Récit de la course : Les Tchérattes 2008, par seapen

L'auteur : seapen

La course : Les Tchérattes

Date : 26/7/2008

Lieu : épauvillers (Suisse)

Affichage : 657 vues

Distance : 21.9km

Objectif : Pas d'objectif

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La carapate des Tchérattes

Une nouvelle version annoncée sans bitume pour cette édition 2008 des Tchérattes à Epauvillers dans le Jura suisse.

Donc des chemins, sentiers et quand même une longue portion de petite route gravillonnée et goudronnée tout frais sur laquelle les foulées se démèneront agréablement, le sol reste souple comparé au macadam sur lequel les pas se font sentir plus raides.

Le circuit habituel donc avec le même profil (voir récit 2007) mais des modifications infimes qui voit la distance s'allonger à 22.500 kms. Le dénivelé restant à environ 500 +.

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Le temps est légèrement à l'orage pour cette journée de samedi 26 juillet 2008. De gros nuages obscurcissent le ciel qui souvent se dégage et laisse place au soleil. Le temps n'est donc pas trop chaud et l'atmosphère à peine lourde. 

Toutes les manifestations prévues, VTT dès le matin et ensuite courses à pied se déroulent selon un programme précis qui se déroule sans faille.

à partir de 10 h00 jusqu'au départ à 16 h30 des deux courses principales en cross (la plus courte partant quelques minutes plus tard).

Plus de cent vingt coureurs s'alignent sur celle de 22.500 kms.

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Un air de liesse permanent s'est installé dès la premières compétitions dû notamment à l'activité incessante des stands de restauration sollicités par les compétiteurs aussitôt arrivés et les spectateurs et accompagnants qui investissent le grand chapiteau où des repas sont servis en permanence. De plus c'est carrément la fête au village puisqu'un bal de clôture est organisé ce qui a pour effet de rassembler déjà tous ceux qui y sont interressés et notamment les plus jeunes.

Il faut savoir quelle est sa place, s'y tenir et pourquoi l'on est venu (encore un peu je m'installe définitivement à la buvette) sous peine de se perdre et se déconcentrer dans ces allées, venues et entrecroisement de toutes ces personnes composant une vraie petite fourmillière.

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La préparation s'effectue à l'écart du village. On emprunte alors ses petites rues et déjà l'ambiance de la course à venir est pressentie dès les premières foulées d'échauffement sur les sentiers proches que l'on empruntera en milieu du parcours quand le circuit repassera aux abords du village pendant que se déroulent les mini courses des petiots. Un vrai régal qui met en joie tous les parents et autres spectateurs. Il faut les voir ces bambins carapater comme si leur vie en dépendait mais les adultes savent alors les tempérer pour qu'ils réussissent tous leur course. 

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Je suis prêt pour ma sixième édition. Deux semaines se sont passées depuis ces fameux 48 kms aux 2000+ à Orbey dans le 68.

Rapidement j'ai récupéré et dans les trois jours, effectué une sortie, l'habituelle sur herbe de 01 h 15 suivi 3 jours plus tard d'un 26 kms avec une grimpette de 3.5 kms et ses 250 +.

Rebelotte la semaine suivante et à l'approche de la compétition une sortie sur sentiers exclusivement et ses 200+ et 150+ pendant 01 h 30.

Donc récupération et entretien de la forme ont été les objectifs de ces deux semaines qui séparent les deux courses.

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Cette journée dans le Jura suisse et ses montagnes toutes vertes de prairies et de forêts m'accueillent donc en forme et prêt à en découdre sur une distance relativement courte pour un trail mais nettement plus corsée qu'un semi marathon vu son dénivelé et son terrain.

Une course obligée d'être rapide et soutenue ce qui en fait une course dure avec un tel  profil. Une première moitié dans laquelle on s'engage pleinement sous peine de perdre des précieuses secondes voire minutes irrattrapables par la suite et qui nous amène dans la deuxième partie que l'on doit soutenir à tous prix et notamment celui de l'effort terrible dans lequel on risque de se perdre à le maintenir jusqu'au bout. On arrive à ses fins de toutes manières mais celle-là est la façon de faire le meilleur temps. Une course à la vitesse tempérée au départ ne permet pas de rattraper le temps sur la fin, c'est trop tard, la distance est trop courte même en se donnant à fond car les "partis à fond" le seront toujours dans les derniers kms, ils auront la propension à se faire plus mal pour tenir la fin toute proche.

Donc ma façon de procéder se rapprochera de cette tactique de course car quand même c'est l'un de mes objectifs principaux de faire un temps. Surtout, les records ont été remis à zéro et c'est l'occasion de marquer cette nouvelle édition de mon emprunte-référence pour les années futures.

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Après un briefing qui nous met au courant de la nouvelle distance, le départ est donné.

La route nous sort du hameau et prend rapidement sur le droite le chemin stabilisé qui se transforme en un large et pierreux sur lequel les chaussures accrochent bien. La pente s'est précisée dans les premières centaines de mètres et mantenant elle est régulière jusqu'en haut des 200 positifs sur près de 3 kms. Elle pénètre dans les feuillus et serpente en longs lacets pour atteindre le sommet.

J'ai pris un rythme assez juste bien adapté au groupe dont je fais partie. Mais petit à petit je grignote légérement et passe ainsi des coureurs. L'allure est soutenue, l'échauffement très lent et long le permet. Tout de suite dans le vif du sujet. Je n'ai pas à ralentir donc j'ai trouvé rapidement le bon tempo. Et je tiens, premier km, deuxième, toujours le même rythme, je n'ai qu'à maintenir l'accélérateur à cette position. Je ne sais pas si je dois aller plus vite. Peut-être mais même si je suis en-deça je pense que c'est de peu et sans conséquence. Je conserverai donc une petite réserve pour la suite.

Tout là haut (c'est le point le plus élevé) la pente s'adouçit et on court à découvert du végétal, la partie bois a laissé la place aux champs et prairies des hauteurs. Un dernier coup de bélier sur une sente en herbe et ça passe puis sentier et chemin étroits à travers bois en faux plat descendant permettent de souffler et de s'installer dans la course après cette première étape primordiale. Le sol est "nickel" pour courir. Un vrai petit bonheur de détaler.

Et c'est la longue course au milieu des champs sur une petite route goudronnée. Les foulées sont régulières et permettent de tracer bon train. Mais pas question de se laisser aller. Je me relance en avant et reste très concentré, surtout ne pas accrocher de la plante, sur là où je mets les pieds. Les positions sont près d'être marquées vu l'échelonnement des coureurs et bientôt les principaux adversaires dont certains de ma catégorie vont être identifiés dont une féminine.

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Soudainement deux  beaux éclairs tracent le ciel verticalement dans le lointain et annoncent un orage qui se fera oublier n'étant pas venu.  

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Un long faux plat descendant avec cependant des remontées et une plus accentuée nous ramène à proximité du départ. Ce sont des longs chemins de bois caillouteux avec de brusques changements de direction dans des sentiers plus courts mais rapides. Aussi nous traversons des hameaux où sont rassemblés des spectateurs généreux en encouragements. Le circuit coupe des petites routes où sont installés des stands de ravitaillements en eau, nombreux sur le parcours et bien répartis. à chaque fois l'occasion de se désaltérer compense les effets de l'effort sous la chaleur assez supportable. 

La vitesse est rapide et toujours le rythme soutenu. De bonnes sensations quand au sommet d'un pente où il a fallu soutenir son effort la relance se fait presque toute seule par l'élan impulsé. C'est que celà fonctionne bien. Des réserves utilisées à chaque fois à petites doses permettent de filer. C'est la vraie compét. avec ceux qui m'accompagnent. Je les sens accrocheur et l'effet est très stimulant pour soutenir le tempo. Cette partie permet de m'installer dans la distance car assez roulante. Je "bouffe du kilomètre". et le gros pourcentage d'énergie est utilisé uniquement pour l'avance dans l'axe.

Bientôt la descente s'atténue et au loin le clocher et maisons du hameau de départ. Un morceau de route nous amène sur les sentiers à proximité et la pancarte nous indique qu'il reste 10 kms. Moins d'une heure pour parcourir cette première partie pas trop éprouvante mais rapide.

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à partir de là une deuxième course commence, plus âpre, plus rude. Sa physionomie change avec des terrains différents, plus tortueux, plus pentus, plus techniques qui soumettent l'organisme à un travail plus exigeant.

C'est la deuxième partie descendante dans laquelle on fonce direction sur les rives du Doubs. Le sentier serpente dans les champs fréquentés par les troupeaux aujoud'hui bien parqués derrière les barbelés que nous longeons. L'attention est toute sur le déroulé de nos foulées. Au ravito la première féminine m'a passé ainsi qu'un concurrent, c'est le signal de la course folle qui ne s'arrêtera qu'au bord du Doubs pour reprendre un autre tempo plus adapté et courir sur un sentier plat mais technique durant plus de quatre kms. Je n'ai pas "lâché le morceau", me suis accroché et ai maintenu la distance de quelques dizaines de mètres. Derrière moi je n'entend plus le bruit des poursuivants forcés de ralentir.

Géniale sensation que de dévaler ! quelle descente pleine d'énergie et je ne me suis pas grillé. Il reste à ce moment près de 7 kms et pour l'instant je m'en tire plus que bien. Pas de passage à vide et me voici près à affronter cette partie des rives toute rafraîchissante où l'air se révèle pas si étouffant qu'il aurait pu être dans cette partie très encaissée au plus bas niveau de la course. 

La proximité des eaux courantes de la rivière et le couvert des bois traversés permet de récupérer, de s'installer au mieux dans un autre rythme mais il faut continuer sans relâche d'aller de l'avant afin de conserver sa vitesse et surtout de ne pas s'emballer dans un faux rythme trop rapide qui vous "boufferait" et vous ferait apparaître la pente finale comme un mur infranchissable.

Donc la nécessité de foncer toujours reste impérative même en perspective d'affronter bientôt les 2.5 kms finaux. De plus on n'a pas du tout envie de se faire rattraper, ce serait comme de constater les prémices d'un échec à venir et très mauvais pour le moral.

Pour moi tout va bien, je colle aux basques de la féminine et ai la sensation de m'en rapprocher dizaines de cms par dizaines de cms. ça paraît  incroyable mais je suis sûr que sur 3 bornes je me suis refait de quelques bons mètres. C'est fou comme on peut percevoir justement les choses quand elles sont à fleur de peau dans l'intensité de la course.

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D'ores et déjà je suis satisfait et ne me voit pas défaillir. J'entrevois la grimpée finale et me sens l'énergie nécessaire à franchir cette dernière et "longue dans la tête" difficulté.

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Certaines parties au bord de l'eau sont remarquables dont l'une enchanteresse, un endroit de rêve choisi systématiquement par les randonneurs pour leur pause. La rivière à cet endroit est large et peu profonde, la verdure qui l'entoure épaisse et grasse comme un tapis prêt à vous accueillir dans toute sa fraîcheur, de plus les arbres espacés autour ombragent les lieux avec parcimonie. Les eaux s'écoulent avec nervosité et le plan cahoté par les pierres des plus hauts fonds affleurent à la surface sans la percer, le gondolement ainsi créé vit en permanence et provoquent un scintillement reflétant la lumière, on imagine alors dans le lit des pierres d'argent et d'or. (si ces quelques phrases vous touchent, alors elles sont de moi mais si vous les trouvez d'une platitude confondante et navrante, alors ben... euh... ...euh! je les ai piqué dans un bouquin). Un petit paradis sur lequel mon regard se détourne en passant (merci au coureur me suivant qui a fait que j'y jette un oeil, concentré que j'étais sur la course ; un farceur celui-ci, peu auparavant alors qu'un groupe de supporter encourageait Christelle la coureuse qui nous accompagnait par des "allez Christèle ", ne voilà t'il pas qu'il les interpella en leur criant "mais je ne m'appelle pas Christelle" ce qui provoqua chez eux l'hilarité générale).

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Je sens que l'on arrive au bout de ce sentier technique. La vue sur les pentes qui se dégage sur ma droite me le confirme. Une ferme que l'on doit contourner tout en commençant à grimper, déjà la pente nous stoppe dans notre élan. C'est le dernier ravitaillement. Des coureurs agglutinés font la pause et ne se pressent pas pour repartir signe que ça commence à être sérieusement dur pour certains, celà me rappelle les premières fois lorsque j'ai abordé cette course. Aujourd'hui je me sens encore mieux que la dernière qui remonte à 2007. Je ne veux pas perdre de temps. J'accuse juste le coup ayant déjà ralenti pour amortir le choc peu auparavant.

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Je crois que la première  féminine a déjà filé à l'anglaise. à mon tour de m'y atteler à cette montée. De la pure montagne. Et c'est parti. j'essaie de trouver un rythme qui me permette de courir mais c'est difficile. en fait je marche tout en relance. Pas question de tomber dans un rythme faussé de marche à pied. Donc mon essoufflement est celui de la course et je fais ainsi mon chemin. Je passe les coureurs partis juste devant étant plus rapide mais l'ambiance compét. fait qu'ils essayent de s'accrocher. Rien n'y fait je poursuis mon avance, oh ! pas grand chose, juste pour faire la différence. C'est d'ailleurs bon pour le mental et la motivation reste intacte pour continuer.

Le début sur plus d'un km est vraiment difficile où la pente est la plus raide, mais si je tiens le choc c'est tout bon pour la suite où elle continue fort mais est certainement moins intense vu que là on peut continuer sur un rythme ininterrompu de course à pied.

Donc je m'accroche. Je ne suis pas perturbé par un trop gros effort à fournir. Certes il l'est mais maîtrisé. Je m'installe dans le temps, c'est bon signe, des dizaines de mètres sont avalées et bien sûr ça finit par faire des centaines.

Les vétérans de ma catégorie qui m'avaient répéré sont petit à petit lâchés. La première féminine elle, a disparu en avant. Dernières centaines de mètres très duraille mais tellement excitant, surtout lorsqu'on avance, comme moi par exemple, enfin... à mon rythme.

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Et bientôt le passage qui consacre la fin de montée finale avec tous les supporters qui ont choisi cet endroit pour apprécier la souffrance des coureurs. Je leur sourie en passant et les remercie de leur présence en levant les bras. C'est carrément une pré-arrivée. Plus qu'un petit km (le but du jeu sera alors de conserver son avance sur des poursuivants éventuels dont vous n'avez pu apprécier l'avance car interdit de se retourner dans la montée, trop dur) savoureux à travers la prairie en dévers et en petites bosses pour accèder à un chemin dominant les lieux et le village vu cette fois sous l'angle d'en face qui vous prépare à dévaler sur un sentier à travers les prés et passer ainsi entre les maisons et atteindre alors la petite route d'accès au centre du village. Une petite bosse terminale, pourquoi pas, tant qu'à faire, un dernier coup de collier et passage de la ligne d'arrivée. Le speaker et la foule vous accueille bras ouvert et vous complimente en vous identifiant. "Fier comme tout" je suis.

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Merci aux organisateurs et bénévoles pour ce circuit de première qualité, un mini trail ou une course nature exigeante au tracé remarquable dans la campagne montagneuse et typique du Jura et au profil bien marqué dont les dénivelés sont repérables facilement qui force les organismes à aller plus loin dans l'effort.

Et bravo pour les spécialistes de l'informatique qui ont pu fournir des résultalts malgré la défaillance du réseau due aux satanés éclairs de ce foutu orage qui n'a pas éclaté mais qui a laissé son empreinte.

Mon chrono (c'était le but d'en faire un) : 22.500 kms parcourus en 01h 54 mn 50s. Une journée réussie de course à pied. En attendant une prochaine déjà programmée et qui me verra sur le circuit franco-suisse Pontarlier-Yverdon-les-bains lors des journées du Festival du sport avec des épreuves de toutes sortes dont le point final sera ce 40 kms aux 2000+.

A bientôt pour un nouveau récit, peut-être... Enfin si un éclair ne m'a pas foudroyé d'ici là...

1 commentaire

Commentaire de Mustang posté le 29-07-2008 à 19:12:00

sympathique course et bravo pour ton récit et ta perf!!! bonne suite!

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