Récit de la course : Trail de la Vallée de Chevreuse - Aventure - 47 km 2007, par Olivier91

L'auteur : Olivier91

La course : Trail de la Vallée de Chevreuse - Aventure - 47 km

Date : 1/4/2007

Lieu : Auffargis (Yvelines)

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Distance : 47km

Objectif : Pas d'objectif

7 commentaires

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Le récit

Il y a des jours comme çà où tout est réuni, tout pour plaire. Ces jours apparaissent comme un peu en dehors du temps et prennent une place bien particulière, au chaud dans notre mémoire. Sans hésitation, ce 1er avril 2007 est un de ces jours.

Le week-end avait commencé par une petite soirée entre amis sur le thème du Maroc (souvenirs de trek et tagine au menu). Bonne ambiance, rigolades, complicité, un merveilleux tagine poulet aux oranges caramélisées concocté par Alice, ma tendre épouse (un peu inquiète à l’idée d’entreprendre sa course la plus longue (en temps) avec le 16 km de demain), bref une préparation très sportive ( !!) pour la journée qui s’annonce le lendemain. Coucher un peu avant 1h, le ventre bien plein pour une courte nuit de 4h : lever à 4h45 pour une petite bouillie au chocolat (je peux, c’est marqué sur la boîte « A partir de 6 mois » !!!). Le sac est vite prêt, tellement vite que j’en oublie la frontale et les bâtons que j’avais finalement décidé de prendre. Heureusement, rien de très grave. Direction Auffargis, tout seul, les copains du TGV Villebonnais s’ étant portés soit sur le 16, soit sur le semi de l’Humarathon. Mais je sais qu’il y a une flopée de copains UFOs ou Kikoureurs à retrouver sur place.

Le temps est doux, les petites précipitations des jours précédents n’ont sans doute pas détrempé le parcours, tout s’annonce tip top.

Arrivée à l’entre d’Auffargis, prise en charge immédiate par la navette, direction le retrait des dossards où je sais retrouver Agnès59 pour enfin faire sa connaissance après des échanges réguliers sur le chat de kikourou. Dès mon entrée, je tombe sur elle, bise rapide, mais elle n’est pas préposée à mon dossard, et je me présente à la bonne table. Je croise val, égal à lui-même, souriant, pas en forme ( !), affable. La préparation est l’occasion de discussions enflammées avec les potes coureurs. Un petit coin UFO se forme : l’Electron est là, arborant un buff jaune du plus bel effet, Paulo et Isa, les inséparables de l’ultrafond, Le Sanglier et Sandrine, les amoureux de l’ultrafond, Cyr, Jésus, Bottle, Stef…. Et çà diagonalise, çà UTMBise, çà rêve, çà partage, çà amicalise, quoi ! A tel point que pris dans notre conversation jusque sur la ligne de départ, nous shuntons le briefing que nous imaginons de concert (« Ne partez pas trop vite, suivez la rubalise, si vous ne voyez rien pendant 100 m, revenez sur vos pas, ne jetez rien, …. »). Peut-être qu’en écoutant bien, ceux qui n’avaient pas bien lu le descriptif sur le site web auraient su que le premier ravito du 16è étant uniquement en liquide (n’est-ce pas l’Electron !!;-))

Toujours est-il que la course s’élance avec un peu de retard, val met sa frontale dans le sac. Je décide de suivre val dans les premiers hectomètres. Ceux-ci sont l’occasion des seuls bouchons de la journée. Je reste ainsi 4/5 km dans les roues de val, mais me laisse légèrement décramponné quand je pense à m’alimenter. Car contrairement à La Ste Victoire, 15 jours avant, j’ai décidé de gérer mon alimentation et mon hydratation qui m’avaient posé problème alors. Une à deux gorgées toutes les 5 à 10 minutes, un peu de nourriture toutes les 20 minutes en marchant pour bien mastiquer et faciliter la digestion.

C’est à ce moment que Manu Le Sanglier me double, il va un bon rythme, sans doute trop élevé pour moi, et je le laisse me prendre mètre par mètre. Il reste en point de mire assez longtemps. Moi, je me sens bien, je gère, je reste bien en-deçà du rouge. Il faut avouer que si mes 2 dernières semaines d’entraînement ont été bonnes, je suis encore un peu dans l’inconnu sur mon niveau réel de forme.

Je profite du tracé qui nous fait passer de pente en pente, essentiellement en monotraces, y compris en prenant de vagues passages de lapins ici ou là. Comment çà on est à quelques kilomètres de Paris ??? Mais non, c’est sauvage comme tout ! Le sol est particulièrement adapté à la course à pied, souple et accrocheur à la fois, rarement piégeux. Alors pour donner un peu d’épice, le traceur s’est amusé à nous faire prendre régulièrement droit dans l’pentu, à la montée comme à la descente. Les descentes : parmi les plus belles qu’il soit donné de rencontrer : humus souple mais non glissant, pas de racines pas de pierres, des zigzags entre les arbres ou les rochers : je m’en donne à cœur joie et double à qui mieux mieux dans ces portions que j’affectionne tout particulièrement.

L’ambiance est magnifique dans ce sous-bois au sortir de l’hiver. Pas de monotonie avec les successions de collines, avec même de petites gorges encaissées, des rivières, des étangs, des rochers au grès identique à celui de Fontainebleau. A compter du 8ème kilomètre, les coureurs se sont espacés et il n’est pas rare de se retrouver seul, ce qui d’ une certaine manière me convient, car je peux courir aux sensations, car la présence de coureurs devant ou derrière finit toujours par avoir une influence sur ma vitesse (en me mettant plutôt au-dessus du rythme idéal).

A quelques moments je crois reconnaître des portions de la piste de Lucioles qui se court sur cette première boucle en nocturne, en particulier, je repère les 2 derniers km plats qui nous ramènent au départ … le ravito est proche. 1h54 de course, soit un tout petit peu plus que lors des Lucioles … mais il reste plus du double à courir !!! J’arrive juste avant le départ du 16 km, je cherche des yeux ma moitié et mes copains, mais à l’abri à l’arrière de la cohue, ils ne s’aperçoivent pas que nos courses se croisent. Tant pis, je bois, refais le plein et repars, en pleine forme. Paul choisit ce moment pour me doubler. Cela m’inquiète un peu, car normalement il finit dans les 50, et tout cas devant moi …. Il faut peut-être que je joue un peu plus la prudence. En tout cas, je le laisse filer peu à peu et reste concentré sur ma course.

Cela fait maintenant quelques km que je navigue au milieu des mêmes coureurs, dont un est en manches longues et gants !!! Moi qui ai trop chaud en t-shirt, je souffre pour lui !

Je franchis les premiers mètres de bitume de la course surveillés avec maîtrise par Robert, Castor Senior. Un rapide salut au maître des V2 (vainqueur du challenge XTrem IdF 2006, çà situe le bonhomme …. Mais là, le bonhomme, il soigne ses petons agressés par les sables de Mauritanie 15 jours plus tôt).

Le bitume aussitôt quitté, je vois tout au bout du chemin le monument !! Non, je ne parle pas du Sanglier, qui est effectivement un monument, mais de celui où le Raid 28 avait laissé la balise 30 en janvier. Ceci dit, je rattrape effectivement Manu qui me dit ne plus rien avoir dans le carafon. Je l’encourage à faire un petit bout de chemin avec moi, ce qu’il fait pendant 5 minutes où nous pouvons deviser un peu, mais en haut de la côte de la mort, il ne peut relancer malgré mon invitation à me suivre …

J’arrive un peu affamé au ravito où se trouve Cyr qui abandonne : « plus trop d’envie ». L’envie çà ne se commande pas, alors je ne discute pas son choix, discute un peu avec lui en mangeant, que dis-je en me goinfrant ! Il était d’ailleurs temps de me restaurer car je consomme beaucoup et 2 bons tiers de mes réserves sont déjà avalées, voire digérées. Cela me redonne du peps que d’avoir mangé et soufflé un peu et je repars du ravito, confiant pour le 10 km annoncés par les bénévoles. Ceci étant dit, chat échaudé …. Je garde dans ma tête la possibilité d’une erreur du bénévole (ce qui est monnaie courante, tout de même, malgré tout leur dévouement et leur bonne volonté) et table sur une bonne douzaine de kilos, soit un peu moins de 2 heures !! Que nenni ! il y en avait 14 au bas mot, et pas des plus plats ! C’est donc plus de 2 heures et quart qu’il me faut pour franchir ce condensé des choix judicieux mais au combien exigeants du traceur !

Le début de cette boucle se passe fort bien. Juste avant le ravito, une personne m’annonce 117è. J’en ai doublé une dizaine au ravito, j’en redouble une dizaine en 3 km. Entrer dans les 100 devient mon nouvel objectif (mon objectif initial étant d’entrer dans les 30%, puis dans les 150). L’enthousiasme me saisi. Je commence à voir des défaillances sur le bord du chemin, essentiellement des crampes. Je me dis que je suis plus frais que beaucoup. Quand soudain au bas de la 56è (ou était-ce la 57è ?) côte, me voilà pris moi aussi de crampes dans le bas des adducteurs ! Des crampes ! Cela ne m’arrive jamais. Et puis comment fait-on pour étirer une crampe aux adducteurs ?? C’est pas bien pratique. Je perds sur le coup plusieurs places, mais surtout, cela produit une faille dans mon mental. J’ai une « bonne raison » pour ne pas atteindre mon dernier objectif, pour laisser filer tel ou tel coureur, j’ai perdu une partie de ma confiance et cela se traduit par une baisse notable de ma vitesse. D’autant qu’une tendinite au tendon rotulien gauche commence à rendre les descentes beaucoup plus problématiques. Tiens, y’avait encore un tendon qui n’avait pas eu sa tendinite ?? Et bien voilà, c’est fait. Toujours ces fichues tendinites, jamais au même endroit !

J’attaque alors la phase « résistance ». J’évacue immédiatement toute allusion au mot abandon, car s’il ce profile ce vilain mot, il risque d’avoir le dessus. Donc je m’empêche mentalement de donner un nom à cette envie d’arrêter … et je continue. Je perds régulièrement quelques places, mais les écarts sont maintenant importants, et je sais que je ne serai pas loin de la 100-120 ème place, ce qui me satisfait en cette période de préparation de ma saison.

Un petit coup de fil me sors de ma bulle : Alice m’appelle pour savoir où j’en suis. Comment çà ? Elle a déjà fini le 16 km ? 2h29, super, pour une première sur cette difficulté de course elle assuré ma petite femme, en plus elle me dit qu’elle a adoré ! Je raccroche le cœur léger, je suis hyper content pour elle.

C’est fatigué, mais relativement serein que j’arrive au dernier ravito. Environ 42 km de faits, restent 9 à 10, pas les plus durs. J’attaque cette fin de course en alternance course marche, ce qui me permet d’équilibrer les dépassements et donc de maintenir mon classement. J’ai en tête les 2 km de plat avant l’arrivée et me met un peu en dedans pour pouvoir les faire en courant et rattraper 2-3 concurrents. Mon calcul s’avère exact, mais je n’arrive pas à parachever cette stratégie en reprenant les 2 coureurs que je vois en point de mire sur les derniers hectomètres. L’arrivée est comme toujours un grand moment de plaisir, de soulagement voire de fierté. Des encouragement épars mais chaleureux fusent. Il fait beau, j’en ai fini … la vie est belle !!!

Je finis en 6h58’55 à 107è place, Objectif initial largement atteint, physique aussi, atteint !
Je me précipite à la table du ravitaillement où Sandrine (Taz28) et Audrey59 officient. Bises, elles me chouchoutent d’autant que je me suis assis par terre, les jambes ne me portant plus. Je les mets à contribution pour me relever car les crampes m’en empêchent, et je traîne d’un pote à l’autre, sous un soleil radieux, les uns et les autres affalés sur la verte pelouse. Je vois Cédric Castor Junior qui s’empiffre en attendant de pouvoir recourir. J’aimerais rester plus longtemps pour profiter de tous, d’autant qu’une petite fête pour l’anniversaire d’ Agnès est prévue, mais j’ai aussi une après-course alléchante chez mes copains du TGV Villebonnais. Plus çà va et plus course à pied rime avec amitié ! Entre ma décision de partir et mon départ effectif, il se passe 45’, je ne peux faire 3 m sans croiser un pote. Je ne vais quand même pas les ignorer. Je discute avec le monstrueux camion, Domi, qui a abandonné au 16ème, ayant mal récupéré d’une sortie trop longue le WE précédent, avec Cyr pour évoquer les OFF de juillet dans les Alpes, avec Stef avec lequel j’ai couru sans le savoir pendant plusieurs heures à l’UTMB, avec Agnès, radieuse, diffusant encore le soleil de Mauritanie, avec Castor Senior, avec Paul qui attend Jean-Philippe (tient je suis arrivé avant lui ? une bonne référence pour moi !), avec …… bref mes adieux à cette course s’éternisent mais on y est tellement bien !
Je ne peux finir qu’en félicitant l’organisation qui nous a concocté là une bien belle course. 2 ultras en ce début d’année (avec la Ste Victoire) et 2 bijoux. La saison s’annonce radieuse … si les tendinites me laissent un peu en paix !

7 commentaires

Commentaire de L'Castor Junior posté le 03-04-2007 à 16:25:00

Enervant ces tendinites... :-((
Il n'empêche, comme sur l'UTMB, elles ne t'empêchent visiblement pas de dominer ton sujet.
On va donc les considérer comme un juste handicap visant à rétablir l'équité avec les autres coureurs :p
Plus sérieusement, j'espère que tu vas t'en débarasser pour de bon.
En tout cas, j'ai été ravi de te retrouver dimanche, même si tu n'es pas resté jusqu'au bout de la fête...
à+

Commentaire de gdraid posté le 03-04-2007 à 18:08:00

Les amis KIKOUREURS,
sont des gens passionnés par la CAP,
et passionnants par leur CR.
Bravo Olivier91, pour ta course bien gérée.
Merci pour ton CR, sous forme de très belle histoire.

Commentaire de agnès78 posté le 03-04-2007 à 19:13:00

Merci Oli pour ce très très beau CR!
J'ai été vraiment très contente de pouvoir enfin faire ta connaissance... et puis tu nous a vraiment manqué lors de l'après course...
Bah, on se rattrapera au TGV at au Mont Joly, dacodac?
Bises
Miss HARIBO

Commentaire de taz28 posté le 03-04-2007 à 21:31:00

Olivier,
Je suis ravie d'avoir été présente lors de ton arrivée pour faire office de treuil ;-))
Tu as fait une belle course et ta petite femme aussi, ce ne fut donc que du bonheur ce 1er avril !!
Bisous
Taz

Commentaire de akunamatata posté le 03-04-2007 à 23:08:00

"bref mes adieux à cette course s’éternisent mais on y est tellement bien !"
c'est marrant ça me rappelle toutes les courses avec les kikoureurs ces temps ci. Une communauté virtuelle en cours de matérialisation dans le monde réel!

Commentaire de JLW posté le 04-04-2007 à 22:41:00

Très beau CR pour une très belle journée. Je crois t'avoir aperçu au départ mais pas trop sur de moi je ne t'ai pas abordé et bien qu'à côté de vous à l'arrivée j'ai du être trop affecté par l'effort et manquer de lucidité pour dénicher l'endroit de l'apéro. Trop bête, ce sera pour une prochaine fois. Encore bravo pour ton résultat et ta belle prose.

Commentaire de Say posté le 13-04-2007 à 23:44:00

Olivier : je t'inscrit d'office pour l'AAB du TGV!!

107°, c'est "hachement" bien. Taz m'a dit qu'elle t'avait hélitreuillé, tu confirmes donc avoir puisé pour finir cette belle course.

A peluche

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