Récit de la course : Courmayeur - Champex - Chamonix 2007, par maï74

L'auteur : maï74

La course : Courmayeur - Champex - Chamonix

Date : 24/8/2007

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 3100 vues

Distance : 86km

Objectif : Pas d'objectif

18 commentaires

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Une CCC en famille sinon rien !!!

La CCC pour moi c’est d’abord une histoire de famille depuis qu’en décembre dernier, lors d’une sortie nocturne à la frontale, j’ai lancé à mon papa et à mon beau-frère Jean Yves « et si vous vous inscriviez aussi à la CCC ? »….

Le 8 janvier, devant mon PC, je les appelle en urgence « vite, il faut se décider, les places partent comme des petits pains ! »… et me voici en train d’inscrire mon chéri Nico sur l’UTMB, mon papa, JY et moi-même sur la CCC…

8 mois plus tard, nous voici donc tous les 4 à Chamonix, prêts à nous attaquer au mythe… Pour moi c’est déjà une satisfaction d’être tous au départ, nous allons vivre de grands moments et je croise les doigts pour qu’on franchisse tous l’arrivée !

Nous allons retirer nos dossards jeudi après-midi, c’est l’occasion de rencontrer gjoss : depuis le temps qu’on essaie de se voir sur les trails du Pays Basque, sans succès jusqu’à présent !

LE DEPART

A mon réveil je lis des SMS d’encouragement de béné38 et l’Ourson ainsi que de mes amis, ça me fait chaud au cœur…

Nico nous laisse au départ de la navette pour Courmayeur vendredi matin, un petit bisou  en guise de bonne chance pour lui qui partira le soir-même de Chamonix.

 

Le temps est magnifique, le soleil chauffe la place du départ à Courmayeur, ça va être top !

Papa et JY n’ont pas voulu se mettre trop devant pour le départ, je leur fait donc un bisou et je me faufile plus en avant, mais loin cependant de l’arche du départ, au vu de la foule déjà présente : difficile d’y apercevoir des kikoureurs tant les casquettes rouges sont légion !

L’incroyable speaker italien fera passer la ½ heure d’attente supplémentaire comme une lettre à la poste, sur fond de musique appropriée « eyes of the tiger » et autre « we will rock you » !!!

12h30 : c’est parti, les 1600 CCCistes s’élancent dans les rues de Courmayeur… Je pars tranquillement, rapidement ça monte et nous nous retrouvons à la file indienne dans la montée de Bertone.

 

Ca ne bouchonne pas trop, je suis agréablement surprise. Le refuge arrive rapidement, en un peu plus d’1h, je me trouve aux environs des 400. J’attrape un verre d’eau gazeuse, et repars.

BERTONE-BONATTI

Je trottine ensuite sur le balcon jusqu’à Bonatti en profitant un maximum du paysage grandiose. A l’approche de Bonatti, en franchissant un thalweg, un gars devant moi me demande s’il s’agit du Grand Col Ferret « ah non, il est bien plus loin, et beaucoup plus haut ! », je me dis qu’il est pas au bout de ses surprises !!!

Bonatti : un verre de coca, un verre d’eau gazeuse et c’est reparti, je trottine jusqu’à Arnuva, tout en me réfreinant en me répétant que la route est encore longue et qu’il ne faut pas se griller trop tôt…  

ARNUVA-LA FOULY

Je remplis ma poche à Arnuva, grignote quelques Tucs et Grand Col Ferret me voici  ! Au début de l’ascension je rejoins Albanais avec qui j’échange quelques mots, rapidement nous voici sur le replat du refuge Elena, allez la suite maintenant !

Un traileur avec lequel je discute me dit que c’est son 2e trail, après le Mercantour, je lui fais remarquer qu’il n’a pas choisi les plus faciles pour commencer ! Je dois le laisser pour poursuivre l’ascension à mon rythme, me calant derrière une traileuse suisse. Je vois beaucoup de coureurs mal en point, vomissant toutes leurs tripes, ça doit être terrible après seulement 25 km de course… je me demande où en sont papa et JY, je les espère en forme.

Le sommet du col est là, ouf bonne chose de faite, je me sens en pleine forme ! Je constate au passage que la traileuse suisse, qui est également blonde , remporte un vif succès auprès des secouristes   !!!La descente sur la Peule se fera à petite allure tranquille, alors que certains ont déjà du mal à courir.

Un petit coca au ravito et je rejoins La Fouly en trottinant un bout de chemin avec Antonio, très sympathique vétéran… Au passage, on me dit que je suis 20e féminine, cool, je vais essayer de pas rétrograder !

LA FOULY-CHAMPEX

Pause rapide au ravito du charmant village suisse et voici la partie roulante du Val Ferret, je sais que les minutes gagnées sur cette portion seront précieuses, ça tombe bien je me sens très fraîche, aucune douleur, bref aucune raison de ne pas courir !

Je m’y emploie donc jusqu’au pied de la montée de Champex, après un petit verre d’eau offert par des enfants des Isserts : merci les pitchouns !Je pense à mon Nico qui a débuté sa boucle, mon cœur se serre…

La montée sur Champex se passe bien, qu’il est bon de prendre ce petit bain de foule à l’approche du ravito, l’ambiance est géniale  , ça booste !

19h30 : j’entre sous la tente, il y a tellement de monde, je ne sais pas où aller ! On me dirige vers les ravitos, j’attrape une soupe, des Tucs et vais m’asseoir pour la savourer. Je me change ensuite : collants et frontale, je garde le maillot manches longues pour plus tard.

CHAMPEX-TRIENT

Poche à eau remplie, je repars, le froid me saisit en sortant de la tente, je me remets à trottiner le long du lac, jusqu’au pied de la montée de Bovine.

La nuit est en train de tomber mais avec la pleine lune je retarde le moment d’allumer la frontale, profitant ainsi un maximum de l’ambiance et du cadre, avant de rentrer dans ma bulle, constituée du halo de ma Petzl et de mon MP3 : Les Red Hot, Offspring et Green Day rythmeront ainsi mes pas, mes foulées jusqu’à Trient.

A l’approche de l’alpage, j’enfile le maillot manches longues et le buff autour du cou, et en avant, je me remets à trottiner jusqu’au ravito, un verre de coca, des fruits secs, je repars entre les racines glissantes menant au col de la Forclaz. Tiens il est déjà là ! C’est fou comme on perd toute notion de temps et de distance dans l’obscurité… 

Entre temps j’ai quand même échappé à 2 ou 3  magnifiques gamelles, rattrapées de justesse… Je pense à papa qui craint la descente de nuit à cause de sa vision, je croise les doigts pour qu’il passe celle-ci sans trop de mal.

J’arrive à Trient, ambiance de fiesta sous la tente  , ça fait du bien ! Un bénévole remplit ma poche, un autre m’aide à remettre mon sac sur les épaules, ce sont des anges ! Coca, soupe, tucs, fromage et : les Tseppes : à nous 2 !!!

TRIENT-VALLORCINES

… mais j’avais oublié comme la pente était raide dès les 1ers lacets, bon on va y aller tout doux mais régulier… Je lève de temps en temps les yeux et aperçoit des frontales vacillant très haut, là-haut : encore tout ça à grimper ! Je m’isole à nouveau à l’aide de mon MP3, et laisse mon esprit vagabonder, penser à tout sauf à cette satanée montée…

Tiens, d’ailleurs, nous y voilà, dernier raidillon et on attaque la partie roulante menant à Catogne. J’ai un peu de mal à relancer, la fatigue me tombe dessus  , je m’efforce de trottiner, on débouche sur un point de contrôle surréaliste en plein alpage, tel un ilôt de lumière en plein désert…

J’entame la descente à faible allure, je laisse passer des groupes de gars, allez, ne lâche pas le morceau, tu maintiens, prochain objectif : Vallorcines, tu te requinqueras là-bas. Pour une raison qui m’échappe, je ne prends pas de gel coup de fouet, peut-être la crainte d’une hypo derrière….

Je croise un gars qui remonte en sens inverse, sans frontale, il m’arrête et me demande de lui passer ma 2e frontale pour une amie qui n’en a plus… machinalement je la sors de mon sac, lui donne mon nom et le nom du camping, lui dis que je compte sur lui pour l’y déposer (c’est la frontale de ma nièce !), il a du mal à retenir les noms, je lui dis « ben Drevon, vous avez qu’à penser à Patrice Drevet  de la météo, ben moi c’est pas Drevet mais Drevon ! »…. Qu’est ce qu’on peut trouver comme idées en pleine nuit dans la montagne !!!

Tant bien que mal j’arrive à Vallorcines : le ravito est un vrai  réconfort, je m’y attarde un peu, le temps de me refaire une santé et de discuter avec les bénévoles.

VALLORCINES-ARGENTIERES

C’est reparti pour 16 km, je fais des calculs (enfin j’essaie) pour savoir quel temps je peux cibler, j’en arrive à la conclusion que les 15h30 seraient jouables, si je me botte un peu les fesses…

J’arrive au Col des Montets sur un bon rythme, j’ai doublé du monde, mais je n’arrive pas à dérouler dans la descente sur Argentières, la foulée est basse, rasante, et je n’arrive plus à monter les genoux, bon il faudra s’en contenter… Une fille me double, je ne cherche même pas à l’accrocher, à ce stade-là on se bat plus contre soi, que contre les autres !!!!

Argentières est là, et comme d’hab : coca et fruits secs, je me renseigne sur les positions de Papa et JY, ils sont dans les Tseppes, ils gazent bien ! Revigorée, je repars à petite foulée en direction de Chamonix.

ARGENTIERES-CHAMONIX

Allez, 10 pauvres petits km, c’est pas ça qui va t’abattre ! Je maintiens la foulée, une fille me double à nouveau, pas grave, j’ai pas les moyens de batailler, je veux juste être sous les 15h30 !!!

Je suis rejointe par une fille, à nouveau, qui se cale dans ma foulée, du coup ça me booste un peu, et on fait un bout de chemin ensemble : c’est une Américaine, elle me dit qu’elle est fatiguée et que c’est la 1re et dernière fois qu’elle fait cette course ! Je lui réponds que tout le monde dit ça à la fin mais qu’on finit toujours par re-signer !!!

Nous rejoignons les bords de l’Arveyron, je me souviens que dans le road-book il est dit que ça sent la fin !!! L’Américaine craque et perd quelques mètres, moi je maintiens, je double, je me dis que n’ayant pas mal spécialement quelque part, je n’ai aucune raison de baisser l’allure, que s’il le fallait, je continuerais des heures ainsi !!!

Je cherche les lumières de Chamonix, en vain, et imagine une grande dernière boucle pour nous achever… quand tout à coup le centre sportif surgit : yes ! A partir de là, je savoure chaque seconde, la fatigue s’évapore comme par miracle et je souris, heureuse de terminer mon périple, je regarde ma montre : je vais faire moins de 15h30, je suis super heureuse, heu-reu-se !!!

Je franchis l’arrivée en levant mes bâtons, en 15h19  (15e féminine et 163e scratch) !!! Génial ! J’ai immédiatement une pensée pour papa et JY qui ont encore du chemin et pour mon homme du côté de la Seigne…

Je grimpe (difficilement !) dans la navette  pour le Centre Sportif, où je savoure la douche… Appel de maman qui me félicite et me donne les passages de papa et JY…

Vite, vite (enfin autant que possible) je reprends la navette qui me dépose au Grépon et rejoins le camping pour prendre la voiture et le caméscope… Garée près de l’arrivée, je vais manger la bonne polenta avant de sombrer dans un court mais bon roupillon…

Nouvel appel de maman : papa et Jy ne devraient pas tarder à arriver, je me dirige vers l’arrivée, discute avec Akuna croisé sur le chemin, repars et oh surprise : ils sont arrivés, j’ai loupé leur arrivée au caméscope !!! Je suis très émue de les retrouver là, pas trop marqués  par leurs quelques 19h20 passées sur les sentiers (et une grosse frayeur : un cerf dévalant les Tseppes sous leur nez), et je suis extrêmement fière de mon papa (V3) qui a douté jusqu’au matin de la course de sa capacité à la faire dans les temps…

Quant à Nico, il sera contraint d’arrêter à La Fouly, les genoux et les quadriceps explosés, conséquence prévisible de ses 4 derniers mois passés sur du plat en Afrique… nous le récupérons à la navette en fin d’après midi alors que Jy et moi revenons d’une supérette où nous sommes allés nous approvisionner en gras et salé, pris d’envies subites  : au menu donc samedi soir : diots, pizza, chips, saucisson, reblochon !!!

Nous reprendrons la route dimanche matin après une nuit réparatrice, et avec la fameuse frontale récupérée au bureau du camping ! Arrêt inévitable au Mc Do de Megève (repéré à l’aller !) re-gras et re-salé avant de rejoindre le Vercors, récupérer nos  petits gars et de tracer direction Bayonne…

Un immense merci à tous les bénévoles de cette course fantastiquement bien organisée, à mon homme  qui m’a fait un super plan d’entrainement pour réussir cette course, à ma famille et mes amis pour leur soutien si cher, et aux kikoureurs super sympas rencontrés pendant ces 3 jours !  

18 commentaires

Commentaire de ex-kikoureur posté le 30-08-2007 à 21:38:00

Premier CR féminin que je lis de la CCC, on dirait que t'as été facile tout le long, a te lire !
J'espère que tu as ressenti toutes nos ondes positives :-)
Bonne récup à toi.

Commentaire de NoNo l'esc@rgot posté le 30-08-2007 à 21:52:00

Bravo Mailys ! Tu l'as maîtrisé d'un bout à l'autre
ce CCC. Plein d'émotion dans ton joli récit... Merci de nous avoir fait profiter de l'aventure.
Au plaisir de te croiser une de ces quatre.

L'escargot

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 30-08-2007 à 22:27:00

Bravo, 15h pour le CCC, c'est balèze !
Merci pour ce CR agréable à lire.
Le Lutin

Commentaire de béné38 posté le 30-08-2007 à 22:29:00

Quelle belle aventure familiale Maï !
Bravo pour ta fabuleuse gestion de course, pour ton objectif largement atteint et pour ta persévérance.
Et merci pour ce sympathique récit.
Grosses bises et bonne récup à toi, Alain et Nico.
Et à bientôt sur tes terres.
Béné38

Commentaire de JLW posté le 30-08-2007 à 22:47:00

On est heureux pour toi. Quelle belle course, 15h c'est super top. J'aimerai en faire autant. Il faut que j'arrête de lire tous vos beaux récits, j'ai peur de craquer et de m'inscrire ...

Commentaire de Le Bulot posté le 31-08-2007 à 09:02:00

Félicitation, superbe, extra, bonne getion du temps et fabuleuse course que tu a fait la
le bulot

Commentaire de ptijean posté le 31-08-2007 à 09:16:00

Super grand bravo maïlys ,et en plus tu fait un super chrono .165 scratch , c'est pas moi qui peu faire ça!!!felicitation également à ton pere

A une prochaine ptijean

Commentaire de akunamatata posté le 31-08-2007 à 11:18:00

Bravo Mailys,
Recit tres bien fait et
tu as fait preuve d'une grande maitrise tout au long de cette course.

Commentaire de Jerome_I posté le 31-08-2007 à 11:53:00

Salut,

tu es arrivée juste derrière moi, bravo.

Pour le régime Savoyard diots, pizza, chips, saucisson, reblochon ca assure, puis Mc Dof le lendemain....

Bonne récup.

Jérome

Commentaire de le_kéké posté le 31-08-2007 à 12:21:00

Bravo Mailys, très beau récit et très belle course.

On a suivi ta course sur internet et on a tous été impressionné par ton rythme constant et les places gagnées à chaque point de passage.

Encore bravo et à bientôt.

Philippe

Commentaire de vboys74 posté le 31-08-2007 à 13:10:00

Belle course et beau résultat pour la championne de la famille apparement!
Bravo à toi...
seb

Commentaire de gjoss posté le 31-08-2007 à 14:39:00

Super Maïlys,
trop facile pour toi.... tu vas être obligé de monter sur le tour complet pour en baver un peu :-)
Encore bravo, bonne récup et à la prochaine

à+
José

Commentaire de jepipote posté le 31-08-2007 à 18:03:00

bravo maïlys, tu fais une super course. apparement ton plan prépa était béton, faudra le partager-)).
rassure nous, tes envies de gras.... on disparut?
bonne recup.

Commentaire de calimero posté le 31-08-2007 à 23:12:00

Bravo pour tout : ton temps, ta place, ton CR et pour l'émotion que tu fais passer.
Bon si j'ai bien compris, pour 2008 c'est le grand tour avec le reste de la famille!!

Commentaire de l'ourson posté le 01-09-2007 à 15:52:00

Super CR ! A te lire on a envie de s'inscrire l'an prochain tellement cette CCC paraît facile ;-))) Bravo pour ce chrono d'enfer !!!

Commentaire de laurent05 posté le 01-09-2007 à 19:31:00

bravo maïlys pour ta course
et merci de nous faire partager
c'est supers moments
ça donne vraiment envie
bises
a+
laurent

Commentaire de may posté le 01-09-2007 à 20:22:00

Bravo à toi maïlys pour ta très belle course!
dommage que l'on n'ait pu se voir, alors donnons-nous rendez-vous l'année prochaine à l'UTMB!
bizzzz
may

Commentaire de Say posté le 04-09-2007 à 09:49:00

Hé hé hé! Voici ta course qu'on a vécu de l'extérieur. C'est curieux, tu n'as pas trop ressenti le fait que tu n'arrêtais pas de remonter du monde. UTMB 2008?

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