L'auteur : LudoH
La course : Techni'Trail de Tiranges - 65 km
Date : 9/5/2010
Lieu : Tiranges (Haute-Loire)
Affichage : 3167 vues
Distance : 65km
Objectif : Pas d'objectif
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"Techni-trail" ... "techni-trail" ... mais qu'est ce que c'est? Voila la question que je me suis pose un petit moment en m'inscrivant à la seule course qualifiée de ce nom: l'U3T.
Pourquoi technique? Des sentiers techniques, je connais: j'ai quand même le plus gros tas de caillou de France (aussi appelé Mercantour) a cote de chez moi! Mais je suis aussi natif de la haute Loire, et je sais que les chemins ne sont pas si techniques que ça, ou plutôt pas longtemps, alors où me suis-je trompé? En relisant les CRs et discutant avec les coureurs en début de course ... je commence à comprendre: C'est "sentier mon erreur, il n'y a que peu de sentiers sur l'U3T ... Ce n'est qu'en faisant l'U3T qu'on comprend enfin ce qu'est un techni-trail: un itinéraire dont plus de la moitié se déroule en dehors des sentiers, sur les pentes les plus raides du coin, si possible dans la mousse ou les feuilles mortes.
Il est facile de résumer le profil de l'U3T: 1 ) monter tout droit à la crête, 2 ) redescendre du même coté un peu plus loin, toujours drè dans l'pentû ... jusqu'à la rivière, 3 ) la traverser en équilibre sur des pierres instables, on peut alors recommencer a l'étape 1) ... l'algorithme se termine lorsqu'on a atteint 65km ... ceux qui ont suivi auront noté que comme il n'est nullement question de distance ou de plat lorsqu'on parcours les étapes 1) à 3), ça peut donc être très très long, et en effet l'U3T c'est long, c'est dur, c'est beau, c'est bon!
Mais rentrons dans le vif du sujet. Avec Nico Seb et Virgile nous partons pour l'U3T alors que Cyril se "contente" du 24km. Sur la ligne de départ nous croisons Gilbert: "coucou Gilbert" nous allons le voir beaucoup aujourd'hui. Guillaume, l'organisateur nous annonce un délai de grâce de 30 minutes aux barrières horaires pour cause de ... rallongi de 3-4km TECHNIQUES pour atteindre les 65 ... GULPS!
Au départ c'est roulant: route puis piste sur plusieurs kilomètres, mais tout le monde garde un rythme très raisonnable: on n'a pas encore commencé le vrai trail, puis arrivent de petits sentiers entrecoupés de passages déjà techniques (descentes raides (1), ...) . Ca alterne montée et descentes, gauche droite haut bas: on est déjà complètement perdus (2)! On part assez vite (8km/h de moyenne), mais tant que ça roule il faut en profiter, tout en en gardant un peu sous la semelle. Devant, Seb (le schtroumpf) court après Virgile (Gargamel); Nico (gross'bouff') et moi restons derrière pour l'instant. ON discute avec les coureurs autour de nous, certains découvrent l'ultra d'autres connaissent et nous disent que c'est une course de malade. Mais je n'arrive pas à bien manger ce matin, et surtout mes problèmes vagaux s'installent à nouveau et ça m'énerve. Vais-je déjà abandonner? Nico maintenant est un peu en retrait mais je suis en plein combat avec mon malaise donc j'avance comme je peux! Je me sens mal, mais sans symptômes très graves, sensations très désagréables, mais indéfinissables: le rythme cardiaque doit être très irrégulier et sensible à chaque accélération, j'essaye de me concentrer pour me détendre .. un peu mieux. Le premier ravitaillement (3) devait être loin, mais quand même il se fait attendre ... surtout quand ça va pas! après 22km, nous y voilà.
On nous annonce un prochain ravito a 7-8km (ça sera 10 selon mon GPS) on mange un peu et repart vite. J'essaye de respirer de plus en plus fortement pour me détendre, et finalement les problèmes vagaux diminuent, laissant place à une forte nausée: c'est mieux! A partir de là tout va aller de mieux en mieux, bien sûr le corps fatigue et le coeur ne se régule pas parfaitement, mais en faisant gaffe en bas des montées ça se gère bien. En fait plus ça va, mieux ça va, au dernier ravito ces problèmes seront presque oubliés! Mais que d'énergie dépensée à se battre contre ces soucis. Arrivent déjà les premières grosses difficultés: une combe de feuilles mortes a descendre en alternant adhérence et glissade, un bon 200m de dénivelé pour atteindre la rivière, et pouvoir remonter tout droit dans une pente de feuilles et humus à 30 degrés histoire de remonter ce qu'on vient de descendre. A la première montée de ce type, je me rappelle m'être dit "Ludo ça ne tiendra pas, tu vas glisser" et puis non ça tient comme pour les 40 concurrents devant moi, on sait pas comment des chaussures de trail tiennent mais ça tient. Par contre partir sur l'U3T avec des running pour la route c'est risquer de se retrouvé coincé dans un vallon pour quiconque n'a pas la technique requise! Bref petit à petit je découvre que mes problèmes vagaux se dissipent, et je suis content d'être ici, à essayer de suivre Seb, mais Nico m'inquiète, il traîne un peu la patte, toujours à vue mais il a l'air de peiner! Finalement on atteint le km 30 sur un chemin roulant nous amenant à la route, que l'on évite encore une fois pour remonter.
Ca va bien, je prends mon rythme, et garde Seb en vue. Je double 2 coureurs et Seb m'attend en haut, on grignotte. On va attendre un peu Nico; on voit passer le sympathique Gilbert que l'on a croisé depuis le km 10 et qui nous a tout le long donné des infos sur les difficultés à venir! Merci Gilbert! Gilbert nous fait remarquer que notre pauvre Nico lui ne s'arrête pas comme nous pour se reposer, ça doit être dur ... un peu dur de gérer cette différence de rythme. Nico nous demande de l'abandonner, qu'il finira tout seul: il est à la peine dans les montées mais a bien le moral. Ca nous embête de laisser Nico mais décidément on n'a pas le même rythme pour l'instant. Arrive le second ravito (liquide) au km 32 et Jean Michel qui a toujours des problèmes d'entorse et vient prendre des photos de la course. Ca me fait plaisir de le voir! on papote un peu, mais il faut repartir; Gilbert est déjà loin devant et Nico nous a rejoint, lui fera un ravito éclair et on repart dans une partie nouvelle pour l'édition 2010 ... un belle descente bien pourrie! belle mais encore casse pattes (comme la plupart certes) ce qui est fort a Tiranges c'est que les passages les plus durs sont certainement aussi durs que sur les autres trails, mais tout le reste est à peine moins dur: du hors sentier et du chemin où il faut être attentif en permanence, raide, superbe, technique, mais crevant!
Descente, Nico suit facile, remontée bien raide, Nico lâche, on recommence 2 ou 3 fois pour arriver au ravito 3 et son gâteau de semoule MIAM! Jean mimi est toujours la, on discute un peu; Nico arrive avec quelques minutes de retard, mais à chaque ravito on se demande si il va avoir craqué ou pas.... mais il tient! Et même il recolle de mieux en mieux dans les descentes, arrive la pluie, Nico est content car il avait trop chaud. Chouette, peut être va-t-il tenir aà notre rythme. Mais quand même, recoller ça coûte! En plus je commence à me faire un peu de souci pour lui dans les passages dangereux: il est seul derrière ... Certains des coureurs autour de nous commencent à peiner, nous il me semble qu'on gère plutôt bien. Seb faiblit un peu dans les descentes, et Virgile est toujours imperturbable; moi je fais toujours gaffe dans les montées, et parfois les sensations sont pas top, mais globalement ça va bien. Je suis content d'être là et plutôt en forme. Gilbert que l'on croise régulièrement est très régulier! Ravito 4 (liquide et plus d'eau gazeuse :(), et 46km de parcourus.
On parle un peu montagn'hard avec Gilbert et un potentiel futur coureur (qui abandonnera a Chalencon, souhaitons lui plus de réussite en Juillet). Le tronçon avant Chalencon est annoncé comme un gros morceau... et en effet c'est pas les pires pentes de la course, mais c'est quand même raide et cassant, je suis dans le rythme, Seb me tire dans les montées, je dois l'attendre un peu dans les descentes. Le moral est bon, sauf quand je regarde le GPS: on avance pas, la faute à toutes ces montées et descentes raides qui ne font pas bouger le kilométrage, mais sur le coup je me demande quand même si il marche ce GPS! Nico s'est fait lâcher juste après le ravito, et Virgile est loin devant ... jusqu'à ce qu'il nous attende et m'avoue avoir un peu trop attaqué sur ce tronçon: il commence à avoir des crampes, lui aussi faiblit un peu finalement. Nous arrivons tout de même a Chalencon en troupeau de 3, heureusement que les 2 derniers km sont plus roulants!!! Là on s'accorde un gros ravito avec Seb et Virgile, on mange bien et on discute avec les bénévoles et les gens qui arrivent, dont Gilbert qui nous explique la fin du parcours. Le trail c'est aussi chouette pour ces moments simples et agréables! On se demande si on doit attendre Nico, quand finalement il arrive, il a mis un quart d'heure de plus que nous sur ce tronçon. Il nous dit de partir, c'est vrai qu'on est prêts et reposé et c'est sûrement mieux pour lui qu'il prenne le temps pour finir. On a une heure d'avance sur la barrière horaire.
Le départ de Chalencon est caractéristique de l'U3T: plutôt que prendre le bon chemin pavé qui descend au pont du Diable, on va faire le tour par l'autre côté à travers champs, dévers et passages techniques ... quand même! Pour traverser la rivière, on a droit au pont tout de même, avant de monter par une pente très raide équipée d;une corde pour éviter de trouver un tas de trailers en bas épuisés à force d'essayer de monter en vain ... Ensuite c'est plus roulant (4) on arrive encore à courir de temps en temps, je relance, Virgile et Seb se plaignent un peu du rythme mais suivent sans soucis. On redouble Gilbert pour la dernière fois, 2 ou 3 descentes et remontées pour la forme, et un final sur chemin, comme quoi l'organisateur en connaît aussi, avec quelques détours, ça on savait que l'organisateur en connaissait, c'était pas la peine. On finit en sprintant en coeur avec Seb sous les encouragements de mes parents, ma soeur, Celine Cyril Aude et elisabeth , sans oublier Marjane... une arrivée qui fait chaud au coeur. Nico arrivera 40 minutes après nous, fatigué mais content de sa gestion et de sa course. Bravo a tous!
D'après la trace GPS, je calcule sur la carte un peu moins de 3900m de D+, un bon morceau quand même, et pour conclure, l'U3T c'est dur, mais l'U3T c'est beau, l'U3T c'est long, l'U3T c'est bon!
la trace GPS : http://www.kikourou.net/entrainement/ficheseance.php?id=150514
pendant quelques temps mes photos sont la : http://www.dropbox.com/gallery/4852234/1//2010-05-09%20U3T?h=ebd61e
ou en un gros fichier la
vocabulaire technique spécifique à l'U3T
(1) descente raide: une descente est dite raide si il est impossible de tenir a l'arrêt dans la pente, il reste donc le choix entre le ski et la course à pas rapide pour ne pas perdre l'adhérence.
(2) perdu: à l'U3T on sait jamais où on est mais on n'est jamais vraiment perdus: c'est certainement le trail le mieux balisé qui existe. Il faut dire que vu l'itinéraire, un defaut de balisage et c'est 50 trailers perdus dans 5 vallons différents loins de toute civilisation.
(3) ravitaillement: table posée sur le bord d'une des rares routes traversées par le parcours et tenue par de fort sympathiques bénévoles
(4) chemin roulant: à ce point de l'itinéraire, toute trace de plus de 5cm de large et empruntée par quelques randonneurs locaux peut être considérée comme un chemin roulant
2 commentaires
Commentaire de Oliv'BCA posté le 11-05-2010 à 15:05:00
salut,
Sympa comme CR, ça me donne envie de faire cette course un jour! Heureusement que tu arrives à gérer tes problèmes vagaux... j'espère quand même que ça finira par passer complètement. A la revoyure, oliv'
Commentaire de manu3842 posté le 11-05-2010 à 16:43:00
Salut Ludo,
Bravo pour ce CR qui résume bien l'état d'esprit de la course. J'étais également présent dimanche pour ce raod movie à travers les bois. Beau souvenir. J'espère que tes problèmes de malaises vagaux vont te laisser tranquille ... Il m'arrive d'en avoir mais plus quand on me fait des piqûres, jamais de problème pendant les courses.
Bonne récup'
Manu
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