Récit de la course : Trail des Alpes Maritimes - 58 km 2009, par didstzach83

L'auteur : didstzach83

La course : Trail des Alpes Maritimes - 58 km

Date : 27/9/2009

Lieu : Menton (Alpes-Maritimes)

Affichage : 2374 vues

Distance : 58km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Aller au bout quoiqu'il arrive...

Je m'étais donné, quoiqu'il arrive de finir. Pour me prouver que je pourrais y arriver, malgré l'accident de vélo qui laisse encore des traces. Alors à 08 heures moins 5 , lorque le responsable rappelle aux 85 participants dont une seule féminine, les consignes de ce trail très spécial, je me dis que ça va être galère. 85 répartis sur 53 kms....

à 08 heures 04, après avoir badgé c'est le départ. Et ils sont pressés, tout le monde court, alors on court....

L'échauffement se fait en montée à plus de 1700 mètres, la piste est agréable , on peut courir. Puis au sommet au bout de 20 minutes, c'est la bascule, toujours en courant . Et puis stop le premier mur, 40 minutes d'effort à la queue leu leu. On goutte à grandes eaux.

Il fait déjà beaucoup chaud. Au sommet, c'est la surprise , il est 09 heures 15, et c'est la fournaise plein sud. La descente très technique dans un torrent ne permet pas de récupérer. Je transpire à grosses gouttes. A Moulinet, on profite d'un regroupement pour discuter, mais blaguant, on se perd. Demi-tour, on a rallongé de huit cents mètres ; puis le premier controle et la deuxième montée qui surplombe Sospel. Longue, avec des changements de rythme, de pourcentage, on court trois cents mètres pour ne pas perdre de temps et on remonte. Les bâtons sont de sortie, moi j'ai fait l'impasse, pas assez entraîné. En trois heures on est au sommet, et le camel bag est vide, 1,5 litre n'a pas suffi. La descente sur Sospel est longue. Pointage à 3 heures 23. Pour faire 24 kms. Roselyne est là, inquiète , elle me laisse tranquille. Les gars, pour la plupart sont assis à l'ombre. Moi je reste debout car si je m'assoies, je repars pas. La chaleur, le manque d'eau ont anéanti beaucoup d'espoir. Les gars se regardent et ne repartent pas, trop dur, trop chaud . Mon compagnon des premières heures préfère trainer un peu pour repartir. Alors je repars la tête dans les épaules . ça va être très long...

J'arrive à courir pendant quelques kilomètres, le tour du massif est long . Heureusement le chemin est carrossable. Puis le second ravito au 32eme km. J'ai une ampoule au talon droit qui gonfle à vue d'oeil. J'enlève la chaussette espérant chasser un caillou, non, juste le pli de la chaussette, mais le mal est fait. Je me rechausse sans regarder l'état du talon. Je refais le plein, et je badge. Les coureurs demandent comment retouner à Sospel par le plus court chemin pour abandonner. Je pars quand même dans la longue montée. Espérant dans les lacets voir un coureur arriver dans mon dos. Non, pire encore je croise un coureur qui descend. T'arrêtes ?, seul échange de mots. 

J'ai énormément soif, je fais que boire. Je vois le sommet là-haut et je me dis qu'à chaque talus on va basculer sur la descente. Je cherche des yeux la rubalise, seul repère autorisé dans le Mercantour. SFR se rappelle à moi, vous passez en réseau europe. Ouais merci, dans cette galère, je constate qu'ils ne m'ont pas oublié. Après chaque rocher je cherche la rubalise toujours plus haut. Et ainsi de suite.. Au sommet un chemin, je cours car j'ai envie de courir. Puis un bénévole, montagnard est là, pour que je badge. Le ravito est loin, plus de 5kms. J'ai plus d'eau, j'ai énormément soif. Alors il faut gérer, à l'ombre, je cours, au soleil je marche. Le chemin se fait beau, je cours doucement, difficile, je marche. Encore un bénévole , faut badger, je suis rendu à 7 heures 15 de course, et toujours pas d'eau. Dans combien de temps, 50 minutes. Tout est élastique ici, les kilomètres, le temps. On est dans une autre dimension. Puis un autre bénévole, à nouveau badger. L'eau dans deux kilomètres après le col. La vue est magnifique, on voit tous les massifs, mais je ne profite pas . Je suis seul depuis longtemps déjà. Et puis tout à coup, un coureur est là, allongé par terre sur le dos. Je ne le vois qu'au dernier moment. ça va, "je ne suis pas blessé, juste fatigué, j'ai besoin de me reposer". Je reste avec toi, j'ai plus d'eau, on rentre ensemble. Non prends un peu d'eau et vas-y. Je bois deux gorgées et j'y vais. Je regarde le chrono comme repère. J'appelle Roselyne, lui demandant de rassurer tout le monde. Il faut que j'arrive au ravito, je ne sais pas où il est.

Il est là dans la descente. Il y a déjà bien longtemps qu'il n'y a plus coca ni eau gazeuse. Alors je refais le plein d'eau. Je mange des TUC, des TUC. Et je bois. J'explique le coureur allongé, sa description. Le bénévole ne peut pas bouger. "Le coureur balai va le récupérer! seule réponse...Et puis je le vois arriver au loin. Je l'attends pour rentrer ensemble. Il pose la mauvais question. Combien 12 kms dont 3 kms de mur. Alors il abandonne . Je pars seul. Vingt cinq minutes pour arriver au sommet et enfin basculer sur Menton. La vue est magnifique. Mais le chemin c'est un torrent. Alors tant pis pour le chrono, je marche. J'appelle Roselyne. ça crie, t'es pas resté au véhicule , au ravito, t'es fou, mais t'en as pour plus d'une heure trente. Trop tard j'ai déjà bascule à descendre.

La pente est moins dure, alors je cours, je fais que boire. Encore un controle, je badge, encore 5 kms. Je cours encore autour de Menton. On passe sous l'autoroute, dans un passage d'égout asséché. Bonjour l'odeur. Je rattrape un concurent qui marche. ça fait plaisir de parler un peu. Il boite, il n'est pas bien. Alors on reste ensemble. Les escaliers dans le vieux Menton font mal.

Viens on court, les gens eux marchent, nous on est des coureurs, on en rigole. Alors il repart et on finit en courant. Par respect je le laisse finir devant moi, il me dit juste Merci, ça suffit pour aujourd'hui. Il nous reste à badger deux fois et c'est fini....

85 partants, je finis 54 eme, 57 arrivants. Je l'ai fait, je ne reviens plus là faire cette course. J'ai marqué le Point qui me donne accès à la course du Montblanc août 2010. Je ferais à la SaintéLyon pour confirmer...

 

2 commentaires

Commentaire de seapen posté le 06-10-2009 à 15:36:00

Bonjour Didstzach83. Passionnant ton récit. j'ai accroché dès le début et n'ai pas lâcher jusqu'à la fin. Lecture tout en tension à l'image de ce que tu as dû vivre lors de ce trail. Bravo en tout cas. Salutations sportives.

Commentaire de filipe68 posté le 08-10-2009 à 14:46:00

Beau récit, et belle démonstration de courage et de volonté
bravo.

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