Récit de la course : Trail du bout du monde - 36 km 2009, par Guiom

L'auteur : Guiom

La course : Trail du bout du monde - 36 km

Date : 12/7/2009

Lieu : Plouzane (Finistère)

Affichage : 2459 vues

Distance : 36km

Objectif : Pas d'objectif

4 commentaires

Partager :

Trail du bout du monde. La belle Iroise

J'avais prévu de courir ce trail cette année car il ne se trouve pas trop loin de mon lieu de vacances (1h30 de voiture tout de même. Elle est grande la Bretagne). Malheureusement, je me suis réveillé trop tard pour m'inscrire alors avant de commencer, je tiens à remercier Olycos qui pour cause de vacances en Corse m'a cédé son dossard. Un grand merci.

Vive les vacances, vive la Bretagne.

Le 6 juillet, départ pour St Michel en Grève dans les Côtes d'Armor avec mes deux filles de 12 et 9 ans. Il fait beau et c'est de bon augure. Ca fait en effet plusieurs années que je n'ai eu que de la pluie pendant mes congés... Il me reste six jours pour me préparer en vue du trail du bout du monde. J'inscris mes filles dans un centre équestre pour leur faire plaisir mais aussi je l'avoue afin de bénéficier d'un peu de temps pour moi.

Je décide de faire deux séances d'acclimatation dans la semaine.

La première le 7, (13,5 kms dans l'arrière pays afin de me refamiliariser avec les sentiers bretons que j'adore) se déroule bien. Montée, descente, pierrés, racines, ruisseaux et boue ; cela devrait correspondre à la première partie du parcours du TBM.

La seconde le 10 (10 kms entre les ports de Loquémeau et de Saint Michel) emprunte le sentier des douaniers sur 6 kms puis la grève de Saint Michel malheureusement déjà verte. Elle se révèle être une sortie difficile. Grosses douleurs aux mollets qui sont durs comme des galets. L'avant veille de la course, j'avoue que ça ne me rassure pas, d'autant que je n'ai fait que 6 kms de sentiers des douaniers alors qu'il y en aura bien plus au TBM...

Du coup le doute de ne pas avoir les jambes pour aller au bout (du monde bien sûr), vient s'ajouter à un stress d'avant course que je n'avais plus ressenti depuis longtemps. Les kirs bretons (crème de cassis, chouchen et cidre) n'y changeront rien ; je stresse et il faudra faire avec...     

Pour éviter d'y ajouter le stress de la voiture le matin de la course et un réveil à 5 heures du matin, mon cousin me propose de me prêter son transporteur afin d'y dormir la veille de la course à la pointe St Mathieu. Je laisse donc à mon oncle, ma tante et mon cousin mes deux filles de 12 et 9 ans et quitte Saint Michel vers 19h30.

Le beau temps que nous avons depuis le début de la semaine choisit cet instant pour se dégrader. Il pluviote sur la route jusqu'au Conquet. Arrivé là, je longe la côte jusqu'à la pointe St Mathieu. Je découvre la mer d'Iroise par petit coup de vent. Elle est magnifique, d'un bleu marine profond, zébrée de la côte jusqu'à Molène de milliers de petites crêtes blanches. Je gare la camion à la pointe Saint Mathieu et sort un moment la regarder, l'écouter et prendre le vent la pluie. Cinq minutes plus tard, trempé, je décide de m'installer pour la nuit.

Il est 21 heures et c'est le début d'une longue insomnie comme ça m'arrive de temps en temps. A 1 heure du matin, je ne dors toujours, j'écoute la pluie qui a redoublée cogner sur le toit du camion et me dis que compte tenu du manque de sommeil et du terrain qui risque d'être très gras, mon objectif de 4h (6'40" au km) ne sera pas réalisable. Tant pis, l'important étant avant tout de prendre du plaisir et si la météo le veut bien d'en prendre plein les yeux. Je finis par m'endormir vers 2 heures du matin pour être réveiller vers 6 heures par le bruit des voitures des autres concurrents qui arrivent en masse à la pointe St Mathieu. Il ne pleut plus mais le ciel est bien nuageux. Je décide néanmoins de ne pas prendre ma veste imperméable (l'ayant trimbalée au Pays Basque sur 90 bornes sans en avoir besoin) et parie sur un changement de temps et un grand soleil à la renverse vers 11 heures.

Je grimpe dans un des premiers bus pour le site de départ, le vélodrome de Plouzané et voyage en compagnie d'un double finisheur de la diagonale des fous dont le seul objectif aujourd'hui est, en toute humilité, de finir. Je suis admiratif.

Arrivé au vélodrome, c'est l'effervescence. Les dunes d'espoirs sont là, montent leurs joëlettes puis commencent à s'échauffer en faisant des tours du vélodrome dont les virages sont particulièrement impressionnants. Je n'y mettrai pas les roues de mon vélo...

Certains s'étirent et s'échauffent, d'autres se retrouvent. L'ambiance est décontractée mais l'impatience de chacun est palpable.

L'organisateur nous invite à nous rassembler au centre du vélodrome pour le briefing et le départ. C'est à cet instant que je rencontre Dominique, Claudine et Mélanie ; juste après leur séance photo je présume...

Le départ est donné et  nous commençons par un tour du vélodrome afin de nous étirer avant d'attaquer le premier chemin.

Ca part très vite. Malgré le petit bouchon à la sortie du vélodrome, les deux premiers kilomètres ont été courus en 8'40". Ensuite, je préfère ne plus regarder le Gramin. 

Contrairement à ce que je pensais, le terrain n'est pas gras. La pluie de la nuit n'a pas suffit à mouiller la terre qui séchait sous le soleil depuis au moins une semaine. Tant mieux.

Je me sens très à l'aise sur la première partie du parcours qui correspond pile poil à mes terrains d'entraînement en Essonne. Chemins larges puis singletracks. Quelques grosses bosses du type cul d'enfer à Ballancourt ou les 100 marches de Champceuil. Je rattrape les deux joëlettes des dunes d'espoir et les encourage. Pour avoir pris juste un relais de 500 mètres à la course du sanglier à Cerny, je sais combien cet exercice sollicite le dos, les épaules et les bras (en plus des jambes naturellement). Nous descendons petit à petit vers la mer que j'atteins vers l'heure de course. Un grand escalier étroit et raide d'environ 80 marches nous attend là. Je l'appréhende en rigolant en me disant qu'il est de toute façon plus facile de monter un escalier plutôt qu'un chemin plein de racines et de cailloux mais honnêtement, c'est à la force des bras que je monte les 10 dernières marches et une fois en haut, il me faut bien 20 à 30 mètres de marche avant de pouvoir relancer à nouveau. Je pense alors aux dunes d'espoir pour qui ce passage a dû être un vrai calvaire. Chapeau bas.

Ensuite, c'est déjà le sentier des douaniers dont je pensais qu'il n'arriverait que plus tard... Ca n'est pas bon pour mon moral car je me souviens combien j'ai souffert quelques jours avant sur à peine 6 kms du même sentier. Enfin. Il faudra faire avec et à cet instant, ça va plutôt bien alors pourquoi m'en faire ? En plus c'est la renverse et j'ai gagné mon pari. Les nuages ont quitté le ciel. Le soleil et comme depuis le début de la semaine au beau fixe et chauffe dur. J'enfile ma casquette et mes lunettes de soleil et suis très surpris de ne voir aucun coureur autour de moi en faire autant... Je me dis que ce sera plus tard à mon avantage.

La vue sur le goulet de Brest et la presqu'île de Crozon est magnifique de cet endroit. Un peu plus loin sur le parcours, on devinera même la pointe du Raz qui "loin" au Sud tente de se cacher dans les brumes de chaleur.

Nous arrivons à la pointe du Minou à mi course. Juste avant, mon portable a sonné une première fois. Je n'ai pas répondu. Si c'est important, ça rappellera. Puis une seconde fois et enfin une troisième alors que je fais le tour du phare avant de poursuivre ma route. Je m'arrête deux minutes pour écouter le message. Il y a peut être un problème avec mes filles... Non. C'est une copine de l'aînée qui cherche à la joindre... Merci à elle car je crois que c'est deux minutes de pause à cet instant m'ont fait le plus grand bien.  

La chaleur va compliquer la deuxième moitié de la course. Mes jambes sont lourdes mais je sais que je ne suis pas le seul à souffrir. Nous arrivons ensuite sur la plage où a été donné le départ du 15 kms et là, surprise, un ravitaillement. Quel bonheur. D'autant plus qu'il y a du saucisson. Je me baffre d'un dizaine de tranche et c'est reparti mon kiki.

Nous remontons une rue pavillonnaire bien raide en haut de laquelle un riverain à installer deux grandes bassines pleines d'eau et arrose avec son tuyau d'arrosage ceux qui le veulent. Sympa. Je trempe ma casquette et m'engage à nouveau sur le sentier des douaniers. Je suis crevé et j'ai les jambes très lourdes. J'ai bien envie de marcher, peut être même le reste du parcours et tant pis pour le chrono. Mais le fait de savoir que je suis toujours sur la base des quatre heures que je m'étais fixées comme objectif me motive pour ne rien lâcher. D'autant plus que le sentier est visible devant moi sur plus de trois kilomètres et que tous les concurrents que j'y vois marchent. Il y a des places à gagner...

Je joue donc à saute moutons sur les dix derniers kilomètres qui sont de toute beauté et pas si difficiles. La pointe St Mathieu étant un lieu touristique, le sentier est très bien aménagé (peut être trop avec certaines pentes complètement bétonnées). En plus, il y a vraiment foule sur le dernier kilomètre. Ca fait plaisir d'être encouragé et félicité. Par contre, qu'il est dur d'entendre tous les 50 mètres (alors qu'ont voit le phare depuis longtemps déjà) : "plus que 700 mètres", "plus que 300  mètres", "encore 500 mètres". Surtout quand c'est dans le désordre.

Je n'ai pas été doublé sur les 10 derniers kilomètres mais à 100 mètres de la ligne, j'entends un autre sauteur de mouton arriver au sprint dans mon dos. Trop tard pour réagir ? A moins que ce ne soit mon corps qui refuse de donner le dernier coup de rein. Il me passe. Félicitation à lui.

J'arrive en vue de la ligne ; le speaker annonce mon nom (ça flatte l'Ego) ; je lève les bras, passe la ligne en 4h02'. Je m'allonge sous la table de ravitaillement situées deux mètres derrière. Elle m'offre de l'ombre et je n'en peux plus d'être au soleil. J'y reste bien cinq minutes et le regrette bien en me relevant. Je n'ai plus de jambes. Je me traîne jusqu'à l'ombre d'un mur où j'enfile mes jolies tongues orange de finisheur. Il y a trop de monde au massage alors je préfère aller manger et descendre quelques verres de cidre.

J'aurais bien voulu attendre l'arrivée de Claudine, Dominique et Mélanie mais je n'ai pas le temps. Il y a de la route à faire et j'ai mes filles qui m'attendent. Je m'en excuse auprès d'eux.

J'aurai également voulu féliciter les dunes d'espoir à leur arrivée. Je leur tire à nouveau ma casquette et les félicite pour leur engagement en général et pour cette course en particulier.  

 

  

 

 

 

4 commentaires

Commentaire de mussara posté le 10-08-2009 à 21:50:00

un CR comme on aime les lire...
un trail comme on a aimé le vivre...
merci à toi

Commentaire de Loopinette posté le 10-08-2009 à 22:00:00

bravo Guiom pour ta course et ton CR.
Tu as été au bout : trop classe !

Commentaire de milvia posté le 10-08-2009 à 22:10:00

Merci Gulom pour ce beau CR détaillé qui m'a fait revivre cette magnifique course… nous avons du nous croiser……en espérant faire ta connaissance une prochaine fois !
milvia

Commentaire de domdom g posté le 10-08-2009 à 23:31:00

bjr guiom pas de souci pour l arrivée je comprend ce sera le plaisir de ce revoir sur une prochaine course.sinon merci pour ce sympatique cr de cette belle course, et meme si il fait 50KM l année prochaine j y serais si tout vas bien,

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Version grand écran