Récit de la course : Grand Raid 73 2008, par Olivier91

L'auteur : Olivier91

La course : Grand Raid 73

Date : 24/5/2008

Lieu : Cruet (Savoie)

Affichage : 1893 vues

Distance : 73km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Un GR73 un peu galère.

Salle des fêtes de Cruet. Pour la 3ème année consécutive, je goûte l’effervescence endormie des derniers préparatifs avant le départ. Cette année, les copains coureurs sont venus nombreux au rendez-vous et je ne sais plus où donner de la tête.

 

Il s’agit de mon premier trail de l’année … pas le plus facile ! Je sais à quoi je dois m’attendre. Les 4800 m de dénivelé se font souvent dans des pentes sévères et que j’ai toujours connues glissantes. Mais cette année, on les prend dans le sens contraire, ce qui veut dire en particulier que la montée terrible du Colombier se fera à la fin, ainsi que la longue crête ascendante qui mène au mont Pelat. Si on y ajoute 13 km de descente pour terminer et 4 km de plus que l’an dernier, on peut tabler sur une demi-heure à une heure de plus que l’an dernier.

 

Ma nuit a été correcte, et la proximité de l’hôtel qui nous héberge Alice et moi, m’ayant autorisé un réveil beaucoup plus tardif que les deux années précédentes. Alice m’a laissé me préparer seul, elle profite de quelques heures de sommeil de plus, elle court le Petit Savoyard dont le départ est à 8h30. Elle sera accompagnée de 3 amis qui découvrent à l’occasion le trail en montagne. En attendant, Manu et Sandrine m’ont conduit vers la salle des fêtes de Cruet qui semblait attirer toutes les voitures alentours en cette heure de la nuit.  Bref me voilà à nouveau à l’orée d’une journée en montagne.

 

Le départ se fait sous une petite averse froide, mais le fond de l’air est doux et si cette pluie cesse, nous ne devrions pas souffrir du froid, grande spécialité du GR73. J’ai pris position avec quelques potes dont Guillaume qui vient aussi de Villebon (Agnès sa femme courant le Petit Savoyard avec Alice). Guillaume se prépare pour sa première participation à l’UTMB. Peu habitué à la montagne, il risque souffrir dans les descentes qui me semblent toujours l’élément le plus spécifique de ces ultratrails de montagne. Nous commençons ensemble, mais dès le début, si je me sens bien, je remarque que mes jambes semblent un peu anesthésiées… et Guillaume prend une petite avance qui le met hors de ma vue.

Quelques mots avec Olivier74 qui s’est amusé à partir vite mais rentre dans le rang et je suis vite au niveau de Jean-Marie « Akunamatata » photographe de grand talent qui cette année court pour lui, mais toujours avec l’appareil prêt à déclancher. Je me positionne vers la 80ème place, avec comme stratégie un départ prudent puis une remontée tranquille, en particulier en profitant des descentes, pour viser une place dans les 50.

La première montée de 900 m est avalée à une vitesse inférieure à d’habitude. Je me rassure en me disant que cela correspond à ma stratégie … sauf que je suis déjà obligé de m’arrêter pour respirer presqu’arrivé en haut. En faisant le point, je m’aperçois que je n’ai aucune sensation. Les fessiers ne poussent pas, si je force, une impression nauséeuse. En pourtant je suis à 800m/h alors que j’ai fait montée de même type du GR73 2006 à 1150 m heure sans forcer … !

 

Je me dis que c’est le réveil matinal qui s’est mal fait et je décide de patienter, tout va bien finir pas se remettre en place. La descente qui suit me rassure sur mon niveau dans ma spécialité, et j’arrive au ravitaillement environ centième, soit en phase avec mes prévisions, mais je devrais être préoccupé par le temps pris pour cette première partie. J’ai fait le yoyo avec Jean-Marie, et courir en sa compagnie est bien sympa (j’aurai plein de photos pour cette journée !).

La suite se passe un peu comme le début : çà va bien à petite vitesse, mais quand j’accélère les nausées reviennent et je tiens pas longtemps. J’arrive ainsi au début de la montée de la Galoppaz. Je sais pour être descendu par là les 2 années précédentes, que la montée ne devrait pas être de la tarte.

Cela se confirme, il s’agit d’une vraie patinoire. La boue est omniprésente et particulièrement glissante. Les poids lourds comme moi s’embourbent et perdent une énergie folle dans les appuis fuyants. Mes sensations sont toujours mauvaises, aussi je m’assieds et tente le coup d’un gel coup de fouet. L’effet est immédiat et j’ai enfin un bon moment. Dans cette deuxième partie de montée, raide, je double plusieurs coureurs qui venaient de s’enquérir de ma santé quels que temps auparavant. Au sommet, je bascule dans une folle descente où je double une vingtaine de coureurs. J’ai un petit moment d’euphorie. Un des derniers que je double est Guillaume qui prend ma foulée que j’ai un peu ralentie pour que l’on reste ensemble.

Malheureusement, l’effet bénéfique s’estompe et nous formons bientôt un trio avec Jean-Marie qui nous a rejoints et nous arrivons finalement aux Aillons, mi-course dépassée. Nous sommes environ 110èmes, ce n’est pas ma place habituelle … mais je sens que je ne saurais faire beaucoup mieux aujourd’hui. Le déclic attendu ne se produit pas. J’en profite pour prendre un peu plus de temps au ravito. Sam, l’UFO girafon, nous rejoint, surpris de me rencontrer au milieu de la course. Son sourire me donne du baume au cœur … mais pas plus d’énergie dans les fessiers qui continuent à être un poids plutôt qu’un moteur.

 

Nous repartons avec Sam et notre quatuor, se fera et se défera au gré des km. L’ambiance est bien sympa. Je ralentis le groupe dans les montées tel un escargot neurasthénique, et prends de l’avance dans les descentes. La longue montée sur piste forestière menant aux pentes finales du Colombier me semble interminable. J’essaie de suivre le rythme de Sam et Guillaume, mais je suis obligé de faire quelques arrêts, rapides, mais préjudiciables pour la performance.

 

Les 300 derniers mètres de montée au Colombier sont toujours aussi impressionnants, mais je les avale, sans plus de défaillance, mais sans plus de vaillance non plus. Je suis complètement à sec, n’aillant pas pris de compléments au-delà de mes deux petits bidons fichés sur les bretelles de mon sac. Il fait chaud depuis 2 heures, et je profite d’une petite gorgée chipée à Jérôme qui pointe au sommet et je plonge dans la descente avec délices. J’attendrais Guillaume un peu plus bas. Un robinet bienvenu me permet d’attendre le prochain ravitaillement sans défaillir. Je suis un peu surpris, car sur les faux-plats, je vais assez bien. J’arrive même maintenant à devancer Guillaume ailleurs que dans les descentes. Suis-je sauvé ? Non, car quand le profil se redresse, je retombe dans les mêmes difficultés. Guillaume me distance et finit par m’attendre au ravito. Je constate qu’il commence à être cuit et que les jambes ne le porteront plus sur les descentes. Jean-Maris abandonne et nous repartons à trois, à un rythme de sénateur. Il ne nous reste que de la descente… sauf un petit raidillon sur les pentes du Mont Charvet où je reperds encore des places.

Nous basculons dans la dernière descente, très raide où les pieds tapent dur et s’échauffent. Je me lâche et double pas mal de coureurs … je sens cependant que l’accumulation de descentes de la journée va bientôt venir à bout de mes jambes insuffisamment préparées à cet exercice. Je ralentis un peu et arrivé au dernier ravito où l’accueil est particulièrement chaleureux. Je m’assieds et discute en mangeant une orange bienvenue. Sam et Guillaume finissent par arriver et nous repartons en petites foulées. Il ne nous reste que 7 km quand je dois laisser filer Sam à cause d’un caillou dans ma chaussure. Coupé de cette émulation, notre duo se laisse un peu aller et nous rejoignons l’arrivée à petite vitesse, bien entamés, mais heureux.

 

Alice et tous les copains sont là. L’ambiance est très joyeuse, tout le monde semble avoir passé un très beau samedi. Jean-Paul Fourtin semble aux anges. J’en profite pour lui demander quelques infos pour l’organisation de ma course, la Montagn’hard.

 

Reste que j’ai réalisé une performance abominable et qu’il y a du boulot à faire pour être prêt pour la traversée intégrale des Pyrénées. Du boulot d’analyse en particulier pour comprendre ce qui m’est arrivé. Les mollets sont restés très durs et gonflés pendant plusieurs jours, comme après la Diagonale des Fous, mes footings ultérieurs ont été minés par des moments de manque de puissance remarquables. Il me faut trouver la raison, car dans ces conditions, je pars avec un handicap important pour réaliser notre objectif de l’été.

3 commentaires

Commentaire de Jerome_I posté le 01-06-2008 à 23:28:00

Allé Olivier, pas de soucis à se faire il y a des pérode de l'année où ca va moins. Une fatigue passagère. Lève le pieds et repart de plus fort ou au contraire augmente un peu l'entrainement settimanal avec une semaine de pause toutes les 4 semaines pour recharger...
Content de t'avoir revu.
Jérome

Commentaire de L'Castor Junior posté le 01-06-2008 à 23:41:00

Olivier,
Tu m'as dit dès le soir même avoir vécu là mon Mercantour 2007.
Ma fin d'année 2007 a été bien meilleure que ne le laissait présager ma "perf'" du Mercantour...
Comme le dit Jérôme, ça va revenir, et je suis sûr que votre balade pyrénéenne va jouer à fond son rôle de catalyseur de motivation ;-))

Commentaire de agnès78 posté le 02-06-2008 à 11:15:00

allez allez olivier! cela t'ai déjà arrivé de te sentir moins bien et cela ne t'a pas empêché de faire de grosses perfs après! Tu veras, tu seras en très grosse forme pour vivre cette magnifique aventure... Un dernier règlage au TGV et tu seras fin prêt, j'en suis sure. en attendant prends soin de toi.
Bises et à bientôt à pralo
agnès

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