 30 minutes et on verra ;) 5h30 ca sera. Le site du marathon met en ligne un service tres utile pour calculer les temps de passage. Je le conseille vivement. http://www.softrun.fr/
ENTRAINEMENT
L’entrainement se passe plutot bien. Je fais 12 semaines intensives, mais je cours moins que pour le marathon de Berlin et que la Sainte Lyon. Fabien ne cesse de me repeter que l’effort est moindre sur le trail (la bonne blague…).
Le plus gros probleme c’est de trouver du denivele sur Paris. J’ai de la chance je n’habite pas loin des Buttes Chaumont. J’essaie d’y courir le plus souvent possible et d’enchainer les montees et descentes, plus des sessions d’escalier en fin d’entrainement. Il y a un escalier de plus de 200 marches tres pratique a cote du parque. Le denivele fait mal au jambe mais ce n’est rien par rapport a ce a quoi j’allais me frotter ce mois de Juillet. Je cours en moyenne un peu plus de 60km par semaine avec plusieurs sessions qualite. Avant la course en etudiant de plus pres la denivelation, j’ai quelques doutes, mais bon je suis du pays, j’ai grandi dans le coin, je connais l’effort de la marche en montagne alors j’essaie de rester positif. A posteriori je reconnais maintenant que mon entrainement n’etait pas tres adapte. L’effort en trail est tres particulier, tres different de la course sur route. Je n’avais pas assez fait de denivele et je croyais pouvoir plus me reposer en descente. Resultat, la montee a la Flegere a ete difficile, imaginez demander a un coureur sur route de faire pres de 1000m de denivele après le 30eme km lorsqu’il commence d’habitude a prendre le mur et a courir au mental. C’est dur, tres dur. Surtout quand sur cette diable de montee on enchaine de nombreuses petites montees casse pates.
L’AVANT COURSE
Apres avoir decide de mon objectif temps, il m’ fallu me pencher sur la question materiel et ravitaillement.
Materiel : Batons pas de batons. Je n’ai pas envie de les porter tout au long de la course alors ce sera sans batons. J’aurais bien aime les avoir quand meme dans la montee de la flegere quand les jambs ne me portaient plus. Casquette obligatoire car il fait chaud, lunettes obligatoires car il fait beau. Bas de compression au moins pour le mental et camel back. 4 gels et 2 barres de cereales. Ravitaillement : apres avoir longtemps hesite sur le fait de partir a vide niveau eau et de remplir a Argentiere, je joue la securite et part avec 1l de boisson Isostar. Le plan est de remplir la poche a Vallorcine avant la montee puis en bas a Tres le champ. Donc ne pas s’arreter ni a Argentiere ni au col des Posettes.
LA COURSE
J’ai mon road map cale dans la poche, l’objectif est a 5h30, je pense que c’est faisable bien qu’un peu ambitieux. J’espere pouvoir retrouver les sensations que j’avais eu a la Sainte Lyon que j’avais couru sur une nuage en 6h53.
Ma strategie est de partir vite, surtout dans les 4 premiers km qui sont plats et sur les premiers 18km qui ne presentent pas de difficulte particuliere.
Fabien 244, Laurent en vert et moi-meme 245, desole 246 et 1199 j'ai deja oublie vos prenoms :(
Je cours avec Fabien et ses collegues: Laurent, Roxanne et… je ne me souviens plus, les noms se melangent, je suis deja dans ma course.
Coureur tout frais, prochainement tout cuit
7h00, on est parti, il fait frais, l’ambiance est bonne. Des le depart je pers mon groupe d’amis. Ca commence bien, je me retourne plusieurs fois, personne. Tampis, on se retrouvera. Comme prevu, les 4 premiers km se passent bien c’est du plat. Puis arrive les premiere petits cotes du Lavancher. La c’est le retour a la realite, les jambes tirent, ou la la que c’est dur. Je commence a me dire que ca ne va pas etre si facile. J’evite de trop penser et j’appuie. J’entends un voie connu, tiens c’est Fabien cool. Mais il a l’air d’etre essoufle. “J’ai eu du mal a te rattraper me lance-t-il”. Je sens Fabien un peu derriere puis il doit decrocher car je me retourne et je ne vois plus personne. Au meme moment Laurent nous double, le pas leger. Il est fort dans les montees. Je passe dans les temps au Lavancher. La descente est tres sympa en sous bois, pas trop raide, mais que c’est etroit et le pente est raide a notre gauche. Il ne faut pas trébucher ou alors on se retrouve 200m plus bas…
Argentiere – 10,5km – 58:51 – 198eme
Pour l’instant tout va bien, j’ai deux minutes d’avance. Je ne m’arrete pas au premier ravitaillement. Je rejoins a ce moment la Laurent, je ralentis a la sortie du ravitaillement pour l’attendre, on echange deux mots, je luis dit que j’ai mis du temps a le rattrapper. Peut etre pique un peu au vif, il appuie et comme dans la montee du Lavancher, je ne peux pas le suivre. Je le laisse prendre 100 metres. Ca remonte raide. On se dirige vers le col des Montets, que c’est beau. On bascule dans la descente, je rattrappe Laurent, toujours peu a l’aise dans les descentes, je luis lance “on se retrouve a la montee”, ca ne manque pas il me redepasse avant le col des Montets. Je regarde ma montre, j’ai garde mes deux minutes d’avance. Tres bien. On redescent, la pente est douce et on est sur du bitume mais ce ne durera pas. J’en profite pour m’arreter et reserrer ma chaussure, puis un peu plus loin je m’arrete a nouveau pour faire un pause pipi. Je sais qu’il faudra que je sois dans les meilleures conditions pour la montee a Pausettes. Malgre tous ces arrets je reviens une nouvelle fois sur Laurent juste avant le ravitaillement. C’est tres roulant, je bois bcp, avant l’Epreuve.
Vallorcine – 18,2km – 1:45:37 – 199eme
Le ravitaillement arrive plus vite que prevu j’ai a peine 17km a ma montre. Je refais le plein. Un gel de l’eau et on est reparti, la voila la cote qui est tant redoutee. Je ne me pause pas de question, je monte, je fais quelques efforts pour depasser quelques coureurs qui ne montent pas a mon rythme puis je me cale sur un rythme eleve. C’est dur mais je tiens le plus possible. Il y a 6km a faire et a peu pres 1h00. Je me fais doubler quelques fois, mais je suis a la tete d’un groupe, personne a qui prendre la roue. C’est dur. Je suis bien mais le cardio est haut je pense. Je continue, pas de trace de Laurent, il doit etre derriere, pas bien loin. On arrive a la piste de 4x4, c’est moins raide par endroit et je relance du mieux possible. Le paysage est superbe a cet endroit et comme on marche bcp on a le temps d’en profiter. A ce moment la, Laurent me reprend, on discutte un peu puis comme a son habitude il relance et je reste derriere. Le chemin serpente et on arrive vite au col.
Malgre un montee a bloque, je perds 35 places. Decidemment il me manque de la puissance en montee. Au passage du col je reprends Laurent qui remplit sa poche. Je commence a manger. C’est de plus en plus raide et ca commence a faire tres mal aux jambes et je me dis que j’ai du laisser quelques plumes dans la montee au col. Laurent me rejoint et je prends sa roue. C’est beau mais ca monte encore dur. On arrive a la bascule je suis tip top dans le temps, a 2:55:45. La j’entends, “allez vous etes 6eme” Hein? Quoi 6eme? Ah oui je cours a cote d’une concurrente feminine. Je comprends mieux. On amorce la descente just avant je marche un peu pour reprendre mon souffle. Il va falloir se reposer dans la descente. Je reste cale derriere Laurent que je ne doublerai qu’a la fin de la descente, je n’ai pas la force de faire des efforts a ce moment. La descente est technique mais pas aussi technique que je le pensais.
Le Tour – 28,3km – 3:28:32 – 250eme
Encore 16 places de perdu mais ma descente a ete prudente, je me suis alimente et ai essaye de recuperer, on annonce “plus que 15km” dans la descente suivante, on a fait presque les 2/3. Bon ca devrait aller, enfin je ne savais pas ce qui m’attendait a ce moment la.
Tré le champs –31,2km - 3:46:07 – 214eme
Le ravitaillement met du temps a venir, ca remonte. Au ravitaillement un benevole me voyant arrive pas tres en forme se charge de remplir mon camel back et me dit “allez va manger, je m’en occupe” après avoir mange un peu de saucisson, je reprends mon sac et repart de plus belle, les larmes aux yeux. Je dois tirer un coup de chapeau aux benevoles et au soutien des gens tout au long du parcours. Les gens vous encouragent personnellement grace au fait que votre nom est inscrit sur votre dossard. La charge emotionnel est tres grande, bien plus que lors d’un marathon, il y a un certaine proximite avec le publique que je n’ai pas connu ni a Berlin ni a Londres. Je gagne 36 places, surement du au fait que je me suis tres peu arrete au ravitaillement. Allez, on attaque la derniere montee. Je ne suis que 1 minute derriere mon objectif, il ne reste que 11km, il va falloir les faire au mental. Il commence a faire chaud mais la pente n’est pas tres raide dans ce sous-bois. Il y a une alternance de petites montees casse pates et petites sections de plat. On monte par paliers. Ca devient tres dur physiquement et mentalement. Apres chaque montee, il faut faire l’effort de relancer et a peine on vient de relancer que ca remonte a nouveau. A partir de ce moment la, je n’ai plus l’impression d’etre dans un course. Tous les coureurs au tour de moi sont tres eprouves et n’avancent qu’en marchant doucement. J’ai plus l’impression de faire une rando familiale mais je ne peux pas advancer plus vite. Laurent me depasse après les premiere pentes, je ne le reverai plus avant la ligne d’arrivee. Les crampes commencent a se manifester. D’habitude j’en ai jamais. Petite nouveaute a gerer pour la premiere fois. Que c’est dur moralement, que c’est dur de relancer sur ces petits replats. On essaie de ne pas se poser de question et de relancer quand les autres devant le font. Je n’arrive plus a faire le moindre effort, je suis cuit, des que ca devient un peu dur, je ralentis, je n’ai plus rien sous la chaussure, je suis a l’agonie dans cette montee. Je prends un gel mais rien n’y fait. Je sais que les 5h30 sont trop loin. Allez maintenant c’est 5h45. J’essaie de grapiller quelque metres en courant. Que les kilometres sont longs, a partir du 33eme. Mon 36eme km est effectue a 3,3km/h. Je suis a l’agonie!!! Certains coureurs s’arretent, se reposent, je continue. On sort du bois, la Flegere est en vue mais il y a encore quelques lacets.
La Flegere - 4:58:27 – 36,9km – 243eme
Content d’arriver, je vois que je suis en retard de 18 minutes. Ouh que ca va etre dur de faire en dessous des 6 heures. Je redoute cette dernierer montee a Planpraz. Un verre de Maxim et on est repartit, ca descent mais impossible de relancer je subis. Ca recommence succession de plats et montees (mais plus de plat quand meme). J’entends la voix du speaker, mais elle me semble tres loin. Encore une montee terrible puis c’est la descente je viens d’appercevoir l’arrivee, en face mais pour la rejoindre il va falloir descendre puis remonter… Je marche dans les premiers metres de cette descente. Oui je marche dans une decsente!!! Puis je prends un wagon, je trottine doucement. Fin de la descente, un plat, la je glisse et tombe dans les myrtilles, les crampes me paralisent les deux jambes. Ouh que ca fait mal. Je me remets sur pieds. Allez on attaque cette derniere montee. Plus que 20 minutes pour etre sous les 6h00, allez, allez!!
Je n’en peux plus, je ne regarde que mes chaussures, chaque pas me rapproche de l’arrivee je me dis. Les gens autour de mois sont plus ou moins tous dans le meme etat. Je m’accroche, je veux ces 6h00.
Petite rando diminicale d'un coureur "cuit", puis tentative de faire coucou a ma famille.. ouh c'est difficile...
Trop d'effort, alors retour a la position initiale
Je leve la tete, je vois mon pere et ma compagne a 100 metres, ouh que ca fait du bien mais j’ai du mal a sourir, encore 200 metre mais une montee terrible. Ma compagne est a mes cotes, c’est genial mais j’ai du mal a apprecier elle me pousse un peu dans le dos mais je lui dit d’arreter tout de suite. Il ne faut pas me toucher, j’ai l’impression d’etre un chateau de carte. Je regarde ma montre, yes je serai en dessous des 6h00.
Sur le petit replat avent l’arrivee je trottine avec un compagnon a ma gauche… je finis en 5h54, 274eme, 22 minutes derriere Laurent qui lui finit en 5h32, 151eme. Chapeau bas monsieur.
J’essaie de manger et boire le plus possible. Je me dis que Fabien doit etre un peu derriere quand meme, il avait fait 6h30 il y a 2 ans et cette annee il est apparemment moins en forme. A peine quelque minutes apres mon arrive j’entends la voix de Fabien, incroyable. Il n’arrive que 4 minutes derriere mois. On aurait pu faire la course ensemble. Au bas de le Flegere nous etions a 10 minutes l’un de l’autre, notre plus grand ecart.
Ouh que ca ete dur mais ce fut une belle lecon d’humilite, j’ai beaucoup appris et j’attends avec impatience mon prochain trail. Pas mecontent quand meme d'avoir fait moins de 6h00. Course a pieds sur route et trail cela n’a rien a voir. Sur un trail, la course est plus longue, plus difficile a gerer (efforts, ravitaillement etc…) et sur les 10 derniers, on ne peut pas courir au mental comme sur un marathon. Les derniers kms sont incroyablement longs et il faut vraiment avoir un plus gros mental car le terrain vous force a marcher et il faut alors faire un effort pour relancer. Sur un marathon sur route c’est dur a partir du 30eme mais il suffit de ne jamais s’arreter. Super experience en tous cas qui me donne vraiment envie de faire une saison trail only l’annee prochaine.
Quelques conseils :
- Ne pas se bruler dans la montee du col des Pausettes, elle est tres longue et commence de facon tres brutale.
- En garder pour la montee de la Flegere.
- Travailler sa preparation mentale, il faut etre super solide a ce niveau la.
- Travailler le denivele, le plus possible, je sais c’est difficile pour les habitants des villes mais il vous faudra faire deux montee de plus d’une heure chacune. Les escaliers c’est peut etre la meilleure solution.
- Ouvrer grand les yeux car les paysages sont a tomber.
2 commentaires
Commentaire de largo posté le 06-07-2010 à 12:30:00
superbe course Julien ! franchement les jambes me titillent mechamment cette annee mais il me faut attendre la saison prochaine pour faire comme toi. apres ce recit, je crois que cette course devra apparaitre dans les projets a venir ! te connaissant, je sais que tu as tout donner et de la a te voir tomber sous les crampes (meme dans les myrtilles ;) ), je mesure la difficulte mais que je pense compensee partiellement par la beaute du cadre.
promis, 2011 je me fais du trail par chez moi et on se retrouve en France pour aller gouter a du denivelle !
encore bravo et bonne recup' ... le bon point est que niveau course a pied tu es super affute pour Barcelone ... seulement 10k et plat !
Commentaire de Girith posté le 06-07-2010 à 19:19:00
merci pour cet excellent cr
c'est véritablement instructif et captivant à lire
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.