Récit de la course : L'Endurance Ultra Trail des Templier 2009, par bertrand37

L'auteur : bertrand37

La course : L'Endurance Ultra Trail des Templier

Date : 23/10/2009

Lieu : Nant (Aveyron)

Affichage : 4717 vues

Distance : 120km

Objectif : Pas d'objectif

4 commentaires

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L'escargot asthmatique a encore frappé

Et oui, votre fidèle serviteur alias l'escargot asthmatique a encore frappé lors de l'Endurance Ultra Trail puisque je termine modestement 391ème sur 413 coureurs classés ( sur à peu près 700 au départ).

Une fois de plus, de très sévères problèmes d'assimilation de l'alimentation ont gaché la fin de ma course et les 16 derniers kilomètres furent un chemin de croix puisqu'il m'a fallu 5 heures sur ce tronçon.

Mais avant de parler de la fin de course, reprenons les choses dans l'ordre chronologique :


L'AVANT COURSE :


- C'est accompagné de 5 copains traileurs du tout nouveau Team Trail Touraine ( www.teamtrailtouraine.com) pour le site internet et ( http://team-trail-touraine.forumactif.com) pour le forum ainsi que de 2 charmantes accompagnatrices que je rejoindrai Nant le jeudi après midi.

Comme je le redoutais un peu, il y a peu d'animation à la remise des dossards, le village des exposants est quasi vide, les rues sont désertes, bref on est entre nous, les forçats de la montagne, et on sent bien que la "vraie course" a lieu dimanche avec la grande course des Templiers et les courses annexes ( VO2 trail, la Templière, le marathon des Causses, les courses pour enfants).

Pas grave, je suis venu pour m'éclater, partager de bons moments entre copains et me racheter d'une saison quelque peu déçevante ( une course satisfaisante au trail de Paris ( www.traildeparis.com) , une course moyenne à l'Ultra de l'Aubrac (  http://www.vo2.fr/aubrac/ ), un abandon sur chute à L'Annecime ( www.annecime.fr ), un abandon sur malaise lors de l'UTMB ( www.ultratrailmb.com ).

Après avoir récupéré le fameux sésame marqué à notre nom et prénom ( excellente initiative qui permet aux spectateurs de nous encourager de façon individuelle), nous prîmes possession de notre gite et après une courte nuit de sommeil ( réveil à 2 heures pour un départ à 4 heures), nous voilà donc prêts à affronter le parcours suivant :




                                                               116 bornes et 4300 mètres de D+




Il est temps alors de faire une première photo du groupe dans les rues de Nant :



De gauche à droite : Ivan Riboud, Greg Delpouys, Bertrand Haudegond, Antoine Grassien, Gérard Dubuy



Après un contrôle sommaire du sac ( on nous demande de sortir notre polaire ainsi que notre couverture de survie), nous voilà enfin dans l'aire de départ :




Il est alors 3 h 45, juste le temps de se faire tirer le portrait avant l'heure fatidique :




Après un discours émouvant des organisateurs nous invitant à penser à un bénévole malade pendant les moments difficiles et après la traditionnelle musique d' Era, c'est enfin le départ de la troisième édition de cette course ( organisée seulement tous les 5 ans : 1999, 2004 et 2009 donc).




Dès le départ dans les rues presque désertes de Nant, je perds Ivan, Gérard et Greg et reste accompagné seulement d' Antoine. Le temps est agréable car il fait doux et la pluie est absente. Je décide de faire une course prudente car l'unique objectif du jour est de rentrer vivant et dans les délais.

J'en profite donc pour prendre en photo mes compagnons d'infortune : voilà Antoine en plein effort :




Une fois n'est pas coutume, me voilà également avec Antoine dans ma roue :




Une première bosse vers le 7ème kilomètre me verra perdre Antoine et je poursuis seul mon chemin vers Sauclières et le premier ravitaillement au kilomètre 15.

Enfin je ne suis pas si seul que ça puisque la densité de coureurs est encore importante et que je rattrape mes 3 acolytes vers le 10ème kilomètre.

Premier retour au sein du peloton TTT ( Ivan en jaune, Greg avec le sac bleue, Gérard en rouge) :




Chouette, j'ai retrouvé les copains, l'allure me va bien, le chemin est quasi plat, je rencontre également quelques kikoureurs ( Françoise84, Jean-Michel Touron, Benoit 11, etc...)


Benoit11, organisateur de courses sympathiques : http://www.o3series.org/




Bref, tout ce petit monde chemine joyeusement et ce début de course me va à ravir, je profite de l'instant présent pour prendre de façe Gérard et Ivan ( et oui Gérard, j'ai été devant toi pendant cette course !!!)




Nous passons sous les 2 célèbres tunnels d'une ancienne voie ferrée :




Et après presque 2 heures de course, nous arrivons à Sauclières, endroit où nous attend notre fan club un peu congelé :




Nous récupérons nos batons ( l'usage en était interdit et inutile pendant les 15 premiers kilomètres) et je profite du premier ravitaillement pour remplir ma poche à eau. Je suis hélas très lent pendant cette manoeuvre et je perd mes compagnons pendant cette halte.

C'est donc seul que je reprends ma route vers le St-Guiral. Pour le moment les sensations ne sont pas mauvaises, je suis un peu poussif dans les bosses mais je gère bien mon alimentation et mon hydratation.

L'ascension du St-Guiral se fait par de larges pistes un peu ennuyeuses, il fait toujours nuit et le froid ainsi que le vent sont bien présents et gênent quelque peu notre progression :




Arrivé au sommet à 1300 mètres d'altitude, le sentier bifurque à gauche et commence alors une longue descente vers Dourbies et le second ravitaillement au kilomètre 39. Lors de mes débuts dans le trail, les descentes étaient un cauchemard pour moi, mais forçe est de reconnaitre que j'ai progressé dans cette discipline, puisque j'arrive maintenant a gagner des places dans cet excercice.

Je reviens même au terme de celle-çi à revenir sur le trio magique du TTT qui a l'air tout surpris de voir revenir sur lui l'escargot asthmatique du groupe :




Une dernière petite bosse juste avant Dourbies éparpille un peu la joyeuse troupe mais c'est quand même presque groupés que nous pénétrons dans ce village via de sévères marches. Fidèle au poste, Séphora me prend en photo avec Greg :




Malgré ma tête de rockeur dopé aux amphétamines, le premier check-up au kilomètre 39 est plutôt bon : je me sens bien, je mange correctement au ravito, j'ai encore la pêche....

Hélas, une fois encore, je suis plus lent que mes compagnons et je quitte la salle des fêtes de Dourbies 2 minutes après eux. A l'aide du beau coupe-vent jaune citron d'Ivan, je les aperçois devant moi mais je suis incapable de revenir sur eux.

Ce que j'ignore encore, c'est que je ne les reverrais plus, sauf à l'arrivée...

C'est que nous sommes alors dans la crête du Suquet, une belle bosse mais que mon organisme n'a jamais aimé ( j'y avais rencontré de grandes difficultés dans mes participations à la grande course des Templiers en 2004 et 2005).

Au sommet de la crête, nous bifurquons à droite et commencons une interminable piste forrestière qui doit nous amener sur 9 kilomètres vers le mont Aigoual.

Quelque fois descendante, souvent montante, j'alterne marche et course sur cette portion qui n'était pas prévue à l'origine mais les alpages que nous devions prendre initialement étaient impraticables, à cause des fortes pluies des jours précédents.

Au bout d'un laps de temps qui me parait interminable, j'aperçois enfin le mont Aigoual :




Juste après une dernière bosse, j'arrive fatigué à la station de ski du Prat Peyrot, cadre du troisième ravitaillement de la course. Séphora et Julia m'indique que Gérard a fait le trou, que Greg et Ivan sont ensembles 10' devant et qu'Antoine souffre du genou.




Je me restaure avec du pain et du fromage, bois du thé et repars un peu ragaillardi vers le sommet de l'Aigoual que je connais bien pour l'avoir souvent monté en vélo et à pied via le superbe sentier des 4000 marches.

Juste avant le sommet, les organisateurs nous imposent un contrôle inopiné histoire de voir si personne n'a eu la mauvaise idée de couper.

60ème kilomètre : arrivée sur l'observatoire à 1500 mètres d'altitude :




Il fait un froid polaire ( 0 degré), un vent terrible ( 120 kilomètres/heure), je ne prends donc que peu de temps pour contempler le superbe paysage. Dommage car on pouvait apercevoir la mer :




J'entame alors une longue descente vers Camprieu et le quatrième ravitaillement au kilomètre 70. Autant je n'ai pas aimé la portion "piste forrestière", autant j'ai adoré cette descente via une superbe forêt et un beau single. Mon allure est correcte, je prends du plaisir et profite pleinement de la journée.

Arrivé à Camprieu, j'apprends que j'ai toujours une dizaine de minutes de retard sur Ivan et Greg qui viennent de repartir du ravitaillement au moment où j'arrive.

Une fois de plus, je me restaure copieusement, bois à profusion et change mes chaussettes, les pieds meurtris par les pierres et par les passages dans des flaques :




Au bout de 10' de pause, je repars vers Trèves qui se trouve au 87ème kilomètre. Les écarts entre coureurs sont maintenant très importants puisque je chemine seul la plupart du temps. Quelques coureurs me passent mais c'est au compte goutte et cette belle portion passera relativement facilement. Je marche cependant de plus en plus même sur le plat car la fatigue commence à être bien présente.




Nous passons dans un superbe hameau qui a l'air d'etre quasi abandonné :




Enfin, vers 18 heures, donc 14 heures de course, j'arrive enfin dans le magnifique village de Trèves : usé par la difficile descente, je suis tout content d'arriver dans les gorges du Trevezel.





Ce village est l'un des seuls de la course où il y a quelques spectateurs, les gens nous encouragent vivement, cela fait énormément de bien car je commence a être au bout du rouleau, rincé par une course épuisante et une saison un peu trop longue.

Une dernière fois, je profite de l'aide au ravitaillement de Séphora ( qui malgré son énorme travail d'intendance finira 23ème féminine des Templiers en 9 h 41, chapeau bas...)  et je repars vers Revens et le 100ème kilomètre.

Dès la sortie de Trèves, une nouvelle côte aura raison de mes dernières forçes et je suis maintenant contraint a la marche car mes quadriceps me refuse dorénavant l'option course.

Il fait maintenant de nouveau sombre, je dois remettre la frontale et cette portion sera interminableeeeeeee surtout les derniers kilomètres sur le Causse juste avant Revens. Preuve de l'esprit un peu dérangé des organisateurs, alors que l'on arrive à Revens, il faut contourner le village alors qu'il existe un sentier permettant d'y arriver directement et prendre une petite bosse avant de pouvoir accéder au dernier ravitaillement.

Ce ravitaillement sent l'abandon à plein nez, il est 21 h 30, les barrières horaires sont à 22 h 20, je vois bien que je commence a être sur le fil du rasoir. Les rares coureurs avec moi ont les yeux hagards, plus grand monde ne parle, tout le monde est rentré dans le mode survie.

En tentant de manger un petit sandwich, j'entends un des organisateurs dire à un concurrent qu'il lui faudra 4 heures pour parcourir les 16 derniers kilomètres. Je tente de réfléchir avec ce qui me reste de lucidité ( c'est à dire pas grand chose) et trouve ce laps de temps bien long. J'ignore encore qu'il me faudra 5 heures pour cette dernière partie qui sera un véritable cauchemar pour moi.

Le début des problèmes viendra avec le fait que je serai incapable de manger et de boire jusqu'à l'arrivée. Comme sur la Diagonale des Fous ( http://www.bertrandhaudegond.com/article-24415043.html) et comme sur l'UTMB ( http://www.bertrandhaudegond.com/article-35571691.html), je commence à vomir dès la sortie du ravitaillement et stoppe donc, contraint et forçé, toute alimentation.

Cerise sur le gâteau, la fin du parcours est extrêmement technique avec, tout d'abord, une descente vertigineuse sur Cantobre. Tout comme les autres traileurs présents avec moi, J'ai dû tomber 5 fois en glissant sur les pierres mouillées et je ne dois mon salut qu'à mes bâtons. Sans eux, je ne pense pas que j'aurai pu faire cette descente en restant entier.

De plus, je ne sais pas s'il y a eu des chutes graves mais j'ai de la peine à imaginer comment l'organisation aurait fait pour évacuer un blessé dans ce secteur.

En fin de compte, j'arrive quand même vivant en bas de la vallée et entame l'ascension du roc nantais. Comme je ne suis plus très lucide et en début d'hypoglycémie, cette montée sera également un calvaire.  Passe encore la première partie qui est difficile, mais que je connaissais, mais la seconde partie en faux plat montant sera interminableeeeeeee.

Je suis obligé de m'arrêter à de nombreuses reprises pour faire baisser mes pulsations cardiaques ainsi que ma ventilation. Le cauchemard du Grand Col Ferret est en train de se renouveler.

Les quelques coureurs qui me doublent m'encouragent à rester avec eux pour former ce que Eric Lacroix nomme "les groupes de solidarité' mais je suis incapable de suivre leur rythme.

Je croise même des pompiers à la recherche d'un coureur en détresse ( non, non, je vous assure messieurs que ce n'est pas moi malgré ma tête de cadavre).

D'autres secouristes en haut de la bosse m'encouragent en me disant : "allez plus que 1 km de plat et 3 de descente".

Merci les gars c'est sympa de votre part mais que c'est long 4 bornes quand on est usé, râpé, rétamé...

 Et c'est  pourtant parti pour une dernière descente technique avec une nouvelle chute en prime. Heureusement, je vois enfin les lumières de Nant puis j'entend la voix du speaker, preuve de la fin proche de mon calvaire.

Je traverse enfin le petit pont de Nant, remonte la petite bosse, et franchis la ligne d'arrivée après 22 h 45 sous les yeux d'une dizaine de spectateurs ( faut dire qu'il est maintenant presque 3 heures du matin).

L'image est floue mais mon cerveau également à ce moment la :




Un peu hagard et fourbu, je récupère les cadeaux finishers et monte presque directement dans la voiture qui me ramène au gite. Sans avoir la forçe de prendre une douche, je saute dans le lit et m'endors immédiatement.


Fin d'une très longue journée....




Les résultats du TTT :


- Gérard Dubuy : 181ème en 18 h 42

- Greg Delpouys : 288ème en 20 h 47

- Ivan Riboud : 330ème en 21 h 20

- Bertrand Haudegond : 391ème en 22 h 45

- Antoine Grassien : abandon au 87ème km à cause d'un genou récalcitrant.


Les résultats complets sont la : http://www.runinlive.com/fileadmin/resultats/ENDURANCE.pdf




MON OPINION SUR LA COURSE :



1)  LES POINTS POSITIFS :


- Un super week end entre copains : pourvu que ça dure, longue vie au TTT.
 
- Un prix d'inscription raisonnable.

- Des cadeaux de bonne qualité : beau t-shirt technique au départ, buff spécial Templiers, sympathique sweat finisher.

- Balisage impeccable : même dans la nuit, même très fatigué, je n'ai jamais eu d'hésitation sur la route à suivre.

- Certaines portions du parcours très agréables ( la crête du Suquet, le secteur Camprieu-Trèves).

- Des bénévoles au top.



2) LES POINTS NEGATIFS :


- Comme la course est le vendredi : pas d'animation le jeudi dans Nant, un village partenaire désert, pas de spectateurs pendant la course.

- Des ravitaillements assez inégaux où se mélangaient d'excellents sandwichs au roquefort avec un infame Coca de bas de gamme.

- je n'ai jamais trouvé les gels Maxim's promis. Peut être suis-je passé trop tard ? ou bien fallait-il les demander aux bénévoles ?

- Une descente vers Cantobre très limite au point de vue sécurité. J'aimerai bien savoir s'il y a des coureurs qui ne sont pas tombés dans ce traquenard pour traileurs-fourbus.

- Des délais mal calculés : assez large au début puis de plus en plus sévère. Je ne sais pas combien de coureurs ont été rattrapés par les barrières horaires mais, personnellement, c'était la première fois que j'étais contraint de jeter un coup d'oeil dessus.

- Une inteminable piste forrestière entre le Suquet et L'Aigoual : trop longue, peu intéressante, pas de paysage. Même si initialement nous ne devions pas passer par là, j'ai maudis cette partie.

- Quel dommage de ne pas avoir gravi l'Aigoual par le sentier des 4000 marches qui est une pure merveille.



EPILOGUE :

- Même si je suis content d'avoir terminé, mes problème d'alimentation gâchent la fin de mes courses d'ultra. Après 5 heures les gels ne passent plus, après 15 heures c'est au tour du salé...suis-je condamné à me limiter aux courses de 80 kilomètres ? une réflexion s'impose....

www.bertrandhaudegond.com

 



 

4 commentaires

Commentaire de JLW posté le 27-10-2009 à 22:41:00

Rassure toi tu n'es pas le seul à subir ces problèmes d'alimentation. En fait je pense que nous sommes une grande majorité à avoir ce type de désagrément qui nous pourrissent la fin de nos trails.
Il y a quelques pistes de solutions mais hélas pas de miracles.
Merci pour ton récit qui retranscrit toute la difficulté de ces ultras. Et tu dois avoir un moral d'enfer.

Commentaire de eric41 posté le 28-10-2009 à 14:54:00

Bravo Bertrand.
Allez au bout dans ces conditions,chapeau.

Eric

Commentaire de Françoise 84 posté le 28-10-2009 à 16:18:00

Et bien, ça fait plaisir de voir que d'autres vivent les mêmes choses que moi! Sauf que dans mon cas, "la descente aux enfers" a démarré juste après Trêves...!!! Bravo à toi, en tout cas, tu t'es bien accroché, tu l'as mérité ta médaille!!! Récupère bien maintenant!

Commentaire de millénium posté le 03-11-2009 à 22:25:00

Bravo pour ta course et félicitations pour toutes ces photos.

Tu l'as mérité ta médaille. Récupère bien et bravo encore.

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