Récit de la course : Marathon d'Amsterdam 2009, par Bert'

L'auteur : Bert'

La course : Marathon d'Amsterdam

Date : 18/10/2009

Lieu : Amsterdam (Pays-Bas)

Affichage : 1804 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Faire un temps

7 commentaires

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Le récit

Paris, New York, Amsterdam… Enchaînement de destinations business ? Non, le 1er Août, ma décision est prise : je vais préparer un nouveau Marathon, tout en m’en donnant, cette fois, vraiment les moyens.

 

Ce sera mon 7e marathon et je soigne aussitôt ma préparation : plus de 750km, avec en moyenne 75 à 80 km par semaine, des entraînements de qualité et des analyses très poussées. Bref, le 16 Octobre, j’arrive dans la capitale batave, avec la sensation de n’avoir jamais été autant en forme.

 

La seule décision est de choisir le tableau de marche : 3h20 ou 3h24 ? Inscrit initialement en 3h20 (signe prémonitoire ?), je vais opter pour ce repère car je sens qu’on ne fait jamais de négative-split important… Malgré une bonne nuit, j’ai du mal à avaler mes dernières pâtes au petit déjeuner et n’insiste pas.

 

A 9h15, direction le Stade Olympique à Vélo (3,5km environ) : rigolo, mais dur le « vélib » à deux dessus. Enfin, coup de chance, la météo est parfaite : 10-12°C, soleil + nuages légers, pas de vent.

 

9h50, j’abandonne ma chère et tendre et accède au stade où une odeur de camphre remonte de la file d’attente. Les Athlètes pissent aussi partout grâce à des urinoirs bien organisés ! Etirements devant la tribune d’honneur en attendant tranquillement le départ prévu à 10h30.

 

Coup de canon et applaudissement continu des spectateurs. L’ambiance est vraiment très agréable. C’est rare d’avoir des milliers de spectateurs qui vous soutiennent au départ. Une trentaine de secondes  plus tard et je passe à mon tour la ligne. Pas de bousculade. Sortie du stade : I amsterdam !

 

Un coureur déguisé en squelette avec une combinaison intégrale passe à ma hauteur et m’annonce : « pas d’inquiétude, je ne mords pas ! ». La vitesse est douce (12,2) mais le cardio s’affole. Je peste contre ces codages jamais 100% au point et craint de devoir faire la  course sans cardio. 2km et ça rentre finalement dans l’ordre.

 

Passage devant l’ancienne usine Heineken avec ses impressionnantes cuves. J’en profite pour reconnaître ce qui sera la fin du parcours (4/5 derniers km). Entrée dans le Vondelpark : c’est paisible et joli, ça serpente sur un revêtement « doux ». Petite montée pour en sortir (ça promet pour la fin) et retour vers le stade.

 

Au point de rdv prévu avec ma belle… personne ! Mais où est-elle ? Finalement, je l’aperçois 500m plus loin et suffisamment à l’avance pour faire largement coucou. La boucle de 7,5km se termine et on entend le célèbre « I will survive ! » de Gloria Gainor. J’y compte bien…

 

Première grosse interrogation : stop pipi or not ? Je me convainc que non mais... plus loin, j’aperçois une rangée d’arbre dégagée. Hésitation… et puis non, ça va aller ! Les km défilent : même pas essoufflé, je suis bas au cœur (< 140) et respire comme si de rien était… On s’apprête à longer la rivière Amstel et finalement, je me décide : pipi derrière un arbre avec perte de temps mini bien gérée.

 

On attaque les berges le long de l’Amstel : c’est la campagne. Ambiance bucolique. Soleil. Je me baignerais presque dans la rivière à bière ! Bientôt le tiers de la course... Vers le 14e km, avant la petite bifurcation dans les terres, musique à fond : « Life is life » J

 

Bifurcation près d’un célèbre moulin : des jeunes tendent les mains et j’en frappe quelque unes avec plaisir. Demi-tour et on revient vers la berge. Les coureurs que l’on croise ont 2 km de retard sur nous... Inversement, on aperçoit rapidement les premiers de l’autre côté de la rive et ça file.

 

La campagne est omniprésente : ça change agréablement d’ambiance. Je passe devant une maison en bois, toute blanche et un couple de retraités, nous observe en dégustant le thé. Quelques encouragements, dont un « Vive la France » et nous franchissons le pont qui permet de changer de rive et revenir. C’est en fait un petit village certainement bien paisible habituellement.

 

Le 20e km approche déjà, puis le semi-marathon : 1h40mn00 : plus précis tu meures ! Ça tombe bien, quand on vise de faire 3h20… Je suis d’autant plus content que je n’ai pas le sentiment de puiser dans les réserves. Inconsciemment j’accélère alors à plus de 13km/h avant de mettre un coup de frein : c’est trop tôt !Vers le 24e km, on croise les derniers du km 14 (moulin) et leur musique est bien moins motivante (du néerlandais sans saveur). Je pense aux près de 10km qu’on leur a déjà mis dans la vue !...

 

On retrouve la ville et un coureur de l’Eco-Trail de Paris me double. Quelques encouragements « Allez la France », voire « Allez Bert » et même un « Allez Bertrand ». Mais aussi des « Italia » qui ont le don de « m’agacer ». J’en double justement un avec plaisir, motivé de montrer que la France est devant !

 

26-28e : dans la zone industrielle, le rythme mollit très légèrement (12,5 km/h) et je décide de me reprendre un peu en main. Je crains le début de fatigue car mon cœur est monté dans les 145… En fait ce très léger coup de mou ne dure pas. Les autres coureurs montrent des signes de fatigue et je commence à en doubler de plus en plus. J’attends alors avec impatience de retrouver la longue route le long du canal qui nous sépare du centre ville.

 

Au km 32, j’ai la patate ! Subitement, je martèle dans ma tête que « je suis un kenyan !». « Mon heure est venue de porter l’accélération décisive ! » Arrivent enfin les quais : je me sens fort. Après m’être régulièrement freiné, je monte un peu le rythme : 12,8-12,9km/h au lieu de 12,6.  La fatigue s’installe un peu mais je fonce comme une gazelle. Le cœur est à 145/146, ce qui n’a rien d’extraordinaire.

 

Au 35e, le chrono est très encourageant. Ravitaillement 1km plus loin et je dois faire un mini demi-tour car les porteurs d’eau sont en fait peu nombreux. Qu’importe, je file maintenant à 13,1 km/h et 150 au cœur. J’essaye de me freiner… mais rien à faire ! Le passage « difficile » du 36e (tunnel+montée sur 200m) s’avale sans effort particulier, ce qui augmente ma confiance.

 

Je vais régulièrement à 13,3 voire 13,5 km/h. Incroyable, je coure « au seuil » avec presque l’impression d’être au Paris-Versailles ! Malgré 37km dans les jambes, plus rien ne semble pouvoir m’atteindre. Quelle délicieuse sensation d’avoir des jambes, d’accélérer, de doubler tout le monde qui n’en peut plus. C’est un vrai bonheur de me sentir finir un marathon de la sorte !

 

Des spectateurs ont un panneau sur lequel est écrit : « Run like you had stolen something ». J’adore l’humour ! Je pense aussi à bien profiter de cette fin de course, conscient de vivre un moment unique. Entre la préparation et la forme, pas évident de retrouver tout ça demain…

 

Repassage devant Heineken et bientôt ma chère est en vue ! Ça me motive de la retrouver et de partager avec elle ce bref instant. Je me dis que ça va lui faire une bonne surprise de me voir avec une telle foulée ! Placée au 38e km, je l’aperçois de loin et elle filme tout en m’encourageant. Je l’entends encore après être entré dans le parc… cool !

 

J’ai l’impression d’être le futur vainqueur tant je double de monde qui n’en peut plus. Des coureurs pourtant partis pour faire largement moins de 3h30… 40e kilomètre : 3h09mn20s : je me prends à rêver de faire 3h18. Il ne va quand même pas falloir chômer et j’accélère encore ! Bientôt la fin du parc et son petit dénivelé, heureusement bien court. J’ai soif et le ravitaillement arrive à point nommé. L’eau est quand même dure à avaler tant je suis à la limite…

 

Petit coup de mou, je me demande si je ne vais pas craquer. Mais non, ce n’est pas possible : pas si près du but ! Je me convainc d’ailleurs encore de bien profiter de cette fin de course car dans quelques minutes l’aventure sera déjà terminée et peut-être pas revécue de la sorte de sitôt ! En plus ça descend très légèrement et je continue de doubler.

 

Bientôt plus que 500m : je me décide à tout donner ! 100m avant l’entrée du stade, ce sont d’incroyables acclamations et nous sommes quelques uns à saluer et remercier ce public si chaleureux. L’émotion est palpable… Entrée dans le stade : un petit frisson me parcours en pensant à la photo, au même endroit, du français vainqueur du Marathon Olympique de 1928, Ahmed El Ouafi, si injustement oublié et mort tragiquement il y a 50 ans, jour pour jour…

 

Il me reste à peine 30 secondes pour passer en 3h18 et je sais que ce sera impossible de faire les quelques 250m dans ce temps (je ne suis pas Usain Bolt !). J’accélère quand même comme un fou, notamment dans le dernier 100m… Sur le fil, je double même le coureur avec son déguisement de squelette !! 3h19 et une dizaine de secondes.

Ligne passée, j’oublie d’arrêter le chrono. Une seule pensée : « Je l’ai fait ! ». Trop fort. Un gros coup d’émotion m’envahit ! J’ai vraiment tout donné, même si j’aurais certainement pu accrocher les 3h18… Décidément, malgré un record amélioré de 20mn (!), on ne se refait pas : « toujours plus »…

 

Je prends le temps de savourer et n’ai pas envie de quitter le stade trop vite. J’encourage ceux qui finissent leur course  et puis sors avec l’idée de rentrer au plus vite retrouver ma femme. Je reprend le vélo et pédale à un bon rythme !

 

S’en suit… un bain avec chips à disposition : un régal ! Puis un petit Mc Do à l’heure du goûter (!) et un très bon Steak House le soir. J’ai un peu mal aux jambes, mais rien de très méchant et même pas de courbatures le lendemain.

 

Et maintenant ? Pas de prochain défi, juste savourer le présent !

7 commentaires

Commentaire de chanthy posté le 22-10-2009 à 09:02:00

quelle magnifique course bien maitrisée...bravo!!
moi personnellement, je me serais arrêté à l'usine Heineken :)....je rigole.
génial ce marathaon,c'est toujours agréable de lire des récits et de découvrir des marathons en dehors de la FRANCe.
bonne récupération et le prochain défi viendra plus rapidement que prévu..
au plaisir.

Commentaire de CROCS-MAN posté le 22-10-2009 à 18:15:00

Bravo, tu étais prêt, tu as osé et tu l'as fait.
Merci pour ton récit.

Commentaire de yves_cool_runner posté le 22-10-2009 à 21:43:00

Bravo pour ce résultat et ce récit "pêchu". Un bien beau marathon que j'ai couru en 2006, avec l'émotion d'une arrivée et d'un départ dans le stade olympique de 1928 où se sont illustrés les légendaires Nurmi et Ritola.

Commentaire de Pat'jambes posté le 22-10-2009 à 21:50:00

Ouuuah!!! Un marathon de rêve que tu as fais là Bert'!!

Bravo et merci pour ton récit crescendo et captivant.

Bon récupération et... beurk le Mc Do ;-D

Commentaire de horn posté le 23-10-2009 à 01:46:00

Les marathoniens ont eu la chance d'avoir le soleil au départ,moi qui était dans les tribunes j'ai pu apprécier tous ces coureurs massés sur cette piste ,les derniers regardaient les premiers sortir du stade.L'ambiance était de la partie.Bravo à toi pour cette gestion et pour ce récit de ta course.
J'ai apprécié le semi mais le soleil n'était plus de la partie laissant place à des nuages menaçants et un peu d'eau au terme de cette course. A PLUS

Commentaire de ouster posté le 09-04-2013 à 16:19:44

Marrant les coïncidences... hier je te vois sur le MdP, ce matin je m'inscris sur celui d'Amsterdam et hop voilà ton récit :)

Tu as des hôtels à recommander?

Commentaire de Bert' posté le 10-04-2013 à 10:42:17

Effectivement... ce qui me donne aussi l'occasion de redécouvrir avec plaisir mon récit :-))
Pour les hôtels, après pas mal de recherche, j'avais trouvé quelque chose de très bien (situé pas trop loin du centre et du départ) : d'après ce que j'ai retrouvé, ça s'appelait AALDERS

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