Récit de la course : Grand Trail du Nord - 136 km 2008, par forrest gump

L'auteur : forrest gump

La course : Grand Trail du Nord - 136 km

Date : 4/10/2008

Lieu : Dunkerque (Nord)

Affichage : 2326 vues

Distance : 136km

Objectif : Terminer

2 commentaires

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Je suis ultra-traileur

Voici le compte rendu de « mon » Grand Trail du Nord, il risque d’être un peu long mais raconter 143km et 18h50 de course ne peut se faire en quelques lignes alors prenez votre courage à deux mais et bonne lecture :

 

Samedi 4 octobre, levé à 2h30, un café pour se réveiller et en voiture pour 1 heure de route afin d'arriver à Leffrinkouck,

 

Arrivé sur place à 4h, il me reste une petite heure pour déjeuner et me préparer. Mon gros souci sur les courses est l'échauffement cutané. Je suis obligé « d'emballer » mes orteils une par une, de placer des gros sparadraps sur les zones en contact avec les bretelles et sangles de mon sac. Sans compter que je dois me badijoner de crème anti frottement un peu partout sur le corps. Tout ça pour vous dire que l'heure a passé très vite.

 

Mon sac à dos comporte le matériel obligatoire tel que couverture de survie, sifflet, une poche d'eau de 2 litres, mon téléphone et la nourriture. Pour la nourriture, je pars avec quelques barres énergétiques et 6 sandwiches au jambon !! Etant donné que les ravitaillements sont répartis tous les 20km plus ou moins et que je ne tiens pas plus de 1h30 sans manger vraiment solide, j'ai comme habitude de manger un sandwich au jambon toute les 1h30. J'ai l'avantage d'avoir un estomac à toute épreuve, je mange tout ce que je veux et tout passe. En définitif, le sac pèse un bon 4kg quand même. 

 

Le responsable fait un petit briefing devant l'assemblée 1/4h avant le départ afin d'expliquer comment va se dérouler la course et quel sera le balisage.

5h du mat, nous voilà prêt sur la ligne de départ, la température extérieure est de 2°C .

Le fort vent et la grande marée ont obligé l'organisation à modifier le parcours du départ, au lieu de partir le long de la plage, les 7 premiers km se feront en grande partie dans les dunes. Il y aura d'autres modifications de parcours qui amèneront le kilométrage total de 136km à 143km.

 

Et c'est le départ, j'ai réglé mon GPS sur une allure de 8km/h, mon estimation n'était pas trop mauvaise car je parcourrai les 143km à 7,6km/h de moyenne donc, j'avais assez bien calculé mon coups. Le risque dans ce type course est de partir trop vite et d'être complètement « rincé » au 2/3 de la course ce qui nous oblige à terminer comme on peut. Sur une course de 10km, il ne reste que 3km, sur un ultratrail de 143km, il reste plus d'un marathon à faire donc prudence.

 

Arrivé au premier ravitaillement après un peu plus de 2 heures de course, je constate que nous sommes en retard à cause du parcours assez escarpé dans les dunes, je profite du ravitaillement pour vider mes baskets du sable et je repars, nous sommes à plusieurs coureurs dont mon ami Nicolas avec qui je ferai les 50 premiers km avant que l’on prenne chacun son rythme.

 

Le jour se lève alors que nous empruntons les routes de campagne entre Leffrinckouk et Bergues. Arrivé à Bergues ( 33ème km), le retard a été récupéré et nous sommes exactement dans l'allure prévue. Mon père qui nous suit depuis le départ nous annonce que nous sommes entre la 40 et 50ème place. Tout va bien, on se restaure avec un peu de fruit et de coca, remplissage du camelbag, j'en profite pour remettre quelques sandwiches dans mon sac à dos car j'en ai déjà mangé 3. J'en ai mangé 10 au total sur le parcours.

 

A partir du km 48, je me retrouve tout seul car Nico a pris son rythme de croisière et nous ne pouvons continuer ensemble. La moyenne horaire est toujours de 8km/h soit 6 heures de course. A partir de ce ravitaillement la course va commencer à devenir plus vallonnée car le parcours passe par  le Mont Cassel, le Mont des récollets en suite vient le mont des Cats, le mont Noir et Le Ravensberg.

 

Commençons par le premier, le mont Cassel. Toutes les côtes se font en marchant à une allure rapide afin de s’économiser un maximum en perdant un minimum de temps. Dans la fin de la montée j’ai l’agréable surprise de voir Geoffrey et Patrick Samyn qui sont venus m’encourager. Ils me suivront à plusieurs points jusque Bailleul soit près de 5 heures, sympa et merci.

 

Le mont Cassel et le mont des récollets « avalés », passage au 67ème km dans le petit village de Terdeghem que je recommande de visiter à tout le monde car le village est très pittoresque. Je suis pointé 28ème, je rempli mon sac et repars. Je me retrouve avec un traileur qui a fait Les Comerades en Afrique du Sud. Nous restons un peu ensemble mais son allure me gène, il va un tout petit cran trop vite pour moi, il ne doit vraiment pas avoir grand-chose, peut-être à peine 0.2 ou 0.3km/h de différence mais je décide de marcher le temps qu’il prenne une trentaine de mètres et je repars. Tout compte fait, au bout de quelques km pendant lesquels je l’avais toujours en point de mire, je le rattrape, il souffre de sa jambe et ne sait pas si il va poursuivre car nous arrivons à Godewaersvelde, juste avant le Mont des Cats, je l’encourage un peu et continue ma route, il terminera quand même l’épreuve 5 heures après moi.

 

1 km avant d’arriver à Godewaersvelde, c’est à mon tour d’avoir une vive douleur au genoux, en plus, la maire de Gode a eu la bonne idée de poser des planches de bois empêchant les vététistes de passer dans les chemins que nous empruntons, sauf qu’il faut enjamber ces planches et j’ai de plus en plus de misère à lever les jambes. Il faut dire que nous arrivons au 80ème km quand même. Au point de ravitaillement, je demande à mon père de me préparer mon autre paire de basket, changement de chaussure et on repart pour l’ascension, celle-ci se passe très bien, je marche, je cours tout en « souplesse »! Il faut avouer que depuis le début, je n’ai aucun problème dans les montées par contre, dans les descentes, c’est une autre paire de manche.


Avant d’arriver à Bailleul, il faut passer par le mont Noir, on descend une première fois jusqu’aux étangs des trois fontaines, on remonte ensuite jusqu’au parc de Marguerite yourcenar. Pendant cette montée je rejoins un gars du Jura avec qui j’arrive juste en haut d’une descente à travers bois, une descente qu’on pourrait prendre habituellement à fond, c’est une descente très pentue assez large et d’une longueur de 500m. Sauf que moi, je n’arrive plus à descendre en courant, les cuisses sont super douloureuses ce qui fait que le gars avec qui j’étais me met un courant d’air de 200m sur les 500 de descente. Je  suis abasourdi par la manière dont il a descendu cette pente en ayant près de 11heures de course dans les jambes. Je le rattraperai un peu plus tard juste avant Bailleul.

 

J’arrive à Bailleul, km 98 en 12h10 environ, j’avais prévu 12h30 au 100 et je suis toujours dans les temps. Sauf, que je ne savais pas encore mais j’avais fait le plus plaisant de la course. Les 45 km restant allaient être d’une longueur, mais d’une longueur………….

 

Au pointage, j’en profite pour enfiler un sac poubelle que j’avais préalablement découpé afin de pouvoir passer mes bras et ma tête. Le sac et enfiler au-dessus du sac à dos afin d’éviter qu’il ne s’alourdisse par la pluie qui se fait menaçante.

 

A partir de Bailleul, je vais adopter la méthode Cyrano qui consiste à se donner des objectifs de temps. Je m’explique, au lieu de se forcer à courir le plus longtemps possible avant de marcher et d’être complètement épuiser, on court par tranche plus courte de 15 minutes en courant pour une minute marchée, on passera ensuite à 9 minutes pour une ou moins. A la fin de la course je tenais péniblement les 6 pour 1.

 

J’arrive à Armentières juste avant la nuit comme prévu, il est 8 heures du soir. Le vent se lève et il pleut tout doucement. Mes parents sont là ainsi que ma sœur et sa famille. Je prends une pose de 20 minutes afin de me changer pour la nuit et me restaurer. Pose trop longue car je me suis assit et j’ai une misère phénoménale à repartir surtout qu’il faut descendre du poste de ravitaillement par l’escalier. Pas super malin de l’organisation quand tu sais que les loustiques qui arrivent là ont déjà plus de 110km dans les quilles.

Bref, je repars, il me faut un bon km avant de savoir recourir normalement, la semelle de mes baskets racle sur tout les défauts du chemin de halage que nous empruntons. La lampe frontale éclaire mon parcours, je suis seul, il fait froid, il y a du vent, il pleut, dans ces moments-là tu as le temps de gamberger. « Qu’est-ce que je fous ici, Plus jamais, quand est-ce qu’il arrive ce p…. de ravitaillement, j’en ai marre, tant pis je marche », voila un petit aperçu de ce qui a traversé mon esprit pendant cette période. Mes parents m’attendent à Deulemont. Mon père me dit que le ravitaillement à Quesnoy-sur-Deûle n’est plus très loin, je lui demande combien de km, il me répond 3 ou 4. Et là, je lui réponds : «  c’est 3 ou 4 pas 3ou4 ». Arrivé à ce point de fatigue, le moindre km est difficile alors il faut être précis !!

Surtout que depuis Armentières, le balisage laisse franchement à désirer. Heureusement que je connais car on cherche littéralement son chemin et ce n’est vraiment plus le moment de se tromper

 

J’arrive au dernier pointage à Quesnoy-sur-Deûle, Heureusement que mes parents me préviennent car j’avais presque raté le balisage. Il est 22 heures et il reste 12km que j’estime parcourir en 2 heures environs, je mettrais un peu moins de 1h50 pour finir. Je prends une pose de 10 minutes afin de manger une soupe au vermicelle et je repars.

 

A mi parcours, j’arrive à Wambrechies. La ville est joliment éclairée. Je me fais surprendre par une bande de jeunes qui sont sous un pont. Chance pour moi, ils m’encouragement gentiment, j’aurai put tomber sur pire comme surprise….

 

Il est 23 heures du soir, km 137, et je sais que l’arrivée est de l’autre côté de la Deûle alors je scrute chaque pont pour savoir si c’est à celui-là qu’il va falloir traverser. Je peux vous dire qu’il y a un paquet de ponts et de passerelles entre Wambrechies et Lille. Tant et si bien que je ne vois pas le balisage et je rate le pont. Enfin pas vraiment raté car le dessous du pont aboutit sur un cul de sac. Je fais demi-tour et cherche une flèche ou n’importe quoi d’autre qui me remette sur le droit chemin. La flèche est retrouvée mais me fait passer par un raidillon sans rampe, impossible de monter par là. Habituellement, ce raidillon de deux mètres serait enjambé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Mais là, je suis devant cette bute que je ne sais pas passer. Finalement, je vais faire tout le tour, soit une bonne vingtaine de mètres pour la contourner. Impossible de faire autrement, mes jambes me portent encore mais c’est la seule chose quelles savent encore faire.

 

Il est 23h50, km 143, et c’est l’arrivée, il n’y a personne hormis mes parents qui ont eu le courage de me suivre et quelques personnes de l’organisation. C’est un peu triste comme arrivée surtout qu’ils ont eu la bonne idée de poser un tapis rouge à même le sol sans prendre le temps d’écraser l’herbe haute qui est en-dessous, ce qui a tendance à gondoler le tapis m’obligeant à lever les pieds sur les 10 derniers mètres. J’aurai aimé une arrivée plus joyeuse mais bon. J’y suis arrivé, je suis un ultra-traileur et c’est le principal. Je suis fatigué mais pas complètement épuisé, j’avais vraiment le désire de faire cette course en gardant à l’esprit que je n’étais pas en course et que le temps importait peu, je voulais juste y arriver et c’était chose faite en 18h50. Le temps de me changer, enfin, plutôt qu’on me change et je retourne à la voiture tout tremblant de froid. L’organisme est quand même bien affaiblit mais je suis heureux.

La nuit de sommeil fut bonne après une douche chaude et le réveille pas « trop » douloureux.

 

Ce qui est bien dans ces courses, c’est qu’on garde toujours les bons souvenirs et les moments de galère sont un peu oubliés. Ainsi, le lendemain en se levant on se dit plus jamais. 2 jours après, on se dit on verra et une semaine après on se dit à l’année prochaine !

  


 

2 commentaires

Commentaire de fanfan59 posté le 03-02-2009 à 13:55:00

La méthode Cyrano a également fait partie de la façon de faire du Chtigrincheux pour son premier kilo, apparemment c'est une excellente méthode. FELICITATIONS pour ce super parcours bouclé en un temps plus que bien. Prend le temps de te reposer .... pour refaire le même parcours l'an prochain. Au plaisir de faire ta connaissance.

Commentaire de fanfan59 posté le 03-02-2009 à 13:56:00

Je me suis trompée dans la frappe "son premier 100 kilomètres" bien entendu ! Oups !

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