Récit de la course : Marathon de Paris 2007, par Le_lombric

L'auteur : Le_lombric

La course : Marathon de Paris

Date : 15/4/2007

Lieu : Paris 16 (Paris)

Affichage : 2483 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Terminer

13 commentaires

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Mon 1er Marathon : Paris.

 Mardi 10 avril.

J’arrive au taff pour une journée comme les autres. Juste les jambes, un peu lourdes des 22km des Arcades de l’Aqueduc de la veille. Et pas mal fatigué du week-end de pâques.

Vers le 9h mon téléphone sonne. Tiens c’est le grand frère.

« Bonjour grand frère »

« J’ai un dossard en rab pour Paris, tu viens ? »

« Euh… »

« Si tu « en as » tu le fais avec nous ».

« Euh… Je réfléchis et je te dis ». J’envoie un mail à ma douce et tendre et j’appel JC de CLM. Les deux me disent d’y aller. De tout façon ma décision était déjà prise. Niark niark. Une occasion comme cela ça ne se refuse pas ! 6 mois après mes débuts en CAP, me voilà sur le MDP ! Yes.

Enfin un Yes moyen : J’ai aucune préparation. Nada ! Rien, pas ça ! Bon c’est pas grave.

6 mois de pratique c’est limite ? Meuh non !

Et ça me laisse moins d’une semaine pour récupérer des Arcades ou franchement j’en ai bavé. C’est pas raisonnable ? Comme dirait Gaston Lagaffe : M’enfou !

Et puis à la basse courir 42km195 c’est pas raisonnable alors !

 

Bon alors avec quel état d’esprit partir sur le MDP ?

J’ai trois axes :

- Finir

- Arriver sans bobo (siouplait pas de bobo)

- Prendre du plaisir.

C’est jamais qu’une longue sortir longue. Niark, niark.

 

Ca va le faire. Bon pour être honnête avec vous : Cette journée ne me verra pas trop impliqué dans mon taff : je suis déjà entrain de faire le parcours et choper un max d’info on ze oueb. (pas bien !)

 

Donc la stratégie : je fais un semi cool (on va taper sur 2h-2h10) et après ? Eh ben on verra bien ! De toute façon chaque kilomètre au delà du semi c’est un plus ! soit 21 plus ! Ca en fait des raisons d’aller au bout.

 

Objectif affiché : Il est modeste mais réaliste entre 5h et 5h30 en rythme ballade avec une visite rigoureuse des ravitos. (mais en fait je me suis préparé un plan de route pour 4h30, mais chut).

 Mercredi 11 avril.

Bon bah voilà ça se précise encore 4 jours. J’ai toujours mal aux pattes et j’ai une ENORME ampoule sous le pieds droits.

Mais : CA VA LE FAIRE, ça va le faire, pourvu que ça le fasse…

 

Dimanche : Tu seras un homme à dit mon frère. Mouai . . .

 

Pas de bobo siouplait pas de bobo.

 

Un petit footing de décrassage 30’ en ultra lent. Juste pour évacuer les restes de lundi. Pas rassuré le gus : Il a encore les jambes lourdes.

Un conclusion s’impose à moi : Je vais en CHIER ! Et même grave. Cool non ? Comme dirais le J-L DELARUE : Ca se discute.

 Jeudi 12 avril.

Pourquoi j’ai dis oui ? Mais pourquoi j’ai dis oui.

 Samedi 14 avril.

Bon je fais rien et reste toute la journée allongé sur mon plumard.

 Dimanche 15 avril.

5h30. Petit déj. Bah en fait, j’ai pas trop trop faim. Je grignote, passage sous la douche pour se réveiller et hop hop vers la station RER.

6h20. je descend à Etoile, et rejoint mon frangin à son hôtel, rencontre de ces collègues. Bonjour m’sieurs, enchanté !

Préparation du garçon rien n’est oublié (un miracle). Et on file vers le rendez-vous CLM. Bon on arrive pour la dernière photo et ils filent vers le vestiaire mais l’intention était là. On a juste le temps de papoter avec Palmito.

En tout cas la bannière elle est difficile à louper !

Vers les 8h, on file vers le sas. Je suis dans le sas 3h45 (mouarf !). On s’assoit au milieu du troupeau et on discute. Certains coureurs sont suréquipés, d’autres ont l’air de badauds ! Pour certains c’est pas gagné !

Le plus impressionnant c’est les ceintures de certains marathoniens : Elles sont bardées de gels, de barres, de sticks ! Moi j’ai pris l’option nature : pas de gavage avant le départ (ma boisson d’attente c’est du jus de banane coupée à l’eau) et pas pendant. Après tous les ravitos sont là pour çà ! Et puis ça va avec ma préparation ou plutôt l’absence de préparation.

C’est curieux mais pendant l’attente, je ne me rappels pas d’avoir parler marathon… Surtout ne pas y penser ? Peut-être. . .

D’un coup tout le monde se lève. Bon alors on fait comme tout le monde. JC m’avait dit : Tu verras au 30ème tu te demandes ce que tu fais là. Eh bien, je n’ai pas encore passé la ligne de départ que je me demande ce que je fais là. Le décompte est fais dans un enthousiasme assez moyen et pan c’est partis on s’avance.

Un truc : c’est que par endroit la chaussée est bien humide et même presque partout… Alors : s’agit-il des restes des boissons d’attentes ou c’est autre chose ?

On passe la ligne assez rapidement, une dernière tape dans le dos à mon frangin, et le v’là parti.

Hop hop hop !

Je crois qu’à ce moment là je ne me rend pas compte de ces 42,195km qui restent (oui je tiens au 195 parce qu’à la fin, ben ils comptes ces 195m !).

 

La descente des Champs. Je suis pas du tout dans la course, j’arrête pas de regarder dernier, sur les cotés, le public et bien sur tous les coureurs autour de moi. Bref je profite.

Je suis tellement dans mes idées que je loupe la marque du 2ème kilo. Passage au 3. Et on roule.

 Arrivé au ravito du 5ème. Je ne suis pas pressé alors je m’arrête chope une bouteille, une banane, une orange et je marche tout du long. Et me v’la reparti. Hop hop hop ! 

Rien a signaler jusqu’à 9ème => deux charmantes demoiselles qui courent devant moi. Malheureusement je les perds au ravito du 10. :o((

Même traitement : je ralentis et je marche pour choisir banane, orange, et flotte. Miam, Slurp. D’ailleurs, j’ai trouvé les oranges assez bonnes et les bananes étaient top. Mais chaque ravito me fait perdre environ 1’ jusqu’au ravito du 30ème (oui parce qu’après c’est pire !).

 

Au douzième je double le porteur de la Tour Effel. Tout le monde l’encourage. Bon courage à lui.

 

On rentre dans le bois de Vincennes et je commence à avoir chaud.

Au stand « éponges » les seaux sont vides :o(((. D’ailleurs les cadavres des petites éponges jonche le sol. Je marche sur un tapis d’éponges.

Heureusement j’ai ma casquette. Je la plonge dans le seaux et . . .Rahhhhh ça fait du bien.

Avant le 15ème je verrai un mec marché. Pas cool pour lui. Pour moi Vincennes est un bon passage. J’aime bien, je repense aux sorties en compagnie de la JC-Team.

 

Ravito du 15ème même traitement. Et toujours cet étonnement de trouver une chaussée inondée. Comme un tiers des bouteilles qui tombent au sol sont encore au moins au tiers pleines (estimations pifomètriques) ça en fait des litres de flotte sur le bitume !

Et oui 400 000 bouteilles pour 8 ravitos ça fait 50 000 bouteilles par ravito. A 33cl la bouteille ça fait un peu moins de 2000 litres de flotte qui fini par terre (Oui je m’occupe l’esprit après un marathon).

Si on rajoute les peaux des oranges et des bananes, on obtient un bonne surface de glisse. Yeah ! Pas de jambes cassées ?

Hop ; hop hop !

Pour l’instant tout va bien.

 

Je passe le semi en 2h02 cool ! Ce que j’avais prévu ou presque.

 

Ravito du 25ème. Houlà la relance est nettement moins facile. Mais ça repart !

Hop Hop !

On descend sur les quais et là je double plein de monde, je me sens finalement assez bien. Déjà certains marchent même si le gros du troupeau court toujours. Les cloches de Notre Dame sonnent. C’est pour nous ?

On rentre dans les tunnels. Le premiers est long ! Mais long ! Dans toutes les montées, je marche, je pourrais courir mais non je suis pas pressé ! Et puis il reste des bornes à faire ! Après je relance en encourageant les autres marcheurs à me suivre.

Dans le dernier tunnel, je me fais prendre par le type en haut de ces échasses. Il est hyper concentré. Pour chaque pas qu’il fait je fais trois foulées. Il sautille plus qu’il ne court ! En tout cas bravo à lui.

 

Le ravito du 30ème. Ca commence a être dur Très dur (j’ai mal au Q). Je n’arrive plus à rien avaler de solide et l’eau c’est limite. Mais bon, il en reste plus que 12,195km (arrrraaah !). Les marcheurs sont de plus en plus nombreux. La relance est ultra dure surtout que c’est franchement le bordel ! 9’ pour aller jusqu’au 31’ !

Au 34ème, j’ai un vrai coup de moins bien. Et je me fais doubler (beaucoup, énormément même). Snif ! Mais j’avance ça tourne encore, le cerveau est débranché. Les ambulances sont de plus en plus présentes sur le parcours. Un type est allongé sur le coté le masque sur le visage et les secouristes qui s’affairent autour de lui. Gloups !

Le passage dans le bois de Boulogne va être dur pour le moral et pour les jambes, je compte les kilomètres. J’en ai plein les runnings et je ne sais pas si l’objectif des 4h30 est maintenant jouable. Il arrive quand le ravito du 35ème ? (Moral down)

Au 37ème je n’en peux plus. Je marche. J’ai deux poteaux de bois à la place des jambes. Dieu que c’est dur ! Je vois le panneau 38. J’ai mis 11’08 pour parcourir c’est 1000m ! Ouin !

Bon il te reste 4,195km à faire. Tu vas les faire en courant ? Je sais pas si ça peux tenir ! Et les jambes elles suivront ? Bah sans doute d’autant que on devrait pouvoir arriver vers les 4h30 si on se bouge. Tu crois que c’est jouable ? Mouai. . . Bon alors Ok. Hop ! (Remonté du moral).

Et curieusement ça repart, au début mal (arrgggggg !) mais la machine reprend. Et sur ces 4195 derniers mètres je reprend plein de monde. Et plus je double mieux tournent les jambes ! J’ai l’impression de sprinter tellement je double Niark. Niark.

39ème la foule est plus nombreuse. 40ème plus que 2195m je chope une bouteille, j’ai la bouche sèche mais l’eau ne va pas plus loin (burps). Par contre, je ralenti mais ne m’arrête pas car maintenant si je m’arrête je suis vraiment pas sur de repartir.

41 j’allonge encore un peu, je donne ce qui me reste pour passer les 4h30. Je ne vois plus les spectateurs, je n’entends rien, je veux juste finir et finir en 4h30. 42ème plus que 195m. Ke passe devant le photographe à l’arrivé (je crois que je lève le pouce) et : Je passe la ligne. J’arrête le chrono 4h29m27 (temps réel 4h29m11). Je suis sur un nuage, pendant quelques secondes la joie de finir, d’avoir été au bout ! Une petite boule à l’estomac. Une vrai joie, j’ai finis ! Sans bobo ! Et en moins de 4h30 !

Et puis d’un coup : une chape de plomb s’abat sur moi. Les jambes se raidissent, j’ai du mal a tenir debout, j’ai mal aux ventres. Je remonte l’avenue Foch vers l’Arc de Triomphe. Je vais mettre je pense un temps dingue pour parcourir ces quelques hectomètres. D’autant que la aussi c’est un peu le souk ! J’ai mal aux jambes mais quelque chose de terrible ! Et je me sens faible ! Le retour jusqu’à l’hôtel va me prendre un temps fou. Je suis franchement pas bien. Le retour en RER va être compliqué . . .

 

Aujourd’hui ça fait deux jours que j’ai passé la ligne et je suis toujours sur mon nuage.

Pour moi le bilan est bon.

Les jambes vont bien, pas de grosses douleurs et l’envie de remettre ça.

Bon la prochaine fois, je me serai préparé et entraîné plus sérieusement (difficile de faire pire je pense) et j’éviterai le 22km le lundi d’avant !

 

En tout cas, merci à mon frangin pour le dossard, merci à JC pour ses conseils, merci à ma douce et tendre de m’avoir patiemment attendu à l’arrivé et merci à mes jambes de m’avoir traîné jusqu’au bout !

13 commentaires

Commentaire de NoNo l'esc@rgot posté le 17-04-2007 à 13:06:00

Pour un Lombric, belle performance ! 4h30 sans prépa...
Ca laisse rêveur ! Bravo pour ta course, mais surtout
bravo pour ce génial récit, comme si on y était !!!

NoNo_l'escargot_p-t'être_l'année_prochaine...

Commentaire de moumie posté le 17-04-2007 à 13:40:00

Merci pour ce beau commentaire, en te lisant en a l'impression d'y être, et surtout tu donnes envie de se mettre au marathon.
Belle performance pour quelqu'un qui avait fait 22bornes une semaine avant et qui n'avait pas d'entraînement. Félicitation

Commentaire de patcap21 posté le 17-04-2007 à 14:00:00

Bravo à toi surtout sans prépa, pour ma part avec une prépa, je l'ai vécu trés raide aussi, comme beaucoup on a fini au courage....
bon run
pat.

Commentaire de taz28 posté le 17-04-2007 à 14:55:00

Ton récit se déguste avec gourmandise, merci pour cette course si bien décrite !!
Nous y étions en tant que spectateurs, et avec cette chaleur,on a vu combien c'était difficile de faire ce marathon sans problèmes !!
L'an prochain, avec Nono, on se fixera 5 h 30, comme toi dans tes premiers pronostics...Sauf que nous respecterons ce chrono :-)))
Bonne récupération !
Bisous
Taz

Commentaire de feudeumeu posté le 17-04-2007 à 18:01:00

Ca fait plaisir de lire des gens tout simplement heureux d'arriver mais aussi de lire que ça a été dur et que le mur du marathonien n'est pas une légende ! Bravo à toi pour le récit et la course aux forceps

Commentaire de calimero posté le 17-04-2007 à 18:06:00

Et bien elle est pas belle la vie?

1er marathon dans des conditions loin d'être facile et deux objectifs atteints:
1)Finir
2)Moins de 4h30

Je te le redis, elle est pas belle la vie?

Commentaire de le_kéké posté le 17-04-2007 à 20:00:00

Bien joué le lombric, ton récit m'a rappellé mon MDP de 2005, un bon souvenir.
En tout cas très bon récit, très vivant comme on les aime avec beaucoup d'humour.

Merci pour cette tranche de vie, continue comme ça ...

A+ Philippe

Commentaire de agnès78 posté le 17-04-2007 à 21:23:00

Merci pour ce très beau récit
Et un énoooooooooooooorme BRAVO
Bises
agnès

Commentaire de l'ourson posté le 18-04-2007 à 00:01:00

Félicitations not Lombric du Zoo !! Tout comme Pinston, j'ai revécu mon MDP 2005 en te lisant et j'y ai fait le même temps que toi avec une prépa d'enfer!! Chui sûr que tu péteras les 4h la prochaine fois avec une prépa de 10 semaines ;-) Compte tenu de la présence de Taz et Nono en 2008.. je crois que je vais me laisser tenter... et toi?

Commentaire de béné38 posté le 18-04-2007 à 15:21:00

Ouai!!! moi je l'ai suivi devant ma télé !
Et en te lisant je me dis un jour moi aussi j'y arriverai, y'a pas de raison.
Bravo et merci pour ton récit.
Béné

Commentaire de bigout66 posté le 18-04-2007 à 18:51:00

Bravo pour ta performance pour ton 1er marathon sans préparation en plus.
Je pense que tu l'as abordé comme il faut, sans te prendre la tête et en profitant de l'ambiance...même si à la fin tu l'as eu un peu dure !!! :-)))
C'est le genre d'épreuve que nous démontre le pouvoir du mental sur le physique et c'est je pense une expérience sympa (galère aussi) qu'il ne faut absolument pas râter.
L'essentiel reste que tu en gardes un très bon souvenir.
Merci pour pour ce Cr plein d'humour.
@+ ;-)

Commentaire de runner14 posté le 19-04-2007 à 21:34:00

Salut Le Lombric!Tu as fais une belle expérience sur ce prestigieux marathon que celui de Paris,de plus ta motivation et ton courage ta permis de passer tout les caps de plus en plus difficile qui se dressés au fur et à mesure de ta progression ,la priorité été bien de finir et de savourer cette épreuve comme tu l'a si bien décrit,le manque d'entrainement et de repos ne t'ont point empêcher de vivre ses moments merveilleux du marathonnien ,la souffrance physique est chose commune et partie intégrante de celui-ci et c'est plutôt la façon de la gérée au mieux qui est le plus salutaire pour ta finalité qui và te permettre avec cet acquis d'envisager avec certitude la planification de ton prochain qui sans aucun doute sera aussi palpitant ,un dernier mot pour finir Avec ta volonté et ton mental je penses qu'avec un entrainement très ciblé ,tu peux faire exploser littéralement ton prochain chrono ,soit positif et restes dans tes convictions elles sont d'une très grande beauté!

Commentaire de Tomawaky posté le 19-04-2007 à 23:11:00

Félicitation pour ton récit et bravo pour la course.

Je comptais le faire ce marathon avec pour objectif de descendre sous les 4 heures, suite à mon premier l'année dernière. Mais mon opération du ligament croisé me retient derrière mon clavier et j'attendais de lire un récit comme le tiens pour profiter un peu de la version 2007 et m'encourager pour 2008.

Alors à l'année prochaine peut être ;-)

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