Récit de la course : Marathon de Paris 2007, par feudeumeu

L'auteur : feudeumeu

La course : Marathon de Paris

Date : 15/4/2007

Lieu : Paris 16 (Paris)

Affichage : 2456 vues

Distance : 42.195km

Matos : Ceinture porte gels et gels qui vont avec la ceinture !

Objectif : Faire un temps

12 commentaires

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L'enfer est pavé de Paris..!

 

Bon, ça y est, après 1 heure d'attente, la cabine des toilettes du sas bleu (3h30) se libère enfin ! Il est 08h44 quand j'y rentre et quand j'en sors le speaker égraine les secondes (Allez tous avec moi, 10,9,8 .. ZERO !). Heureusement qu'il nous faut + de 3 minutes avant de franchir la ligne de départ car mes compagnons d'attente étaient un peu inquiets. Je ne connais personne dans ce sas puisque mes potes sont soi en dessous (3h15) soit au dessus (4h00). De toute manière, je n'en démords pas, c'est quasi impossible, à moins de se sacrifier pour un ami, de courir à 2 dans un même tempo pendant 42.195. Je pars un peu à l'inconnu car entre mon inscription (octobre) et le départ, mon objectif est passé de 3h30 à 3h45 pour cause de diverses blessures (lombo cruralgie + genoux douloureux) ayant perturbé ma préparation. En résumé, si je fais 3h45, je suis le roi du Monde, si je fais moins de 3h59'23'' (mon record personnel à Rome l'an dernier), je suis le prince du Monde.

Départ donc, jambes un peu lourdes (visites de Paris à éviter absolument les 2 jours précédant un marathon...), assez anxieux sur le fait de savoir si mes récentes blessures vont ressortir et si oui, à quel kilomètre ? Premier objectif, passer au semi dans les temps. Un coup d'œil sur mon joli bracelet violet, il me faut passer en 1h52. J'utilise les temps intermédiaires de mon cardio, bingo, je cours tous mes kilomètres, hors ravitaillement, en 5'20 maximum et en 5'45 lors des ravitaillements (sacrément mal fichus soit dit en passant). Résultat, 1h53 au semi. Content, même si j'ai l'impression que j'ai couru un peu haut en terme de fréquence cardiaque donc je sais que je vais le payer, comme à St Girons et comme à Rome, d'abord vers le 28ème, puis vers le 35ème. Deuxième objectif, atteindre les 30 sans trop de retard car j'ai RDV avec mes 2 loustics qui doivent énerver leur mère depuis déjà quelques minutes en demandant : « C'est quand qu'il arrive Papa ? ». Passage au 30 un peu en retard car j'ai morflé au niveau du 28ème dans l'horrible et franchement à mon avis pas indispensable voie souterraine d'1 kilomètre environ qui sent bon le gaz d'échappement et l'urine plus ou moins fraîche. Un régal quand il fait déjà 26° et qu'on n'a le choix qu'entre ça ou le cagnard à la sortie des tunnels. Au moins, le RDV est respecté et je bombe le torse sous les encouragements de mes loulous. Bref, assez d'excuses, je repense au sms de la veille de Manu le coach qui me disait : « Courage les gars et souvenez vous la course commence au 30ème, serrez les dents ». Bon, moi sur le coup, j'ai un peu la furieuse impression qu'elle va se terminer au 30ème mais je serre les dents et accepte l'ensemble en parpaings qui me tombe dessus de plein fouet en me persuadant que ça va passer. Mes jambes durcissent, les premiers tombent autour de moi et semblent me dire lorsque je les dépasse : « Arrête toi, va, ça sert à quoi tout ça ? Tu ne serais pas mieux en train de marcher, franchement ? ». Surtout, ne pas les écouter et continuer, continuer, continuer... Au 33ème, mes jambes s'arrêtent de courir toutes seules, sûrement sur l'ordre de mon cerveau puisqu'elles ne sont pas indépendantes que je sache mais j'ai beau chercher, aucun souvenir que j'ai demandé un truc comme ça. Bon je marche, je m'étire, me retourne vers la meute qui me double et mon regard doit sembler leur dire : « Arrête toi, va, ça sert à quoi tout ça ? Tu ne serais pas mieux en train de marcher, franchement ? ». Ben oui mais eux, ils ne s'arrêtent pas donc je repars et me promets de souffler un peu au prochain ravitaillement. Tiens et si je prenais mon gel prévu au 35ème  ?(coup de fouet, il s'appelle, même si je ne suis pas sûr que cela suffise...). J'absorbe vers le 33,5ème et j'attends le 35ème pour pouvoir boire un coup et faire passer tout ça. Ah tiens je vais regarder mes temps intermédiaires, euh ben non finalement va parce qu'avec un rapide calcul de tête, il faut que je fasse les 9 derniers kilomètres en 5 minutes au kilo pour faire 3h50 donc là je sais que ce n'est pas possible. Par contre, moins de 4 heures pourquoi pas en me remuant un peu. Tiens, je me fais doubler par Rachel, fastoche c'est écrit dans son dos. Je décide que Rachel va me forcer à me bouger un peu. Effet coup de fouet, effet Rachel ? Quoiqu'il en soit, tout se déroule pas trop catastrophiquement jusqu'au 35ème où je m'arrête réellement pour récupérer pendant 1 minute entière. Je sais, en repartant, que désormais, Rachel est sûrement loin, pas grave, je m'accroche à Maurizio mais quelques minutes seulement, ça devient trop dur à nouveau. Je me fais l'effet du capitaine crochet tellement mes jambes sont en bois ! Je trottine (6'30 au kilo), je remarche un peu bref, je veux arriver quand même. 3h45 on oublie, mieux que Rome on oublie, maintenant il faut se faire mal juste pour arriver et terminer le plus vite possible. Arrivée au ravitaillement du 40ème où je mange à peu près tout ce qu'il me passe sous la main, je vide d'un trait 2 bouteilles d'une boisson énergétique plus 2 bouteilles d'eau minérale et j'en prends 2 avec moi pour la route. J'asperge mon bandana, je crève de chaud et ça tombe dur devant moi. Je passe un groupe qui fait des massages cardiaques à un coureur tombé à terre peu avant et j'espère fort que ce ne sera qu'une péripétie pour lui. La fin arrivant, je retrouve non pas des ailes, n'exagérons pas, mais quelques plumes qui font que la souffrance disparaît quelques instants. Génial jusqu'à ce que mon souffle se coupe brutalement, que je sente mon cœur s'emballer et que mon cardio s'affole : 183 p/mn ; Oh oh calme Bijou, calme. Souvenir instantané du coureur subissant le massage cardiaque, je ne veux pas tester donc je ralentis. Arrivée en 4h13'02 au chrono, temps officiel 4h13'01 sur Internet le soir. Chouette, je croise Olivier dans le sas de sortie, mon pote des 4h00 qui lui a fait 4h00'55 mais qui en a ch.., bavé pardon et qui, comme à Rome l'an dernier, me dit que ce sera le dernier. Mouais, à l'année prochaine Olive ! Retrouvailles avec mes potes, mon oncle, mes loustics et leur maman patiente. Tout le monde a fait plus que prévu (entre 1/4h et 20 minutes) et Philippe, un pote à 3h10, a abandonné au semi pour cause de crampe continue. Il dégrise dans sa chambre d'hôtel, sûrement très déçu car il s'était vraiment préparé comme un fou. Bon, tout le monde a foiré son marathon de Paris, c'est p'têt ben qu'il était plus dur pour tout le monde alors ! Confirmation le soir en consultant sur Internet ; je suis dans la première moitié du classement avec 4h13 qui est un temps plutôt moyen. Seulement 1000 coureurs sont passés sous la barre des 3h00, ce qui est aussi un signe. Bref, c'est juste pour me remonter le moral que je dis ça parce que de toute manière on ne se bat jamais que contre soi et là ce n'est pas moi qui ai gagné (la course à pied inciterait elle à la schizophrénie ?)! Après avoir voulu tout arrêter, la course à pied, les pâtes, le sport en général, me raser le matin et me couper les cheveux, je me dis qu'entre les potes (même si les jours de course je ne les vois qu'au départ et à l'arrivée pour l'instant !), l'ambiance, le challenge sur soi et les crises de larmes de souffrance et de soulagement mêlés à l'arrivée, ça ne m'étonnerait pas que je re-signe un de ces 4 ! Allez à la revoyure.

12 commentaires

Commentaire de bigout66 posté le 16-04-2007 à 23:34:00

Salut,

et oui c'est décevant de nae pas atteindre ses objectifs mais on peut pas y arriver à chaque fois sinon ça serait trop facile et on perdrait la saveur d'un challenge accompli.
Si tout le monde à raté son marathon c'est qu'il y une bonne raison : la chaleur.
Alors ne soit pas trop décu et motive toi pour revenir et battre ton record à Pau peut-être ?
Quoiqu'il en soit bravo pour ta percevérance qui a fait que tu as continué quand ton corps te disait d'arrêter, tu t'es surpassé et ça c'est peut-être la plus belle des victoires !!!
@+ ;-)

Commentaire de patcap21 posté le 16-04-2007 à 23:40:00

salut feudeumeu
merci de m'avoir permis de vivre ta course qui ressemble fort à la mienne et à beaucoup d'autres encore j'imagine.
bonne récup...
pat

Commentaire de yayoun posté le 17-04-2007 à 00:02:00

Merci de me donner un petit aperçu de ce qui m'attend dans deux semaines pour mon premier marathon. Mais ça vient de me remotiver. On doit sentir un tel sentiment dde fierté d'avoir réussi malgré tout à franchir la ligne d'arrivée que ça donne envie de la franchir.

Commentaire de l'ourson posté le 17-04-2007 à 00:18:00

Ho hisse Feudeumeu ;-) Un marathon sous la chaleur n'a jamais été un marathon chrono... Je suis sûr qu'avec 20 dégrés celcius de moins tu faisais pêter les 3h45 minimum ;-)))
C'est lequel ton prochain marathon ?!! Perso ce sera la Mont St Michel le 9 juin... attention aux coups de soleil ;-)) Va falloir mettre la casquette Kikourou au minimum ;-))))

Commentaire de Kik posté le 17-04-2007 à 00:33:00

Depuis quand finir un marathon c'est pas une super perf' ??
je suis bien d'accord que la chaleur rend votre succès encore bien plus honorable !!
Bravo !

Commentaire de agnès78 posté le 17-04-2007 à 06:50:00

Mersi msieur pour ce récit si poignant...très touchant même s'il ne manque pas d'humour... Merci aussi de désacraliser cette distance du marathon...
Eh oui, ce n'est pas anodin...
Y'a qu'à demandé à la maman qui a dû "supporter" les loustics pendant que papa suivait un "coup de fouet" nommé Rachel ;-)))))...
Ton expérience me servira pour mon premier marathon en juin prochain.
Encore MERCI, et un grand BRAVO pour ta ténacité.
Bises
agnès

Commentaire de isopropylamine posté le 17-04-2007 à 10:09:00

Bravo Feudemeu !
J'ai l'impression étrange d'être un peu un extra-terrestre lorsque je lis ton récit et que je réalise que nous étions sur le même parcours, malgré tout ce qui nous sépare.
Perso, le ravitaillement du 40, je l'ai passé sans m'arrêter (enfin, sans ralentir plutôt) parce que 42 km, c'est court, si court... On se demande pourquoi ça fait si mal d'ailleurs !
Je pense qu'il t'aura fallu bien plus de courage qu'à moi pour en terminer et, pour cela, je suis très respectueux de ta performance.
J'espère que, une prochaine fois, tu pourras t'entraîner suffisamment pour, enfin, en faire un sans souffrir (ou si peu) et avec un grand chrono (3h30, 3h15 ?). Tout est possible : il ne s'agit que de motivation ; je suis tout sauf un coureur à pied mais je sais ce que je veux et je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour y arriver.
Bonne récupérartion à toi.

Commentaire de Guépard Rouillé posté le 17-04-2007 à 13:22:00

Commentaire totalement pas objectif du (fier) papa de fedeumeu. Bravo pour le courage et pour le style de foulée comme de plume. Ton récit me confirme dans la conviction que la course est la chose du monde la plus injuste: plus on est lent et pas en forme et plus on en c.... des ronds de chapeau. Et vice-versa. Pendant que tu galérais à Paname ousque je suis né (dans le Faubourg Saint-Denis, littéralement), je me trainais comme un fer à repasser dans un "sprint" de 11 km à Narbonne. J'ai déjè enchaîné des 11 km plus rapides sur 32 km! Bref, un jour ou l'autre, çà ira mieux pour toi comme pour moi. Mon expérience personnelle (je ne dis pas que c'est pareil pour les autres), c'est qu'il y a des vraies limites à la volonté et au contrôle que nous avons sur nos corps et que, quand ça veut pas sourire, ça veut pas sourire. Entraîne-toi bien pour le 15 km du 10 juin. Dès que j'arrête de claudiquer, je m'entraîne pour le marathon de Perpignan le 20 mais, avec, comme toi, l'objectif mythique des 3:45. Je t'embrasse très fort.

Commentaire de moumie posté le 17-04-2007 à 13:50:00

merci pour ton récit vivant. Tu n'as pas atteint ton objectif, mais tu as a fini la course qui avait l'air difficile avec la chaleur. Bravo à toi

Commentaire de calimero posté le 17-04-2007 à 18:03:00

Bravo pour ta course bien méritoire, mais dans ces conditions difficile de faire une grosse perf!!

Un de plus quand même!!

Commentaire de Le_lombric posté le 18-04-2007 à 08:37:00

Je pense que tu m'as doublé !
En tout cas là aussi une belle course : rien que la lecture fait mal aux pattes.

:-)

Bon récup.

Commentaire de romano76 posté le 20-02-2008 à 19:03:00

pas mal, ton récit m'encourage, même si il me fait un peu peur, surtout le massage cardiaque, mes grands parentys pensent que je vais mourir... lol, ça ùe ferait plaisir, ke tu m'en dises un peu plus sur ta prépa...je ne sais pas si tu seras sur celui de 2008, perso j'y serai...
bonne continuation...

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