Récit de la course : Marathon de Monaco 2004, par poussman

L'auteur : poussman

La course : Marathon de Monaco

Date : 14/11/2004

Lieu : Monaco (Principauté de Monaco)

Affichage : 1298 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

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Moi, Manon, 2 ans ½, Marathonienne

Moi, Manon, 2 ans ½, Marathonienne

6 septembre 2004, alors qu’elle n’a repris l’entraînement que depuis quelques jours, j’entends ma mère accepter l’idée saugrenue de mon père, participer à son premier marathon dans la principauté de Monaco !
Immédiatement je comprends que moi aussi je vais enfin découvrir la distance reine. Pas trop tard en effet, car malgré quelques dix kilomètres et 2 semi marathon, je n’ai encore jamais affrontée les 42,195 km. Après 2 ans à écumer toutes les routes de ma région, il était temps !
Quatre heures trente ce dimanche 14 novembre, mon père vient me réveiller, tiens bizarre d’habitude c’est moi qui fait cela, j’en déduis que le grand jour est arrivée. Il à l’air tendu, il doit s’inquiéter pour maman, et il a forcement peur que je n’apprécie pas la longue balade ! Je sens bien qu’aujourd’hui je serais la reine en Principauté.
Pour commencer, maintenant que nous sommes dans la voiture, je vais exiger que l’on écoute Emilie Jolie en boucle durant le trajet. Je vois bien que ma mère essaie de se rendormir mais elle n’ose rien me dire. Deux heures de route, et deux heures de lapins bleus sur l’autoradio familial, je suis très satisfaite, j’en profite pour chanter un peu, mes parents semblent aimer ma voix contrairement à d’habitude. Trop sympa de pouvoir chanter comme cela le matin !
Nous voila arrivée, nous sommes dans un grand parking, autours de nous plein personnes qui se déshabillent, moi cela m’éclate, maman elle à plutôt l’air de dormir debout. Mon père est de plus en plus tendu, il est aux petits soins pour tout le monde.
Enfin on s’active u peu, mon carrosse est préparé, je suis assez satisfaite, car il a été rajouté un coussin pour ma tête. Ma mère dort toujours debout, je me demande vu son état de fatigue apparent, si elle ne devrait pas s’installer à coté de moi dans la poussette !
Allez hop, nous voila partis, il y a deux kilomètres pour rejoindre le départ et j’en profit pour me dégourdir les jambes. Un seul bémol, je n’ai pas le droit de ramasser les jolies fleurs que je trouve sur le chemin.
Cela fait au moins vingt minutes que nous marchons, j’en ai marre, je vais demander à ma mère de me porter. Mon père s’interpose : « Non, tu vas te fatiguer, donne la moi », devant son ton ferme je comprend qu’il ne cédera pas, j’accepte donc de monter sur ses épaules.
Le bruit, et les nombreux coureurs agglutinés, me font comprendre que nous sommes arrivées. Je vois bien que tout le monde me regarde, je souris à certain en ignore d’autres.
Me voila enfin dans mon véhicule, et la divine surprise, je vois mon père qui dépose à mes pieds telle une offrande à un dieu, chips, chocolat, gâteau ! Serait-t-il devenu fou, moi qui doit me battre à la maison pour le moindre petit bonbon !
Bang ! C’est parti, enfin les autres, car nous sommes les derniers, cela ne me plait pas trop, mais cela me permet de saluer tout ses spectateurs qui m’encouragent.
Ma mère, enfin réveillée, a branchée son lecteur mp3, moi je vois papa m’installer mon poste à cassette dans l’habitacle. Horreur cela ne fonctionne que quelques secondes. J’hurle mon désespoir. « Pars devant je vais réparer le pote de Manon » crie t’il. Les secondes s’écoulent mais malgré tous ses efforts Emilie Jolie refuse de se mettre enfin à chanter, je vois qu’il est dépité, j’en profite pour exiger une sucette au citron. Nous voila reparti, on double enfin plein de monde, au loin je vois maman…Ca y est nous la rattrapons enfin.
J’ai oublié mon chrono, mais mon père semble avoir les yeux rivés sur le sien. Il annonce : « 59 minutes au dixième kilomètres »
J’ai trouvé un super truc, je tends le bras contre le tissu de ma poussette, instantanément papa se porte à ma hauteur, et me propose boisson, livres, jouets. J’en abuse un peu, mais je me doute que c’est une journée exceptionnelle alors autant profiter.
Quel vent, j’ai les cheveux tout ébouriffé, heureusement que je suis bien couverte car malgré que ma poussette soit presque hermétique j’aurais pu avoir froid. Le paysage est magnifique, moi qui aime regarder la mer je me régale.
Les km défilent, je constate avec plaisir que personne ne nous dépasse, par contre nous remontons un à un de nombreux coureurs. Je me demande comment elle fait, vu la quantité de boisson que papa la force à boire, et encore je ne parle même pas des gels énergétiques qu’elle doit avaler sans se plaindre ! Pourtant je sais bien moi qu’elle préfère le champagne, et bien il n’a même pas apporter le moindre petite bouteille, Incroyable ! Quel courage elle a !
Nous voila au vingtième kilomètres je n’ai pas vu le temps passer, il est vrai que nous n’avons mis que cinquante quatre minutes pour ces dix dernières bornes. Satisfaite de ma course, je décide de m’assoupir quelques instants.
« Una bambina, una bambina ! », je suis réveillée en sursaut par des cris dans une langue que je ne comprends pas, je ne savais pas ma renommée internationale ! Je savoure avec plaisir ses moments de gloire.
Nous voilà sur le retour, ma mère me surprend, elle qui paraissait si fatigué ce matin semble toute fringante, mon père doit avoir raison elle est plutôt douée. Elle continue de dépasser pas mal de monde. Nous rattrapons un groupe mené par un curieux personnage avec un drapeau blanc au dessus de la tête, j’entends mon father expliqué que c’est le drapeau des quatre heures….Moi je m’en moque ce que je voudrais c’est qu’il me le donne ce drapeau.
Cinquante cinq minutes nous sont nécessaire pour effectuer cette tranche de dix kilomètres, nous voila donc au trentième. Encore quelques minutes de tranquillité.
Tout à coup nous ralentissons, la route se met à monter de plus en plus d’ailleurs. Autours de nous les coureurs se transforment en marcheurs. Et là l’incroyable se produit, j’entends mon père crier : « Vas y, en petites foulées, moi je marche cela monte trop ! » C’est avec stupeur que je vois maman s’éloigner de nous sans un regard ! Je pousse un déchirant MAMAN !
La pente s’estompe, nous voila reparti, Yee ! On fonce même, j’entends le souffle court de mon pousseur, il se réveille enfin ! Malgré la vive allure à laquelle nous avançons il me faudra pas mal de temps avant d’apercevoir enfin celle qui m’a donné la vie.
Mon père égrène les kilomètres : « Allez plus que huit ! Ne lâche pas. Encore sept c’est presque fini, Six kilomètres ! Tu vas réussir ! » J’ai peur qu’il est perdu la raison, il doit penser que maman ne sait pas compter, alors qu’elle sait le faire parfaitement vu que c’est elle qui m’apprends !
Je retrouve avec plaisir les supporters qui m’avaient encouragés au départ, ils semblent satisfaits de me voir radieuse.
Voila le quarantième kilomètre, une fois de plus Mr chronomètre nous annonce : « Cinquante quatre minutes du trentième au quarantième, c’est parfait, vas y fonce »
Voilà que cela recommence maman s’éloigne ne nous quel incapable il ferait mieux de courir plus vite au lieu d’essayer de prendre des photos et de s‘époumoner en encouragements.
Enfin le stade ! Devant tant de lenteur je décide de finir le travail moi-même. Je descends de mon véhicule et c’est d’une foulée rapide que j’effectue les cinquante derniers mètres sous les flashs des photographes. Quel triomphe ! Je coupe la ligne après 3h53 d’effort intense.
Un officiel je jette sur moi pour me remettre ma médaille, je suis satisfaite de ma course, autours de moi les coureurs ont l’air bien plus fatigué que moi, mes parents eux ont l’air content, mais je leur trouve mauvaise mine, ils devraient peut être s’entraîner plus.
Quand à moi je me dis qu’un jour ou l’autre je reviendrais ici pour triompher seule cette fois, en 2025 sans doute !

Manon, 2 ans ½, Marathonienne.

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