Récit de la course : Trail de la Vallée des Lacs - 58 km 2010, par randoaski

L'auteur : randoaski

La course : Trail de la Vallée des Lacs - 58 km

Date : 20/6/2010

Lieu : Gerardmer (Vosges)

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Distance : 59km

Objectif : Objectif majeur

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chronique d’un échec annoncé…

Après le Petit Ballon et le Trail des Roches, le Trail de la vallée des lacs est mon premier véritable objectif de la saison, surtout que je « joue à domicile »….
Samedi 19 juin, cela fait deux nuits que je dors très peu, pas bon du tout pour la course…
Yann arrive avec sa famille, on doit faire le Trail tous les deux, si possible ensemble ainsi qu’un autre ami, Hervé dont ce sera le premier Trail, même s’il a l’habitude des longues distances en ski de fond.
Samedi soir, à 22h je suis cuit et m’endors sereinement. A 23h30 je ne dors plus, trop de bruit dans la maison, cela fait quatre fois que je me réveille et me rendors. Le stress commence à s’installer, j’ai même un mollet qui crampe. Je suis au bord de la crise de nerfs, je me dis que ce n’est même pas la peine d’aller sur la course sachant que de toute façon je vais avoir des crampes très tôt. Je finirais par dormir 2h.
Dimanche, au réveil, je suis très fatigué et décide finalement « d’y aller », de partir en rando-course et d’évoluer au plus loin en fonction des sensations. Pour les crampes, je décide de suivre le conseil de Julien François (un des 3 meilleurs Traileurs vosgiens) et de prendre de l’eau gazeuse comme boisson. Ce sera donc Isostar jusqu’au premier ravito (km 21) puis eau gazeuse exclusivement jusqu’à la fin.
Hervé vient nous chercher et nous partons de chez lui à pieds. Il fait très frais, le Haut des pistes de la Mauselaine est dans le brouillard. On discute avec l’organisation et pas mal de monde. Voilà Manu. Il vise de faire mieux que l’année dernière en 06h50. On discute, je lui annonce que je suis fatigué, il va finir par se dire que ça ne va jamais au départ d’une course pour moi… Le briefing arrive, l’organisateur nous annonce de la neige fondue au Hohneck et une température voisine de zéro au sommet : ça promet, mais comme je ne vise rien, finalement je n’ai aucune pression, puisque j’envisage même de finir en 10h….
Ça y est, le coup de départ est donné. On a décidé avec Yann de faire la plus grosse partie de la course ensemble. Il n’a pas reconnu les 17 premiers kms. On part donc très tranquillement dans les derniers du peloton. Je lui indique les zones qui montent ou sont planes etc…Les pulsations sont bien hautes, mais tant pis, je ne pense déjà plus à ma nuit et mes éventuelles crampes, je suis pleinement dans la course. On discute et on monte tranquillement. J’enlève ma veste peu avant le sommet de Grouvelin, et là gros moment de panique, j’ai perdu ma montre GPS. Je commence à faire demi-tour ça ne doit pas faire plus de 20m ? Heureusement, un coureur l’a ramassé et me la redonne immédiatement. Je respire et peux repartir. On arrive déjà au sommet de Grouvelin. On est même un tout petit peu plus vite sur ce que j’avais envisagé. Il y a un peu de brume mais la température est fraiche juste ce qu’il faut. Avec un peu de chance on va avoir d’excellentes conditions.
On descend la piste de ski, tranquille sans s’affoler, il reste 55kms au compteur…. Maintenant on va enchaîner les petites bosses tranquilles jusqu’à Grosse Pierre. Je m’arrête pour un besoin naturel et plus de Yann. Tant pis. Mais il n’est pas loin, une centaine de mètres tout au plus, mais je refuse de faire le forcing pour le rattraper.
Voilà Grosse Pierre. Il va falloir passer en mode auto jusqu’au Couchetat du Haut, je n’aime pas ce passage. J’échange donc quelques mots avec mes compagnons de route du moment. On nous annonce 205ème. Apparemment Hervé est déjà loin. Le long de cette crête on a finalement une assez belle vue sur la Bresse et le col du Brabant qui est dans la brume, lieu du premier ravito où nous attendent nos femmes. Finalement je décide de rattraper Yann dans une légère descente. On va ainsi très vite se retrouver à La Truche. Il reste alors juste un petit coup de cul avant le Couchetat du Haut et la redescente au Pont du Bas. Je suis finalement très bien et toujours tranquille. Je remonte sans cesse d’autres coureurs.

Nous voilà déjà au Pont du bas, je n’ai pas vu le temps passer. J’appelle ma femme qui attend déjà au Col du Brabant et vois Lionel Viry qui abandonne, je suis surpris.
On attaque la montée, pas de stress du chrono, je suis bien facile, je mange et bois tranquillement et bien régulièrement, l’expérience des trails commence à jouer. Je prends les choses en main et double sans arrêt les coureurs un peu moins facile, de toute façon ça m’est égal si j’explose, chaque kilomètre gagné est une victoire. Yann me demande si j’ai des fourmis dans les jambes…. Et c’est tout naturellement qu’on se retrouve au Brabant en 2h20. Les femmes et les enfants sont là, c’est génial. Apparemment Hervé est facile et se situe une dizaine de minutes devant, malgré une sinusite : c’est bluffant.


Je fais le plein d’eau gazeuse dans mon camel, mange salé et sucré, ça roule. On repart tranquille, à partir de là, l’objectif est de gérer jusqu’au Hohneck. La montée du Collet Mansuy se fait toujours au train en alternant foulée tranquille et marche dès que ça monte. Invariablement on rattrape les gens partis trop vite sur les premiers kms. Nous voilà à la Roche du lac des Corbeaux. Quelques instants pour admirer la vue et c’est reparti. J’attaque la descente un peu plus rapidement, le sentier technique me convient bien. Le lac est là en quelques minutes. Je me trouve toujours aussi facile, je sens Yann un peu moins bien, mais physiquement je ne suis pas inquiet pour lui il est normalement plus costaud que moi. On attaque un chemin large jusqu’à l’étang de Séchemer que je trouve trop roulant, mais bon çà permet d’économiser mes jambes que je crois toujours au bord de la tétanie.
Voilà enfin le sentier qui remonte vers le chemin large qui nous amènera au Col du Bramont. Là, j’enchaine, je monte au train et teste mes cuises, tout réagit sans problème, si au Col du Bramont je suis encore bien, je vais essayer d’accélérer sur la deuxième partie de course. Je vois Yann qui est un lacet plus bas, je lui fais signe, il tient le coup. Voilà le chemin, une barre de fruits rouges, de l’eau, un peu de sporténine en préventif, et un besoin naturel, revoilà Yann. Là le chemin est long et pénible, je n’aime vraiment pas ces chemins larges roulants et sans charme, où on a toujours la sensation de ne jamais être assez vite. Finalement voilà le petit coup de cul juste avant le col, on l’attaque en marchant. Je demande à Yann s’il est en état de trottiner. Il me dit que non. Alors je me lance et lui dit que de toute façon on se reverra certainement. Au col nos familles sont là, je suis facile et dis à la femme de Yann qu’il est dans le dur. Je repars, remonté comme une pendule, je décide maintenant de faire ma course.


Un petit bout du chemin Vaxelaire, avant de descendre sur la route des Américains. A ce moment revoilà un petit passage technique, c’est bien celui que j’ai reconnu, pour après remonter le long de la Goute de Machais. A partir d’ici je connais chaque sentier, chaque recoin pour les arpenter hiver comme été. Je me lâche dans la descente et accélère dans la montée. Ça passe toujours aussi bien. Mais voilà le chemin des Italiens. Beurk j’ai horreur de ce chemin, qui va être bien long jusqu’au lac de Blanchemer. Je mets le mp3 et me lance dans la course. Les jambes régissent bien, je pense être à la limite de la tétanie, mais réfléchis bien à ma foulée, ça roule. Je suis le chemin à l’adrénaline, en étant trop haut en puls mais tant pis, je récupèrerais au lac. Ca y est j’y suis ? Petite pause, je vide et resserre mes chaussures, bois et mange. Si mes sensations sont bonnes je devrais être bien jusqu’au Hohneck. La montée vers Firsmiss se passe on ne peut mieux, je reste bien lucide et à l’écoute de mes sensations. Je n’arrête pas de doubler des coureurs qui souffrent dans cette belle montée. D’ailleurs voilà déjà la route. Nos familles sont de nouveau là. Je demande des nouvelles de Yann. Il n’est pas bien du tout. Tout va bien pour moi, mais j’ai mal aux deux gros orteils, je demande à ma femme qu’elle me prépare mes autres chaussures pour le prochain ravito : je refuse de changer maintenant, pas de ravito sauvage, je veux rester dans l’esprit du Trail.

Là c’est ma partie préférée qui commence, elle est roulante mais belle avec une vue sur la vallée de mon enfance, je sais que ça va le faire. Voilà le petit col avant le Kastellberg et le sentier des névés, j’enchaine, tous les gens que je rattrape sont un peu cuits. Je cours assez facilement. Je rêve en regardant la vallée je vois même l’usine paternelle en droite ligne du sommet du Kastellberg.
Je continue à planer et paf. Je m’étale de tout mon long. Rien de grave, juste le mollet gauche qui tétanise. J’ai une peur bleue des crampes qui s’annoncent. Je repars tranquillement, tente d’accélérer, tout va bien. J’ai le Hohneck en visu, ça va le faire, je le sais; je prends le virage vers la gauche et le petit col juste avant le Hohneck et re vlan ! Nouvelle chute, je dois être moins lucide. Mais ce n’est pas la même je me suis sonné le genou gauche qui saigne, le petit doigt gauche également mais c’est surtout le haut du dos et l’épaule qui ont pris. Les deux coureurs que je viens de doubler s’arrêtent. Je me relève. Le genou un peu douloureux mais ça va, finalement plus de peur que de mal.
Je trottine jusqu’au pied du Hohneck. Apparemment ça va, je monte donc en marchant assez vite, ça passe bien, mais j’ai un petit coup de mou, peut-être un peu le moral qui est entamé. Pourtant, j’entends, « ah ben tiens en voilà un avec le sourire », les encouragements sont super sympas. J’attaque la descente, me teste sur quelques foulées et enchaine tambour battant. Je me reposerais au ravito.
Je suis un peu surpris sur le chemin, ce n’est pas le chemin normal pour aller au refuge du Sotré… Effectivement, on le contourne par l’arrière, sentier sympa… Quand soudain je vois devant moi une allure qui m’est familière, mais qui n’a rien à faire là : ce bonhomme devrait être largement devant moi… Juste avant le refuge, c’est Manu. Je l’encourage. Il n’est pas au mieux, sa famille est là. Il se fait masser le dos, je lui dis qu’il ne s’en fasse pas il arrivera au bout. Ma femme me dit que Yann est mal et envisage peut être de s’arrêter, je lui réponds qu’il doit s’arrêter ici 10 minutes, qu’au besoin il se fasse masser, mais il peut et doit finir, il a fait le plus dur.


Pour ma part je me change rapidement (chaussures et T-shirt), fais le plein en petites bulles et repars dans la foulée même si ma femme est un peu craintive à la vue de mon dos et de mon genou.
L’organisateur principal du triathlon de Gérardmer est là, il m’encourage et m’indique le chemin. Je repars donc à l’aise les pieds soulagés. Peu avant le col de Thiaville je rattrape deux coureurs qui ont des bâtons. Ils me demandent à quand la prochaine difficulté, je leur explique la terrible montée vers le Collet de la mine. On fait un bout de chemin ensemble et me lâchent un peu dans ce long chemin que je n’aime pas. Je respire en arrivant au Col des Feignes, voilà une partie comme j’aime, technique à souhait. La première partie légèrement montante, passe bien en alternant marche rapide et course. Je suis suffisamment lucide pour bien négocier les passages difficiles et mouillés. Un coureur se cale derrière moi jusqu’en bas. Jusqu’au lac de Xonrupt, je vais encore dépasser une dizaine de coureurs. La dernière partie de la descente va passer tambour battant.
Les gens de l’organisation qui tiennent un point d’eau me demandent si je ne veux pas une orange : je ne les avais même pas vus. Le coureur qui me suit se moque de moi, et me disqualifie en rigolant pour ravito sauvage… Je le lâche sur le bout qui suit, il n’en peut plus. Voilà la montée qui s’annonce, j’entends derrière moi des coups de bâtons qui s’approchent. Ce sont les deux coureurs de tout à l’heure qui reviennent. Ils font le forcing sur la partie plane. Je monte tranquille, je gère pour être sur de passer correctement le long retour vers Grouvelin. Les deux coureurs me reviennent invariablement dessus, je m’en f… A environ 200m du col, plus de bruit. Ils ont explosé sur la fin. J’aperçois un autre qui est presque au col et qui avance tout doucement. Ça y est voilà le col, la montée est bien passée.
Le début du chemin de la Courbe est en très légère montée, je décide d’y marcher pour boire, m’alimenter et récupérer. Au bout de 100m je me remets à courir, je dois pouvoir tenir jusqu’à la roche Ferranti. Et effectivement ça passe; je rattrape deux coureurs. L’un d’eux m’a littéralement laissé sur place au 30ème km du Trail des Roches… Un dernier coureur tout en rouge est en visu juste avant le roche Ferranti. Je le dépasse au début du chemin que j’adore dans l’autre sens. Je vais alterner marche rapide et course, comme je connais chaque bosse je sais exactement où accélérer et ralentir, comment gérer cette fin très difficile. Je vais encore doubler 3 coureurs jusqu’à Grouvelin, ils sont cuits. Là un poste de signaleur qui m’explique la fin du parcours, lorsque l’un d’eux me reconnait : il sait que je sais, franche rigolade. Encore un bout que je n’aime pas se profile, la remontée jusqu’au sommet du Tétras. Tant pis, c’est la fin et j’ai encore du jus. Je remets le lecteur mp3 avec un ou 2 morceaux qui boostent. Je vois un premier coureur qui marche, premier objectif, premier réalisé. Un deuxième avant l’arrivée au Grand Haut, j’enchaine, deux adolescents m’encouragent en criant, leurs parents rient aux éclats. Ça y est plus qu’à descendre, je teste mes cuises sur les premiers mètres aucun signe inquiétant, allez je me lance. J’ai les larmes aux yeux en repensant à la nuit dernière, j’arrive à mi pente en bon état sans douleur majeure, sans crampe. Il y a du monde sur la piste, je dépasse encore deux derniers coureurs. Un copain, est là juste avant le pont, il est souriant de me voir là. Ma femme et mes enfants sont là, je suis franchement ému. Je finis avec eux. Génial, contre toute attente, j’ai fait une super course, j’ai bien géré et le travail d’entrainement a payé. Je suis vraiment HEUREUX. Je me ravitaille, je retrouve Julien François qui a fini 5ème il est déjà douché et tout frais, le félicite et le remercie. J’ai 59, 3 km au GPS (en raison du sentier des névés), et, après correction 2550 m D+/ D-


Hervé a fait une super course, avec sa sinusite et malgré les crampes, il finit 34ème en 06h45. Pour un premier Trail c’est très fort. Manu arrive, il est 116ème en 07h33, il est bien fatigué mais a fini malgré tout : bravo. Yann finit également par arriver il est 158ème en 07h54 ; Il a eu un passage à vide de 15kms mais est arrivé malgré tout. A lui aussi un grand grand bravo. Finalement nous serons 400 sur 450 concurrents à arriver, seuls 384 sont classés, les autres étant hors délais mais pas déméritants pour autant.
Un clin d’œil encore à toute l’organisation: Michel (le grand patron se reconnaitra), merci pour cette superbe course avec des bénévoles et des ravitos extras, mais STP, essaie de nous trouver quelques petits mono trace bien de chez nous à la place de ces grands chemins monotones (sentiers des Italiens…), cette course sera alors parfaite… (Bon je préférerais également une redescente plus sympa que le Tétras, mais c’est passé tellement bien que je ne me plaindrais pas…)
Comme toutes les bonnes histoires gauloises, l’après-midi se finira autour d’une bonne tablée tous bien fatigués par la nuit et la journée, en se disant déjà que si tout va bien d’ici une dizaine de jours un nouvel objectif se fera jour : le TGC (Tour de la Grande Casse) à Pralognan la Vanoise le 22 aout. 62kms pour 3900mD+ : un autre monde…
Le petit mot de la fin ???? Ben comme une fois n’est pas coutume, je dois encore tirer mon chapeau à cette grande dame qu’est ma femme. Elle m’a soutenu et m’a supporté malgré mes gros coups d’humeur. Alors, merci à toi ma belle, cette course c’est à toi que je la dois.

 

Plus de détails (traces gps, résultats etc) et quelques photos sur mon blog: http://rundevoo.com/running

 

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