Récit de la course : Trail du Mont Guillestre 2009, par raspoutine 05

L'auteur : raspoutine 05

La course : Trail du Mont Guillestre

Date : 13/9/2009

Lieu : Guillestre (Hautes-Alpes)

Affichage : 1993 vues

Distance : 40km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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"Car tel est mon bon plaisir"

« Si vous vous demandez comment clôturer une saison de trail bien remplie, allez donc jeter un coup d’œil à Guillestre, il y a une course, là-bas.» On dirait presque de la publicité ! Mais il est vrai que ce trail de la mi-septembre ne peut que ravir pour ceux qui aiment en avoir « plein les yeux » et puis, - qui sait ?- veulent se lancer une ultime petite pointe de défi. Ainsi, les sommets des montagnes arpentées vont se révéler de tout premier choix. La multiplicité des terrains en montée comme en descente ravira les amateurs de technique. Voyez plutôt.

 

Curieusement, pour moi, le début de l’histoire de ce trail remonte à l’an passé. Guillestre était le premier trail de taille « marathon » que je réalisais à la montagne. En fait sa distance est d’un peu plus de 40 km pour près de 2400 m de montée et on monte à plus de 2700 m. d’altitude, détail qui aura son importance. Auparavant, je me limitais à des « semi-trails ». Une grande marche franchie à l’issue de la saison, donc. Reste à savoir si c’était le bon endroit pour ce genre de grand écart entre les distances. Avec le recul, j’ai pu constater que Guillestre s’avérait un morceau délicat à digérer par son caractère exigeant en termes d’efforts et de technique demandés.  En terme de courses intermédiaires entre semi et marathon, il y a pourtant le choix. Pour ma part, j’ai connu depuis l’an passé la petite « Merell » de Serre Chevalier (30km pour 900 m de dénivelée) ou même le marathon du Mont blanc plus roulant, et surtout qui évite l’ultime descente, celle où on « achève de se faire mal». L’embarras du choix, donc. En cette époque de passage de l’été à l’automne, la limite pluie/neige avait chuté 3000 m à 2000 m. au cours de la nuit. Autrement dit, pour l’édition 2008, on allait courir en partie dans la neige. Dépaysement garanti !!!  Du « Trail Blanc »  avant Noël ! Contagion définitive !!! Du coup, je recherchais de nouvelles courses durant l’hiver (le Trail Blanc de Serre Chevalier et le Mont Ventoux), histoire de pouvoir à nouveau courir dans la neige.

 

Il convient donc de savoir que la météo peut se révéler capricieuse en cette époque de l’année...

Toutefois, cette année, les conditions de course allaient s’avérer autrement plus clémentes.

 

Dimanche matin à 8 heures, une petite quarantaine de trailers se lancent depuis Guillestre. Le ciel est dégagé, le soleil n’a pas encore fait son apparition et on n’est pas franchement réchauffés au moment du départ. La journée verra les nuages apparaître; des conditions idéales de courses, donc, on n’aime pas trop non plus les fortes chaleurs. Les coureurs du semi se lanceront, eux à 8 heures 30 (à ce sujet, un petit film très sympa a été réalisé par un vidéaste, ça vaut le coup d’œil). Pas grand monde debout dans Guillestre, ce matin. On attaque au travers de la ville la montée, histoire de nous « mettre en jambes ». Les plus véloces auront pris soin de s’échauffer avant de partir. D’autres ajustent les bâtons (on y a droit) sur leur camelback.

Le trail représente une énorme boucle aplatie qui, dans sa première partie, nous dirige vers Ceillac en passant essentiellement par des sentiers forestiers assez roulant. La seconde partie, le retour vers Guillestre, nous enverra vers les sommets avant de plonger à nouveau sur Guillestre.

Très rapidement, nous contournons le « Pain de Sucre » de Guillestre, une petite colline surplombant la ville. L’an passé, nous l’avions escaladé au retour, un ultime effort, un ultime défi pour se relancer et une pointe de panache qui nous faisait considérer une dernière fois la ville d’en haut avant de franchir l’arrivée. Pour cette année, un prudent détour par la droite et une pointe de regret, donc.

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Alors que le soleil fait enfin son apparition, nous entamons la montée à travers les chemins forestiers qui vont nous permettre de découvrir la vallée du Guil à flanc de montagne. Cette première partie nous entraînera sur une alternance de chemins relativement plats et carrossables, alternant avec des montées plus sévères qui nous font franchir des paliers. Ainsi, pour l’un d’entre eux, les bâtons seront les bienvenus. Près de 250 m. auront été franchis en un seul palier bien raide et peu apprécié des coureurs; bonne entrée en matière. Ainsi, au bout de 6 km et environ 500m de montée, pouvons-nous déjà prendre le temps d’admirer depuis le chemin cette vallée que l’on remonte à flanc de montagne. 

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Suivant notre orientation, on a également le loisir de contempler le but de notre trail, le Pic d’Escreins que l’on va vraiment approcher de tout près, ainsi que les crêtes qu’on arpentera. Ça a l’air si loin et si près à la fois et ça vous attire... Je me trouve dans un « faux rythme prudent ». Mais on se sent bien, on cause entre nous, on profite de l’endroit, le plus dur n’est pas encore là.

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 vue vers le pic d'Escreins...

 

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 vue vers le nord...

 

Mais, pour l’heure, il s’agît de plonger vers Ceillac. Ne loupons pas la descente qui nous fait quitter le chemin forestier, un peu reposant, il est vrai. Les rubalises sont rares, on nous avait prévenus, nous nous trouvons dans une réserve, tout doit rester propre... alors pas de tags au sol...  Aux endroits stratégiques, des personnes seront cependant présentes. J’ai quand même trouvé le moyen de louper des tournants et de me « perdre » à deux reprises, par manque de concentration. J’ai eu l’occasion de courir ou de marcher sur le trajet du trail à quatre reprises, pas moins. Alors, tu causes en courant, tu écoutes le briefing d’une seule oreille et tu loupes les modifications... Bref, je n’avais même pas l’excuse d’être perdu, la montagne, je la connaissais plutôt pas mal dans le coin... C’est tant pis pour moi. A chaque fois, j’aurai perdu du temps (un quart d’heure ?).

 

Personnellement, je n’avais pas l’excuse, c’est dit. Toutefois, compte tenu de la difficulté du trajet,

on a franchement tendance à regarder à nos pieds plutôt que dans les airs.

On ne voit donc pas forcément tout du premier coup d’œil quand c’est franchement accidenté...

 

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Ce petit chemin perpendiculaire qui longe un torrent s’avèrera carrément glissant et c’est le moment de ressortir les bâtons, cette fois en descendant. J’ignore si mon style est très académique de descendre ainsi, par contre, cela m’aide vraiment. Je retrouve les mêmes sensations à skis lorsque je tourne autour de mes bâtons. On ne fait pas d’excès de vitesse avec cette technique...

 

Bifurcation vers la droite et petit pont de bois en mauvais état qui nous redirige à nouveau vers Ceillac. La descente se poursuivra à travers des lacets aménagés...  J’entends des « Chic ! » autour de moi...Ou bien est-ce moi qui parle à voix haute?

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On trouvera aussi des sentiers un peu éboulés, réaménagés, surplombant des endroits dangereux.

Il convient de rester concentré car c’est assez dangereux.

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Assez vite, on arrivera au dessus de Ceillac et sa vallée glacière,

ce qui nous permettra de nous y rendre avec la possibilité

de dérouler un peu notre foulée sur un peu plus d’un km avant d’attaquer la seconde partie, la GROSSE partie.

Pour l’heure on en profite.

 

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Voici le ravitaillement de Ceillac après deux heures 20mn de course et 800m de montée.

Mince, j’avais prévu deux heures.

20 mn de perdues à planer ; Raspoutine dira que c’est le manque de balises...

 

Heureusement, plus moyen de se perdre sur la seconde partie.

Au ravitaillement, on m’annonce ma position, je suis vingtième.

Ça ne changera plus d’ici la fin de la course. Je rattraperai des trailers en montant,

ils me dépasseront à leur tour dans la descente.

 

A présent, le chemin de l’ascension vers le Belvédère, un point de vue imprenable au dessus de Ceillac et qui porte bien son nom. Aïe ! Modification de trajet et nouvelles hésitations mais cependant de courte durée, je ne connais que deux façons d’y parvenir depuis Ceillac. Par contre, le chemin emprunté cette année me semble le plus pentu et accidenté.

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Alors, on ressort les bâtons et on se concentre sur la marche. Beaucoup de travail au cours de l’année pour préparer la marche. J’ai le sentiment, à présent de mieux y arriver. Les premiers trails de l’an passé me faisaient terminer littéralement à genoux à cause, notamment de ce manque d’entraînement à la marche.

 

L’arrivée au Belvédère est aussi le franchissement de la seconde étape de montée, encore 500 m gravis (on peut dire qu’il y a trois grands paliers de montée en tout). Le chrono indique 2 heures 50, soit 30 mn de montée, bon. C’est également la sortie de la zone forestière qui nous limitait quelque peu la vue et la réorientation plein sud va nous permettre de découvrir les sommets revendiqués par tous les trailers engagés.

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C’était enfin la limite où la neige tenait l’an passé.

Aussi, Raspoutine ne résiste pas à l’envie de vous montrer la même vue

depuis le Belvédère... prise un an auparavant.

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A mesure que nous progressons à flan de montagne,

notre but se découvre peu à peu... Eh oui.

On plonge un peu et on regrimpe à nouveau.

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Raspoutine ne peut se retenir de vous proposer le même endroit vu sous les premières neiges.

C’est quand même bien d’embarquer des appareils photos

(Cette photo était devenue pour un temps le fond d’écran de l’ordinateur de Raspoutine...).

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S’en suit une accalmie relative en terme d’ascension, on va même redescendre un peu pour se diriger le Vallon des Pelouses, où se trouve une cabane de Berger et le second point de ravitaillement. Il s’agit cependant d’une portion relativement accidentée et où le danger se révèle sournoisement par une alternance de rochers glissants à escalader ou descendre. Bien regarder à ses pieds, donc, on peut tomber très bas.

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Ces endroits dangereux étaient bien sûr surveillés de près par les personnes bénévoles de la course. Oui, mais l’an passé ? C’était en partie couvert de neige et glissant... Alors, Raspoutine ressort de ses cartons cette photo et en profite pour remercier chaleureusement l’équipe de Guillestre qui avait pensé à tout et assure si bien la sécurité de chacun sur ce trail pas facile. Encore merci.

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Le trajet vers le vallon sera aussi émaillé d’une petite péripétie ma foi plutôt agréable.

On observe des supporters intrigués en contrebas du chemin

tandis qu’on entend au loin des bêlements de moutons...

 

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Très vite, il s’avère que le chemin est plus qu’encombré.

Alors, plus question de courir. On prend son temps,

histoire de ne pas effrayer les animaux et risquer d’en blesser un. Coup d’œil alentour...

et salut à la bergère qui se trouvait en contrebas.

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L’arrivée à la cabane est aussi le signal de départ de l’ultime ascension,

et quelle ascension !

Nous longerons la falaise sur la droite et grimperons

à travers une pente vraiment raide qui va nous entamer durablement.

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Cette montée nous propulsera en une seule marche

de près de trois cents mètres au dessus de la cabane.

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Les bâtons sont indispensables, la concentration est maximale, la fatigue se fait sentir. Je me dis que mon E.P.O. naturelle a disparu ; je montais cette portion plus aisément voici trois semaines.

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la montée vue d'en haut...

Arrivé sur la crête (une heure après le Belvédère), on observe le pic d’Escreins, désormais tout près. Je me couvre aussi un peu. J’en ai assez d’attraper froid bêtement (désormais, je n’oublie pas la leçon de la Plagne sur la 6000d). Là-haut, nous sommes attendus (pas étonnant) et on nous rappelle d’éviter la bordure de la falaise, le balisage est un peu en contrebas du sentier. Raspoutine vous propose la vue du vallon, justement depuis la falaise ; ça aurait été dommage, non ?

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On opérera un large arc de cercle qui nous rapprochera du sommet du pic d’Escreins tout en nous faisant traverser un pierrier qui pourrait s’avérer moins pénible si l’on n’avait autant de difficultés à récupérer de l’ascension depuis le vallon.

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Toutefois, à mesure que l’on progressera, le chemin jusqu’au point de bascule proche du sommet va se dessiner. La récompense est proche et puis quelle vue !

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Arrivé à quelques mètres du but (alt 2700m),

j’en profite pour faire la pose et craquer mon « coup de fouet ».

Toujours au même endroit, un coin porte-bonheur.

Bien m’en aura pris, je serai à l’aise jusqu’en bas et nous sommes pourtant encore loin de l’arrivée.

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Raspoutine nageant dans le bonheur, et en plus, il vient de se doper... 

 

 

Raspoutine retrouvera une ultime photo de l’an passé,

on ne voyait pas grand-chose mais, comme cette année,

nous étions attendus aux endroits stratégiques.

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Vient la descente vers Guillestre. Nous allons parcourir la crête du Cugulet sur quelques kilomètres jusqu’au mont Guillestre qui surplombe la ville. On ne la voit pas encore mais c’est droit devant ! Sur notre gauche, se trouve le val d’Escreins, une réserve dans le parc du Queyras et on dépasse le sentier descendant vers le refuge de la Basse Rua. Salut à mon compagnon d’ascension 1556, nous nous serons suivis un moment sur la crête et j’aurai pris beaucoup de plaisir à partager avec lui ce moment rare de course. Par la suite, je n’ai pu tenir son rythme de descente plus assuré que le mien. Rendez-vous sur une prochaine course.

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Parvenus à la hauteur du mont Guillestre, on peut observer la ville 1500 mètres en contrebas : eh oui, on n’est pas encore arrivé... La photo aura été prise sur la course de l’an passé. Je prends la grosse majorité de mes photos en courant et sans viser. Il y a des photos réussies comme il y a du déchet... Quant à la vue, elle est restée la même et je ne crois pas qu'elle change avant longtemps...

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La descente sera relativement prudente, je ne veux pas me faire mal, ni avoir de crampes et je modère mon allure dans un premier temps alors que la pente n’est pas trop difficile. 1500 mètres, il faut pouvoir les parcourir et je me trouve plus à présent dans des attitudes de trail long où j’entends gérer proprement mes efforts, à l’instar de ce que j’étais parvenu à réaliser lors de la 6000d.

 

L’atmosphère se réchauffera peu à peu, l’arrivée dans la forêt me décidera à me dévêtir à nouveau comme à redoubler de vigilance pour l’observation des balises (j’étais devenu méfiant) mais pas de changements.

On se retrouvera dans ces sentiers forestiers où seule prédomine la bonne descente. Technique par son côté pentu, moyennement accidentée mais surtout rendue assez glissante à cause des mélanges de pierres, pommes de pins racines et bois en tous genres que l’on retrouve dans les pinèdes... On l’attaque en rythme, les bâtons s’avèrent utiles pour s’engager en avant.

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Au cours de la descente,

je me ferai dépasser par une « fusée »

qui me renseignera sur la possibilité d’être suivi de près par d’autres trailers fougueux.

Je me décidais donc d’augmenter quelques peu le rythme

me sentant franchement bien pour terminer la course proprement.

 

Il faudra bien une heure de descente depuis le mont Guillestre pour s’approcher de la ville et commencer à rencontrer des randonneurs allant dans la direction inverse. On laissera le Pain de Sucre de côté (Snif! Je me sentais mieux que l’an passé pour l’escalader).

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Du coup, le chemin jusqu’à l’arrivée finale nous permettra d’allonger quelques peu la foulée ; bien agréable en cette fin de course...

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Je franchirai la ligne d’arrivée au bout de 6h25 de course avec le sentiment d’avoir réalisé une course propre à défaut d’avoir été très rapide. Pour tout dire, j’aurais bien fait encore un paquet de kilomètres. Chic ! De la bière ! Sans tarder, après m’être étiré et restauré, je fonçais vers l’eau de la Durance, histoire de faire trempette pour récupérer des efforts de la journée et de me détendre. Effet stimulant et revigorant garanti ! Inventaire médical de fin de course : aucun bobo !

 

En conclusion, j’ai le sentiment d’achever ma saison de trail par celui que je considère comme le plus beau de tous parmi ceux que je connais. En définitive, un trail certes peu aisé, mais qui gagnerait vraiment à être un peu plus fréquenté ne serait-ce que par la beauté des images que l’on en conserve dans sa tête.

 

Encore merci à tout Guillestre pour sa course si réussie... On remet çà l’an prochain, c’est promis !

 

Un récit dédié à tous les amis triathlètes

qui m’auront soutenu par leurs encouragements au cours de l’année.

L’envie de progresser, c’est d’abord à eux que je le dois...

 

                                                                                Raspoutine

2 commentaires

Commentaire de Claudius posté le 16-09-2009 à 20:02:00

merci pour ce récit ,ca donnes envie de faire ce trail.

Commentaire de jean-chris05 posté le 17-09-2009 à 18:22:00

Beau récit et belles images qui me font regretter mon absence à Guillestre cette année. Rendez-vous en 2010...

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