Récit de la course : Marathon de La Rochelle 2008, par binoclard

L'auteur : binoclard

La course : Marathon de La Rochelle

Date : 30/11/2008

Lieu : La Rochelle (Charente-Maritime)

Affichage : 2258 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Battre un record

5 commentaires

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Marathon de la Rochelle 2008

Ce CR peut paraître long pour certains, mais j’ai voulu vous faire partager les huit semaines de préparation, ainsi que le marathon. Il se décompose donc en trois parties :

-  Mon choix du marathon

-   Ma préparation du marathon

-  Mon marathon

Mon choix du marathon

Etant d’un caractère assez actif, je n’arrive pas à réaliser une réelle coupure entre deux saisons de triathlon. Partant de cela, j’ai décidé, en discutant avec Alex (un gros, par le temps passé ensemble, coéquipier d’entraînement) sur ses objectifs, de participer à Sainté-Lyon, le 7 décembre 2008. Mais ce projet est tombé aux oubliettes pour de multiples raisons. Donc, il a fallu rechercher une autre course. Mon choix s’est rabattu sur le marathon de La Rochelle, avec qui j’ai un compte à rendre.Car, l’an passé, j’avais explosé au 37ème kilo, pour finir allongé sur le siège arrière d’une voiture me ramenant à SAUMUR (49), en passant par toutes les émotions (de l’euphorie de finir à la solitude des toilettes). Mauvais souvenirs…….Le 5 octobre 2008, je finis mon dernier triathlon longue distance (Format : Half ironman) à ROSCOFF, transformé en aquathlon à cause des conditions climatiques. PAS DE BREAK

Ma préparation du marathon

Le 6 octobre au matin, j’entame ma préparation  « Marathon » de 8 semaines en privilégiant les sorties longues et les séances « Fractionné long », tout en conservant des séances « Fractionné court » pour la VMA. N'ayant effectué que des triathlons « Courte Distance » au mois de Septembre (La Baule et Lorient), je me disais que j'avais plus besoin de distance que davantage de vitesse.Une semaine type:           

Une séance de VMA « Courte » entre 95% et 100% de la FCM 
2*10*30 ''/30'', 2*5*1'/45'', 2*10*200m, 10*400m                                                          
Une à deux séances de VMA « longue » entre 90% et 95% de la FCM 
12*1000m, 6*2000m, 4*3000m, 3*4000m, 1000m/2*5000m/1000m, 2*6000m
Une séance de côtes
10 à 15 fois côtes de 300m avec 50m de dénivelée
Trois séances « à jeun » 1h entre 65% et 70% de la FCM  
Une séance « endurance dure » 1h30 à 1h45 entre 80% et 85% de la FCM
Une séance « longue » 2h à 2h30 entre 70% et 75% de la FCM

Durant nos premiers entraînements, Alex me parlait de ses objectifs pour le marathon de La Rochelle. Involontairement, il m’a mis, ou plutôt, je me suis mis la pression car j’avais tellement envie, comme sur le marathon du « Bout du Monde », de faire la préparation et la course ensemble. Mais je voyais que je ne pouvais plus le suivre dans les séries de « fractionné ». J’ai donc stupidement intensifié mes séances en qualité et en quantité pour essayer de rattraper les quelques secondes qui nous séparaient.

Première erreur……, car, au bout de la première semaine à ce régime, une légère contracture, à l’ischios gauche, apparaît, lors d’un Run&Bike. Cette dernière me force à diminuer en intensité pour soulager la douleur, mais je voulais conserver la quantité des séances programmées.

Deuxième erreur......., car, au début de la troisième, d’autres contractures de compensation apparaissent sur les quadriceps de la jambe droite et stoppent ma séance de côtes. Le lendemain, mon médecin me prescrit un repos de trois semaines. J’en ressors avec le moral dans les chaussettes. Je voyais la préparation m’échapper, ne plus faire le semi préparatoire à St Christophe du Ligneron, et, voire même, ne pas aller au marathon.Après une semaine de  traitement par voie orale et massages à base de décontractant et surtout, beaucoup de siestes, je n’ai plus de contractures et une envie de déchirer le sol à chaque séance. Je décide donc de reprendre l’entraînement, avec Alex, pour préparer, quand même, le semi de St Christophe du Ligneron et analyser les conséquences de cet arrêt sur ma capacité à tenir l’effort. Le 01 Novembre, nous partons à quatre avec mon fils Florent, pour ce fameux semi. Au départ, j’avais une tête bien remplie d’interrogations sans réponses. Je décide de partir en 3’45’’ au kilo. Je tiens le rythme de 3’49’’, en moyenne, pendant 9 bornes. Après un petit coup de mou pendant 2 bornes, l’allure tombe à 4’15’’ au kilo, pour remonter à 3’54’’ sur les dix derniers. Je fini ce semi en 1h21min51s, mon meilleur temps de la saison. Je suis satisfait, je retrouve un mental de conquérant.

Troisième erreur……..car le soir, je repars dans la forêt de St Benoît (37) pour participer un trail de 20km (avec 385m D+) en nocturne, organisé par un ami du président du club de triathlon. Je le fais sur un rythme relativement faible (temps final 2h00min03s) pour récupérer du semi et  pouvoir appréhender l’autre partie du trail (33km avec 435 D+), le dimanche matin, sur un rythme plus élevé. Au retour du trail nocturne, j’avais de bonnes sensations dans les jambes, pas de douleurs, mais je ressentais une certaine lassitude que je mets sur le compte de l’accumulation des deux courses. Donc, le lendemain matin, je repars à l’assaut du trail, confiant sur mes capacités et mes jambes, avec la motivation d’être performant devant mes collègues du club. Mais cela fût de courte durée puisque au 10ième kilo, les jambes devenaient   de plus en plus raides et le moral, de surcroît, diminué, mais pas de douleurs. Je préfère mettre un terme à la course, au bout de 20 bornes, car je trouvais que j’en avais déjà assez fait ce we et  je ne voulais pas risquer de me blesser à nouveau. Dans un premier temps, on pourrait croire, enfin, à une sage décision, mais non. Car, le lendemain, Alex m’envoie un mail pour me proposer une séance light, c’est-à-dire, un échauffement, 2*14(100m rapide-100m lent) et un retour au calme. Je lui réponds ok, départ de chez toi. On part pour la séance et arriver à la dernière série, je ressens une légère contracture à l’ischios de la jambe droite. Le lendemain, cette contracture semblait avoir disparu. Je décide donc de continuer l’entraînement par une séance de 6*1000m, mais, lors de l’échauffement, la douleur s’intensifie et m’empêche de poursuivre la séance. Et M……E, je n’en ai  pas encore fini. A ce moment-là, j'ai failli renoncer au marathon tellement cela m'énervait et m'inquiétait. Je prends donc rdv avec mon médecin pour qu’il me prescrive une prise de sang afin de connaître l'origine de ces contractures et de me rassurer sur ce mal si mystérieux. Les résultats n’ont rien confirmé, sauf que tout allait bien. Je mets ces contractures sur le coup d’un état de fatigue général de fin de saison et d'une surcharge lors de ma préparation.

Le 11 Novembre, après une semaine de repos, couplée avec du décontractant, je reprends l’entraînement en l’axant sur de la qualité et en y intercalant des séances de natation et de vélo pour la récupération. Mais c’est avec beaucoup de regrets que j’ai dû me résoudre à faire le marathon tout seul, car, à chaque entraînement, je voyais Alex filé devant sans avoir les moyens respiratoires de le suivre. Lors de ma séance VMA « longue » (1000m/2*5000m/1000m), j'étais en galère durant tous les quatre fractionnés, le souffle était très court. Je ne pouvais pas tenir mon allure naturellement, j'étais obligé de relancer à chaque 200m pour conserver un rythme intéressant pour ce type de séance.  Pendant la nuit qui a suivi, j'ai très mal dormi. Je me voyais faire le marathon  dans les conditions de la séance. Ce n'était pas concevable. L'idée « de vouloir renoncer » m'a encore traversé l'esprit. Je tiens à remercier Alex pour m'avoir soutenu et encourager dans cette phase si difficile.Durant les deux dernières semaines, je retrouve un moral de conquérant et des allures d’entraînement qui me semblent satisfaisantes. Je me retrouve dans une spirale ascendante.C’est SU……………………PER GENIAL, j'arrive à jouer avec différentes allures dans mes séances VMA « longue ». Par exemple sur un 3*4000m, premier 4000m (allure régulière 3'50'' au kilo), deuxième 4000m ( Allure progressive 1000m à 4'10'' au kilo, 1000m à 4'05'' au kilo, 1000m à 4' au kilo, 1000m à 3'55'' au kilo) et troisième 4000m ( Allure progressive 1000m à 4'05'' au kilo, 1000m à 4' au kilo, 1000m à 3'55'' au kilo, 1000m à 3'50'' au kilo). A la fin de chaque séance, je suis de plus en plus rassuré et heureux du travail accompli pour espérer tenir une allure inférieure à celle des 3h00 au marathon.Etant galvanisé, je recherche des informations afin de déterminer des correspondances entre des allures de 10km, de semi et de marathon, avec peu de points de correspondance.                       

Je trouve cette formule allure marathon = allure semi * 1.05 à 1.08

Je calcule mon allure semi par rapport au semi de St Christophe du Ligneron. Je trouve  une allure de 3’52’’au kilo, ce qui me donne une allure marathon située entre 4’05’’ et 4’11’’.Je décide de partir sur les bases de 4’10‘’ au kilo, avec un temps final de 2h55min49s.                                   

                                           Donc Objectif Marathon 2h55min

Dans les derniers jours, je sentais que j'avais des bonnes jambes, mais la confiance en moi n'y était pas. Je doutais de mon allure. Plus le jour J approchait plus mon allure augmentait pour finir à une limite de 4'16'' au kilo, cad 3h00min. Au bout du compte, je me suis  fixé trois objectifs de temps, le premier 2h55min (pour moi), le second moins 2h58min (mon record et pour mes enfants) et le troisième moins de 3h00 (pour un collègue).

La préparation, que je me suis bien pourrie par des erreurs, touche à sa fin. Il faut penser au marathon de dimanche. La veille, je prépare mes affaires de course (combinaison de triathlète du club de Chinon, des manchettes, des gants,  un bonnet, ceinture porte-dossard, trois gels au cas où). Je ne voulais pas faire, dans des conditions climatiques annoncées similaires, la même erreur que l'an passé où j’étais parti trop couvert. 

Mon Marathon

Le 29 Novembre, nous partons à sept personnes (six coureurs et une épouse, fort agréable) pour la Rochelle. Dans le mini-bus, l'ambiance est bon enfant et chaleureuse. Entre deux moments de pronostics des temps de chacun, j'essaye de dormir un peu afin d'emmagasiner du sommeil car il fût très perturbé les trois dernières nuits (j'ai dû refaire le marathon x fois et mes calculs d'allure). Nous arrivons à l'espace ENCAN vers 14h30. Chacun retire son dossard sans aucun problème puisque la majorité des coureurs n'est pas encore arrivée. Nous nous promenons de stand en stand afin de nous informer des différentes possibilités de courses pour l'année prochaine, en ayant en tête deux objectifs majeurs, les 100km de Bèlves et l'Ironman de Nice. Certains auront, sûrement, des idées bien divergentes sur la question de cumuler ces deux épreuves majeures. Dans un moment de flottement, je décide de quitter le groupe pour aller chercher, en pharmacie, une huile tonifiante à base de camphre de la marque Akéliène puisque je ne supporte pas les crèmes chauffantes de type Musclor. Après une heure de passage d’officine en officine, je trouve ce produit, tant désiré, et rejoins le groupe pour nous rendre sur l’île de Ré. Cette petite balade m’a fait du bien moralement. C’est donc avec confiance que je prépare mes affaires de course (installation du dossard et de la puce) avant d’entamer le repas. L’apéro lance le début des hostilités gastronomiques pré-compétition. Autour de tagliatelles à la bolognaise, l’ambiance reste décontractée et festive, malgré l’échéance du lendemain. La soirée touche à sa fin car il est temps de mettre nos corps en position horizontale et dans les bras de Morphée.

Après une nuit d'un sommeil profond et reposant (bizarre…….), lever à 6h30 et départ à 7h30 pour La Rochelle. Lors du transfert entre notre location et le mini-bus, je sens le froid cinglant, dû à la faible température combinée à un léger vent, pénétré sous mes vêtements. Tant mieux, cela me donne un avant goût des conditions sur la ligne de départ, mais me fait douter sur mon choix vestimentaire. Dès notre arrivée à La Rochelle, je descends directement du mini-bus pour me mettre à trotter, me mettre en mouvement. Dans ces conditions de stress d’avant course, je ne me sens pas bien dans l’inactivité, bien que le confort du mini-bus serait le bienvenu avec ce froid extérieur. Plus le départ se rapproche, plus mes compères sortent les uns après les autres. Et enfin c’est le tour de la photo de groupe…….

Présentation des protagonistes (de gauche à droite)

            Damien, Jean-Luc, Marcel, Alex, moi-même et Thierry

Ne vous inquiétez pas, nous n’allons pas à une soirée déguisée, organisée par VEOLIA. Mais les sacs poubelle, comme vous le savez, sont une sacrée protection contre le froid et la pluie.

 Il est 8H35, tout le monde se sépare. Marcel et Jean-Luc vont vers le départ des « femmes et vétérans », Thierry vers son sas « 3h30 », Damien vers celui des 4h00, Alex et moi vers celui juste derrière les élites. Durant 10 minutes, Alex et moi, nous trottinons en discutant sur les conditions de course et  nos allures avant de rentrer dans notre sas de départ.  Nous échangeons nos avis sur le récit de Monsieur HEUBI bruno et de sa stratégie de course, concernant les 24heures d’Aulnat. Dans le sas, je retrouve Manu, le cador du club de triathlon. On échange sur nos objectifs, il prévoit de partir à 3’45’’ au kilo, je suis impressionné, et me dit que je pourrais partir sur des bases de 2h50, vue mes prestations lors des différents triathlons. Je préfère rester sur mon objectif, peut-être par manque de confiance lié à ma préparation. D’un coup, on voit apparaître les kenyans rentrés dans le sas « élite ». Ils me sidèrent par leur décontraction apparente et leur tenue, un short et un débardeur, par ce froid. Je suis un peu comme eux avec ma combinaison de triathlète et mes manchettes.

J’entends le speaker informé les participants du départ imminent.

Juste avant le coup de starter, je connaissais mon objectif, mais pas ma stratégie pour y arriver. J’hésitais entre partir à allure constante, cad 4’10’’ au kilo ou partir sur une allure plus rapide le plus longtemps possible afin de se donner une marge de manœuvre en cas de passage difficile en fin de course. Je me suis inspiré de la stratégie utilisée par Monsieur HEUBI Bruno pour les 24heures d’Aulnat.3 …..2 ….… 1 ……….. 0 et c’est le départ.Je passe la ligne après 8 secondes. J’appuie sur mon cardio et c’est parti. Je me laisse quelques centaines de mètres pour regarder mon cardio et décider de mon allure. Mais déjà, il y a des missiles qui partent de partout. Je ne me raccroche à aucun d’eux par peur de le payer par la suite.

 

                    Chercher l'intrus ??????????????      Eh oui il est en fond d'écran

 

 

Au bout de 400m à 500m, je regarde mon cardio qui affiche une vitesse instantanée de 4’02’’ au kilo. Je me sens bien au niveau des jambes et du souffle. Je choisi donc de continuer sur une allure située autour de 4’05’’ au kilo, et inch’allah. Jusqu’au 3ième  kilo, d’autres coureurs me dépassent et certains commencent déjà légèrement à ralentir. Là, je me dis que leur course risque d’être longue et difficile. Vers le 4ième kilo, les deux flots de coureurs se rejoignent et on se retrouve, comme au début, confronté à différentes allures, donc je double et je me fais doubler. J’arrive à 5ième kilo, c’est l’heure du premier bilan.

5km  Temps passage 20’32’’, moy. de  4’06’’ au kilo
Check-up: le souffle est régulier, je sens une petite douleur à la cheville gauche, mais très supportable.
DONC ON CONTINUE A CETTE ALLURE

C’est très agréable et encourageant, il y a beaucoup de spectateurs sur les abords du circuit, malgré les conditions climatiques. L’initiative des organisateurs, d’avoir mis en gros, sur le dossard, le prénom des coureurs, me semble une bonne chose puisque les spectateurs ont la possibilité d’encourager chaque participant de manière individuelle.Revenons à ma course. Les kilomètres défilent assez vite, donc pas de lassitude particulière. Je passe les différentes difficultés sans aucun problème. Je ressens le bénéfice des séances de côtes, car aucune douleur dans les quadriceps et j’arrive à conserver mon allure. Le 10ième kilo arrive, c’est le second bilan.

10km  Temps passage 40’53’’, Ecart 20’21’’, moy. de 4’04’’ au kilo
Check-up: le rythme n’est pas forcé, je sens des petites raideurs au niveau des deux ischios et la douleur à la cheville gauche.
DONC ON CONTINUE A CETTE ALLURE

Je vois un écriteau, sur lequel est indiqué 2h51. Ces raideurs m’inquiètent un peu car elles ressemblent étrangement aux sensations que j’avais connues lors de ma préparation. J’essaye de les mettre de coté pour avancer. Dans un long faux plat, j’entends « Allez le triathlète, tu es facile ». Je ne me retourne pas, je lève une main, je pense aux collègues du club. Par la suite, cela s’avérera inexact, je les verrais un peu plus tard. On revient vers le port, on entend les clameurs des spectateurs. C’est super, on se sent porté.

 

On passe devant l’espace ENCAN et le 15ième kilomètre approche.

15km  Temps passage 1h01’06’’, Ecart 20’23’’, moy. de 4’04’’ au kilo
Check-up: le rythme reste toujours naturel, les petites raideurs au niveau des deux ischios et la douleur à la cheville ne sont pas accentués.
DONC ON CONTINUE A CETTE ALLURE
Dans cette partie du parcours, on rentre dans la base nautique, on suit l’université et le port de plaisance des minimes. On se sent seul car il n’y a pas beaucoup de spectateurs. Je me cale dans un groupe que je quitte, peu de temps après, au train. Nous sommes en dehors de la ville, donc il y a de grands boulevards où le vent se fait sentir. J’essaye à nouveau de rattraper un groupe pour m’abriter un peu. J’y arrive au rythme et je remarque un autre triathlète. Un petit signe de la tête, mais je ne me souviens plus de son club. Eh là clic clic clic, c’est la photo officielle. Il aurait pu me prévenir, je me serais mis dans mon meilleur apparat. Bon tant pis, je le serais pour l’année prochaine, si ????

En avais-je besoin ou pas ? Au ravito du 20ième, je dégaine un gel anti-oxydant que je prends avec de l’eau. Je vois l’arche du semi. J’entends « Allez lionel, tu es sur les bases de 2h52», et clic c'est dans la boîte. Ce sont les gars du Club et leurs épouses. Je fais un grand sourire (du moins, je penses le faire).

 

Je fais à peine 100m et j’entends, à nouveau, « Allez Lionel », c’est Maryvonne, l’épouse de Marcel, qui joue à cache cache avec un arbre.

Semi  Temps passage 1h26’04’’, Ecart 24’58’’, moy. de 4’05’’ au kilo
Check-up: le rythme reste toujours naturel, toujours les mêmes sensations dans les jambes. Je sens une petite lassitude m’envahir.
DONC ON CONTINUE A CETTE ALLURE

Je vois un écriteau, sur lequel est indiqué 2h52. Je me dis c’est bien, mais pas encore suffisant pour espérer tenir mes objectifs. De façon simultanée, on se dit, dans le groupe, « La course commence maintenant ». C’est frissonnant et survoltant, on est applaudi, acclamé, encouragé par une foule énorme de spectateurs. Vers le 23ième kilo, on attaque un long faux plats montant. Dans cette partie, j’ai les yeux fixés sur mon cardio en permanence car je me force pour conserver mon allure, pas moins de 4’10’’ au kilo. Arrivé en haut, je ressens des légères douleurs dans les quadriceps. Non pas maintenant, il me reste encore 19 bornes. Et heureusement, dans les kilomètres qui suivent, ces douleurs se sont estompées. Mais, de plus en plus, je regarde mon cardio pour connaître mon allure car je ne me sens, par moment, pas efficace dans ma foulée. La pancarte du 25ième, de nouveau un bilan

25km  Temps passage 1h42’13’’, Ecart 16’09’’, moy. de 4’08’’ au kilo
Check-up: le rythme est légèrement forcé, la raideur atteint l’ensemble de mes jambes. Dans la tête, cela bouillonne
DONC ON ESSAYE DE TENIR A CETTE ALLURE LE PLUS LONGTEMPS

La lassitude est de plus en plus présente dans mon esprit au travers des pensées négatives (pourquoi tu es là par ce froid ? attention à tes ischios,…). J’essaye de me recentrer sur mes objectifs au travers des images positives, telle que celle de mon fils, celle de moi à l’arrivée explosant de joie, …..Pourquoi celle de mon fils? Depuis que je l’ai amené, en compagnie d'Alex, avec nous à La Baule me voir courir un triathlon CD, je sens qu'il m'idolâtre un peu et je ne dois pas le décevoir pour continuer dans la dynamique sportive qu'il est en train de prendre. Dans les faux plats montants, je n’arrive plus à tenir le rythme. Ma vitesse instantanée perd 15 à 20 secondes. Après, il faut à chaque fois, relancer. Depuis le 26ième, je n’arrête pas de faire des calculs sur mon temps final et l’allure minimale à tenir par rapport aux kilomètres restants pour être en moins de 3h00. En plus, je fais le yoyo avec un groupe de cinq à six unités. Je les double, ils me doublent, selon le dénivelé du parcours. C’est dur moralement. Et encore un faux plat montant….et un de plus. Au bout d’une longue ligne droite, c’est le 30ième kilo 

30km  Temps passage 2h03’43’’, Ecart 21’30’’, moy. de 4’18’’ au kilo
Check-up: le rythme est forcé, la raideur est toujours présente dans mes jambes. Dans la tête, cela ne bouillonne plus, mais cela fusionne
DONC IL FAUT SE MOTIVER, POSITIVER, FAIRE QUELQUE CHOSE POUR CONTINUER
Je vois un écriteau, sur lequel est indiqué 2h53. Un petit calcul, 30ième kilo, il reste 12 bornes, à 5' au kilo, il faut une heure, temps final 3h03'43''. Ce n'est pas suffisant. Donc il faut continuer à tenir un rythme. Le petit jeu de « je te double puis tu me doubles » continue. Je m’inquiète pour mes jambes car elles sont de plus en plus lourdes et  les raideurs sont de moins en moins supportables. Je lâche définitivement mes camarades de jeu. Car, un coureur, en combinaison intégrale noire SKIN avec un camelback, nous double (surnom black man). Pourquoi un camelback, grosse question? Prépare-t-il une longue course? Je me force à me dire: «  prends sa roue pour te relancer  et on verra ! ». Et le jeu du yoyo recommence entre lui et moi. Dans cette fin de course, je suis obnubilé par mon cardio et les kilomètres. Je le regarde sans cesse pour connaître ma vitesse instantanée en permanence et essayer de maintenir une allure. Je commence à raisonner kilomètre par kilomètre. Les calculs fusent de tous les côtés dans ma tête. Enfin, on retrouve un dénivelé nul. Je me cale sur l'allure de black man. Le moral remonte, car je commence à entrevoir les moins de 3h00 (Un objectif) au bout de la route. On tourne à droite, on retrouve la ligne de départ, puis à gauche, avant le port d'échouage, et clic clic clic, c'est encore dans la boîte, toujours, mes collègues du club qui m'encouragent. Cela fait toujours chaud au coeur, même dans la M.....E. Je les remercie chaleureusement.
           

Je fais un petit signe, à  Jacky (l'homme à la casquette noire), c'est  dans la tête, maintenant.

Je retrouve mon camarade de jeu, le black man. On passe le 35ième kilo ensemble.
                      
35km  Temps passage 2h24’51’’, Ecart 21’08’’, moy. de 4’14’’ au kilo
Check-up: le rythme est saccadé, les jambes n'en  peuvent plus. Dans la tête, c'est l'ébullition, le carnage des neurones.
DONC ON DOIT TENIR COUTE QUE COUTE, ALLER DE L’AVANT

Je vois un écriteau, sur lequel est indiqué 2h54. Un petit calcul, je suis en train de perdre environ 1min par 5km. Il m'en reste 7,195km pour finir en 2h55, mais avec un passage que je n'apprécie guère. Il ne faut pas chômer, et surtout, attention au mur, grande inconnue. J'ai la pression du 37ième (Grande histoire d'amour). De kilomètre en kilomètre, je passe ce fameux 37ième. Je vois de plus en plus de gens marcher avec la tête dans les épaules. J'ai une pensée pour eux. 38ième,........39ième. Là, je vois l'arrivée, à 200m, de l'autre côté du chenal. Il suffit de plonger, nager, escalader et  c'est fini. En plus, j'ai de bonnes dispositions, je suis en tri fonction. Mais, ce n'est pas dans ma nature de couper des parcours. 40ième, plus que 2,195 km, le moral revient, les jambes sont toujours aussi lourdes, mais elles ne focalisent plus mon attention. Je pense à mon fils et la joie de lui dire que j'ai fait  moins de 3h00, battu mon record et fait 2h55... Quel Bonheur... Attention il ne faut pas s'attendrir, je suis sur le fil du rasoir. Je passe sous l'arche du dernier kilomètre. J'entends les collègues du club gueulés tous ce qu'ils peuvent pour m'encourager, et clic clic clic.... c'est encore dans la boîte.

Ah ce n'est pas beau à voir, je préfère la vue de dos.

 

Vue de dos .................... Ah c'est mieux, il y a moins de grimaces.

 

Dans le dernier kilomètre, je regarde, en permanence, mon cardio pour  voir le temps. Je me moque de mes jambes, des gens que je double (Excusez moi), je dois tout lâcher. Ce kilo est fracassé en 3'57''. J'arrive sur le tapis bleu, il reste 20m et je vois le chronomètre officiel, 2h55'18''.

Aller, on s'arrache. Wo.......................................ah c'est fini en 2h55'21'' temps officiel.

Final  Temps Réel 2h55’12’’, Ecart 30’30’’, moy. de 4’14’’ au kilo
Check-up: un corps bien  fracassé.  Dans la tête, le soulagement et la satisfaction.
DONC MISSION ACCOMPLIE

 Je joins la vidéo de mon arrivée. Sélectionnez le lien internet ci-dessous, et tendez bien l'oreille après mon arrivée.

  http://91.121.19.118/marathon/fichier_marathon/arrivee/2h31_3h00/2h54.wmv

A l'arrivée, les bénévoles, je les en remercie, sont aux petits soins avec les arrivants. Après le passage dans les deux premiers sas (Médaille, la puce, le coupe-vent, la couverture de survie), je m'isole car je sens monter des larmes de joie et de soulagement. Je me suis mis tellement de pression ces dernières semaines, à cause d'une préparation foirée et un objectif que je n'étais pas sûr d'atteindre. Je recherche Alex dans la tente de massages et de soins. Je l'aperçois et je lui demande son temps et il me sèche sur place en disant 2h47. Je lui dis respect. Après son massage, on se retrouve dehors. On attend nos autres compères, qui arrivent dans cet ordre, Marcel, Damien, Thierry et Jean-Luc (Mais lui il nous rejoint au mini-bus). Tout le monde est très heureux car nous avons tous battus nos records. Sur le chemin du retour, l'ambiance est à la rigolade, puis, tout le monde commence à sombrer dans un léger sommeil, sauf Thierry,  notre chauffeur.

De retour à la maison, je savoure cette victoire contre moi-même et je suis fier de cette course. Mon esprit  commence déjà à tourner sur mon objectif principal de l'année 2009. Une grosse période foncière m'attend.

  

Merci pour le temps que vous avez bien voulu consacrer à lire ce récit.

 

Au plaisir de vous rencontrer sur une course

 

 

 

5 commentaires

Commentaire de agnès78 posté le 13-12-2008 à 13:52:00

Un grand BRAVO pour ce bel objectif atteint :D et merci de nous l'avoir fait partager au travers de ce récit si précis et vivant. Je suis impressionnée par le volume de tous tes fractionnés!12 x 1000m à 90% MAZETTE! J'espère que la récup' se passe bien! Au plaisir de te croiser sur les routes et chemins.
bises
agnès

Commentaire de Obéron posté le 13-12-2008 à 16:53:00

Bravo pour la perf, pas si évident que ça la Rochelle!
Avec la Température, le vent et le foutu passage au port des minimes où y a pas un chat!
Au plaisir de te rencontrer.
Obéron

Commentaire de l'ourson posté le 15-12-2008 à 16:58:00

Bravo pour la perf et merci pour ce long récit palpitant du début à la fin :-)
L'Ourson_impressionné

Commentaire de canard49 posté le 15-12-2008 à 23:08:00

Hug frère de cap !!

Bravo pour le récit, même si je me suis beaucoup entrainé avec toi, il me passionne, j'ai découvert de nombreuses pensées et un esprit diaboliquement rationnel !! Félicitations pour avoir annoncé sur kikourou, à la seconde quasiment, ce que tu allais faire. Les projets fleurissent et on a encore de belles aventures qui nous attendent.
Pour une fois tu n'as pas abusé des figues ou autres aliments provocant des flatulences nauséabondes (certainement responsables de la contre-performance de la Rochelle 2007!).
Comme on dit, RESPECT (de lapin) et ROBUSTESSE
bises
Alex

Commentaire de Le CAGOU posté le 16-12-2008 à 16:28:00

Bonjour Binoclar,
Longin de longine et encore merci pour se merveilleux cr et toutes mes félicitations pour ton superbe chrono. Ceci va te rendre de très gros services pour les triathlons 2009. Vernay accroche toi! Mon 1er marathon sera le 28 avril 2009 à Marseille et mon 1er triathlon après 20 ans d'arrêt le 19 juillet pour le half "altriman" ( je suis maintenant un débutant et mon but est de prendre en premier lieu du plaisir , cependant j'ai toujours la fibre de la compétition!!! Je te souhaite de bonne fête à plus de te lire. SPORTIVEMENT LE CAGOU

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