Récit de la course : Le Grand Trail des Templiers 2023, par stephnoz

L'auteur : stephnoz

La course : Le Grand Trail des Templiers

Date : 22/10/2023

Lieu : Millau (Aveyron)

Affichage : 865 vues

Distance : 80km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Grand Trail des Templiers 2023

Je suis un adepte des Trails avec peu de participants, voire confidentiels, à la bonne franquette et à l'organisation parfois expérimentale.

Les Templiers n'entrent pas franchement dans cette catégorie : 2700 participants sur le Grand Trail, l'épreuve de référence du festival, c'est quand même quelque chose ! Que ce soit au retrait du dossard ou pour le départ de la course, ça en impose...

On aime ou on aime pas, moi je n'aime pas beaucoup.

Mais prendre le départ de cette course, le premier grand trail français en terme de notoriété et d'historique, est quand même un "passage obligé" pour tout traileur qui se respecte. Et me voici donc, sans a priori sur la course, dans la 3eme vague de départ.

5h45, le temps est sec, pas trop froid (5°C environ), des conditions idéales pour courir ! Le speaker demande à ceux qui n'ont jamais couru un 80km de lever la main. Ils sont vraiment nombreux dans ce cas ! Leurs visages sont manifestement heureux mais on perçoit quand même sur la plupart une certaine inquiétude. Mon voisin est dans ce cas ; je le rassure : "ça va bien se passer !".

Puis retentit  la musique d'Era que tout le monde attendait, "Ameno". Je regarde autour de moi, beaucoup d'yeux sont anormalement brillants. C'est vrai que ça fout les poils...

C'est le départ ! Les 3 premiers km sont assez plats, le peloton s'étire. Ca monte doucement et le chemin est assez large jusqu'au km 7.

Je m'étais positionné sur l'avant de la vague au départ, pour ne pas me faire coincer dans un bouchon au premier rétrécissement du chemin. Mais c'est quand même un gros ralentissement dès que le chemin devient plus étroit et raide au km 8 sur la bosse de Carbassas, et on se suit au pas sur quelques centaines de mètres. Frustrant dès le début de la course !

Ca grimpe pas mal mais la bosse se fait plutôt bien et n'est pas bien longue. Les 500m de D+ sont vite avalés.

On arrive sur le causse au lever du jour, les couleurs sont très belles.

La traversée du causse est facile, avec des petits faux plats montants et descendants, et quelques fermes perdues au milieu des arbres. Le chemin est large et sans difficulté.

On finit par rejoindre l'autre bord du plateau et la descente en monotrace vers Peyreleau et la vallée du Tarn, baignée dans une mer de nuages. 

Ca coince à nouveau dans la descente, trop de monde et pas mal de traileurs en difficulté dans cette descente un peu glissante. J'arrive à doubler plusieurs coureurs dans ce chemin étroit.

Le village médiéval de Peyreleau est accroché au flan de la montagne. Une foule rassemblée dans les rues nous acclame, ça fait plaisir de voir enfin des visages après 20 km dans la nature et la nuit !

24eme km. Premier ravitaillement en eau. Je refais le plein des flasques et repars.

Après avoir longé une rivière, le chemin remonte rapidement vers l’ermitage St Michel puis la chapelle de St Jean des Balmes. On passe au milieu des les ruines de ce bel édifice.

On longe régulièrement des gros blocs rocheux

Je trouve cette première étape très longue. 35 km pour le 1er ravitaillement solide, ça fait beaucoup ! Je commence à être en manque de sucre, j'ai très faim. J'arrive enfin au ravito de Saint André de Vézines, où je reprends des forces.
Le ravitaillement est très complet : soupe, tartines de roquefort 😋, excellents yaourts à la châtaigne (que je prends en espérant que je les digèrerai bien), saucisson, biscuits...

Comme toujours, c'est douloureux de repartir et remettre la mécanique en marche... Je regrette vite de ne pas avoir pris quelques minutes pour m'asseoir.

Les km suivants ne marquent pas particulièrement ma mémoire. Une descente régulière sur 5km puis une remontée un peu plus raide ; on finit par arriver aux falaises du Rajol, puis au chaos rocheux de Roques Altes et son emblématique arche où je manque de perdre mon téléphone dans le ravin en le laissant échapper de mes mains humides... 🤐

Au loin on aperçoit le viaduc de Millau...

Après une descente on arrive dans le joli village médiéval de la Roque Ste Marguerite dans lequel on zigzague parmi les ruelles avant d'arriver au ravitaillement en eau situé au km 48 et recharger les flasques juste avant la traversée de la Dourbie.

 

On quitte rapidement le bitume du village pour remonter sur le Larzac et parcourir les chemins longés de buis centenaires, largement en monotrace. 

A un moment le chemin débouche sur les corniches de Pompidou. La vue sur la vallée de la Dourbie est vraiment grandiose, avec ces spectaculaires falaises de roches blanches.

A l'horizon, la ville de Millau, notre point d'arrivée, s'est nettement rapprochée. Ca fait du bien au moral !

Je finis par arriver au second ravitaillement solide, au km 58, où je fais une bonne pause sans oublier cette fois de m'asseoir un peu pour reposer les muscles. Il fait chaud dans la salle, il faut se motiver pour ressortir, alors qu'un vent plutôt frisquet s'est levé.

Sur les courses d'automne et a fortiori d'hiver, ces dix minutes qui suivent chaque redémarrage d'un ravitaillement sont toujours éprouvantes. On s'est refroidi, on est mouillé, l'organisme est fatigué et on grelotte souvent d'un froid de fatigue. Il faut 5 à 10 minutes pour que l'effort réchauffe le corps et fasse cesser les grelottements. Un mauvais moment à passer. 

23 km restants. Je sais à ce moment qu'à moins d'un imprévu, j'irai au bout de la course.

Mais ces 23 derniers km sont de mon point de vue les plus durs de la course, avec près de 1200m D+ encore à franchir. Les organisateurs ne s'y sont pas trompés d'ailleurs en prévoyant deux ravitaillements en eau et un ravitaillement solide sur cette distance.

A nouveau surtout des monotraces, alternant entre canyons perdus à la végétation recouverte de mousse et montées plus ou moins raides.

On finit par arriver sur la superbe descente du Roubelier, où je lâche les chevaux. Moi qui perd généralement beaucoup de places en descente, je double quasiment tout le monde. Je pense que c'est parce que ce n'est pas le même public que les autres courses que j'ai faites cette année et que ceux qui restent dans ma tranche d'allure sont moins aguerris que moi dans les descentes longues et un peu techniques. Tant mieux !... 

Après le ravitaillement en eau du hameau de Massebiau, au km 72 démarre la dernière grosse ascension, la plus terrible de la course. Le chemin est très raide, j'avance vraiment lentement. Je fais une micro-pause à mi-hauteur pour prendre une dernière fois en photo le viaduc et la ville de Millau, désormais tout proches.

La nuit commence à tomber quand j'arrive enfin à la magnifique ferme du Cade, le dernier ravitaillement solide. Le feu brûle dans la grande cheminée, un agréable contraste avec le froid humide qui désormais nous entourait à l'extérieur. Pour plaisanter je demande aux bénévoles s'ils ont des chambres libres pour la nuit.
Après avoir récupéré mes victuailles dans la grande salle, je les mange sur une des tables un peu austères situées dans un barnum, qui lui n'est malheureusement pas chauffé... 🤨 

La nuit est désormais presque tombée, j'enfile le coupe-vent et un bandeau pour protéger ma tête, j'allume la frontale et je repars dans la semi-obscurité.

On enchaine alors une descente technique dans laquelle je double à nouveau pas mal de monde puis une toute dernière montée vraiment raide sur le nez rocheux de la Pouncho d’Agast, où il faut parfois mettre les mains pour se hisser. 

En dessous de nous, les lumières de la ville de Millau et le cortège des frontales. La visibilité est parfaite, le spectacle est très beau.

Au sommet le vent s'engouffre dans les reliefs de la tour télécom métallique qui s'y trouve, la faisant chanter dans un bruit surréaliste de sorcière.

Mais pas le temps de s'attarder, j'ai hâte d'en finir. Bientôt la délivrance !

La dernière descente est super raide et glissante au début. La plupart des trailers sont au pas et dérapent parce qu'ils n'osent pas s'engager dans la pente. A nouveau, je remonte de nombreuses places en abordant cette descente plus témérairement.

A un moment on remonte d'une dizaine de mètres jusqu'à la grotte du Hibou, dans laquelle on parcourt quelques dizaines de mètres étonnants dans des boyaux arrondis.

La fin de la descente est plus facile, et je franchis enfin après un peu plus de 15h de course l'arche d'arrivée, où une foule nombreuse malgré la nuit est venue applaudir les coureurs "héros du jour".

Alors que dire de cette course ?

Tout d'abord que j'ai été agréablement surpris de la beauté et de la diversité des paysages. Certes j'ai eu beaucoup de chance avec la météo, ce qui aide à la perception positive, mais il faut reconnaitre qu'on traverse de nombreux endroits grandioses et uniques.

Egalement que l'organisation est nickel, les ravitaillements sont bien dimensionnés et les bénévoles au top, l'ambiance est très bonne lorsqu'on traverse les villages.

Qu'il faut bien doser son effort parce que le niveau de difficulté va en croissant, avec un final quand même assez costaud. Il faut donc en garder sous le pied.

Enfin, pour pondérer mon avis, je trouve qu'il y a quand même trop de participants. On est très rarement seul malgré les distances importantes entre les ravitaillements et à plusieurs endroits il y a avait des bouchons. C'est dommage...

Mais je recommande cette course à tous ceux qui veulent se confronter à leur premier 80km. Ils ne seront pas déçus.

3 commentaires

Commentaire de defi13 posté le 25-10-2023 à 11:33:06

j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ton CR et à revivre mon aventure de 2022. Les photos aident à refaire ce voyage. Les paysages sont très variés et de toute beauté, les villages traversés sont très agréables, l'organisation est au top. Enfin question sport, tout à fait d'accord avec toi, il faut y aller en gardant des forces, car c'est un peu comme une magnifique course nature en EF pendant 60 bornes avant de basculer en mode trail très exigeant sur les 20 derniers kilomètres.

Commentaire de rvialles posté le 25-10-2023 à 11:58:26

Nous étions ensemble sur la course et probablement aussi en vague 3. Je retrouve complétement ce que j'ai vécu, rien à ajouter, c'est un parfait CR. Bravo !

Commentaire de YohannG posté le 25-10-2023 à 13:56:46

Bonjour,
Nous sommes également partis en début de vague 3, et comme toi, nous avons grandement apprécié les paysages et l'organisation qui est vraiment au top !
Mais ce monde ... Je pense que nous avons rapidement rattrapé les retardataires de la vague précédente et du coup, à la moindre "difficulté" on était arrêté. C'est dommage, cela ne nous pas permis de suivre notre plan de course. Mais en se rassure en se disant que cela nous a permis d'arriver relativement frais sur les 2 dernières grosses montées vers le Cade et la Pouncho.
C'était mon premier 80km avec seulement un 45km en trail auparavant et plusieurs marathons, et cette expérience va me laisser de beaux souvenirs, avant de basculer sur de nouveaux obectifs.

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