Récit de la course : Marathon de La Rochelle 2009, par Karllieb

L'auteur : Karllieb

La course : Marathon de La Rochelle

Date : 29/11/2009

Lieu : La Rochelle (Charente-Maritime)

Affichage : 1230 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Battre un record

8 commentaires

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La Rochelle ou le nez dans le mur

Finisher transi à coeur 

On se pèle sur cette place noire de monde au pied de la Tour de la Lanterne, à l’entrée du vieux port de La Rochelle. Protégé des coulis de vent glacial venus de la mer par le mince coupe-vent offert à chaque « finisher » de la course, j’essaie de m’abriter au sein d’un groupe de spectateurs venus attendre « leurs » coureurs à la sortie de la zone d’arrivée. Bonne idée ce coupe vent. Il est blanc, décoré du logo de la course et de ceux des partenaires. Et comme tout le monde s’est empressé de l’enfiler pour se protéger du froid, la place fait penser à une sorte de colonie d’oiseaux de mer blancs et piaillant à qui mieux mieux : « T’a fait combien ? » - « P…, j’en ai bavé à partir du 30ème » - « La prochaine fois, je passerais sous les 4H », « Marre, mon tendon d’Achille s’est réveillé ! » - « T’as pas vu Simone ? Elle était avec moi sur le 2nd semi ? »… Bref, les inépuisables et invariables commentaires d’après course. Au milieu de cette cohue, je guette l’arrivée de mes deux comparses, OnOff et Grandware. Pas de nouvelles non plus de Francky qui devait les accompagner en clandestin sur les 20 derniers KM.

Micro trottoir 

Je suis allé jeter un coup d’œil sur la ligne d’arrivée, histoire de voir si je pouvais les encourager dans les derniers mètres. Mes lascars n’y sont pas mais il y a là deux animateurs armés d’un micro qui interrogent les arrivants. C’est plutôt sympa. Pour une fois que le commun des mortels des pelotons est mis en valeur. Il y a cette dame qui arrive en pleurant tout ce qu’elle sait. Elle a raté sa course. Elle voulait faire un meilleur temps. L’un des animateurs, pour lui remonter le moral, lui lance gentiment : « Au marathon, c’est déjà une victoire d’arriver ». Pas sûr que ça la console. Il y a ce jeune couple qui arrive main dans la main et qui échange moult bisous sitôt la ligne franchie. Ils sont jeunes, beaux, heureux d’être venus à bout, ensemble, de ces fichus 42,195 KM. Il y a aussi ce groupe de quarantenaires qui arrivent main dans la main, la banane aux lèvres. A mon avis, l’apéro sera convivial… A 3H58 de temps de course, le speaker se déchaîne et encourage tout ceux qui sont dans les derniers mètres à accélérer pour arriver sous les 4H. ça se bouscule d’un coup sur la ligne dans la bonne humeur mais aussi la fatigue. Mais dommage pour celui qui passe la ligne en 4H et 1 seconde…

La Tour de Pises 

Ah ! J’aperçois mes oiseaux au loin, dans le sas d’arrivée. Vêtus du fameux coupe-vent, bourriche d’huîtres sous le bras - autre cadeau de l’organisation - ils arrivent sans hâte excessive… OnOff a une démarche étrange, façon Tour de Pise, raide et penché comme s’il allait prendre de la gîte et tomber d’un bloc. Mais non, ça tient. Grandware, lui, a l’air en pleine forme et prêt à remettre ça (qu’est ce qu’il met dans son gatosport ?) A vue de nez, ils ont du boucler le parcours en 4H30 (vérification faite, Grandware qui faisait le porteur d’eau, termine en 4H33’41’’ et OnOff en 4H34’49’’). Une première pour OnOff qui appréhendait la longueur de la course. Chapeau à lui d’avoir été au bout dans ces conditions pas très faciles. Au menu : de la pluie par intermittence, du vent surtout sur la partie en bord de mer et du froid. Courir le marathon n’est déjà pas toujours une partie de plaisir (« mais z’alors pourquoi le faites-vous », me direz-vous ? « Parce que… », vous répondrai-je), mais si les éléments s’y mettent, ça peut devenir brutal, voire dantesque avec des coureurs qui finissent éparpillés façon puzzle.

L'homme qui mur-murait à l'oreille du marathon 

Moi aussi, je m’y suis heurté aux éléments. Saleté de vent ! Surtout, je me suis pris le fameux mur du marathon. Sur mes huit marathons (en comptant celui-là, ce n’est pas la première fois que cela m’arrive. Je termine en 3H40 alors que j’espérais 3H20… Déjà à Reims, l’an dernier, j’avais pareillement calé sur le second semi et terminé péniblement en 3H48 alors que je venais pour battre mon meilleur chrono : 3H26 établis à Cheverny en 2007. Le problème, c’est que le marathon ne se laisse pas apprivoiser comme ça. C’est une équation dont il est difficile de maîtriser tous les facteurs en même temps. Réussir son marathon suppose en effet de bien évaluer ses capacités, de suivre un programme d’entraînement équilibré (fractionné, seuil, sorties longues, récup), d’en faire ni trop ni trop peu, de maîtriser son poids, d’avoir une alimentation adaptée, de ne pas être en dette de sommeil, de se préparer mentalement à affronter les inévitables coups de moins bien… Et une fois en course, si on veut battre son record, il faut être capable de maintenir sur le fil du rasoir vitesse, souffle et dépense énergétique. Du travail d’orfèvre quoi…

4'44'' ! 

Pour être honnête, en venant à La Rochelle, je savais que je risquais d’être un peu juste en terme de kilométrage. Mes occupations diverses de l’automne ne m’ayant pas permis de caser autant de séances qu’il aurait fallu, notamment de sorties longues. Je me disais que le foncier acquis lors de la préparation des 100KM de Stenwerck, en mai dernier, ferait l’affaire. J’ai donc pas mal axé sur des séances de qualité avec des séries de 400M et des séances au seuil à vitesse marathon. Mais à l’évidence, j’étais trop court pour tenir la moyenne de 4’44’’ au KM (environ 12,7 KM) sur l’ensemble du parcours.

Boucles là et court 

Avant le départ, donné sur le quai Maubec pour les seniors et VH1, je m’échauffe un peu avant de prendre place dans le sas des 3H15. Grandware se trouve un peu plus loin dans le sas des 4H00 et OnOFF, près de l’aquarium où est donné le départ des féminines et des VH2, VH3 et VH4 (record d’âge de l’épreuve : 80 ans !). Au coup de pistolet, on part tranquillement en piétinant un peu. Une fois le tapis passé, ça commence à dérouler mais le peloton reste compact et il est difficile de courir à sa vitesse. On accélère progressivement avant d’atteindre une longue avenue en pente légère qui nous amène, après un virage à gauche, à rejoindre le peloton des féminines et des vétérans 2,3 et 4 passé par un autre itinéraire (l’objectif de la manœuvre étant de décongestionner le peloton sur les premiers KM). Le parcours comporte une grande boucle à faire deux fois. Elle passe d’abord dans la partie nord et résidentielle de la ville avant de piquer vers le sud et de remonter par la zone portuaire en bord de mer. La première partie de la boucle comporte un certain nombre de faux plat qui cassent un peu le rythme. Quant à la partie en bord de mer, quasi plate, elle était très ventée le jour de la course. Dans l’ensemble, le parcours est cependant très agréable et varié.

Deux semi, bonjour les dégâts 

Sur le premier semi, j’accélère progressivement afin d’atteindre ma moyenne de 12,7 KM/H. Dans le peloton, j’aperçoit une silhouette familière : c’est le Lutin d’Ecouves, toujours aussi disert (en tout cas plus que dans un certain tunnel de l’Essonne en janvier dernier) et accompagné de deux jeunes à l’air affûté. On papote un moment et puis je prend le large. Je le retrouverais rapidement, ou plutôt c’est lui qui va passer devant quand je vais commencer à caler. Le second semi arrive et je rentre progressivement dans le dur. Je sais déjà que c’est cuit pour faire un chrono alors j’essaie de gérer mais vers le 30ème, je sens que je commence à être vraiment en panne de carburant. Cette sensation d’être comme un sac vide avec plus rien dans les jambes… Pourtant, j’ai pris deux gels mais ça n’était sans doute pas assez. Je marche deux ou trois fois pendant une minute à chaque fois histoire de me refaire. Ça marche plus ou moins avec des moments de mieux mais qui ne durent pas. Passé le 35ème KM, j’ai du mal à me traîner. Pas de douleurs ni rien mais la panne d’énergie. A tel point qu’au ravito du 40ème, que je snobe habituellement en me disant qu’il ne reste que deux KM, je m’arrête pour avaler du coca, du glucose et un bout de banane. De quoi me relancer pour finir le parcours. Et puis, le bon point, sur le marathon de La Rochelle, c’est que le public est très présent et sympathique, surtout sur la seconde boucle et à l’arrivée. A un moment, dans les derniers KM, c’est un peu comme l’Alpe d’Huez dans le Tour de France : avance en file indienne entre deux rangées de spectateurs déchaînés. Ça motive ! La ligne d’arrivée finit donc par finir d’arriver. Temps final : 3H40’16’’. Déçu oui, mais bon c’est la vie et puis je n’ai abandonné (ça ne m’est d’ailleurs encore jamais arrivé sur marathon). De toute façon, ce chrono, je l’aurais un jour, je l’aurais !

Mes amis, mes amours... 

Pour finir ce CR, mes remerciements et toute mon amitié vont évidemment au trio d’affreux : OnOff, Grandware et Francky, pour ce WE plus que sympa passé en leur charmante compagnie (même si on a du parfois attacher Grandware à sa bannette... notez qu'il n'est pas méchant !). Mention spéciale pour Francky et son accueil aux petits oignons dans son magnifique camping-car (P... 19 litres aux 100 à l'aller avec le vent dans le nez !). Et comme ça lui a plu, rendez-vous est pris en octobre 2010 pour le marathon de Vincennes et des Bords-de-Marne. Enfin, mes pensées vont vers mon trio d’affreux loulous que j’aime ainsi qu’à ML qui m’a soutenu en pensée durant la course et qui était dans mon cœur tout au long de ces 42,195 KM.

 

PS : dommage d'avoir loupé Guillaume mais ça sera pour une prochaine fois.

 

Karllieb

 

8 commentaires

Commentaire de JLW posté le 02-12-2009 à 22:27:00

Le marathon une course difficile, peut-être la plus difficile entre endurance et vitesse, sur le fil du rasoir ou un rien peut enrayer la machine.
Je compatis mais surtout ne sois pas déçu de ce temps honorable avec une météo vraiment pas terrible et la prochaine fois tu l'auras ... ton 3h20 (c'est mon objectif aussi, peut-être, on verra bien ...)

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 02-12-2009 à 22:33:00

On n'était pas si loin l'un de l'autre ! Je ne suis arrivé que 5 minutes avant toi. J'en ai bavé au 35ème.
C'est vrai, le marathon, ça ne se laisse pas apprivoiser comme ça !
Content de t'avoir revu !

Commentaire de taz28 posté le 03-12-2009 à 10:18:00

C'est un bien joli récit Jérôme que tu nous livres ici ....

Bravo tout de même pour ce chrono !!

Taz

Commentaire de _azerty posté le 03-12-2009 à 17:53:00

Bon, on oublie ces 3h40 (bien que ...), et on va se venger sur les balises fin décembre

A bientôt
Domi

Commentaire de grandware posté le 03-12-2009 à 18:02:00

Bon ben je vais être obligé de raconter le reste...

Francky ivre mort en sortant de chez Lili la tigresse, OnOff dansant en string sur le quai... Quand à toi, je préfère préserver ta respectabilité ...

Dommage, je ne serai pas avec vous pour le prochain... Faites gaffe avec le camping car dans le bois de Vincennes...

Commentaire de l'essuin posté le 04-12-2009 à 15:39:00

tres beau récit ...
je t'ai suivi un bon moment en compagnie du lutin, puis le mur m'a épargné, alors j'ai continué pour terminer en 3h22...

Commentaire de gdraid posté le 06-12-2009 à 10:46:00

Le Marathon, la course la plus exigeante qui vous remet en question à chaque épreuve, quels que soient, le sexe, l'age, les capacités naturelles, l'entrainement rigoureux, la météo du moment, et bien d'autres critères diététiques ou mentaux ...
Merci pour ton bon récit Jérôme, et bravo pour ton chrono plus qu'honorable, même éloigné de 20 minutes de ton rêve de performance.
JC

Commentaire de hellaumax posté le 07-12-2009 à 12:02:00

Super récit Jérôme, et une description très juste du mur (je l'ai rencontré deux fois cette année), ce sentiment de vide que l'on éprouve tout d'un coup, sans vraiment de signes avant-coureur.
Je serai sans doute sur la première édition du marathon de Vincennes, avec un objectif comparable au tien...

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