Lâchez les chevaux

 

Action prémonitoire ? La semaine précédent les championnats départements de cross  à courir le 10 janvier 2010, je rechaussais les skis après une saison quasiment blanche –sans chausser- l’an passé. Championnat skis sur la semaine à Méribel.4 jours de ski de fond du lundi au jeudi avec deux courses, et chaussant pour la première fois mes nouveaux skis de piste, j’osais après trois descentes de mise en jambes, m’élancer le vendredi matin sur un grand géant : pas bien fier dans le portillon de départ, (j’préfères les départs au coude à coude !) mais j’allais jusqu’en bas sans tomber et sans être disqualifié ! coucher tôt le samedi matin 2h du mat pour fêter dignement nos bons résultats de l’équipe du Rhône dans ce championnat. J’avoue que la décision du comité athlétisme du Rhône de reporter le championnat cross au dimanche suivant m’a plutôt arrangé. 40 cm de neige sur le circuit peut-être une expérience inoubliable….à condition de pouvoir atteindre la campagne ouest de Lyon. Et les voitures c’est pas comme les chaussures : pas question de mettre des pointes de 15 sous les semelles !

Dimanche matin 17 janvier : 9 h arrivée sur site, récupération des dossards un instant introuvables (petit coup de stress côté orga) et nous voilà partis en chauffe après avoir tendu la banderole du club dans les gradins. Température nickel et terrain en or pour un cross. Pas de véritable difficulté mais sur l’ancien hippodrome tout en herbe, et bien gorgé d’eau. Les vétérans, un peu bourrins pour courir dans la boue, vont jouer les chevaux de traits pour bien labourer le terrain aux jeunes qui prendront le relais. Va falloir pointer en 15, et le sort est tiré à 10 h : départ en ligne des anciens (dont l’inusable JIHEL  et son œil malicieux) et déjà la bagarre pour bien se placer, ça joue sec des coudes mais ça passe. Au menu une petite boucle, une moyenne boucle et 3 grandes boucles soit un total de 8 780 m. La petite est vite avalée sans grande difficulté, mais il y a encore du chemin à faire, plutôt de la prairie. On enclenche la deuxième et le pointage me donne 39^ième.  Plusieurs gars m’ont passés, mais calmos les chevaux, ne pas s’emballer, ne pas prendre le mors aux dents, sauf à s’en mordre les doigts au final… Une petite rallonge avec un avant goût d’une belle ligne droite à faire en totalité les trois tours suivants. Pas de difficulté, sauf un petit talus à passer un peu avant l’arrivée. J’ai laissé filé un groupe trop rapide pour moi et mène le train avec au train 3 ou 4 gars qui restent au contact. La grande boucle, avec comme nouveauté une belle ligne droite, un grand crochet supplémentaire avec un tronc d’arbre à passe (quel c… ce bûcheron !) puis le retour avec quelques relances, mais surtout une belle allée en gore avec de bons appuis. Je privilégierais cette piste les tours suivants, un bon choix pour prendre un peu d’avance sur les autres restant à piétiner la banquette herbeuse sur le côté. Ensuite très vite le petit talus et passage sur la zone départ/arrivée. La grande boucle une deuxième fois. J’ai toujours un coureur  du club organisateur l’AC TASSIN, qui me colle aux semelles. Devant un groupe de 3 gars de l’ESL qui me faisait craindre une solidarité naissante pour m’user vient d’éclater : un gars en surchauffe me laisse une place. Au troisième et dernier tour, le coach conseille à l’un des restants de l’ESL de me prendre la corde. Je fais remarquer au coureur que ce sera « si je veux ». Et pour le moment j’veux pas Na ! On tire une bonne bourre sur la ligne droite, tantôt l’un,  tantôt l’autre devant. A ce jeu le 3^ième larron de l’ESL a disparu, on avale un gars de l’ASVEL vers le final, je décroche le gars de l’ESL à la faveur de l’allée en gore, gardant de bien meilleurs appuis. Je tenterais bien d’aller chercher celui de devant, mais très proche de l’arrivée. Soit je tente de trop loin au risque d’exploser et de perdre des places. Au final, mon ombre arrivant sur ses semelles, il met les gaz et ne se laisse pas prendre la place.  37^ième en 40 ‘36 ‘’. Et content.

Ensuite rapide douche, changement de tenue pour renforcer l’organisation du championnat. Sur les files d’arrivée, à retirer les dossards, ce qui me permet de voir tout le monde dont un kikourou « le chamois ». Une place privilégiée pour lire sur les visages de ceux qui arrivent, « leur course » : sourire, déception, fatigue, voir parfois exténué d’avoir tout donné. Les courses se suivent, et ne se ressemblent pas toujours : à peine 10 concurrentes sur une catégorie, le survol de la première féminine sur la course espoirs, la belle bagarre des deux premiers chez les espoirs hommes, le premier appréciant un circuit d’apparence anodine, mais, par manque constant d’appui terriblement usant dans un cadre bucolique.

Bien fatigué après le rangement du matériel, retour à la maison. Bien fatigué puisque je vois même des chameaux broutant sur le bord de la route : gare aux hallucinations ! Et pour m’extraire de ma voiture je ressembles étrangement à un lieutenant (nordiste ou sudiste ?) que j’avais laissé à la gare du cheval de fer de Lyon Part Dieu  après sa chevauchée fantastique des 24 heures de saint Fons.

PS Le lendemain, en allant au boulot j’aperçois toujours les chameaux broutant près d’un Mac’Do. Pauvres bêtes : les faire manger tous les jours au Mac’Do. La vision est bien réelle puisqu’il s’agit d’un cirque qui hiverne chaque année sur ma commune de résidence. Me voilà rassuré dans mes hallucinations.