Récit de la course : 100 km de Vendée 2008, par Jihem

L'auteur : Jihem

La course : 100 km de Vendée

Date : 3/5/2008

Lieu : Chavagnes En Paillers (Vendée)

Affichage : 1586 vues

Distance : 100km

Objectif : Faire un temps

6 commentaires

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100 km de Vendée 2008

Les 100 kms de Vendée constituent mon second 100 kms après une première expérience l’an passé à Belvès, ce qui je crois m’a donné le goût de l’ultra pour un bout de temps. J’avais alors fini en 12h28 qui constituait une grande satisfaction en plus d’avoir achevé l’épreuve avec de bonnes sensations. J’étais séduit aussi par l’ambiance et le respect mutuel que j’ai retrouvés la semaine passée à Chavagne. L’objectif fixé était cette fois-ci de passer en deçà des 12 heures avec un passage intermédiaire en 5h30.

 

Alors que j’étais très satisfait de ma préparation qui m’avait laissée une foulée dynamique, des problèmes de sommeil récurrents m’avaient un peu démobilisés les dernières semaines. J’abordais ainsi la course avec une inconnue et un léger détachement.

 

3 heures du matin ce samedi. Les centbornards se lèvent à l’unisson dans la petite salle du patronage mis à notre disposition. Personnellement, j’ai fait une nuit aussi blanche que la statue de la sainte vierge dressée devant moi. Je suis habitué à ces insomnies de veille d’épreuve et les aborde maintenant avec patience. Le temps de se préparer, nous nous dirigeons vers le gymnase où le petit déjeuner est servi à partir de 3h30. Le temps de recueillir quelques anecdotes ça et là, je me dirige vers la ligne de départ et dépose à la consigne diverses choses qui peuvent être utiles durant la course : boissons, gels, crème solaire, pansements… Et la frontale que je décide au final de ne pas utiliser. La température étant très douce, je décide de partir en débardeur et de mettre mon buff autour du cou. Il me protègera plus tard la tête lorsque le soleil se présentera.

 

5 heures, c’est le départ dans l’obscurité. Il est assez délicat de régler son allure dans le noir où les repères sont différents, ne serait-ce que la vision du chrono. Ceci étant, je prends un départ prudent puisque je me ferai dépasser pendant les 25 kms pour passer en 222e position (ce que je découvrirai après l’arrivée). J’ai décidé d’adopter la méthode Cyrano en marchant 1mn toutes les 14 mn de course. Je l’ai travaillé pendant toute ma préparation. Je peux alterner course et marche sans changer de rythme. Au moins durant la première partie du parcours.

 

Peu après le départ, nous passons devant une petite chapelle éclairée où l’on sonne les cloches en notre honneur. Sympa. Vers le 8e kilomètre, nous retrouvons les accompagnateurs à vélo à la recherche de leurs coureurs respectifs. Ils nous apportent quelques éclairages le long d’une belle route couverte d’arbres. Personnellement, je cours sans accompagnateur,  et je ne suis pas certain qu’il s’agisse d’un handicap à mon niveau. J’aime cette solitude, ce rendez-vous avec moi-même. Et puis il y a ces rencontres que l’on fait au gré du parcours. Ces coureurs expérimentés qui partagent volontiers un peu de leur expérience. Personnellement, je suis toujours à l’affut de leurs conseils. Dès le 20e kilomètre, j’ai les jambes lourdes. Je ne m’inquiète pas car j’avais eu la même sensation à Belvès. Je franchirai le marathon en 4h30 avec la même lourdeur. Lorsque je monte un peu le rythme, je me sens mieux. Je décide donc d’accélérer. Je passe les 50 kms en avance sur mon temps en 5h20. Je m’arrête à la consigne pour prendre une ceinture avec de la boisson énergétique, des gels et mon portable. J’oublie de me mettre la crème solaire… Je me sens mieux d’autant que je dépasse à présent beaucoup de monde. Les premières chaleurs apparaissent mais je n’en souffre pas. Je fais un 3e 25 kms de rêve qui sera plus rapide que le premier (2h41). Je suis euphorique. Vers le 65e km, je décide comme prévu de marcher toutes les 9mn. Ce rythme m’aidera plus tard lorsque je ne serais plus en capacité de décider du moment où je marche. Je m’astreindrai à ne marcher qu’une minute aussi longtemps que possible. Je me motive. Au 75e kilomètre que je passe sur d’excellentes bases en 8h05, je commence à coincer. Normal. Tout va bien et au-delà de mes prévisions. Pendant que je m’arrête à la consigne, j’entends derrière moi l’arrivée de la première femme en 8h10. Impressionnant. C’est au 80e que je coince vraiment. Mes jambes sont tétanisées. Je n’arrive plus à courir et je suis seul en plein soleil. Je prends un grand coup au moral car je vois mes objectifs s’éloigner après une grosse période d’euphorie. Et me demande un court instant si je vais pouvoir finir. Je vais marcher ainsi 20 mn sans pouvoir courir. Heureusement l’ombre des arbres arrive. J’improvise un plan d’urgence. J’appelle mon pote Philippe pour qu’il me remonte le moral. 2 ou 3 mots et c’est reparti. Le moral est revenu, les jambes sont de nouveau là. Je vais ainsi me projeter en courant jusqu’au 90e kilomètre. Au passage, j’aurai fait mon second marathon en 5h. Du 90e au 96e, je gère « comme tout le monde », me motivant par le bon temps que je suis en train de réaliser, pensant à me concentrer sur autre chose que la douleur. Au 96e ça coince vraiment. Je vais marcher jusqu’au 99e. J’ai chaud. Mais je sais que mon objectif est atteint au-delà de mes espérances. Au dernier kilo, je me remets à courir, me motive. Je me parle et me pousse à accélérer. Les 500 derniers mètres se font au sprint. C’est important pour le moral et pour le souvenir que je garderai de l’épreuve. Je franchis la ligne en 11h33, 55mn de mieux qu’à Belvès. Je craque quelques instants. C’est le bonheur. Je pense alors que je peux taquiner les onze heures une prochaine fois.

 

Au final, je me remémore les points positifs : je me suis parfaitement alimenté, je ne me suis jamais attardé aux ravitaillements, je recommencerai l’alternance course/marche. J’aime finir en beauté. Je n'ai aucun bobo. Et des points à améliorer :  Se re-motiver lorsque l’objectif semble s’éloigner. Se concentrer sur d’autres choses lorsque ça va mal. Bien avoir en tête dans les moments pénible, qu’une meilleure période doit suivre. 

 

Je ne peux décemment pas achever ce compte-rendu sans parler de l’accueil et de la qualité de l’organisation. Il est difficile de décrire la perfection. Alors je m’arrêterai sur la chaleur et la disponibilité des bénévoles, sur le soutien efficace des speakers et de quelques gamins. Et aussi le respect mutuel et la solidarité des coureurs.

 

J’écris ce résumé deux jours après. J’ai déjà des fourmis dans les jambes.

6 commentaires

Commentaire de MARC78 posté le 06-05-2008 à 12:58:00

Bravo !! tu as tenu ton objectif et compte-tenu des conditions climatiques (et des 105 abandons!!), je te tire mon chapeau !!!

Félicitations !!

Commentaire de BENIBENI posté le 06-05-2008 à 14:49:00

Bravo à toi ! C'était mon premier et j'en ai bien chié aussi !

Commentaire de calimero posté le 06-05-2008 à 19:29:00

Battre son record de près d'une heure ce n'est sans doute pas donné à tout le monde!! Si en plus 2 jours après tu veux recommencer c'est que vraiment tu es au top!!

Bravo

Commentaire de Velveteethol posté le 07-05-2008 à 11:03:00

Ben bravo! T'as l'air d'avoir bien géré ton effort et tu améliores beaucoup! :)
En plus tu fais du cyrano et tu me prouves que ca marche bien!
Je veux juste dire que j'aimerai bien en faire ou tester sur les longues distances mais comme j'ai les ligaments qui deviennent raides au niveau des chevilles ca serait un calvaire pour moi cette méthode, déjà que l'arrêt au ravito et la relance qui suit c'est folklo. :(

Commentaire de Epytafe posté le 07-05-2008 à 15:07:00

ça a presque l'air simple vu comme ça...

Félicitations, presque une heure de mieux, et sous le soleil. Chapeau bas !

Commentaire de l'ourson posté le 07-04-2010 à 22:57:00

Hi Jihem !

Superbe récit plein de bons conseils pour les nouveaux venus sur la distance ;-)

L'Ourson_au_plaisir_de_te_claquer_la_biz_sur_la_ligne_de_départ_2010_:-)

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