L'auteur : manu3842
La course : Techni'Trail de Tiranges - 65 km
Date : 10/5/2009
Lieu : Tiranges (Haute-Loire)
Affichage : 2538 vues
Distance : 65km
Objectif : Pas d'objectif
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Pourquoi l'Ultra Techni-Trail de Tiranges. En fait avec Thierry et Paulo (au dernier moment pour lui), nous nous sommes inscrits dans le cadre de la préparation à l'Ultra Trail des Pyrénées. Nous voulons reproduire le même type de préparation que nous avions suivi pour l'UTMB en 2009. Un gros week-end par mois : en février j'ai doublé course du Suzon et Monistrail sur un même Week-end, en mars Tullins (35 km), en avril marathon d'Annecy, en mai c'est l'U3T. L'objectif du jour pour nous est de faire du long sans aucune autre ambition.
Je ne connais pas franchement cette course : j'ai quand même vu qu'il y a 3500 m de D+ sur seulement 65 km donc ça présage de la difficulté à venir et en plus le profil est sans ambiguité : enchaînement de difficultés ... On verra bien sur place.
Dimanche matin : départ à 4h00 de Vienne pour une arrivée à 5h20 à Tiranges. La météo est pour le moment bonne. Ca roule ... J'étais venu sur Chomélix (pas très loin d'ici) en 2009 pour un week-end VTT (je vous recommande d'ailleurs leur centre VTT qui fait aussi centre de remise en forme : c'est que du bonheur ...). Je m'imagine donc Tiranges sur un plateau entouré de forêts ... Retrait des dossards au "Café de l'Angle", au moins ils ne se prennent pas la tête, ambiance conviviale, l'esprit trail : c'est sûr ça va nous plaire ...
Je retrouve Gilles avec qui j'avais couru la Diag des Fous en 2007 et partagé quelques entraînements sur Saint-Christo. Il revient de blessure mais je connais le lascar : c'est un sacré client dans sa catégorie V2 ... affaire à suivre ... Je reconnais également le père de Guillaume Millet que j'avais rencontré sur le chemin de Saint-Jacques en Espagne en octobre dernier. Nous nous remémorons quelques souvenirs. Au niveau tenue : ce sera short, gore-tex, pas de baton, sac à dos, appareil photo ... Une dernière photo avant le départ:
L'accueil personnalisé de Guillaume Millet : super, un mot pour tous et il en profite pour pointer tous les concurrents. Mais qu'ont-ils tous à nous demander si ça va avec leur petit sourire en coin ? Nous le saurons vite ... Nous sommes presque 80 : très bien. Le dernier briefing nous met tout de suite dans le bain de la course "Si vous ne voyez pas de balises pendant 100 m ou 30 secondes faites demi tour" et puis le message, finalement "Il n'y a qu'un poulet à gagner" ... Ils sont bizarre ici ...
6h00 : c'est parti. Avec Thierry nous déroulons tranquillement, Paulo suivant à quelques encablures : il a décidé de partir prudemment histoire de voir s'il a bien récupéré de la Cote Roannaise courue 15 jours avant. Le début du parcours sur la route nous permet de sortir du village avant d'entrer dans les premiers chemins et là tout le monde remarque l'inscription "Arrivée". Et bien quand on sera là ce sera tout bon. Pas de difficulté majeure au départ mais le temps de l'écrire, on passe devant un calvaire : c'est un signe ... on recroise Guillaume qui est parti en VTT et toujours ce même sourire énigmatique en nous lançant un "Bon Trail les gars" . Les premières difficultés arrivent. Montée raide mais comme c'est le début ça passe, s'en suit une belle descente, quelques passages en dévers, souvent dans les sous bois. Chemin faisant nous traçons notre chemin (lequel est fort bien tracé, c'est sur, car la rubalise, on ne voit que ça : à croire qu'ils avaient un stock en réserve!!!).
Vu le petit nombre de participants et la difficulté du parcours les positions se stabilisent rapidement : avec Thierry nous nous retrouvons avec Stéphane d'Annecy venu en préparation de l'UTMB (nous nous permettons de lui donner quelques conseils par rapport à notre expérience de l'année dernière). Nous courons tous les 3 un bon bout de chemin car nous n'avons pas envie de nous retrouver seul ... vraiment sympa, les monotraces défilent et voilà que Paulo nous rattrappe au km 15, il nous avait en point de mire depuis un bon moment. Nous profitons des quelques points de vue offert lorsque les organisateurs daignent nous faire sortir du bois : en effet nous évoluons entre les rives des rivières situées dans les gorges et le plateau (toute cette partie est boisée) mais quand nous arrivons sur le plateau c'est pour redesendre immédiatement dans les bois. La fatigue commence à se faire sentir et le premier ravito est espéré : nous l'apercevons au terme d'une longue montée que nous pourrions qualifier de roulante km22.5. 3h00 de course pour un tiers de la distance : nous sommes dans les temps des 9h00 !!! Une bonne restauration plus tard, nous reprenons la route que nous quittons aussitôt pour entrer dans le vif du sujet. Descentes dans des ravins : Thierry et Paulo, moi
En fait l'exercice consiste à tenter de rester sur ses 2 jambes, les quadris sont en surchauffe et quand nous arrivons en bas sans trop de dégat, un peu de plat (enfin j'me comprend !!!) un virage à droite et tout droit dans la pente et là, c'est les mollets qui chauffent, se tendent au maximum. Parfois ça monte même carrément à 4 pattes : notre ami Stéphane étant un véritable chamois à ce jeu là ...
On nous avait annoncé le prochain ravito à 7 km : nous l'atteignons enfin km34.5 !! Finalement c'était 12 km parcourus en 2h00 : la moyenne en a pris un coup. la mi-parcours en 5h15. Ne pensons plus aux temps à l'arrivée et profitons du temps qui passe, beaucoup plus vite que les km !!!
La fatigue commence à se lire sur les visages mais ça va encore. Pour ma part je suis bien, on mène le train avec Stéphane et attendons Thierry et Paulo de temps en temps. Paulo a décidé de fermer la marche : il ne veut pas se mettre dans le rouge.
Après ce ravito nous repartons à 5 avec un gars de Crémieu : nous formons peut-être le plus gros peloton de course à ce moment.
Stéphane a de bonnes sensations, je le suis assez facilement. Après 3-4 km, il souhaite conserver son rythme, je le laisse filer et attend mes 2 potes de Vienne. Ils insistent pour que je suive Stéphane, eux finiront tranquillement de leur côté. Ce n'est pas mon objectif du jour et je décide de rester avec eux comme ça on pourra s'entraider, je ferai quelques photos et puis je ne sais pas comment je serai dans 2h00 (aurai-je récupéré du marathon ?). Les difficultés sont de plus en plus dures : la combe du Blaireau "Ca ne s'invente pas", et quelques passages bien trouvés, le doute s'installe, les premières crampes arrivent pour Thierry "Il a le mollet qui rentre à l'intérieur" me lance Paulo ... Du jamais vu. Ce qui au début était plaisant devient lassant et toujours le même refrain : montée terrible en coupant les beaux chemins, suivies de descentes terribles, le tout dans les bois, pas de point de vue ... La monotonie nous gagne.
Est-ce qu'on la monte cette côte ?
Mais c'est tout bon pour le mental : à coup d'encouragements on atteint enfin le 3ème ravito tant espéré : du solide, on a faim ... km 39.5. Nous venons de faire 5 km en 1h00, la moyenne continue à chuter : à ce rythme ...
On se jette littéralement sur tout ce qui se mange : salé, sucré avec une mention pour le gateau de semoule ("si j'avais su j'aurai pris un Tuppeware"). On retrouve le père de Guillaume qui brieffe Thierry sur le futur proche ... Le moral revient avec l'appétit et quelques étirements.
Et nous voilà reparti, le prochain ravito (en eau) est à 6 km, ça va le faire ... On l'atteint au bout de 1h15 : km 46, le temps s'assombrit, la pluie arrive, l'appareil photo décide de se mettre au chaud dans le sac ... Il a bien raison. Cela fait quand même 7h30 qu'on est parti ...
On nous annonce que le prochain ravito est à 5 km, à Chalencon, avec du solide : génial, on y sera vite, on est passé en dessous des 20 km à parcourir, on a l'impression d'avoir fait 3000 m de D+ !!! On se retrouve avec Thierry de Génilac et faisant parti de "Courir pour de Pommes".
On ne traine pas trop et c'est reparti par une belle pentille ou un beau grapillat, c'est comme vous voulez ... En gros c'est droit dans la pente au milieu des feuilles, de la mousse, les arbres nous servent pour nous accrocher : ce serait bête de faire 2 pas en avant 1 pas en arrière. TERRIBLE : il n'y a pas d'autres mots et pourtant nous avons couru quelques trails ...
Ce passage jusqu'au prochain ravito devient un calvaire : si nous n'étions pas ensemble, je crois que nous abandonnerions , je ressens les premiers signes de fringale (bien boire, manger : je ne pense qu'à ça, je suis les traces de Thierry ...) Paulo a laché : il se retrouve avec l'autre Thierry. Nous avançons mécaniquement : le cerveau est débranché depuis longtemps. Il pleut de plus en plus: on aperçoit enfin des maisons mais non fausse alerte, il faut redescendre dans le bois, éternelle rengaine. Le moral est au plus bas. Avec Thierry on tente de s'encourager, il n'arrête pas de me demander le kilométrage mais rien à faire, dans ces raidillons, ça ne défile pas très vite.
Miracle : arrivée sur un plateau nous apercevons Chalencon au loin, non pas possible, comment aller jusque la-bas ... Thierry n'en peut plus : je le distance légèrement sur la seule portion de plat (annoncée au préalable, ils ont de l'humour, ils sont très taquins !!). Le portable sonne : surement les filles qui sont à Crest et qui viennent aux nouvelles. Pas le temps de décrocher. On verra à l'arrivée.
Finalement au bout de 7,5 km soit km 53.5 et après avoir attendu Thierry, nous arrivons à Chalencon au terme de 2 km, très, très roulants par rapport à ce qu'on a vécu.
Le ravito est le bienvenu : nous engloutissons tout ce qui se présente et bonne nouvelle Paulo arrive avcec son nouveau pote. La famille est reformée. Un bénévole nous explique où nous allons passer ("en face derrière le rocher, il y a des passages avec des cordes", beau programme des réjouissances à venir, on rit jaune) . Mais bon, on sait qu'on finira.
Après un petit 1/4 h d'arrêt, il est temps de retourner au combat : il faut en finir et au plus vite (j'me comprend!!!) ...
Le pont du Diable est juste en dessous du village mais comme ils ont l'esprit "un peu tordu" dans le coin et bien ils nous propose une "petite marche d'approche" pour "s'acclimater à la difficulté". Bien vu. Passage sur le pont du Diable mais le diable c'est qui dans l'histoire ...
Au passage le coin est vraiment sublime avec ce vieux village en cours de rénovation, tout en pierre, un petit coin de paradis au dessus du Diable et toujours une rivière dans la gorge ...
LES CORDES : on les avait oublié celles là, les voici et heureusement sinon je crois que nous y serions encore. Dernière difficulté !!!
On parie sur encore 3 bosses à franchir. Thierry est très mal dans ce passage . Je le laisse devant pour qu'il aille à son allure, je le suis de près et tente de le réconforter, Paulo suit à son rythme : il gère bien sa course le bougre ...
La fin du parcours peut-être qualifiée de plus roulante : je retrouve la pêche, les jambes vont bien, je cours à une bonne allure ou tout du moins je pourrais aller plus vite mais j'assure un tempo pour mes 2 accolytes bras dessus bras dessous : leur moral est revenu, ils sont revenu du diable vauvert ...
2 dames nous encouragent : plus que 3 km (sur le Garmin il me semble que ce serait plutôt 4), on ne vas pas s'enflammer . Un dernier signaleur et nous voilà repassant sur l'inscription "Arrivée". Cette fois on peut suivre cette indication : l'arrivée est toute proche. On vient de finir tous les 3 ensemble cette magnifique aventure après 64.5 km, 3750 mde D+ et 11h10 de ballade !!!!
On reçoit les félicitations du speaker, qui annonce notre prochain trail sur Vienne en octobre puis de Guillaume. On est finisher. Une douche bien méritée et un bon repas plus tard, il ne nous reste plus que des étoiles dans les yeux : étoiles de fatigue certes mais étoiles de bonheur d'avoir vécu cette formidable aventure ensemble, d'avoir traverser ces paysages magnifiques, d'être allé au bout de nous même ...
Le bilan est plus que positif et l'objectif du jour plus qu'atteint . On est prêt à en découdre pour les prochaines courses ... Pour ma part j'ai fini super bien sans crampe, bonne gestion des "coups de moins bien", l'expérience aide beaucoup dans ces cas.
La récup se passe très bien puisque mardi soir, sortie de 1h20 sur les contreforts du pilat, au-dessus de Vienne, dans des chemins inondés mais avec de l'envie.
Un grand merci aux organisateurs et aux bénévoles pour l'excellence de l'organisation, pour le fléchage au millimètre, pour les ravitos régénérateurs ... Je ne sais pas si je reviendrai car il y a tellement de courses à faire, de régions à visiter mais c'est fort possible ...
Le TECHNITRAIL, un TRAIL ATYPIQUE à courir au moins une fois dans sa vie ...
C'était un long dimanche de trail, je rend l'antenne, à vous les studios ...
1 commentaire
Commentaire de floriane38 posté le 19-05-2010 à 14:15:00
Super CR, on s'y croirait, j'en ai mal aux jambes rien qu'à la lecture!
En tous cas félicitations à vous 3
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