Récit de la course : 48 heures de Brno 2008, par mico34

L'auteur : mico34

La course : 48 heures de Brno

Date : 28/3/2008

Lieu : Brno (République Tchèque)

Affichage : 701 vues

Distance : 220.3km

Matos : + de 200km

Objectif : Battre un record

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48h de Brno

Petit retour en arrière.
Après avoir longtemps hésité entre le 24h de Rennes et le 48h de Brno, j'ai finalement opté pour ce dernier craignant d'avoir du mauvais temps à Rennes en mars. Après coup, au vu des conditions climatiques ce jour là, j'ai eu le nez creux.

Mon choix défini, est venu ensuite le choix du moyen de transport. Après recherche, j'ai découvert que j'avais à ma disposition deux moyens pour aller à Brno : soit le train via Berlin en partant le mercredi soir et en rentrant au plus tôt le lundi matin suivant, soit l'avion jusqu'à Vienne puis le train ensuite avec départ le jeudi matin et retour possible le dimanche soir. Le vol trouvé s'étant révélé moins onéreux que le train et m'évitant la fatigue de deux nuits de plus de voyage c'est l'avion qui a gagné. Là également, cela s'est avéré un bon choix au vu des nombreux problèmes que Tonio, qui y allait également a rencontré pour y aller en train.

En fin de compte, mon seul raté aura été pour la réservation du vol retour de ne pas avoir pensé au décalage horaire (heure d'été) impactant le retour. Le vol réservé m'obligera à repartir de Brno par le train de 12h50 et la course ne finit plus à 10h mais 11h. Ouille ça va être chaud.

Il est temps maintenant de définir mon objectif. Tâche difficile car s'il est bon d'être ambitieux, si l'on ne veut pas risquer d'être déçu du résultat, il vaut mieux ne pas être présomptueux. Je n'ai fait qu'un 48h (à Antibes, l'année dernière) où j'ai parcouru 189km alors que je souffrais du dos à cette époque et j'ai fait 193km à Monaco en novembre (sur les premières 48h des 8 jours). Donc l'objectif sera d'essayer de dépasser les 200km. En effet, je ne veux pas être trop gourmande et risquer une désillusion si je vise trop haut sans réussir mon pari. Et puis si je mets la barre trop haute cette fois-ci, la dépasser sera encore plus dur la prochaine fois.

Donc jeudi 27 au matin, départ pour l'aéroport d'Orly. Pas de problème pour y aller, mon mari (merci à lui), m'y emmenant avant d'aller à son boulot. L'avion est prévu pour partir vers 9h et arriver vers 11h à Vienne. La compagnie empruntée étant une "low-coast", j'ai préféré ne rien réserver après en cas de retard à Vienne. Mais, heureuse surprise, aucun problème de retard. A l'aéroport de Vienne, je trouve facilement le bus pour me rendre à la gare, puis le train pour Brno où j'arrive vers 15h.

Ayant prévu d'attendre Tonio qui est censé arriver vers 16h15, j'en profite pour tenter de réserver le bus de 13h15 qui me permettrait de gagner une 1/2 heure sur le retour et d'arriver directement à l'aéroport de Vienne dimanche. Las, il est déjà complet. Retour donc à la gare où je réserve un billet pour 12h50. Constat étrange : cela coûte 3 fois moins cher d'acheter son billet à Brno qu'à Vienne pour le même trajet.

Après avoir attendu en vain Tonio jusqu'à 16h30, je suppose l'avoir manqué, et me décide à prendre le tram pour rejoindre l'hôtel où nous devons nous rendre. Evidemment, je me trompe et part dans le mauvais sens, m'éloignant de mon point de chûte. Je suis obligée de faire demi-tour pour repartir dans le bon sens (1/4h de perdu, le mal n'est pas bien grand). Heureusement, l'hôtel est bien indiqué (j'ai omis de faire une photocopie de ce coin de la ville) et j'y arrive vers 17h. Tonio n'est pas encore là. Je termine les formalités d'inscription, découvre la liste finale des inscrits (avec un inscrit de dernière minute "Yannick Kouros" ainsi que la chambre que je vais partager avec une autre féminine qui a déjà mis ses affaires dans la chambre mais ne s'y trouve pas pour l'instant.

Vers 19h, je vais pour manger et croise deux gars dont un qui me demande ma nationalité et si j'ai fait Surgères. (Non désolé mon gars). Et qui me déclare être grec. C'est comme cela que je découvre que j'ai en face de moi le coureur mystère Kouros, l'inscrit de dernière minute. Repas pas terrible. Je retourne dans la chambre vers 19h30. Bien m'en a pris de ne pas avoir traîné. La russe avec lequel je suis logée, qui est Galina Erimina, est déjà couchée. Plus qu'à éteindre la lumière et à attendre que le sommeil veuille bien venir. C'est un exploit, j'ai trouvé plus "couche-tôt" que moi.

Evidemment, vendredi matin, elle est réveillée à 5h (argh). Bon, pas grave, comme ça je risque pas d'être en retard. Petit déjeuner (un peu meilleur que le repas du soir) avec Tonio qui a réussi à arriver après maintes péripéties vers 20h la veille puis départ vers la salle d'exposition où nous allons courir. Installation et découverte ; L'organisation a bien fait les choses puisqu'elle a réussi l'exploit de placer côte à côte les 3 seules personnes qui parlaient français. Je partage une table avec Saïd qui est venu avec son fils et Tonio se trouve à la table à côté. Pour les périodes de repos, il n'y a que des matelas et je n'ai pas pris de duvet. Voir le côté positif, je serai moins tentée de m'arrêter. Côté préparation du matériel, j'aurai pas vraiment été au top ce coup ci. J'ai même oublié ma crème Nok à la maison. Je fais quelque peu amateur à côté des autres. Je prends quelques photos car je me doute bien qu'une fois la course démarrée, je n'aurai plus le temps d'en prendre. Beaucoup ont des accompagnateurs pour assurer la partie logistique.

Côté concurrent, les jeux sont faits et le podium, aussi bien masculin que féminin, laisse peu de place au doute. Côté femmes, trois d'entre elles ont déjà couru à Surgères, Michaela Ditritriadu, Galina Erimina et Irina Koval et côté hommes, les premières places semblent déjà promises à Yannick Kouros et à Tony Mangan, le vainqueur de l'année dernière. Il y a de fortes probabilités que je finisse dernière des six féminines mais en fait je m'en soucie peu, mon seul désir etant de faire une bonne course sans me soucier des autres que je n'ai de toutes manières aucune chance d'approcher.

10h : Après un départ canon du Sieur Tonio (je me marre) qui part devant Kouros pendant plusieurs tours, je démarre quant à moi, lentement selon la stratégie décidée au départ course pendant 4 tours et marche pendant le 5ème. Le circuit fait 250m. Super, même pas besoin de montre. A chaque tour, un écran géant nous indique notre classement, notre nombre de tours et notre kilométrage. La première heure passe vite à ceci prêt que je me rends compte que je n'ai parcouru que 7,5 km. Je décide alors de raccourcir le temps de marche du 5ème tour qui s'avère trop long à cette période de la course ce qui me permet de remonter à la vitesse fabuleuse de 8km/h. Tout va bien, j'arrive au 100ème tour (25km) et décide de m'arrêter un peu pour me reposer et manger. Il est un peu plus de 13h.

La pause repas terminée et après un petit quart d'heure de repos je repars sur le même tempo. Tout va bien puisque je passe le 50ème en 6h47mn. (200 tours tout rond). Nouvel arrêt où j'en profite pour changer de chaussures de crainte que mon genou rechigne. Petit temps de repos mais ça caille grave dans la salle quand on est allongé et qu'on a pas prévu de duvet pour se couvrir. Fort heureusement pour moi, l'organisateur de la course, qui surveille mine de rien son petit monde me propose une couverture et m'en emmène royalement deux qui ne s'avéreront pas superflu au fil des heures. Je repars au bout d'un vingtaine de minutes pour de nouveau parcourir 100 tours. Mon genou commence à se manifester. Le changement de chaussures ne semble pas lui plaire. Je n'insiste pas et reprend celles mises au départ. Ma décision de changer régulièrement n'aura pas tenu deux heures. Par précaution, je me mets sur le genou incriminé une bande de flector tissu gel. Et ainsi, je continue de m'arrêter tous les 25km. Constat, quand je repars je me caille pendant deux tours et après ça va mieux. Par contre, je commence à avoir un échauffement sous les bras. Je suis obligée d'enlever ma brassière et pour éviter que les choses n'empirent décide d'alterner deux tee-shirt que je ferais sécher alternativement sur un radiateur des toilettes femmes ce qui m'évitera jusqu'au bout les frottements liés à l'humidité et me réchauffera agréablement à chaque changement.

Je passe le 100ème km en 15h12, et là je commence à m'inquiéter sérieusement. Ca va pas du tout, je suis trop rapide (tout au moins j'en ai l'impression). A ce train là, je risque de battre mon record de 24h ce qui serait un comble alors que je m'arrête au moins 20mn tous les 25kms. Je crains d'en payer le prix sur le deuxième 24h aussi je commence à m'octroyer des pauses supplémentaires (bon prétexte) qui me font terminer le premier 24h avec 135km. Avec le recul, je me rends compte que j'aurai dû continuer sur ma lancée mais bon, ça me laissera une possibilité de faire mieux la prochaine fois.

Hormis Tonio qui s'est octroyé une longue sieste depuis la 18ème heure, tous les autres galopent comme des lapins. Kouros ne semble pas très heureux, il n'arrête pas de raler après le gars qui l'aide ainsi qu'après les coureurs. En fait, j'ai l'impression que le fait de devoir doubler sans arrêt le dérange énormément (ce que je peux d'ailleurs comprendre) et il le fait savoir régulièrement. Les féminines, comme je le supposais sont toutes des flèches et il y en a même deux qui occupent les 2ème et 3ème place du classement. Ca va donner. Curieusement, Tony Mangan a abandonné. Ce ne devait pas être son jour.

Les deuxième 24h se révéleront beaucoup plus dures pour l'ensemble des participants qui commencent nombreux à marcher de plus en plus souvent. Quant à moi, à chaque fois que je m'arrête, je dois faire attention à ne pas m'endormir trop longtemps. Je somnole et j'ai à chaque fois du mal à repartir. C'est vrai qu'il ferait bon de piquer un bon roupillon, mais bon je suis pas vraiment venue pour cela et j'ai mon objectif à atteindre quand même.

Mon genou se comporte bien et ne me fais plus souffrir depuis que j'ai remis les chaussures de départ donc tout va bien et je continue mes tours. J'ai repris l'alternance du départ, 4 tours en courant et le 5ème marché intégralement et je m'arrête plus souvent mais dans l'ensemble ça va. De toute façon, le ralentissement est général, même Kouros va marcher à partir de la 41ème heure. Je passe le 150ème en 28h14 et le 200ème en 43h22. Mon objectif est atteint, je continue pour le plaisir à aligner les tours de manière à aller le plus loin possible. Les deux dernières heures vont nous relancer de plus belle sur le circuit. La fin approche, il faut terminer en beauté. Ca y est c'est terminé, le coup de feu est donné et j'ai réussi à parcourir un peu plus de 220,3km. Je suis contente de moi. Ce nouveau record me sera certainement plus dur à battre que le précédent.

Presque tout le monde a fait un super kilométrage et les plus méritants pour moi resteront les accompagnateurs, qui vaillamment auront aussi peu dormi que leurs coureurs et subi parfois leurs foudres rouspéteuses. Le fils de Saïd par exemple m'a épaté. Je ne l'ai pas vu dormir de toute la durée de la course : 48h sans dormir c'est dur pour les coureurs mais ça ne l'est pas moins pour les accompagnateurs. Et ils ont été plusieurs dans le même cas.

Merci également à l'organisation qui a été magnifique et à Tonio qui a pallié à mon manque d'organisation en me prêtant gentiment sa crème Nok. Encore une belle course de terminée qui me laissera comme les précédentes de merveilleux souvenirs.

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