L'auteur : krissprols
La course : Trail de Faverges - 42 km
Date : 12/6/2010
Lieu : Faverges (Haute-Savoie)
Affichage : 2724 vues
Distance : 42km
Objectif : Se dépenser
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Intro
Retour dans la Yote pour une petite coursinette qui se calait bien dans mon super plan/programme d’entraînement fabriqué par mes petits neuronnes en Décembre 2009. Mais, voilà depuis décembre les neuronnes vont toujours bien mais c’est les gambettes qui ne respectent pas la partition…
Récap :
Mercredi d’avant course, à l’entraînement grosse alerte, le genou est à nouveau très douloureux. L’armoire à pharmacie est rouverte (argile verte, HE, massage…) et les doutes s’installent. De rage, j’incrimine les chaussures et tant pis pour les soldes ; demain, c’est décidé, j’en achète des nouvelles. Chaussures que je me suis empressé d’essayer le Jeudi soir de nuit sous l’orage pour une sortie d’une heure et quart dans les chemins. Le genou tire mais visiblement pas de douleurs en plus, voire un léger mieux… le moral remonte un poil.
Cette course n’est pas un objectif, dans mon plan, elle s’intègre dans un WE choc (concept que j’ai découvert en traînant sur kikourou entre autres) ou plutôt, dans deux semaines chocs où je vais accumuler les km et le dénivelé en vu du Beaufortain. Le profil colle tout à fait avec ce que je veux : des longues montées d’un trait qui s’enchaînent…
Donc (entraînement oblige) la récup d’avant course je n’y ai pas trop goûté. Avec un enchaînement Championnat de France de Montagne, 2 grosses journées boulots (démolition pelle-pioche et terrassement) c’est de la PPG ( !), footing récup (Aïe), footing de nuit sous la pluie, et enfin repos la veille de la course, je pense ne pas arriver avec beaucoup de jus ?!?
Samedi réveil à 4 heures, départ à 5, arrivée sur site à 6.
Un samedi matin du côté de FAVERGES
Je récupère mon dossard, avec le cuissard que j’utiliserais pendant la course. Retour à la voiture et c’est parti pour 45 minutes de somnolence en écoutant un p’tit Ben Harper (l’album Diamond on the Inside, je précise pour l’ambiance musicale). 7 heures, je m’étire et me prépare, cuissard, T-shirt du club (Eh oui Bernard les couleurs CMI ont flotté sur les Bauges), buff des Citadelles (il faut que j’investisse dans celui de Kikou) et mes nouvelles chaussures (jaunes qui pète de chez Mizuno). Punaise elles sont encore mouillées du Jeudi, de toute manière vu le temps T3B (Très Bouché Bien Bas) ça ne va pas me gêner longtemps par rapport aux autres. 7h16 je rentre dans le sas (génial ces chronométrage électroniques on connaît tout de ses temps de passage) et me faufile vers l’avant. Avec l’expérience je trouve ça chouette, j’arrive à bien me positionner sur la ligne, ni trop devant (pour ne pas gêner) ni trop loin (pour ne pas être gêner).
Après le briefing du départ, celui-ci est donné à 7h30 pétante… C’est parti pour 42 km et 2700m de dénivelé positif. Tout de suite je me dis que je dois finir et pouvoir renchaîner par une sortie longue demain (je vous l’ai annoncé c’est WE choc) ! Autant vous dire que le départ est piano et je contrôle régulièrement le pouls sur le cardio, dés que je passe au dessus de 165 je me méfies et gère le temps où je vais y rester. Si c’est trop long je relâche et récupère. Technique sympa sur les premiers kilomètres, jamais je ne suis dans le rouge, ce qui m’arrive souvent lors des départs. Même en restant sur la réserve, sur la « longue » portion de route qui suit le premier coup de cul je double Christiane LACOMBE (première féminine) ? Serais-je encore parti trop vite ? Ou les course de montagne dans les semaines précédentes m’ont-elles beaucoup appris sur mon rythme ? …
Premier pointage 7,5 km et 500m de D+, 100ème et 54 minutes
Les pieds dans les baskets mais le frein à la main !
Les voyants sont aux verts , je pète la forme et le plaisir est là. Il est temps d’attaquer la plus longue montée d’un trait : 1000m de D+ pour rejoindre le brouillard… et le sommet d u télésiège de la Sambuy avant la longue descente sur la station. Je décide encore de monter au train et de faire le bilan à l’unique ravito après la descente et à un peu moins de la mi-course. Durant la monté je passe quelques groupes qui s’accrochent plus ou moins. Là-haut dans le brouillard les repères concernant la pente sont faussés mais l’expérience de la semaine dernière à la Voie de l’Ecir dans des conditions similaires est utile : Je reste sur mon rythme et je continue à doubler. Arrivé en haut, c’est par une longue piste de ski qui dévale la pente en longues courbes qu’on descend. Pas mal de coureurs se plaignent de cette partie casse-pattes, c’est vrai que la descente tape un poil, mais je m’amuse comme un dingue en pensant aux gars du club avec qui on se tirerait une jolie bourre dans de telles descentes… Je continue à doubler du monde même si les écarts maintenant sont faits et qu’on se trouve un peu seul (ambiance trail que j’apprécie particulièrement) mais ça ne durera pas… La descente est longue mais on finit par en voir la fin… J’arrive « plein » gaz et là j’entends, avant de voir (je courais sans mes lunettes) Vogoy’ qui me salue. Une tape dans la main, il m’annonce ma place (entre 60et 70 ème) et me donne quelques indications sur ce qui m’attend. Selon lui, si j’ai bien géré, la suite ça passe tout seul et il y a moyen de gratter encore un peu de monde. Bon, ben y a plus ka …
Station de métro pour le monde et le bruit ? Non... station de ski et ravito de la Sambuy.
Deuxième pointage 19.5 km et 1500m de D+, 63ème et 2h25
Vin diou j’vais avoiné sur cette section
A cet endroit, on rejoint le parcours du 28 km, ceci explique pourquoi tout ce monde… Arrêt aux stands, je remplis le camel, mange deux trois bouts de saucisson, écoute la batucada Bandana qui met l’ambiance. Là, une nouvelle fois je percute que je me fais sacrément plaisir, j’ai la banane et les jambes chatouillent sévèrement. Bilan positif et v’là le Chris qui une fois de plus oublie l’objectif (pouvoir enchaîner une sortie longue le Dimanche) et décide de lâcher les gaz dans la deuxième montée au risque de se cramer pour la dernière. Autant la première montée était en single sympa autant celle-ci se fait sur des pistes larges. Alors à la sortie du ravito avec les paquets de coureurs du 28 on se perd un peu avec les collègues du 42. Seul petit bémol de cette course, c’est qu’à ce moment là on ne sait plus trop où on en est… Certes comme d’hab’ je joue pas la gagne mais « faire la course » avec des compères d’un jour c’est plaisant et en plus ça aide à savoir si on est bien ou pas. Tant pis et vu que c’est la fin du peloton du 28, ça va pas très vite alors on double et ça c’est bon pour le moral, surtout que fair-play la plupart nous encourage ! A chaque concurrent doublé un petit coup d’œil discret sur le dossard, si c’est un bleu c’est du 28 et si c’est un rouge hi hi hi une place de prise… Arrivé en haut toujours dans le brouillard, un bénévole nous annonce « Vous avez fait le plus dur, une grosse descente et la prochaine montée fait juste un peu plus de 300 m de D+ ». Et effectivement après quelques relances, on bascule dans une descente à l’opposé de la précédente : un single très technique et tout en lacets, avec les pelotons du 28 disséminés sur la trace c’est carrément banzaï de doubler, mais on prévient, on déboîte et advienne que pourra. A ce petit jeu je suis témoin d’une ou deux chutes (car le terrain est vraiment gras sur cette descente) et mes deux mains sont nécessaires sur un dévers bien gras pour m’éviter pareille mésaventure. Si dans la montée j’ai pu contrôler qui je doublais (plein du 28 et 2 ou 3 du 42) la descente requiert toute mon attention et je ne vois pas qui je double…on fera le bilan en bas. Mes jambes commencent à donner des signes avant coureurs de crampes, je ralentis, me cale dans un groupe et inquiet de mon état de forme questionne les autres : « Elle est comment la future montée ? » un habitué du maratrail me répond quelques choses qui en vers donnerait ça :
Primo, un raidard vachard
dré dans le pentu
Deuzio, des toboggans élégants
A perte de vu
Troisième pointage, 29.6 km et 2200 m de D+, 50ème en 3h46 :
Allez les gars, c’est ki-ki court le plus vite ?
Nouveau pointage et séparation des parcours… nouvelle donne, où en suis-je ?
Si vraiment la montée qui suis fait moins de 400m de D+ je devrais pouvoir passer sans cramper mais va falloir y aller tranquille. En plus tout le reste est nickel : j’ai une patate d’enfer et un moral au zénith. Après le grand ménage de la séparation des parcours, un petit bilan des positions s’impose :
Devant j’ai un lièvre qui a déjà attaqué les nouvelles pentes très dures de la troisième et dernière montée et derrière la chasse s’organise : un petit peloton de 7/8 coureurs me suit à une centaine de mètres ! Joueur or not ? Sur cette montée la stratégie va être :
1- de ne pas aller chercher celui de devant, pour ne pas se carboniser les gambettes
2- d’essayer de ne pas se faire reprendre
3- et d’en garder sous la semelle pour la transition montée – descente, une longue portion pleine de relances où j’aimerais courir tout du long. Car c’est souvent sur ces portions que se font les écarts
Dés le début de la montée je constate que le premier objectif n’est pas rempli, je vais bel et bien reprendre mon prédécesseur, il craque complètement et s’arrête régulièrement pour souffler et s’étirer. Dur dur ! :
- « Ca va ?
- Ca va ! Pas top, mais ça va. »
Bon ben je continues, un petit coup d’œil derrière pour constater que le groupes de poursuivants a explosé ; ils ne sont plus que 2 à grappiller lentement du terrain. Je continue à montée à ma main sans stress, heureusement que la montée n’est pas trop longue j’arrive en haut du raidillon avec encore une dizaine de mètres d’avance. La sensation de crampe a disparu, je vais pouvoir relancer comme j’espérais ! Sourire aux lèvres, en croisant les doigts pour que derrière ça ne suive pas… J’attaque en petite foulée, surtout ne pas marcher dans les longues pentes faibles qui vont nous déposer au sommet. Régulièrement je me retourne : stratégie gagnante, le trou se creuse à nouveau, bientôt je ne les vois plus. Arrive la descente qui commence par une portion sur piste forestière caillouteuse et ornièrée, heureusement pas très longue, avant de prendre à gauche un petit sentier qui nous descendra sympathiquement jusqu’aux 2 derniers kilomètres de route avant Faverges… il fait chaud, je suis tout seul, tout va bien, pas besoin de pousser dans la descente… Forcément la concentration se relâche, et dans un passage un peu moins bien tracer la cheville part « AIE AIE AIE, p….n de b….l de m…e, quel con ! » la douleur est vive je suis obligé de marché quelques mètres. La cheville répond présente et m’indique que je peux continuer, je repars en courant en me maudissant et en pensant « Pourvu qu’en refroidissant je ne constate pas que c’est une grosse entorse !». On rejoint à nouveau les coureurs du 28 pour la fin du parcours. Pour une fois j’ai les cannes encore fraîches et je croise à nouveau Vogoy’ juste avant la route, nouveaux encouragements, nouvelle tape dans la main, et félicitation sur ma gestion de course. Le goudron arrive, je relance, je double quelques concurrents du 28 et tout à coup quelqu’un me déboîte par la gauche… Rapide coup d’œil et là le cri qui vient du cœur : « Oh non… ». Effectivement le coureur qui était derrière moi dans la dernière montée m’a rejoint, sourire mutuel il me propose de finir ensemble. Je le remercie et lui dit qu’il mérite d’être devant. J’adore cet esprit, car pour être honnête quand je cours (même au fond du classement) j’essaye d’être devant ! Et aujourd’hui, sur les 12 derniers kilomètres, durant toutes la montée, les relances et la descente c’est ça qui m’a fait avancer aussi vite. Alors je suis bon joueur quand à ce moment là il me double, je pensais avoir fait le plus dur ! Eh bien non…
Sur cette dernière portion je m’accroche à lui pour arriver avant les 5 heures et on passe ensemble la ligne, lui juste devant… normal
Arrivée, 42.2 km et 2700 m de D+, 46ème et 4 h 59 min et 44 sec.
SUPER COURSE
On se sert la main, visiblement lui aussi a été motivé par ma présence. Juste derrière, d’autres coureurs arrivent. C’est le petit groupe de chasse, on se félicite tous.
Et voilà, la course est finie et j’ai un sentiment super fort, je suis content. Tout s’est déroulé impeccablement bien. Pour une fois, je n’ai eu qu’à penser à mon rythme, à ma course… j’apprends et je comprends. Quand je me suis fixé l’UTMB comme objectif il y a 1 an et demi, les conseils que je pouvais obtenir étaient tous autour de la patience et de l’apprentissage, message qui commence à faire son chemin doucement, car si j’ai toujours envi de faire du long j’aimerais que cela se passe aussi bien que ce Maratrail Faverges Odlo 2010.
Merci à Vogoy’, présence inattendue et chaleureuse sur le parcours, j’ai essayé de te trouver à l’arrivée mais je ne t’ai pas vu. A plus !
Merci à l’organisation, vraiment au top. Et malgré ce que j’en avais entendu dire, j’ai vraiment apprécié le parcours que j’ai trouvé très varié (large piste, single, technique...). Certes ce n’est que montée ou descente, mais j’étais venu pour ça alors…
Reste à revenir pour le paysage !
Au fait, le lendemain j’ai pas été courir, la cheville et le bonhomme allaient bien mais la famille a eu les arguments pour me convaincre de rester avec eux… Repos, apéros et bon repas.
2 commentaires
Commentaire de JLW posté le 16-06-2010 à 21:32:00
<<….n de b….l de m…e, quel con ! >>
Sacré code html ....
Bravo pour ta bonne perf et merci pour ton témoignage d'un beau trail qui me donne envie.
Commentaire de 100glier posté le 17-06-2010 à 21:07:00
Tu pourrais pas essayer une police de caractere encore plus petite, tu devrais pouvoir faire tenir le cR sur une ligne !
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