Récit de la course : Marathon de Paris 2004, par Karllieb

L'auteur : Karllieb

La course : Marathon de Paris

Date : 4/4/2004

Lieu : Paris (Paris)

Affichage : 3010 vues

Distance : 42.195km

Matos : New Balance 765
Gels Overstim + 1 Coup de fouet

Objectif : Faire un temps

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1er marathon... heureux !

3H46' pour mon premier marathon. A 41 ans, c'est pas trop mal. Mais n’anticipons pas…
Janvier 2003 : je pèse près de 90 KG, je fume mon cigare chaque jour (pas un petit) et ma femme n’arrête pas de me faire des fines remarques sur mon tour de taille. Avril 2004 : je pèse 74KG, je ne fume plus et ma femme s’inquiète pour ma santé, trouvant qu’il n’est pas raisonnable d’aller courir en hiver à 6h du mat (sont-elles jamais satisfaites ?).

Depuis septembre 2003, après avoir suivi un régime, j’ai repris le chemin de l’entraînement. Plus jeune, j’avais fait un peu d’athlé, pas mal de rugby et beaucoup de vélo. Et puis plus rien pendant quelques années (un peu de tir à l’arc quand même). Mais quand la quarantaine fut venue, je me suis dit qu’il était temps de me bouger si je ne voulais pas terminer gras et bedonnant, victime d’un bête infarctus. D’où ma présence sur la ligne de départ du marathon de Paris en ce matin du 4 avril 2004.

Finalement, dans la course à pied, il y a deux moments réellement jouissifs (si j’ose dire) : avant le départ quand on se retrouve au milieu des autres coureurs et que la tension monte… On se dit qu’on va faire quelque chose ! Et puis à l’arrivée quand on se retrouve au milieu des autres coureurs avec la satisfaction d’en avoir terminé. On se dit qu’on a fait quelque chose ! Le reste, c’est-à-dire la course, c’est une affaire entre soi et son propre masochisme avec parfois des instants lumineux où les foulées s’enroulent comme par magie, sans effort. Mais pas souvent…

Bref, autant dire que sur la ligne de départ du marathon de Paris, entouré de 35000 et quelques gugusses vêtues de sacs poubelles, j’avais l’estomac qui faisait un nœud. Et en même temps, quelle ambiance ! Un petit rayon de soleil juste comme il faut, la foule, les odeurs de crème chauffante, d’angoisse et de sueur. La cohue aussi. Autant dire qu’il est préférable d’arriver en avance pour avoir accès à son sas (3h30 en ce qui me concerne). Ensuite, faire le vide dans sa tête et attendre que ça se passe jusqu’au coup de canon.

Le départ donné, comme beaucoup de néophytes, je me suis laissé avoir par le démarrage ultra rapide. Difficile de ne pas se mettre dans le rouge quand vous vous faites doubler par des dizaines de coureurs partis à fond. Et puis comment résister à la légère pente des Champs-Elysées qui s’offrent à vous ? Mais tout ça se paye en débit différé entre le 30ème et le 42ème kilo.

Sur le début du parcours, on joue pas mal des coudes, au moins jusqu'au bois de Vincennes. Gaffe aussi au plots de signalisation et aux séparations des voies de bus. Aussi est-il difficile de maintenir une allure stable et de suivre les meneurs d’allure. Côté ravitaillement, c'est un peu la foire d'empoigne. Heureusement, j'avais prévu mon propre ravito : 3 overstim (1/2 tous les 5 KM) + un Coup de fouet vers le 33ème KM. Pour l'eau, il me suffisait d'aller piocher une bouteille sur les tables.

Le premier semi se passe sans encombre avec de belles images de la rue de Rivoli noire de coureurs (et de coureuses). Sur l’ensemble de la course, j’ai noté quelques points de passage vraiment sympas : la Bastille (surtout le sens retour) avec beaucoup de spectateurs, la rentrée dans Paris après le bois de Vincennes, les quais de Seine et surtout les deux derniers kilomètres et la ligne d'arrivée. Du monde, du bruit, de la couleur et toutes les émotions qui remontent.

Passé le deuxième semi, tout baigne. Je suis encore dans les temps. Je croise les coureurs d’une association qui se relaient pour pousser le fauteuil d’un jeune handicapé à qui il font vivre la course de l’intérieur. Chapeau bas ! Je rattrape une fille encouragée par plein les spectateurs qui crient son prénom : « Vas-y Solange ! ». Elle a un fan club ou quoi ? Au moment où je la passe, je me retourne : il y écrit « Solange » en gros sur son tee-shirt. Bonne idée, non ?

A Bastille, sens retour, je guette des copains qui m’ont promis de venir. Je ne vois personne. Tant pis (j’apprendrai plus tard qu’ils ont eu une panne de réveil… mon œil !). Sur les quais de Seine, rebelote, je guette mon paternel qui m’a donné RdV près des Tuileries. Là non plus, personne. En fait, il s’est esquinté une jambe la veille et ne peut pas marcher. C’est un vrai regret car il est mort depuis et il ne m’aura jamais vu courir le marathon (un nuage passe).

Bon sang que les derniers kilomètres ont été longs. Passé le 30ème kilo, pas vraiment de mur mais les jambes commencent à durcir et des débuts de crampes m'obligent à ralentir. Heureusement, j'avais lu que mettre de l'eau froide sur les jambes soulage, et c'est vrai. Je vois des types qui n’en peuvent plus et qui s’arrêtent pour faire des étirements, d’autres continuent en marchant. Je me demande qu’elle est le taux des abandons… Et aussi comment on peut abandonner si près du but après une préparation qui demande un tel investissement. J’en encourage quelques uns au passage. Dans le Bois de Boulogne, les kilomètres comptent double. Ça n’en finit pas : 37, 38, 39… On a payé, c’est pour en c… Et justement, on en c… Heureusement, la fin de la route se profile et le cheval sent l’écurie. L’arrivée Avenue Foch, s’est le bonheur : le bruit, la foule, la joie d’être venu et d’avoir vaincu… J’essaie de sprinter (enfin presque) et je verse une larme. Je viens de finir mon premier marathon. Yes !

Je vous passe les détails du bazar à l’arrivée entre les sas trop étroits et les marchands de merguez qui bloquent le passage et enfument tout le monde. Je n’ai pas vu ma femme et mes enfants mais on finit par se retrouver. Au final, bilan globalement positif (comme on aurait dit à une autre époque) et même très positif. Je termine mon premier marathon sans trop de bobo et dans un temps honorable (3h46’45 »). J'espérais mieux mais il y en aura d'autres... Promis, juré !

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