Après une nuit presque blanche, entre excitation et inquiétude, je me lève soulagée d'être enfin au jour J. Nous nous étions promis avec ma mère de faire notre premier trail long ensemble sur les plus beaux terrains de France, notre Drôme bien entendu.

Un beau plateau de traileurs et notamment Corinne Favre et un de mes idoles Dawa Sherpa sur le 42 km. Le parcours court (21 km) fait partie du Trail Tour National 2010 et nous faisons toute la première partie avec eux. La course part vite, très vite mais j'essaie de ne pas m'emballer. Le début est assez roulant et alterne montées et descentes. Je suis gênée par cette masse de coureurs mais au final, c'est peut être grâce à cela que je vais faire une belle course. Je m'adapte donc au rythme de mes prédécesseurs dans les singles et patiente jusqu'à la bifurcation. Nous sommes montées relativement rapidement tout de même (entre 900 et 950 m/h dans les parties raides).

Au bout de 17 km de course nous nous séparons enfin et nous retrouvons presque seuls sur notre circuit. Je me sens de mieux en mieux et j'ai l'impression que des ailes me poussent. Yo s'en rend compte et me rappelle de ne pas trop m'emballer, la course est encore longue. Il commence à faire vraiment chaud et les paysages sont magnifiques entre les vues sur le Mont Ventoux et une des montagnes préférées de ma mère : le Saint-Julien. Je plane et je m'étonne de prendre autant de plaisir après autant de km et de dénivelé. Le parcours continue entre grande montées et grandes descentes et des passages davantage variés, certains singles et descentes sont bien techniques. Dans une belle descente où je m'en mets pleins les yeux, j'assiste à une belle chute d'un coureur. Yo l'aide à se relever, sans gravité heureusement mais les genoux sont bien abimés. Je réussis à bien m'alimenter et à courir assez relâchée. Je suis deuxième femme depuis le début du trail même si je ne l'apprends qu'au bout d'une vingtaine de kilomètre et je compte bien le rester. Alors j'essaie de gérer au maximum.

La course se durcit à partir du 32ème km et la dernière grande montée (450 m de D+) sur une piste pas très raide est difficile. J'aimerais courir un maximum mais j'ai vraiment mal aux jambes et d'ailleurs je me fais doubler par 3 hommes. De plus je sens que Yo est aussi dans le rouge, alors je nous encourage, je peste un peu et y laisse mes dernières forces. Le dernier km de traversée est difficile mais salvateur, nous courons sous des buis et la fraicheur de ses sous bois me font du bien. Nous attaquons la dernière grande descente et curieusement j'arrive à descendre rapidement, rattrapant même deux des gars qui m'avaient doublé dans la montée. Yo coince vraiment, les encouragements ne font plus rien, je ralentis un peu mais sais que je dois conserver le podium... Je file donc sans lui sur les derniers km. Un coureur me rattrape et pense que Yo a une crampe, je me sens rassurée et pense qu'il va me rattraper. Je finis seule submergée par les émotions en 4h40 pour ces 42 km et 2000m de D+. J'arrive sous les applaudissements et n'ai pas le temps de reprendre mes esprits que je suis interrogée par le Dauphiné libéré puis par l'organisation. Pourtant je suis ailleurs, je vois les minutes défiler et toujours pas l'arrivée de Yo. Je souffle 8 min plus tard en l'apercevant avec la 3ème femme. Mais il est blanc, il a pris un petit coup de chaud. Il a vomi dans la dernière descente et vomira pendant encore 3h... Il faut dire qu'il est parti sans casquette et qu'entre la chaleur, le soleil et le peu de cheveux qu'il a, c'est un peu rude pour nous ! J'ai d'ailleurs pris de sérieux coups de soleil sur les épaules.

J'échange quelques mots avec Corinne Favre (1ère en 4h17), quelques sourires avec mon idole Dawa aussi gentil que ce que l'on peut lire dans les magasines, allant même jusqu'à me féliciter... moi la petite débutante ! J'attends avec impatience l'arrivée de ma mère, filant rapidement sous la douche pensant avoir le temps... et non la voilà déjà à l'arrivée en 5h26 et encore fraîche ! Elle m'épate et signe le deuxième temps dans sa catégorie derrière une ancienne championne de 100 km route. J'éprouve une fierté immense et ne réalise pas tout a fait la chance de pouvoir partager ses moments de bonheur avec elle. Elle est rayonnante et enthousiaste comme toujours...

Maintenant place à la récupération, même si je suis sur mon petit nuage et que je rêve à des trails encore plus longs, pour l'instant j'ai du mal à marcher ou monter les escaliers et doit soigner de belles ampoules sous les ongles ! Erreur de débutante je l'avoue, j'ai oublié de couper mes ongles avant de courir...

Laeti : 2ème femme et 1ère sénior en 4h40, 43ème/213 au classement scratch

Yo : 56ème en 4h48

Ma Maman : 2ème V2, 8ème femme en 5h26, 121ème au classement scratch

 

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