Récit de la course : Grand Raid de Nouvelle Calédonie 2009, par bibiche

L'auteur : bibiche

La course : Grand Raid de Nouvelle Calédonie

Date : 12/9/2009

Lieu : Dumbea (Nouvelle-Calédonie)

Affichage : 607 vues

Distance : 107km

Objectif : Pas d'objectif

4 commentaires

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Le récit

Le grand raid de la Nouvelle Calédonie
ou comment découvrir de la plus belle manière une région
c'est-à-dire à pied
107 km 4800 D+ 4800 D- sur le GR1 NC
déjà j'avais repéré cette course dès son annonce
mais la vie professionnelle et des pépins de santé m'avait écarté cette idée de la tête
j'arrive à reprendre en douceur un entraînement mi-juillet avec 4 trails  d'environ 20 km
entre le 18 juillet et le 5 septembre, quelques randonnées
l'envie, l'équilibre sont revenues
n'ayant pas vraiment d'objectif, je décide le 20 août de m'inscrire sur le grand raid
dont le départ sera donné le samedi 12 septembre 2009
Et nous y voilà le vendredi 11 septembre au soir
comme tout rituel de coureur, je prépare mon sac attentivement avec la liste de matos obligatoire
- couverture de survie
- lampe frontale
- strapping
- pansements
- briquet
- sifflet
- veste imperméable
et bien sûr la réserve d'eau ( avec quelques g de fructose) et les barres, noix de cajou
la course est en semi-autonomie : six ravitos (le temps peut être long entre chaque)
lever samedi 3h départ de la course prévu à 5h
2 sandwichs au jambon avalés, les derniers préparatifs, un bisou à la copine et c'est parti
en voiture pour rejoindre le point de départ
je pansais récupérer mon départ sur place
malheureusement, l'organisation n'avait pas reçu mon inscription
vive la poste ....
après âpres discussion, je récupère le dossard d'un non-partant.
un bon coup de stress
je fais checker le sac et rejoins la ligne de départ 200 m plus haut
il est 5h15, il a plu toute la nuit, mais la pluie commence à se calmer
sur la ligne du beau monde avec Dawa, Karine Herry, Widdy Greggo, ..
Je suis content d'être au milieu de ce peloton et compte faire honneur
à mon dossard
le départ est lancé sur les 4 premiers kms roulants sur une ancienne piste minière
avec quelques faux plats montants
je me place aux avants postes avec karine et quelques leaders néo-calédoniens
et me cale à leur rythme
chacun est déjà concentré sur sa course, on parle très peu
au pied de la première ascension (700 m en 3-4 km), je laisse partir mon groupe
pour enlever une bulle d'air dans mon tuyau et surtout avoir mon propre rythme
en marche rapide
la course ne fait que de commencer dans ce petit chemin serpentant le maquis minier
en se retournant, je vois les gorges se dessiner
L'allure est régulière pour s'approcher du sommet dissimulé dans le brouillard
Nous arrivons sur le plateau quasi-désertique puisqu'il y a quand même deux valeureuses
bénévoles qui nous pointent et nous orientent
S'ensuit un faux plat montant où je peux recourir puis la descente
et là je fais jouer l'expérience
et pourtant dieu sait que je suis encore jeune
mais déjà un trail de 100 bornes dans les pattes
du coup au moment d'entamer ma descente je m'efforce d'être souple et de ne donner
aucun accoup
comme dit le proverbe "qui veut voyager loin, ménage sa monture"
Le terrain est un peu glissant avec les plaques de latérites (roches contenant du fer)
je suis tout seul et je rejoins la forêt dans laquelle nous traversons successivement
plusieurs rivières dont le débit est important suite aux dernières pluies.
Cette courte descente permet de récupérer avant la deuxième ascension 600m D+
Là aussi pas question de s'épuiser : marche rapide en faisant monter un peu le cardio
Il est 7h40 quand j'arrive à ce deuxième sommet : fin du 1er tronçon 14,7 km 1er ravito dans un refuge
La descente s'avère boueuse et glissante au milieu des souches et des rochers posés ou plutôt jetés
Les cuisses encaissent les marches d'escaliers, je laisse passer les rares concurrents me dépassant
Cette deuxième portion est très longue 20 km et piège
J'arrive au niveau des Cornes du diable où deux gros affluents se rejoignent
Une corde et des bénévoles nous attendent pour traverser
le débit est important et l'eau atteint la poitrine par endroits
La suite est plus roulante car nous rejoignons des pistes de latérites certes un peu glissantes
ce n'est pas le moment d'allonger la foulée mais plutôt de récupérer
donc allure footing souple avec quelques supporters dont un collègue prof
J'arrive peu avant 11h au ravitaillement soit près de 3h en autonomie, j'imagine les derniers concurrents
je recharge le camel, blague avec les bénévoles, me restaure et me prépare à repartir sur la 3ème portion
Une belle ascension de 600m nous attend : j'adopte la marche rapide sous le soleil
et oui ce petit malin pointe le bout de son nez
bon ben il n'y a plus qu'à sortir les lunettes du sac
Le GR est bien aménagé au sommet avec des marches en bois
La bascule se fait en douceur sur des pistes de mousses
quel plaisir de courir sur ces petits coussins d'air
progressivement dans la descente, le paysage évolue devient moins dense
la garrigue, le maquis puis la savane
le bas de la pente se présente à nous ainsi que de larges pistes pour les camions miniers
un moment de la course moins bien : les jambes un peu dures, le soleil tapant
un décor rouge avec la rouille du fer, une longue ligne droite.
Elle nous amène à la fin du 3ème section
Le ravito n'est pas au bord de la piste, ni en contre-bas mais en contre-haut lol
Je reconnais une bénévole, habituée des raids du nord
ça discute un peu, ça mange, ça boit et on aperçoit sur une ligne de crête Karine Herry passer
bon ben au moins je sais ce qui m'attend dans les 5 prochains km
Je repars donc pour un petit km de piste avant d'attaquer la montée de 840 m
NB je vous donne les chiffres après coup car moi je ne le savais pas
j'ai pris le parcours tel quel vive les découvertes !!
L'ascension se fait en deux temps avec un plateau au milieu qui me permet et de revenir sur deux concurrentes
Les jambes sont revenues et j'en profite un chouilla sans trop se griller
LA deuxième partie de l'ascension se fait dans un paysage quasi-lunaire (style Mt Ventoux)
Je vois deux concurrents un peu devant mais je ne veux pas m'emballer
on doit être à la moitié de la course et il est 14h45
donc no worry be happy
je bascule enfin au sommet au milieu de ces roches volcaniques parmi lesquelles nos pieds
voudraient bien se poser
finalement ce ne sera qu'un km environ de galère car je retrouve très vite un single-track
et en plus j'aperçois un bâtiment au loin
La pente est douce donc récupératrice
J'arrive à ce fameux bâtiment où une équipe de bénévoles nous pointent
quelle déception quand ils m'annoncent le ravito à 4-5km
enfin bon ça sera le 67ème km il ne restera plus qu'un marathon en gros lol
Des cornes du diable jusqu'ici nous étions dans le parc de la rivière bleue
connue pour les oiseaux (cagou, notou) et sa forêt noyée suite au barrage
La sortie est une longue ligne droite au bord de la route
qu'est-ce qu'on a envie d'en finir ...
Je traverse la route et la bénévole m'annonce 2km avant le prochain ravito
le terrain est plat et le sentier zigzague au milieu des pinèdes
je suis à allure souple mais les jambes sont lourdes
j'arrive à 16h20 au 67ème km après 11h de course
je ne pensais pas être aussi bien
on m'annonce 6° car il y a eu des abandons en tête
du fromage des tucs de la pâte d'amande, des barres de céréales
le plein du camel et c'est reparti avec les applaudissements des spectateurs
Ce ravito était le pont de relais pour les équipes
Par chance, une femme en équipe part juste devant moi
elle est un peu plus fraîche
Elle me tire donc dans la montée de 400m qui suit le ravito
heureusement que je n'ai pas pris le cardio car il aurait sonné souvent ...
Dans la descente, je la vois partir rapidement donc je la laisse s'envoler
QUelques cailloux rendent la portion technique mais rien de dangereux
Au bas, le plat me permet de revenir sur l'équipière et de discuter un peu
ce qui fait du bien car j'ai croisé peu de concurrents
et peu ont accepté de parler
Un marais se dessine devant nous et le sentier serpent au milieu de celui-ci
sur les ponts en bois ou les dalles de pierres volcaniques
La pente commence à remonter : une nouvelle ascension de 300 m s'annonce
Pour préserver mes jambes, je fais monter le cardio en marche rapide
Il est 17h30, la nuit s'approche
je prépare la frontale sur la tête
2km de montée régulière nous emmène au col débouchant sur la descente
Au loin j'aperçois des lumières sûrement celles du refuge
La piste est roulante malgré quelques passages en dévers
j'allonge la foulée prudemment car nous arrivons au 80° km
1 km dans la forêt et nous débouchons sur le refuge où les bénévoles et l'organisatrice nous attendent
je me sens bien tant mieux
l'organisatrice m'encourage et me pousse à rattraper ceux de devant pas loin et pas bien
j'essaie de rester concentré sur ma course
mais une partie de moi veut tenter ce pari audacieux
la fougue de la jeunesse me direz-vous
le plaisir vous répondrai-je
Je repars donc avec la nuit, la frontale tente d'éclairer
La vigilance est énorme entre mes pieds qui doivent éviter les trous et mes yeux qui
doivent repérer les rubalises
Une bonne ascension sèche de 600 m
quelques bourrasques de vent se lèvent
Celle-ci sera à la fois courte et difficile et oui; car la plupart du temps ce sont des marches d'escaliers
je contemple le ciel étoilé : je suis en pleine nature loin de toutes les lumières urbaines
La montée se passe bien : je relance sur les quelques plats et descentes
J'arrive sur le plateau du sommet où un groupe de supporters crie, nous encourage et nous éclaire sur le début de la descente
Cette descente est glissante plein de petits creux dans lesquels ma cheville s'est foulée plusieurs fois
J'ai tellement crié fort qu'ils m'ont entendu 1km plus loin au ravito
J'aperçois donc les lumières de ce ravito
Oh une traversée de rivière, j'éclaire pour mieux choisir le chemin
Il est 20h20 il ne reste que 18km, la satisfaction est déjà là
un bon ravitaillement et je repars confiant peut être trop
Une petit colline (200m) nous attend avant la descente finale
C'est une large piste minière donc je trace tout droit
Au bout d'un moment je m'aperçois de l'absence de rubalises à un carrefour
je teste les deux possibilités que nenni
je reviens un peu en arrière dégouté et je retrouve l'équipière elle aussi perdue lol
finalement nous apercevons le sentier que nous aurions dû prendre à gauche en montant
25min perdues ;(
en fait la rubalise s'est enroulée avec le vent autour des branches
je la replace donc autrement pour aider les autres concurrents
Enervé je me lance dans la descente et ce serà là ma principale erreur
Nous traversons une route et on m'annonce l'arrivée à 9km : cool
je continue à un bon rythme
à un croisement je ralentis pour trouver les rubalises finalement à gauche
toute cette portion est roulante en faux-plat descendant
Je me fais une belle frayeur en chutant
et puis 1km plus loin, je n'arrive plus à courir je ne peux plus appuyer sur l'avant
je marche calmement
Je traverse une rivière avec deux autres concurrents guidés par la torche d'une bénévole
il ne reste plus que 5 km, je pars devant, mes collègues changent de chaussette
malheureusement, la piste est tellement large que je ne vois pas le sentier partir sur le flanc droit
donc rebelote et la fatigue me gagne je m'assois et me repose 5min
en redescendant je croise un autre concurrent égaré
J'entends la mer, signe d'arrivée de plus en plus proche
je marche car j'ai une grosse contusion au dessus de la cheville
je me trouve un bâton de berger pour m'aider
et finit au mental me rappelant les footings avec 8kg dans le sac qui furent si pénibles
Dimanche 1h du matin, le bruit du groupe électrogène, les lumières me font ouvrir grand les yeux
Arrivée au bout de 107 km et 19h42 d'effort      14° au scratch
Je me dirige vers le médecin pour examiner ma cheville
rien de grave mais un bon choc
Je reviens sur la ligne d'arrivée pour récupérer mon diplôme et mon TS finisher
le lieu est très intimiste : l'organisatrice, le jury, 4_5 bénévoles, quelques concurrents déjà arrivés
J'en profite pour discuter, féliciter les arrivants, attendre une amie
et finalement à 4h du matin je rejoins la tente de l'armée où sont installés des lits pico
pour 2-3h de sommeil
La dernière arrive à 12h : bravo à elle 31h d'effort
au final 72 arrivants sur 125 inscrits
Pour ma part, bilan à 90% positif pour les paysages et ma course
des leçons à tirer pour les prochaines courses
et déjà une pensée pour le grand raid de la réunion

pour les photos j'en ai pris quelques unes avant que l'appareil ne prenne la flotte

mais pour avoir une idée du parcours voici l'adresse du site organisateur grand raid

 

bonne chance pour vos prochaines courses les kikous
tata de Nouvelle Calédonie






4 commentaires

Commentaire de millénium posté le 17-09-2009 à 06:19:00

quel bonheur d'avoir de tes nouvelles sur une course !!!
Tu nous manques l'ami !!!!
Je crois que tu viens en fin d'année en métropole : On t'attends !
bravo pour ta course

Commentaire de chanthy posté le 17-09-2009 à 11:43:00

bravoo pour ta course
et quel courage....
si tu pouvais mettre des photos, j'aimerais voir la NC :).
bonne continuation

Commentaire de Mamanpat posté le 21-09-2009 à 13:23:00

Et ben ! Quand tu vas nous revenir, il faudra compter sur le grand Bibiche !
Bravo et ravie de te lire !

Commentaire de vial posté le 25-11-2009 à 17:26:00

Fais nous encore rêver d'autres cieux
mais fais gaffe ou tu mets les pieds
les courses à dominante bitume ne semblent pas être majoritaires
michel

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