Récit de la course : Le Tour de la Grande Casse 2009, par TOM TOM

L'auteur : TOM TOM

La course : Le Tour de la Grande Casse

Date : 23/8/2009

Lieu : Pralognan La Vanoise (Savoie)

Affichage : 2405 vues

Distance : 62km

Matos : Saucony Xodus
Bâtons diosaz...
Cuissard Odlo Maratrail Faverges

Objectif : Terminer

3 commentaires

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Le récit

Ca y est ! Je me lance enfin dans ce premier compte rendu. Mieux vaut tard que jamais même si les détails ne sont plus aussi frais deux mois après ce fameux Tour de la Grande-Casse. Cette course le mérite car disons le tout de suite, elle est vraiment exceptionnelle et de toute beauté. J'en étais déjà persuadé en lisant les CR des kikous de l'an passé et surtout avec le film du Bulot. J'espère que le mien en persuadera d'autres pour l'an prochain.

 

                Exceptionnel, ce TGC l'est pour moi pour sa longueur. : 62km qui ne sont pas grand chose à côté des 160 bornes de l'UTMB que je verrai passer la semaine suivante aux Houches, mais qui sont beaucoup pour moi qui étais encore sur 3000m steeple il n'y a pas si longtemps. C'est surtout plus que ma moyenne hebdomadaire.

                Exceptionnel pour ses 3800m de D+ qui en font un vrai trail alpin, sans être une course de fous...

                Exceptionnel surtout pour ses paysages de la Vanoise que je connaissais déjà lors de ma grande traversée des Alpes en rando, et lors de vacances en famille.  Encore fallait il que le beau temps soit au rendez-vous et que l'organisation nous permette d'en profiter. Et tout cela était présent. Bref que du bonheur.

Objectif : comme mes deux trails de préparation (La Bouillonnante : 50km dans les Ardennes et le maratrail de Faverges), finir dans un « bon état général » permettant d'en profiter. Je m'attends à 10h de course, à plus ou moins une heure selon les sensations. La dernière sortie longue dans le Jura était prometteuse, mais je suis un peu fatigué des 1000m de D+ en famille avec les 15kg d'Oscar sur le dos ce jeudi dernier. Puis il y a eu cette chute idiote sur le trottoir samedi me faisant une petite bulle sur le genou. Il faut bien se préparer des excuses...

 

                Voici maintenant un peu plus de détails.

 

                Arrivée samedi midi avec la petite famille sur Pralognan pour un petit pic-nic le long d'un torrent et une petite balade dans la station très sympathique. Savoir que tout le monde m'attendra à l'arrivée demain est une sacré motivation. Ca sera un fil rouge pendant la course : « tiens, ils doivent être en train de se lever ; ils doivent quitter l'hôtel ; c'est l'heure de la sieste... ». Pas question d'abandonner dans ces conditions.

Après le retrait des dossards et du T-shirt en coton (seul point faible de la course : c'est peut être un point qui explique le trop peu de participants par rapport à la qualité de la course, on va pas mettre souvent le maillot TGC pour faire de la pub... dommage avec un sponsor comme North Face et 50€ d'inscription...), le sympathique briefing obligatoire qui nous fait saliver sur le programme de demain. Après une fameuse croziflette, direction l'hôtel pour une nuit qui sera courte mais bonne.

 

                Levé 4h15 pour un bon petit déjeuner, direction le départ vers 5h30 pour l'émargement. Tout est prévu : thé, café, biscuits... Ca sent les ravitos aux petits oignons. Les impressions d'avant départ sont bonnes. Evacuée la fatigue des derniers jours. Maintenant, nous y voilà !!

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6h00 : les fauves sont lâchés. Je pars tranquillou car les quatre cols à plus de 2500m m'incitent à la prudence. Je suis toujours étonné de l'allure de certains sur ces premiers kilomètres. Première montée vers le col de Leschaux (2564m), soit 1100m de D+ tout de suite. La frontale aurait été la bienvenue les 20 premières minutes, mais elle n'est pas indispensable non plus. J'effectue cette ascension en rando rapide doublant quelques trailers, et me faisant doubler de la même manière : « attention à droite !! Merci !!! »  Je m'arrête de temps en temps pour prendre une photo ou un petit film pour les souvenirs car la vue sur Pralognan et la vallée de Chavière est magnifique. Et ce n'est qu'un début.

 

 

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                (Pralognan et la vallée de Chavière en montant au col de Leschaux)

 

Arrivé au col en un peu plus d'1h21, soit déjà presque 20 minutes de retard sur le premier !! Les CRS nous accueillent avec le sourire et nous encouragent pour la descente qui est assez technique au début. Les bâtons très utiles dans la montée me gênent un peu. Après avoir hésité à les ranger, je trouve une position pour qu'ils m'embêtent le moins possible.

Le paysage entre le col de Leschaux et le refuge du Grand Bec est minéral et sauvage. Que de variété nous aurons tout au long de la journée !!!

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(Refuge dans le creux à droite)

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                               (Entre le col de Leschaux et le refuge du Grand Bec)

 

Je discute un peu de la course, de photo avec un trailer qui a terminé 5 ou 6e de l'ultra trail du Verdon (100km). Après un dernier encouragement il poursuit sa descente à son rythme un peu plus soutenu.

C'est ensuite assez roulant jusqu'au premier ravito de plan Fournier (13e km, 1732m) atteint en environ 2h15. Les bénévoles sont aux petits soins pour nous et ça sera le cas tout au long du parcours. Un grand MERCI à eux.

Comme prévu, après le réconfort, l'effort : remontée raide sur la Tour du Merle (1950m). Ca fait mal aux pattes, surtout que j'ai la mauvaise idée de la débuter en courant.

                Longue descente un peu boueuse vers Champagny le Haut qu'on ne verra pas vraiment. Je passe un coureur en conversation téléphonique avec sa famille.

                Puis quelques kilomètres de pseudo plat où il fait bon courir. Il faut en profiter car le plat est assez rare sur le parcours. Même en bas le paysage est sympa le long du Doron.

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                                               (Vers le 2e ravitaillement)

 

Arrivé au 2e ravitaillement (1560m, 23e km en 3h30) où je refais le plein d'eau, un peu de saucisson, de chocolat. Et c'est reparti pour la longue montée vers le col du Palet.

 

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                De magnifiques cascades nous entourent toujours en longeant le Doron et en traversant le typique hameau de Laisonnay d'en haut. Je fais la connaissance de Damien qui est chti comme moi. Je lui évoque mes sorties sur les terrils de Loos en Gohelle ou dans les monts des Flandres avec les Z trailerz. Et comme le monde est petit il en connaît une bonne partie dont le Yub, Mitch et autres Z qui seront la semaine suivante sur l'UTMB. Je le distance sur la  plat, puis il me repassera dans la montée et nous nous croiserons tout au long de la course pour s'encourager. Malheureusement nos allures ne sont pas les mêmes au même moment...

                La montée vers le col du Palet démarre par une large piste qu'il est possible de couper par un petit sentier, ce que je fais peu préférant garder mes cuisses pour la suite.

Passage par la photo ou je manque de prendre une gamelle...

 

                              

Petit à petit nous nous élevons pour apercevoir la fameuse Grande Casse. Les sensations sont de moins en moins bonnes. Pourtant je ne vais pas très vite. Deux trailers me doublent et je n'arrive pas à les accrocher.

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                                               (Première vue sur la Grande Casse, l'autre face est loin...)

 

Puis c'est vraiment le coup de bambou. Les encouragements de deux nouveaux coureurs n'y font pas grand chose. Je savais que ça allait être dur à un moment, mais pas si tôt. Je prends mon mal en patience et ralentis encore. Et ce pu..... de col du Palet qui semble s'éloigner !!!

Pourtant ça ne monte presque pas. Heureusement que la vue sur les sommets est magnifique. Au moins on sait pourquoi on est là et pourquoi on en bave...

La moitié du parcours (31e km ?) est franchie en 4h50. Par un bête calcul ça fait 9h40 à l'arrivée.

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                                               (La Grande Motte en montant doucement vers le col du Palet)

 

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              (Le col du Palet qui recule tout au fond)

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                (A l'approche du col du Palet, enfin !!!)

 

                La galère s'atténue sur les derniers mètres de l'ascension. Le col (2650m) est enfin atteint en 5h20. Je connais le reste du parcours. Est-ce un avantage ou un inconvénient ? Je sais ce qu'il reste à parcourir, mais aussi les paysages traversés... Cependant nous avons fait plus de la moitié du parcours pour 2500m de D+. Le plus dur ? A ce moment je n'en suis pas sûr.

Heureusement, après la montée, la descente. Certains disent que le plus dur c'est la descente. Ca n'est pas mon cas. Je me refais une santé et reviens sur d'autres concurrents dont deux que je rappelle sur le droit chemin. Juste avant le ravito je rejoins Damien qui repassera devant au début de la montée suivante...

S'il est vrai que Tignes est un peu bétonnée, le cadre reste magnifique et me rappelle les vacances d'il y a deux ans. C'est une station où les activités sont nombreuses en été.

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                     (Chemin à venir)        

 

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              (Station de Tignes)

 

                Arrivé au ravitaillement de Tignes au 37e km, 5h40. Tout ne semble pas encore prêt. 2 bouteilles remplies à la louche, fromage et saucisson pas coupés. On n'est pas à 5 minutes. Je prends un gros morceau de saucisson, chocolat, coca et c'est reparti. Si le moral est globalement resté bon dans la montée, il est encore mieux maintenant. A partir du Val Claret il est impossible d'abandonner même si je sais que la montée qui arrive va être difficile. Mais c'est la dernière longue ascension.

                Ca va mieux que la montée précédente, mais je ne vais pas vite. Je peine à rattraper les nombreux randonneurs avec qui on échange quelques mots et qui nous encouragent. Ca fait du bien. On croise aussi les vaches après la piste de VTT pas très sympa. On revient dans le parc national de la Vanoise. La Grande Motte s'approche, le Mont Blanc nous fait un coucou de loin.

 

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              (Le Mont Blanc au fond à droite)

 

                J'ai le pied droit qui picote un peu. Je m'arrête pour retirer le caillou. Pas de caillou. Flûte, c'est le début d'une cloque. Après un peu moins de 7 heures de course, voici le col de la Leisse, point culminant du trail avec ses 2740m. Je ne vois plus les multiples névés encore présents il y a deux ans.

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Arrive une partie un peu casse pattes avec beaucoup de rocaille, des petites montées alternent aux descentes courtes et techniques. Deux randonneuses ont préparé un petit ravitaillement sauvage. Super sympa.

                La descente vers le refuge de la Leisse est magnifique avec ses petits lacs. On y rencontre un peu moins de monde.

 

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                                               (Les lacs et glaciers de la Vanoise après le col de la Leisse)

 

Petit détour par le refuge pour un dernier ravitaillement. Je fais le plein en eau pour zapper celui du refuge de la vanoise. Coca, chocolat. L'accueil est toujours sympathique. Et la descente continue dans le vallon isolé de la Leisse. C'est sauvage et magnifique. Ca va plutôt bien. Confiant pour moins de dix heures. Le pied picote un peu plus régulièrement.

Je commence à apercevoir des concurrents et me rapproche petit à petit. Je bats mon record de distance.

 

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                               (Le vallon de la Leisse vu depuis la montée vers le col de la Vanoise)

 

                On retrouve les randonneurs en arrivant au pont de Croevie. Une belle montée courte mais raide nous attend. La marche est assez rapide et me permet de dépasser les deux trailers que j'avais en point de mire. Je commence à être naze, mais apparemment moins que ceux qui sont autour de moi. Dans le long faux plat qui me mène au col et refuge de la Vanoise le pied me fait de plus en plus mal, mais ne me gêne pas vraiment pour courir. Je rejoins une dernière fois Damien qui récupère pour bien descendre ensuite. Les nombreux randonneurs nous encouragent encore et toujours. Ca remotive en cette fin de course. Toujours des paysages magnifiques.

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                                                           (Vers le col de la Vanoise)

 

Comme pour le col du Palet, j'ai l'impression que ce col de la Vanoise (2517m) recule. Il arrive ou pas ??

Le voilà enfin après 8h55 de course. Les premiers sont arrivés depuis longtemps. Un peu d'eau, je range les bâtons, téléphone à ma chérie pour prévenir de mon arrivée imminente (?). Je prévois 40 minutes pour rejoindre Pralognan, on ne s'entend pas bien mais je pense qu'elle a compris. J'ai hâte de revoir mes deux bouts de chou.

                Je lâche tout dans cette descente et donc prends moins de photos. Je me trompe une première fois avant le lac aux vaches, croyant avoir raté le chemin. Je ne perds pas beaucoup de temps, mais ça montre surtout une baisse de la lucidité car le chemin était on ne peut mieux tracé. Nouvelle photo au lac. Petit sourire crispé, puis on continue.

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                (Le lac aux vaches avec peu d'eau)                                      

 

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  (La grande Casse en toile de fond)- photo PHOTOGONE

 

Je vais faire la suite de la descente avec Emmanuel Lang que je distance sur les parties un peu moins raides et qui me rejoins lorsque c'est plus pentu. Les cuisses commencent à chauffer mais le rythme reste soutenu. Je prends une seconde fois un mauvais chemin mais je suis rappelé par un autre trailer. Merci l'ami. Nous nous relayons mais je sens que je suis à la limite de mes capacités en terme de descente dans cet état de fatigue. Je trébuche régulièrement. Emmanuel m'attend, mais je lui dis de terminer à son rythme car il va plus vite lorsque c'est plus technique. Je suis à 62km à mon GPS et la station me paraît encore loin. 1,5km de plus sur cette distance c'est pas grand chose, mais après 9h30 de course c'est usant. Je passe la première féminine un peu avant l'entrée dans Pralognan. Puis cherche du regard ma chérie et les deux loulous. Chouette, les voilà. Je prends Oscar par la main pour finir à deux, il trébuche, je le prends dans les bras. Quel bonheur cette ligne d'arrivée!! J'arrive en même temps que Sylvie Negro, accompagnée elle aussi de ses enfants. 9h36min et 40 secondes, 15e ex æquo, en « bon état général ». L'objectif est largement atteint. C'est à ce moment que je sens les cuisses qui picotent aussi. J'ai attrapé un sacré coup de soleil, et même deux mois après j'en ai encore les traces. Le soleil était heureusement bien présent mais a été largement supportable du fait de l'altitude peut être.

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Pas le temps de prendre le repas compris dans l'inscription et surtout pas envie de manger quoi que ce soit, au contraire. Pourtant le concept de pouvoir choisir son resto était sympa. Tant pis pour moi;

               

                Ce fut donc une merveilleuse journée sur ce trail exceptionnel (cf début de CR). L'organisation est au top avec des bénévoles toujours aux petits soins, un parcours vraiment MAGNIFIQUE. Je le conseille donc à tous les trailers même si au bout du compte il est assez exigeant puisqu'il y a eu 138 partants et 100 arrivants.

                BRAVO et MERCI à tous.

 

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                                               (C'est pas une blague, on en fait bien le tour)

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3 commentaires

Commentaire de Jack posté le 24-10-2009 à 17:25:00

Sympa ce trail, ainsi que le CR.
Peu de participant, fin août étant phagocyté par l'UTMB (enfin la CCC pour moi), mais ça peut être aussi un avantage.
L'an prochain peut-être ?

Merci encore pour le CR

Jacks

Commentaire de randoaski posté le 04-11-2009 à 15:34:00

Joli récit et superbes photos. Après des vacances à Pralognan l'an dernier je viens de trouver mon objectif de l'été: ce sera cette magnifique course qu'est le Tour de la Grande Casse.
Bravo pour ta course et encore merci pour le CR.

Commentaire de gdraid posté le 13-04-2010 à 15:20:00

Super récit, super photos !
Bravo pour ta perf !
et bon anniversaire TOM TOM !
JC

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