Récit de la course : 24 heures de Saint Laurent du Pont 2003, par Léonard

L'auteur : Léonard

La course : 24 heures de Saint Laurent du Pont

Date : 21/9/2003

Lieu : St Laurent Du Pont (Isère)

Affichage : 1940 vues

Distance : 171.35km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

Retrouvez ce CR en image sur mon site Web :
http://coureurs.ultrafondus.com/coureurs/leonard/


La décision

Retour sur l’arrivée de Roche-La-Molière, nous sommes le 1er juin 2003 et je suis heureux comme un gosse devant un sapin de Noël, je viens de boucler mon premier 24h.

Et puis le syndrome de l’albatros me cueille. Jean-Benoît JAOUEN en avait parlé dans le magazine ultrafondus, faisant référence à un article de libé. Après avoir parcouru les océans, l’oiseau se pose sur la terre ferme et ne pense qu’à repartir. Le coureur d’ultra se trouverait dans la même situation après sa course, une sorte d’état de dépression qui le pousserait vers de nouvelles aventures. Je n’ai pas connu cette dépression, n’était peut-être pas un vrai syndrome de l’albatros, ou alors en plus petit, du genre syndrome du piaf qui vient de traverser un lac, mais en tout cas j’ai eu envie de me trouver très vite un autre 24h.

Alors, St Laurent ou St Maixent ? Je ne savais plus à quel saint me vouer. J’ai privilégié la proximité et tenu compte des conseils de Gilles PALLARUELO, en cas d’hésitation, aider l’organisateur qui a le moins de coureurs au départ. J’avais donc deux bonnes raisons de me rendre à St Laurent-du-Pont.



Préparatifs

L’ultra est une fête que j’aime prolonger. J’arrive la veille, je visite la région, je goûte les spécialités locales et je repars généralement le lendemain de la course.

Ce vendredi, je suis le premier arrivé. Je plante la tente quand arrivent Christian LEROUX et Yves CHOMONT, accompagnés de Maryse, du club de Christian.. J’avais repéré des petits restos sympas mais Christian m’invite à dîner dans le camping-car. Ce soir je vais donc suivre un régime de champion, Christian est venu pour la victoire. Yves ne court pas, il prépare le Grand Raid de la Réunion. Stéphane HAACK, le FURET était attendu mais il ne viendra que le lendemain. C’est une soirée agréable, très riche d’enseignements. On parle d’ultra bien sûr, de Transe-Gaule et de Spartathlon en particulier.



La course

Il fait chaud, je pars doucement avec FREDOU (Frédéric WHECLER) Je ne suis pas en jambes. Je ressens une gêne au genou droit, côté intérieur, mais rien de méchant pour l’instant. On tourne au même rythme pendant trois bonnes heures, puis soudain la douleur se fait plus vive. Déjà, il reste encore 21 heures de course !Trois semaines avant, j’ai participé aux 100km de Sologne à Theillay et je n’ai pas bien récupéré. Je dois avouer qu’au lieu de consacrer ces trois semaines à la récupération, j’ai réalisé quelques séances sans doute trop difficiles. Je commence déjà a alterner course et marche. C’est beaucoup trop tôt ! je n’ai jamais connu ça sur un ultra. Je suis venu avec pour objectif de dépasser les 170km, soit 54 à 56km au premier 6h, 45 à 46 au deuxième et 36 à 38 aux troisième et quatrième. Globalement, tous mes tableaux de marche de Roche ont été revus à la hausse de 2 ou 3km par tranche de 6h. Ils sont bien inférieurs à ceux de Theillay le 30 août où je n’ai pas du tout marché pendant 100km.

Mais quelles que soient les circonstances, il faut quand même le finir ce 24h. Je ne chercherai donc pas à être élégant, seule l’efficacité compte. J’analyse les risques (de manière subjective) Que peut-il m’arriver ? au pire un genou en chou-fleur le lendemain et le reste je ne veux pas le savoir, je ne veux pas abandonner. Maryse et Yves me conseillent de me faire masser, de prendre un médicament, de manger. Je ne me fais jamais masser en course, c’est trop difficile de repartir. J’évite les médicaments anti-douleurs, la douleur me signale les limites à ne pas dépasser. Et enfin je ne mange pas en course, ce n’est pas nécessaire, la faim est seulement cérébrale. Je prends du glucose et des boissons sucrées, de l’eau plate et gazeuse, du caloreen et mon infusion de soba.

Pendant ce temps la course avance et moi je marche de plus en plus. J’ai effectué 50km au premier 6h contre 54 prévus et je devrais en faire 41 dans la deuxième tranche au lieu de 45. Pour les 170, c’est jouable, à Roche j’avais ralenti après le passage du 100, là je devrais gagner quelques kilos, 40 et 40 seraient suffisants, j’y crois mais je ne veux pas en parler, pas encore, les douleurs peuvent s’aggraver, surtout ne pas courir, éviter les traumatismes, je marche à 7km/h. Pas de temps à perdre tout de même, 6X7=42, heureusement je suis déjà changé pour la nuit, ça m’a pris 10mn, ce sera mon seul arrêt pendant ce 24h. Demain, je quitterai le gore-tex, je finirai comme ça, avec la carline, le collant et la casquette saharienne sur la tête, tant pis, ce n’est pas un défilé de mode. Toujours les ravitaillements en vol, les cailloux ne rentrent plus dans les chaussures, ça me fait gagner du temps. L’astuce d’Yves, les chaussettes coupées, portées en guêtres sur les chaussures fonctionne à merveille, pourquoi ai-je décidé d’attendre le changement de tenue pour les enfiler. Avec Maryse, nous avons dû les retailler, là c’est parfait, il va falloir que je garde le modèle. Entre temps, j’ai reçu le coup d’aiguillon dans le cul de l’âne, c’est Yves qui me l’a mis. Selon lui ma mauvaise récupération depuis Theillay serait due à mon âge – « 48 ans ! c’est dix ans de plus que moi »- m’a dit le jeune homme. Alors là de deux choses l’une, ou je reste cloué sur place et j’abandonne en me disant que ces jeux ne sont plus de mon âge, ou je me dis que je dois atteindre mon objectif coûte que coûte pour montrer à l’ami CHOMONT que le « vieux » n’est pas encore à l’article de la mort (de coureur). Les deux dernières parties donneront 40 et 40, soit au total : 51+41+40+40=171km.

Après, trop de douleurs pour apprécier, une cheville enflée côté extérieur à l’arrivée, j’ai dû chercher à compenser les douleurs côté intérieur du genou. Les copains UFOs s’en vont, je reste sur place, de toute façon je n’ai pas le choix, je ne peux pas conduire.

Si vous ne savez pas où courir votre 24H en septembre prochain, allez à St Laurent. Quel accueil de la part des organisateurs, des bénévoles, du public ! Le parcours est plat (mais insuffisamment ombragé) Les droits d’inscription sont de 20€ pour 24h de course !




Regards sur les résultats de mes amis UFOs

Carton plein chez les UFOs ! ...tout s'explique:


-CHICO (Christian LEROUX-228,850km) Expérience 48h de Surgères + coaching Bruno HEUBI, on m’attendait à du grand CHICO, là c’est du top. Il le fait de belle manière, il faut le voir courir, la grande classe !

-FURET (Stéphane HAACK): Je le voyais à 180. Avec 36’/10km et 8h30/100km, il a le bon VO2 + l’endurance. A Roche il avait été malade, je savais qu’il allait se venger. Pas surpris et surtout très content pour Stéphane.

-THIBAUD (Thibaud CAHEZ): Je le connaissais de réputation, la Nove Colli et autres trails. Je lis les revues de course à pied, ce 24h c’est une formalité pour Thibaud quand on sait son palmarès.

-BRNO (Bruno JACQUET): Je suis allé voir la fiche de Bruno, un habitué de l’ultra qui envisage 200.

-FREDOU (Frédéric WHECLER): Il s’est décidé 15 jours avant la course. I’aime bien les coups de poker, surtout quand ça devient des coups de maître. Il est jeune, gère bien ses courses, un gros mental, potentiel pour l’ultra.


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