Récit de la course : Le Reverot'Trail - 35 km 2010, par seapen

L'auteur : seapen

La course : Le Reverot'Trail - 35 km

Date : 18/4/2010

Lieu : Pierrefontaine Les Varans (Doubs)

Affichage : 1683 vues

Distance : 35km

Objectif : Pas d'objectif

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Le rêverot trail avec intégré le semi des Boucles de la Saône + Les 10 kms des Rives duDoubs

L'hiver est loin. pourtant il s'est fait sentir longtemps dans toute son endurance. il finissait par vous imprégner et vous imaginiez mal qu'il puisse exister une autre saison.

Et voilà quelques jours de beau : soleil et fraîcheur de début de printemps qui n'explosent pas vraiment encore pour enfin oublier cette saison hivernale qui avait fait son temps.

Afin d'être prêt à attaquer la saison de course à pied, il m'a fallu veiller à ne pas me laisser tomber dans la facilité. J'ai dû en quelque sorte anticiper la belle saison.

Donc l'hiver s'est passé pratiquement sans coupure, juste celles nécessaire de 2 ou 3 semaines. Il est vrai que l'automne finissant ne m'a pas beaucoup vu sur les routes ou chemins. Mais l'automne, c'est l'automne et l'obligation de couper afin de laisser l'organisme en paix. Il faut juste dans cette période ne pas prendre du poids et si possible s'en tenir à peu près à celui indiqué par la balance lorsque la saison se termine dans toute sa plénitude et c'est toujours très difficile. On ne sait pas pourquoi, bizarre.

La période froide commençant il est temps de prévoir et de faire des projets, pas d'envisager des courses, elles ont le temps de s'annoncer mais de planifier au feeling le temps d'entraînement et avant, celui d'entretien pour maintenir la forme à niveau.

Au fil des semaines passantes j'ai pu répéter sans cesse pratiquement une seule distance, près de 20 bornes. systématiquement et au même rythme, d'échauffement en début de course et progressivement m'installer dans un rythme plus soutenu pour finir.

L'attrait pour la course nature est carrément éteint. J'ai eu ma dose pendant plus de 2 années. J'ai fait le plein et je profite encore de tout ce qu'elle m'a apporté. Un belle réserve qui fait que vous n'avez besoin de rien, course nature s'entend. En somme je me repose sur mes lauriers. Et je n'arrive pas imaginer que je puisse me lancer sur les chemins dans une épreuve organisée. C'est dire.

Et si je pense course à pied c'est plutôt la route. Tiens je me lancerais bien sur un 10 kms ou un semi. Et c'est comme celà que tout se précise. C'est ce qu'il me faut. Je répére donc ce qui apparaît dans le calendrier.

Un semi, celui des Boucles de la saône à Gray haute saône. Il fera parfaitement l'affaire. J'ai du temps devant moi pour parfaire l'entraînement adéquat.

Mon ressenti général est assez étrange et je ne suis sûr de rien bien que j'aie le sentiment que je fais ce qu'il faut et même bien ce qu'il faut. Mais je ne serais pas étonné de réussir les premières courses comme de ne pas bien y figurer. Il me faut, pour pouvoir apprécier justement, une première épreuve. Ce sera donc un semi marathon. Pour débuter la saison, au mois d'Avril; tôt donc, c'est un beau test et pas de la rigolade.

 

Je pratique en attendant des entraînements plus consistants et surtout plus dur. Il me faut ressentir la dureté d'une course populaire. Je choisis donc des profils en fontion et surtout n'hésite pas à braver des conditions météo ingrates, vent, pluie, froid. Je m'endurcis.

La forme est là et je peux l'éprouver et la mesurer plus particulièrement sur un parcours de référence personnel. Je suis rassuré.

Prêt donc. Bien que la longue saison précédente qui s'est étendue sur plus de 2 années soit encore toute fraîche dans mon esprit, surtout la dernière épreuve, course que je considère comme celle réalisée parfaitement étant au summun de ma forme dans une continuité ascendante qui s'était précisée dans les courses nature précédentes ; le trail des sept monts à sepmoncel - Jura saint-claudien. Celle là ! quand j'y pense... (Menu Top chef, réalisation parfaite, vous êtes qualifié pour la finale).

Dans ces saisons imbriquées, je fais la part de ce qui appartient au passé et qui reste très présent et ce qu'il faut intégrer au présent mais qui persiste à rester en devenir. Il faut donc forcer mon destin. ça fait un peu brouillon dans la tête mais pas mal quand même. Un exemple pour illustrer : tu es revenu des vacances et tu as repris le boulot mais dans la tête tu n'es pas du tout au boulot. Le vice versa fonctionne aussi mais c'est moins parlant.

Courir à Gray me ravit. Ce n'est pas très éloigné, route facile. Le cadre est superbe, petite ville agréable pour un dimanche où des centaines de coureurs seront présents sur les 2 distances des 10 et 21km100.

Le parcours a changé rapport à l'an dernier. Un circuit bouclé 2 fois ; la première partie, la plus interessante, celle qui constitue la distance du 10 kms, de l'ancien circuit avec un petit rajout au cours du premier tour. Il sastisfera tout le monde je crois et moi bien sûr qui l'ai parfaitement apprécié.

Temps idéal, pas mal de vent. La relance sur la 2ième partie s'est fait correctement et n'ai pas trop accusé le coup bien que j'aie soutenu un bon rythme sur les premiers 11km 100 (47mn 30s). A la fin il fallait tenir mais avec l'aide de deux concurrents (du LAC) la stimulation était là pour tenir jusqu'au bout.

Temps : 01h 32mn 08 s. 13ième dans ma catégorie.

Surprise. Je suis passé enfin sous les 01h 33 mn. Mon rêve depuis quelques années sur semi.

Donc il n'y a pas de doute tout se tient depuis quelques mois pour un état de forme prometteur. Je ne parle pas de l'organisation, toujours parfaite, de l'animation et de l'ambiance idéales pour satisfaire les coureurs. Merci aux officiels et bénévoles. Les Boucles de la Saône, une course à laquelle on s'abonne.

 

Et voilà ! c'est parti mon kiki. te voilà rassuré. Plusieurs mois dans l'incertitude, hésitations devant des choix à préciser; une certaine nonchalence, voire un désinterressement qui n'en était pas un. Une évaluation totale de l'ensemble de tout ce qui conditionne la CàP. Une relecture de soi, de son état général, de ses envies. Une redéfinition de la saison à venir compte tenu du vécu, ne pas faire du neuf avec du vieux, recréer véritablement une nouvelle ère, différente avec bien sûr toute cettte accumulation d'expériences diverses qui conditionnera les prochaines épreuves dans un nouvel état d'esprit. Une nouvelle édition entamée par ce semi marathon des Boucles de la Saône vécu encore différemment au fil des éditions.

Chercher des nouvelles motivations de courir. Mais au fait pourquoi courir ? Qu'est-ce qui fondent cette envie. Il doit bien avoir une réponse quelque part au fond de moi. La ou les raisons sur lesquelles repose tout cet allant vers ce but unique qu'est la course à pied.

Remontée dans le temps. une espèce de fascination d'enfant pour les exploits des mythiques coureurs sur piste comme Alain Mimoun ou Z....... ? (Devinette. La réponse est dans un des récits précédents et Surprise, il n'y a rien à gagner) (c'est mon éditeur qui va être content, éditeur qui est parti en vacances en Islande. Le pôvre. Pas près de le revoir), vécus à travers les reportages radio tout comme les championnats de boxe, l'oreille collée au transistor, qui vous transportaient ailleurs... et même jusqu'en Amérique. Exaltant. A cette époque, un autre monde, inaccessible. Puis plus tard, c'est le jogging venu des EUA qui permet de courir hors stade. Quel curiosité de voir les premiers coureurs en t-shirt et short dans la rue. ça c'est une révolution. On est entièrement libre d'aborder cette discipline comme on le sens. L'air de rien et sans investissement aucun, on se frotte un jour, à l'occasion d'un événement proche, à la chose. une course nature est organisée, on s'incrit. C'est une continuité tout à fait naturelle propre à son histoire. et dans mon cas tout en pratiquant la randonnée pédestre un peu sportive, parallèlement je me suis mis à courir sur route. Ensuite, à cause de mes virées dans les montagnes à quasiment courir sur les sentiers avec sac à dos, j'en suis venu naturellement à pratiquer le trail (chance : localement une fan de ... en organisait.) tout ça sont les évènements qui vous amènent à pratiquer. Certes tous ces éléments vous y poussent mais la motivation primordiale ? encore à découvrir.

Alors pouquoi est-ce si motivant ?

Quand on est petit, on n'est pas grand. Quand on est grand on est théoriquement autonome, indépendant. ces qualités, on peut les avoir très tôt ou très tard. elles viennent progressivement, brutalement ou à doses homéopathiques, c'est la vie quotidienne et les choix de vie que vous n'êtes pas forcé de faire ou que vous êtes obligé de faire. Résultat, on peut vivre une vie sans s'investir aucunement ou la vivre à 200%. Quoi qu'il en soit on veut être amener à vouloir faire quelque chose par soi-même sans ingérence aucune de qui que soit, sans que personne ni contribue aucunement, un acte qui vous appartient à vous et à vous seul parce qu'il ressort de tout ce qui vous est personnel. Et bien je crois qu'en ce qui me concerne, ce qui m'a amené à la course à pied, ce sont tous les événements qui portaient en eux une part de cette chose. Athlètes de fond sur les pistes, rois du monde détachés de tout, intouchables, comme ces libres joggers des temps premiers du hors stade qui avaient trouvé ce que le coureur de marathon cherchait à atteindre dans le cadre strict du stade, une liberté du corps et d'esprit. L'espace sensoriel contraint et réduit et qui peut n'être rempli que de convenu, de conventionnel, d'imposé se dilate alors, de fait l'esprit se libère, toutes les contraintes de la vie et même le reste qui occupaient toute la place n'en occupe plus qu'une toute petite. la course à pied vous ouvre un espace sidéral, disponible ; votre cerveau s'ouvre. on le sent bien quand on a fait une course parfaitement gérée, où tout s'est bien passé, où vous avez tout donné, rien ne vous touche. Vous êtes comme l'astronaute flottant. Vous êtes en lévitation. La sensation atteint un stade insoupçonné. Ce que le jogger recherche, c'est l'instant "bonheur parfait". Les seul moments qui en sont le plus proche sont quelquefois perceptibles pendant la course, et là c'est le nirvana. Tu es en plein effort, rythme de croisière mais intense quand même et ton esprit fonctionne comme lorque tu es étendu sur une chaise longue, au calme, réflèchi mais aussi après la course et d'une autre façon parce que là ton esprit est encore dans la course mais tu es au repos physique. C'est pour ça que je cours. Et pour joindre l'Instant Magique à l'agréable je profite des moments de douce euphorie que m'apporte celle-ci après lorsque l'effort est terminé. Enfin tout ça c'est théorique car c'est quand même dur et souvent ça ne va pas plus loin mais là on a quand même la sensation d'avoir fait ce qu'il fallait faire. On aura essayé quoi...

Oui mais la raison première, celle qui fonde tout. Parce que là on en est encore et toujours au stade des motivations, même si elles sont plus profondes.

Bon. Alors, j'avoue. C'est simple en fait. La course à pied permet de s'échapper. Relativement simple. Alors pourquoi tout ce charabia inutile et grandiloquent ? il fallait le dire tout de suite et simplement.

C'est bien là toute la difficulté de la chose ou des choses en général. Pour pouvoir dire les choses simplement il faut avoir disséqué tout le compliqué. Croyez moi ! parlez simple n'est pas simple.

Donc échappatoire salutaire qui te met en face de toi même et par là en face de ce à quoi tu veux échapper.

Comme les spationnautes quittant la terre et du fond de l'espace jaugent avec toute la distance ce de quoi ils se sont échappés. Parce que dans un premier temps, s'étant libérés ils sont forcés de s'apprécier et dans un 2ième temps ils appréhendent et apprécient ce qu'ils ont quitté.

Donc quitter le monde par la course à pied pour mieux le retrouver. Voilà la réponse. En courant à pied on passe d'un monde à l'autre. La course à pied est un autre monde. C'est pour ça que sur la ligne de départ on fait tous la gueule (à tout le monde, on ne veut plus voir personne) et qu'en franchissant la ligne d'arrivée on est tout sourire (on s'est trouvé soi-même et quand celà est, on peut retrouver les autres ; à ce moment là, on est à la moitié du circuit et on décide alors de faire demi-tour sinon on ne nous reverrait plus, d'où l'angoisse de ceux qui sont rester : vont-t'il revenir ? on a été trop dur avec eux ? on regrette. Ah les voilà ! réservons leur un bon accueil), ce n'est pas comme on a tendance à le croire parce que : 1- ça va être dur et 2 - c'en est terminé, vite à la douche ou à la buvette.

"Ouh la la ! Là on vire carrément délire... (Tiens il est revenu d'Islande mon Editeur qui s'interresse à la discution) Je constate qu' on n'en reste toujours qu'aux mots pour essayer de pondre de belles petites phrases. ça impressionne. Mais franchement des échappatoires il en existe des "tas". ce n'est pas spécifique à la course à pied."

" Eh ! oui. Bien pensé mais pour le penser il fallait passer par là aussi."

" Donc ! Qu'en est-il exactement ?"

" Nous y voilà. Il faut bien maintenant se rendre à l'évidence. La réponse est toute de bon sens ; on va faire un tour pour s'aérer. Point barre. Un bol d'air."

" C'est dingue, c'est aussi con que ça ? (oh ! pardon). c'est aussi bête que ça ?"

" Aussi bête que ça. C'est dans les gênes de l'homme. En plus de faire fonctionner son organisme, question survie, il veut toujours aller voir plus loin et plus haut. Il suffit de penser aux montagnards qui ont commencé à grimper les sommets pour s'élargir leur vue, pour aller voir ce qu'il y a derrière. En plus le regard devient différent, on part à la découverte.

" Oui et ça commence au plus jeune âge quand tu t'échappes des "pattes" de tes parents pour aller du côté du talus qui s'élève à 50 cm."

" C'est le côté scientifique de l'homme. Il cherche, il trouve, il cherche plus loin. On est comme les scientiques dans les labos de recherche mais dans les labos de recherche on ne respire pas beaucoup."

" Là on commence à recompliquer les choses."

" C'est une discution sans fin. Oui, c'est pour ça qu'on va y mettre un terme.

" D'accord, il vaut mieux s'en tenir au bol d'air. On s'arrête."

" Donc je continue."

Maintenant c'est sûr j'ai les deux pieds dans la saison qui a commencé et qui va continuer par un 10 kms. je compte pouvoir m'éclater sur plat et sur courte distance et mettre à l'épreuve mes qualités de vitesse et de puissance si je peux encore compter dessus à ce jour.

La course se passe dans la ville où j'habite. Elle a carrément lieu en bas de chez moi (style familier et très simple qui n'est pas passé par la dissection du compliqué. Donc pour faire simple on n'est absolument pas obligé de faire compliqué mais on risque alors de passer pour un simple ce qui est d'ailleurs une grande qualité certes mais pas beaucoup reconnue. Tout ça est un peu compliqué mais pas suffisamment pour que ça passe à la moulinette de la dissection). Donc il n'y a pas à réflèchir. La course se passe en bas de chez moi, tout simplement.

On en parle de cette course, oui ou non ? Patience, la suite arrive. A ce rythme là on n'est pas rendu.

Les Rives du Doubs, 10 kms plat. Toute la question pour moi est : vais-je faire un temps honorable, ce qui revient à dire, est-ce que la performance verra mon niveau conservé. J'espère qu'il le sera. Encore un test. Je serais un peu désapointé de "taper" un temps supérieur à 44 mns. 43 mns me conviendrait et 42 mns serait heureusement surprenant.

Le starter donne le départ. Il en a profité pendant que je satisfaisais un besoin purement psychologique derrière le seul bosquet à proximité de la ligne. Je vois donc défiler tout le troupeau. Encore un peu je me transforme en spectateur. Je réagis bien vite et m'insère dans le troisième tiers du peloton. Ouf ! c'est parti. Sous la pluie pas assez forte pour une course mouillée. La température est nickel bien qu'il soit question de mercure.

Les premiers kms sont constants en temps jusqu'à mi parcours. Ensuite l'effort est maintenu mais la vitesse baisse légèrement.

Temps final : 42 mn 58 s. 5ième dans ma catégorie. Je considère le chrono tout à fait correct compte tenu que je n'ai pas spécialement travaillé la vitesse à l'entraînement et surtout que l'on a été confronté au vent, de plus une semaine suivant le semi ...

Une course réputée et prisée qui voit des centaines de coureurs répartis aussi sur le 5kms et sur les circuits réservés aux plus jeunes. Bravo et merci aux organisateurs.

Ces deux courses préparatoires ne le sont pas seulement vu la perf. Cette passerelle de 2 courses sur route me permet maintenant de lorgner avec confiance du côté des courses nature. Tiens le goût m'en est revenu. Il suffisait d'attendre tranquillement que les choses se décantent. Je m'imagine maintenant facilement frayant à travers les multiples obstacles naturels de notre environnement.

Et tout naturellement mais bien pensé quand même et plus que ça même j'en viens à m'interesser à ce qui se présente dans les semaines proches. Quelques trails courts ont déjà eu lieu auquels j'ai participé les années passées. Bon souvenir et pas de regret pour cette fois. Un tout nouveau se précise et je consulte alors les deux distances proposées. 17 kms et son 600+ et 35 qui est ralongé en dernière minute à 37 kms -1700+. Le premier m'attire, ce serait somme toute confortable et si j'opte pour cette distance je regretterai de n'être pas parti sur la plus longue. Mais voilà, en début de saison c'est quand même costaud. Je finis donc par le choisir instinctivement et d'une manière réfléchie. J'ai un bon fond d'entretien et d'entraînement hivernal ajouté aux deux courses sur route que je viens d'effectuer.

Il ne me reste alors que la préparation sur trois semaines sur circuits aux dénivelés conséquents. Celà se passe normalement et me permet de constater et comparer mon niveau à celui de la saison précédente sur ces mêmes parcours. très très correct. Je suis satisfait de le constater. La sensation est agréable et je décide pour me récompenser de m'offrir une petite bière.

Bon, maintenant c'est du sérieux, le dimanche approche. De toutes les façons envisagées du déroulement de cette course je n'ai pas l'intention de la prendre en pleine face. Je la prendrai tout doux s'il le faut et j'assurerai dans la difficulté. ça c'est ce que l'on pense avant car dès le départ le ton est donné et l'on sait alors que l'on va se dépenser au maximun et éventuellement se défoncer avec tout le plaisir qu'on peut en tirer ou toutes les douleurs. Ben oui, quoi ! on ne se déplace jamais pour rien et quoi qu'il en soit on s'investit fortement. Prise de risque mais il vaut mieux alors que ceux-ci soient calculés.

Le Rêverot trail à Pierrefontaine les Varans Doubs. 37kms - 1700+. Je ne sais ce qu'il m'en reste pour bien en parler sinon des impressions générales. Pas de sensations au pas à pas. Pas d'impression nettes sur telle ou telle partie du parcours. Des flashs peut-être, visions précises d'instants qui me situent exactement à tel moment dans le parcours. J'étais dans ma, bulle hermétique et le suis resté tout du long de la course. Ce qui m'a bien réussi, ma foi !

Je crois que je me suis fait un peu bluffer. Lorsque j'arrive sur le pays j'ai une image globale qui ne change pas de celle inscrutée en moi lorsque je passe à proximité par la Nationale routière essentiellement. C'est un des plateaux d'accès ou le dernier qui nous rapproche des montagnes ou alors peut-être le début de la montagne. Bref pour moi c'est un pays inconnu. De grand espaces vallonnés et assez loin au fond direction le Sud si je ne me trompe la montagne assez douce et j'imagine derrière les pentes comme celles qui y accèdent de ce côté.

Je pense alors à un circuit relativement praticable sans que la technicité du terrain soit insurmontable ou alors sans qu'elle n'atteigne le degré de difficulté auquel j'ai été confronté sur d'autres parcours dans d'autres contrées. Et même je pense que la balade sera assez douce sans bien sûr mettre ma main à couper. De plus le temps est idéal et les pluies n'étant pas tombées depuis quelques jours, le terrain devrait être assez souple.

En avant donc pour l'aventure. Une formalité, je pense. J'ai bien préparé mes semelles et ausculté mes chaussures. J'ai bien soigné mes pieds, massages et bains. De ce côté celà devrait fonctionner. J'ai tout les atouts en main.

Bon dieu heureusement que je les avais tous en main. Quelle course. La vache. La revêrot trail ce n'est pas de la gnognotte. Punaise tu t'engages dans la nature. Au début c'est le confort et ça dure. ça dure. Les premiers kms se passent, tu cours vraiment tranquille. les collègues de course discutent entre eux. Impeccable pourvu que ça dure. Pas spécialement de difficultés. Les chemins sont larges et parfois tu empruntes un sentier plus ou moins tracé ou tout nouvellement mais ça fonctionne ; les muscles s'activent normalement et donne le meilleur d'eux-mêmes, leur bon fonctionnement te conforte dans la confiance ainsi confirmée, et si se présentent des difficultés techniques tu ne les sens pas. Assez roulant, déjà le ravitaillement au 10ième km, c'est d'ailleurs ma remarque à la question d'un bénévole qui s'enquiert de mon avis.Tu fais le plein, tu dégustes, le buffet est bien garni. Respiration et comme tu n'as pas de raisons de traîner du fait d' un coup de fatigue par exemple, tu reprends le chemin. Il reste alors 27 kms. Après un bel échauffement c'est pas la mer à boire. C'est dire l'état d'esprit dand lequel je me trouve. La fête continue. Je me jauge, non, je ne vais pas trop vite. C'est tellement confort que je doute et me demande où est "le lézard". Ben non. Tout est normal.

Puis petit à petit et très vite après que le parcours des 19 kms ait divergé tu es dans le vif du sujet. Le terrain est plus que vallonné avec des échancrures et des pentes raides et des ravins et ça grimpe pour redescendre aussi sec. Rapidement tu es en bas et il faut remonter. Le chemin technique devient difficile, sans répit et le deviendra de plus en plus. Pourtant il est souvent large mais souvent recouvert de cailloux avec une couche de feuilles et très inégal quand ce n'est pas un sol terreux cabossé ou alors des sentiers recouverts de végétation comme fauchée ou piétinée avec ses pièges. Il faut compter aussi avec les zigs et les zags en permanence. Les sentiers sont eux très raides et souvent de marcher ne suffit pas pour ne pas glisser malgré que le terrain soit idéal à la retenue. L'accroche aux branches est toujours nécessaire quand il y en a.

J'avoue que je ne sais plus où je me trouve alors je suis la trace. toujours en conservant le rythme. Toujours accompagné et c'est stimulant. quelques coureurs et une coureuse. On se passe, on se dépasse. Chacun performe dans son terrain mais on se tient et on se reconnaît. On descend régulièrement ou le contraire puis brusquement on emprunte un sentier raide ou alors on traverse des champs humides entre deux forêts pour reprendre toutes les déclinaisons de ce que l'on trouve en chemins forestiers.

Et puis pas de répit. Perdu dans les espaces profonds insoupçonnés la seule alternative est de ne pas rester sur place et surtout de ne pas trop ralentir car on aurait la sensation de scotcher et ça ce serait véritablement mortel ou alors de ne plus pouvoir sortir du bois. Les creux sont profonds et les profonds plus encore et partout la végétation des feuillus s'impose. Même au sommet les espaces herbeux ont du mal à se faire de la place. Une longue travesée dans sa longueur d'un grand champ ouvert à l'herbe grasse et humide permet d'apprécier l'espace mais c'est pour rapidement plonger dans la forêt en face. Zones sauvages dont je n'avais pas soupçonné l'existence. Les lieux sont rudes, c'est la pleine nature, encore différente et méconnue. A ces moments de la course, difficile de ressentir toutes les qualités de l'environnement tellement c'est éprouvant ; seulement les capter quand c'est possible pour se les rémémorer par la suite. Bientôt les signaleurs postés aux endroits stratégiques indiquent le deuxième ravito à 4.5 kms. Tout va bien car le mental est bon et l'énergie distillée à bon escient pour un avancement sûr et endurant. Je pense tout de même que c'est un sacré effort que je fournis là, J'ai la pêche mais prend conscience que ce trail est dur et suis content d'avoir le dessus.

Depuis le début je suis concentré. Celà constitue ma force, celle qui me permet de bien figurer à ce moment convenablement. Je suis satisfait de m'en sortir tout bêtement Même dans les premiers kms qui ont finalement été comme une préparation mentale je ne me suis pas laissé aller à une relative décontraction, une désinvolture pernicieuse qui peut vous laisser sur le carreau par la suite, un laisser aller empoisonné. Bien m'en a pris car ce deuxième tiers de parcours en a été facilité. Et voici le deuxième ravito. On nous annonce qu'il reste 11. 500kms. Impeccable. Pas de bobos. L'effort fourni jusqu'à maintenant ne se fait pas trop sentir bien qu'intense et c'est dû, je ne le devine pas encore, uniquement à ma bonne forme.

11.500 kms, c'est quoi ? rien. Moins qu'une boucle d'entraînement. ça devrait le faire et rapidement. Mais c'est là que le bât blesse. Surtout penser que le cicuit se découvre au fur et à mesure et au vu de la tournure que celà prend, rester attentionné.

La difficulté du parcours se fait plus sentir parce qu'elle augmente encore ajoutée à la fatigue contre laquelle il faut lutter. C'est bien simple à partir de maintenent il vaut mieux multiplier dans sa tête les kms par un et demi. Je tiens pourtant le rythme et ai la chance d'avoir la bonne sensation d'avancer. Et lorsque l'on ressent celà alors on garde le tempo mais toujours le rythme doit s'adapter car les terrains foulés changent rapidement. Lorsqu'on parvient enfin à s'installer dans un rythme c'est pour le réfreiner ou l'arrêter afin de s'adapter à un autre. La prudence est de mise dans les descentes abruptes scabreuses. Mon souci alors est de limiter la trop grosse dépense d'énergie et je me débrouille bien car ces instants ne durent pas trop longtemps et n'ai pas l'impression de perdre du temps. J'assure quand il le faut. Mais lorsque qu' il faut dérouler je le fais avec une ferme volonté et je le peux ce qui permet de progresser. Les kms se passent. Restent 5. C'est bon pour le moral. Qu'est-ce que 5 kms ?. Bon sang ! quand je pense au 6.5 que je viens d'effectuer je prends conscience du temps qu'il a fallu. Alors donc ça va encore durer. Ne pas desserrer l'étreinte.

Je suis tellement concentré que je ne vois pas grand chose sinon perçois vaguement l'environnement. L'attention est extrême à être vigilant. Pas le moment de se tordre une cheville ou de râper le sol de la semelle pour se voir précipiter violemment par terre. A deux reprises j'ai senti le vent de la chute. Ce genre de situaton vous fait vite reprendre les choses en main. Puis c'est la fin du sentier au milieu des arbres pour atteindre le ruisseau large de quelques mètres qui s'écoule doucement. Devant moi deux coureurs l'ont déjà franchi. Non je ne veux pas prendre un bain de pied. L'un en se retournant m'indique le gué plus bas à gauche. Ouf ! c'est plus confortable ainsi pendant qu'un coureur préfére patauger tout droit. La remontée par le sentier est raide, depuis longtemps la puissance musculaire s'est peu à peu affaiblie et depuis un cereetain temps déjà dès que le terrain monte un peu c'est le ralentissement limite. Je sens mes cuisses impuissantes dans ces portions montantes. L'arrivée pourra être devinée un peu plus haut et les grimpées enfin terminées. L'idée que je vais en finir même s'il reste peut-être 3 kms est rassurante. Je reste toujours vaillant même si la faiblesse se fait sentir. En fait mon seul souci est qu'il ne m'arrive pas de défaillance mais cette idée est présente dès qu'à été passé le premier tiers. Quand tout va bien c'est le seul souci qui s'impose, alors ça va bien et je me vois allé maintenant jusqu'au bout.

Le village apparait dans toute son étendue et son clocher. Tout est plat désormais même si ça ne l'est et l'emprunt d'un bout de route est un vrai bonheur sur quelques centaines de mètres mais déjà il faudrait changer du fait que les pieds commencent à taper. Celà tombe bien on tourne à gauche dans les champs. Sur une autre course la fin se révèlerait peut-être terrible mais ces derniers moments sont vraiment libérateurs ici même si l'on sait qu'il va falloir un certain temps pour parcourir le final en endurant, c'est dire là d'où je viens et ce que je viens d'effectuer. Ce n'est pas fini. tenir, tenir.

Finalement l'arche est en vue et durant les dernières centaines de mètres mes foulées sont très raccourcies. Il était temps car je commence à progresser à petite vitesse.

Fini. Et pas mécontent. Je n'ai pas vraiment puisé dans mes réserve et dès l'arrêt je commence à récupérer. Quelle balade ! tu parles d'une balade, peut-être le parcours nature le plus exigeant auquel j'ai été confronté. Bien sûr c'est totalement subjectif mais si je pense à l'état de forme qui m'a permis de le parcourir en 04h 27mn et aux excellentes conditions météo, je ne pense pas penser mal.

La salle de massage. Je ne la rate pas cette fois-ci surtout qu'il n'y a pas de file d'attente, certainement du fait que beaucoup de coureurs ne sont pas passés par la douche, bizarre, bizarre. (pas de douche, pas de massage).

La course à pied vous fait rentré dans un autre monde, ça on le sait mais le trail du rêverot vous fait accéder à une autre dimension. J'ai pu y accéder en y conservant toutes mes facultés, j'en suis revenu mais il m'imprègne encore. Il faut le mériter et pour ça une seule solution : bien s'y préparer. C'est ce que j'avais fait et je ne le regrette pas.

Merci aux organisateurs de nous faire voyager dans leurs terres. Et à l'année prochaine.

1 commentaire

Commentaire de L'Dingo posté le 23-04-2010 à 10:57:00

Des courses très bien décrites, merci. Quelques photos des lieux auraient égayé encore plus le récit.

Concernant la question "Pourquoi coure t on ?"
Ton exposé serait très interessant à "copier coller" sur un des fils du forum qui traite de cette question . Regarde.

Merci pour ta prose

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