Récit de la course : Les Foulées du Barreau 2008, par romook

L'auteur : romook

La course : Les Foulées du Barreau

Date : 4/7/2008

Lieu : Lille (Nord)

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Distance : 10km

Objectif : Faire un temps

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Le récit

Les foulées du Barreau – 2008 : 10 km


Depuis 4 ans, on peut remarquer que mon appétit course à pieds s’est franchement amenuisé… Pourquoi ? Tout d’abord, le 24h de Villepreux (7 décembre 2004) a été pour moi un véritable échec au niveau du moral. Après m’être préparé au mieux de ce que je pouvais (septembre : 198 km mensuel, octobre : 311 km mensuel, novembre : 268 km mensuel), je pensais pouvoir faire une performance. Toutefois, un parcours étrange et glacé, alternant presque 2 km d’extérieur (et au milieu de la nuit, il faisait presque 0°C) et 400 m à travers un gymnase « surchauffé » (20°C) m’avait provoqué des problèmes intestinaux (l’eau de mon porte-bidon finissait par être glacée), ce qui au bout de six heures, me menait malgré tout à un début fort prometteur de 48 km... mais, au bout d’une heure et demi plus tard, je n’avais réussi à avancer que de 4 km supplémentaire. En soi, avec un peu de ténacité, il était possible de continuer. Mais, c’est à ce moment-là que j’ai eu le coup de grâce psychologique. J’arrive pour recharger mon bidon en eau et on me répond qu’il n’y en a plus. « Quoi ?! Quand est-ce que le ravitaillement arrive ? – C’est tout, on a épuisé toutes nos réserves. Peut-être que demain main vers 10 heures, il y en aura, mais faut pas compter dessus. » Là, j’ai plié bagage, me sentant floué dans ma préparation… Et puis, j’ai essayé de continuer à courir, mais mon emploi du temps était beaucoup plus chargé… L’année 2005 ne totalisera que 448 km au total. Puis, je partais deux mois en Angleterre (janvier / février), soit quelques petites courses dans le parc de Greenwich : 47 km en deux mois. Enfin, je partais pour la Chine pendant 4 mois.

J’avais emmené mes chaussures de sport. Comble du bonheur, j’étais dans une université qui forme les enseignants de sport, avec plein d’installations sportives… J’étais content, pensant pouvoir débuter une préparation sympa en vue de me faire évoluer. Fin de la première semaine : achat du vélo de ville essentiel pour se déplacer « à la chinoise ». Première sortie avec mon camarade sur place. 4 heures. Malades tous les deux, nous sommes rentrés le soir après une jolie ballade. Maux de tête, ballonnement, goût amer dans la bouche. Rien n’allait ni pour l’un, ni pour l’autre. La nuit se passe. Le lendemain, un peu inquiet, je vais le voir et lui indique qu’outre le mal de tête toujours présent, j’ai eu des problèmes intestinaux et des saignements du nez pendant la nuit. Pour lui, même symptômes. Inquiets, nous évoquons la situation avec nos enseignants de chinois qui nous mettent en garde devant de telles pratiques. C’est trop dangereux, vu la pollution, de faire autant de vélo. Il faut garder ça pour de petits déplacements (une demi-heure maximum) et ne pas faire de sport en plein air. Bon, ben ce sera piscine alors. Mon camarade d’alors ira se baigner plusieurs fois dans la piscine avant d’avoir quelques ennuis de santé également. Ce sera sans piscine alors. Euh, sans sport du tout ? Le rythme de l’enseignement du chinois nécessitant un énorme travail personnel, je me retrouvais bientôt sans autre passe-temps que celui de la calligraphie et la rédaction de mon blog. Fini la course à pieds pour quelques mois. Ca fait une petite coupure, ce n’est pas si grave.

De retour en France en juillet 2006, je reprends la course à pieds, histoire de voir si ça tient la route. 15 km sur le mois, reprise difficile et prudente. Août 2006, je monte à 94 km parcouru sur le mois, mais mes activités professionnelles vont vite prendre le dessus. Toutes mes activités cumulées sont extrêmement chronophages. Par ailleurs, maintenant que je parle couramment le chinois, je pars enseigner le droit en Chine 4 fois par an pour des séjours de deux à trois semaines à chaque fois. Les allers-retours, le décalage horaire, l’activité professionnelle, tout contribue à m’écarter de la course à pieds. Je ne ferai alors que trois sorties pour un total de 43 km sur les mois allant de septembre à décembre... La course à pieds semble disparaître totalement de ma vie. 2007 n’enregistrera que 162 km sur l’année. 2008 prendra un départ presqu’identique avec un énorme kilométrage puisqu’au 14 mai dernier, je n’avais totalisé que 21 km…

Mais voilà, une petite course sans prétention me tendait les bras le 4 juillet 2008. Ce n\\\'était qu\\\'un 10 km. Apprécions le "ce n\'était qu\'un..." tout à fait psychologique puisque je raisonne en terme de distance, en trouvant ça tout à fait ridicule à courir. Seulement voilà : c\'est du demi-fond et ça se court vite... Je n\'ai plus d\'entraînement, ou quasiment pas, et donc aucun point de repère sur mes performances potentielles. L\'année dernière, le 1er l\'a couru en 40\', soit une moyenne de 15 km/h. Théoriquement, je pense que je devrais être capable de faire la même chose – avec l’entraînement adéquat bien sûr. Je n\'ai que trois semaines pour reprendre la CAP m\'entraîner correctement/ faire du foncier/ faire de la vitesse. En 3 semaines, c\'est un énorme programme - sans compter l\\\'étape perdre du poids.

J\'ai donc repris l\'entraînement et j\'ai aligné 138 km depuis le 15 mai - et perdu 3 kg. Je dois avouer que j’étais partagé entre partir sur une base de 42’30” (qui semblerait être un bon temps compte tenu de mon passé et mon peu d\'entraînement actuelle) et une base de 40’. Dans l\'ultrafond, on part lentement et progressivement on peut augmenter la vitesse. Mais le demi-fond, c\'est 85% de la VMA soutenu tout le long de la course... Rien à voir comme style. Alors, je ne vous cacherai pas que j\'avais le trac pour cette future course car je ne sais plus ce que c’est que de courir vite.

On remarquera que je n\'évoque même pas la possibilité de ne pas finir la course alors que, vu mon entraînement actuel, je devrais peut-être commencer par me poser ce type de question en cas de départ rapide. Bref. Enfin, je cours et ça fait du bien au moral. C’est déjà ça ;-)

Alors, voilà. A moins d\'une semaine de mon échéance du 10 km, je me demandais sur quelle base de course je devais partir. Telle était ma question intérieure. Par ailleurs, m’étant entraîné depuis 4 ans qu’à des allures spécifiques en vue de l\'ultrafond, mon corps a aujourd’hui peur de la vitesse. Qu\'est-ce que ça veut dire ? C\'est simple. Si vous cessez de faire du vélo pendant un an ou deux et que vous reprenez, la première grande descente que vous faîtes à pleine vitesse vous remplit à la fois d\'excitation et d\'angoisse... La vitesse, dans ces conditions, fait peur. J\'ai le même souci en courant, bien que la vitesse en question soit bien plus faible qu\'en vélo, si, si ;-)

Ainsi, désirant sentir mes sensations pour un éventuel 10 km à 4\' / km, je me lance dans un 6 km test avec cet objectif. A la fin du premier kilomètre, je suis sur le bon rythme et le maintien pendant le second avec une angoisse qui grimpe, qui grimpe : comment vais-je tenir le rythme jusqu\'au bout de 6 km ? Est-ce que mes muscles sont préparés? Le souffle va-il suivre? Les tendons vont-ils tenir ? Et hop, c\'est la ronde des angoisses intérieures purement physiques qui débute... Mon rythme se met à ralentir dès les deux premières côtes. Pourtant, le terrain choisit n\'en comprend que 4, et encore, parler de côte semble franchement exagéré... Dans tous les cas, je sais que le circuit de la course sera proche de celui sur lequel je m\'entraîne à Lille. En théorie, des bonnes conditions pour faire un test.

Force est de reconnaître que des 6 km en 24\' prévu, je n\'arriverai qu\'au bout de 27\'50", soit grossièrement 4\'30" / km, avec une fréquence cardiaque moyenne de 159. Bon, c\'est pas mal. Mais n\'était que 6 km. Je ne suis pas sûr que j\'aurais réussi à tenir ce rythme là pendant 10 km... Donc, faisons une croix sur les 10 km à 4\' / km. Là, ce n\'est absolument pas possible. Bilan musculaire : je me suis arrêté après fait 6\' de footing très lent (récupération) dans un état pitoyable. Ca manque de foncier également.

En bref, peu de souffle, peu de muscle, donc pas de vitesse. Les 10 km se profilent sur une base de 45\', avec une pointe "grande forme" potentiellement possible de 42\'30". Une bonne stratégie, dans mon cas, restant celle applicable sur les longues distances, partir "lentement" à 4\'30"/kilo et en accélérant sur les 4 derniers kilo si la forme le permet... D\'abord, il faut récupérer un peu de forme. Ce n\'est pas gagné.

Je tiens à préciser que je ne me préoccupe absolument pas de mon cœur qui est visiblement la partie de mon corps qui ne nécessite aucun entraînement. Quand je fais monter la machine, il suit toutes les inflexions sans problème. C\'est un peu comme si j\'avais un moteur Porsche monté sur une carrosserie de 2 CV. On sent qu\'il y en a sous le pied, le problème, c\'est de savoir si le pare-brise et les roues vont tenir...

A côté de l’entraînement purement course à pieds, je précise que je fais 3 séries de pompes le matin, et 3 séries de 25 abdos. Evidemment, quelques étirements viennent couronner le tout, ainsi que quelques respirations yogiques, histoire de travailler le souffle sans en avoir l’air. Enfin, je pratique le squash en passant la cadence à deux fois par semaine sur les quatre dernières semaines. C’est un sport que j’apprécie vraiment et que je fais relativement régulièrement (4 fois par mois au minimum quand je ne suis pas en Chine).

Bon, et bien voilà, nous sommes jeudi et demain c\'est la course que j\'attends... 10 petits kilomètres à parcourir, ce n\'est pas le bout du monde. Aujourd\'hui, je suis serein tout en étant excité et impatient... Drôle de sensation. Je n\'ai pas couru depuis dimanche. J\'avais prévu d\'aller courir mardi, juste un peu, comme ça, pour le principe. Mais lundi et hier soir ont été occupés par du squash. Inutile de se fatiguer inutilement : je me repose et recharge les batteries. Eau, fruits, glucides en tout genre. Voilà mes repas. Mes affaires sont presque prêtes. Le temps devrait être idéal pour une performance, si performance il doit y avoir. Je pense tenter de faire un 1er kilomètre à 13 km/h (environ 4\'35" / km) pour conserver des batteries pour la fin et augmenter progressivement la vitesse. La stratégie est bonne, mais que je sais qu\'il est difficile de partir lentement quand tout le monde part à toute vitesse! On verra.

Rendez-vous 18 heures. On m’a prévenu que l’organisation ne prévoit pas de ravitaillement normalement. J’emmène mon porte-bidon. Préparation classique : crème nok, vaseline, cardio, etc… Me voici prêt et arrivé sur le lieu de rendez-vous. Première surprise, nous sommes 65. On m’avait prévenu que c’était une petite course « bon enfant » avec 20 participants maximum. Deuxième surprise : il y a un ravitaillement prévu. J’ai inscrit des temps de passage sur mes bras (sur une base de 44’ et une base de 42\'30"), j’ai l’air bizarre au milieu de tous ces coureurs qui n’ont visiblement pas de préoccupations du chrono. Il fait beau et chaud (24°C). J’ai mis une casquette mouillée sur la tête et je me sens bien.

On part. Evidemment, c’est la galopade. Je pars en me préoccupant de trouver mon rythme sur 4’30" environ au kilomètre. Mon GPS accroché à la main permet de vérifier rapidement si le temps correspondant à la distance. Les deux premiers kilomètres sont courus en 8’50". Le rythme est parfait. Je me sens bien. Un seul problème : je ne respire pas. Enfin, si. Mais, c’est comme si j’étais assis dans un fauteuil complètement déconnecté de la course à pieds. J’entends la respiration de quelques coureurs autour de moi. C’est rythmé, profond, sportif. La mienne est profonde, calme avec un rythme complètement décalé de celui d’un souffle d’une personne en train de courir. Ca m’inquiète, je me demande si tout ne va pas se dérégler d’un moment à un autre. Vraiment, c’est bizarre.

13’40" au troisième kilomètre. Tout va bien. La respiration s’est mise en place. Le parcours est fait sur une boucle quasiment plate de 1, 860 m (c’est le « circuit des remparts » pour ceux qui connaissent). Il n’y a aucun repère au sol. Grâce au GPS, je suis mon évolution sur la course et ça me rassure vraiment. C’est un instrument super que j’avais toujours regardé du coin de l’œil. Mais, je trouvais le prix prohibitif. Décathlon vient d’en sortir un qui coûte le tiers de ceux de chez Garmin. J’ai craqué et je ne le regrette pas.

La course se poursuit et au 5ème kilomètre, je suis très exactement à 22’30". Je suis contraint à un arrêt pipi. Je perds 1’30". Grrrr… Je repars sur un rythme plus rapide. Le seul problème est que, du fait de cet arrêt idiot, je n’ai plus de point de repère sur mes temps de passage, ni sur mon rythme. Je cours à la sensation et elles sont bonnes.

8ème kilomètre à 37’. J’augmente encore un peu la vitesse. Je me sens bien, mais j’ai terriblement peur d’un coup de pompe – essoufflement sur la fin. Je n’ose pas pousser trop sur la semelle. Je garde le rythme. Dernier 500 m, j’accélère encore et j’arrive en 45’43".

J’ai réussi :- ) Je suis content. Je m’aperçois que j’ai fait mon second 5 000 m en 21’43". Alors, je me prends à rêver qu’on peut cumuler les deux 5000m pour un total théorique de 43’43". Ben, c’est vraiment bien. Je suis très content. Ca m’encourage à continuer à courir. J’ai un peu mal aux jambes, mais rien de désastreux. Rien aux chevilles. Tout va bien. Une amie, ma partenaire habituelle de squash, vient me féliciter pour ma régularité et mon allure décontractée, comme si je ne faisais aucun effort en courant. Elle était au ravitaillement et est surprise par ma manière de courir.

C’est encourageant de voir que, de l’extérieur, je n’avais pas l’air de souffrir non plus. C’est vrai que je me suis senti bien tout le long de la course. Peut-être que j’avais fixé des objectifs bien « raisonnables » et que je peux faire mieux. Mais, je préfère me garder en bon état que de tenter des objectifs trop difficiles à atteindre. Le but est de continuer à courir, pas de casser la machine. Le 1er a fait 39’42", pfff…

Bon, ben, prochain objectif : le semi marathon de Lille le 6 septembre (avec ses routes en pentes, grrr… pour les chevilles pendant 3 km environ). On va essayer de s’entraîner pour battre le record personnel de 1h36’. Soit dit en passant, pour ceux qui veulent se frotter à un parcours de semi-marathon sur lequel on peut faire une performance, c’est idéal. Que du plat sur tout le parcours, avis aux amateurs… et, après le semi-marathon, c’est récupération bières - moules – frites ;-)

Romook_qui_reprend_du_poil_de_la_bête



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