Récit de la course : SaintéLyon 2022, par Mathias

L'auteur : Mathias

La course : SaintéLyon

Date : 3/12/2022

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 1193 vues

Distance : 78km

Objectif : Se défoncer

9 commentaires

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La vieillesse est un naufrage...

Mon dernier récit ici-bas date de 3 ans ! Ah quand même...

Je m'en vais vous narrer vite fait mon aventure à la SaintéLyon 2022. Rien de bien saillant. C'était mon quinzième dossard STL (sans compter 2-3 éditions en relais...), pas le plus ouf, on commence à se dire que ça sera peut-être bien le dernier... faut garder un souvenir. Et puis ça fait une petite "note à mon moi de 2023", si jamais cet ahuri est tenté par une 16ème inscription.

Donc ? Abandon à St Genou ! (ouf le CR va être court)
Je vais finir par avoir un ratio DNF / finisher supérieur à 1...
Entre 2002 et 2015, j'ai terminé 8 de mes 9 premières STL, et depuis, on sent que ça devient plus laborieux. La vieillesse est un naufrage...
2016 DNF adducteurs
2017 ok
2018 DNS clavicule
2019 ok
2020 ah bah ouf, le covid m'évite le DNF
2021 DNS grippe
2022 DNF, donc.

C'est pas brillant-brillant...

Je passe rapidement sur les 3-4 semaines avant le départ : contracture mollet, 1 DNF et 2 DNS en novembre, un souci postop dentaire avec un sinus percé, sinusite interdite par ma dentiste, un gros rhume à J-3 => ça pose question au moment d'aller courir dans le froid.
Ajouté à quelques difficultés d'organisation familiale ce WE-là (planning serré : interdit de terminer après 9h !), j'hésite jusqu'au dernier moment à prendre le départ : est-ce bien raisonnable ?

22h15 sur zone, check poucet qui m'a gentiment récupéré mon dossard à Lyon pour m'éviter un AR (merci), et direction le départ.
J'ai la mauvaise surprise de me retrouver au milieu de la 3ème vague. Sauf si j'ai raté un truc, il ya peut-être un truc à améliorer pour l'orga dans la gestion du sas "performance". Le règlement explique que ma cote UTMB me permet d'accéder à ce sas qui part à 23h30 avec les élites. Je reçois une carte de retrait de dossard indiquant un horaire de départ à 23h30. Pile-poil, tout va bien.
Oui, mais non : au retrait des dossards, poucet, qui est dans le même cas que moi, s'est vu refuser le fameux bracelet vert qui permet d'accéder au sas performance.
Je tente de faire valoir ma cote UTMB, mais à Sainté on m'explique que pour accéder au saint graal il fallait recevoir un mail (je devais le deviner ?) et que de toute manière ils n'ont plus de bracelet en stock.
Moi qui pensait avoir le temps, pour une fois, de me rendre sur la ligne de départ (avec la pluie qui menace), je me retrouve dans la cohue à tenter de me placer tardivement au milieu du peloton.
Je suis assez tenté de suivre les quelques énergumènes qui déboitent sous mon nez une barrière de chantier de 2m de hauteur pour sortir de la file et s'incruster dans le sas performance. J'ai encore une conscience...
Je vois même un coureur fait la courte échelle à un autre pour franchir une clôture fixe de 2m de haut.
ça va être un beau bordel si la foule emboîte le pas !

Départ retardé en raison d'une voiture sur le parcours. Les élites partent à 23h45, la vague 2 seulement ~10min après. Et je franchis la ligne au milieu de la vague 3 à 0h04.
Ouf, c'est pas pire.
J'ai tout de même eu du flair ce matin : n'étant pas sûr de prendre le départ, j'ai fait ma petite séance de HT, pour être sûr de remplir *le* contrat. Oui, 25 km de HT le matin du départ, même tranquillou, ce n'est peut être pas idéal, mais mon "petit rituel bien-être" à moi est sauvé. Ouf.

Je passe qques km à zig-zagguer pour m'extraire de la vague 3. La route est large sur ces premiers km, ça ne pose pas de problème, c'est même plutôt motivant de doubler et doubler encore.
Pour ne pas me laisser gagner par l'euphorie, et aussi pour protéger mes sinus, je limite mon souffle en respirant dans mon buff.
Et voilà, j'ai à peine franchi le périph' que je me retrouve à peu près seul, tout va bien, le bracelet vert est oublié, la course peut commencer !
Oui, mais non : vla't'y pas que je rattrape la queue de la vague 2...
Et là, ce n'est plus la même limonade : le différentiel de vitesse est important, il y a beaucoup de marcheurs, la proportion de sentiers plus ou moins étroits augmente, et me voilà dans les bouchons, à courir sur les bas-côtés accidentés au lieu du bitume qui me tend les bras et devrait me faciliter ce début de course.
Et moi qui était un peu plus motivé que d'habitude pour prendre un départ raisonnable, je me retrouve à gaspiller mon énergie pour garder un peu de rythme. J'atteins StChristo sous une pluie fine, dans un temps conforme à mes habitudes (1h27, 207è).
Je réalise alors que je n'ai pas besoin de passer par le ravito, n'ayant pas bu la moindre goutte d'eau depuis le départ. Ouille, la gaffe.
Le check-up est tout de même satisfaisant : pas de douleur, pas de fatigue. Je craignais d'avoir été affaibli par mon rhume.
Je m'inquiète néanmoins à propos de la température : il ne fait pas très froid, mais cette petite pluie fine glace les os, j'ai transpiré plus que prévu, et ma gestion des vêtements est déjà un échec. Je suis parti avec : collant, TS ML, bonnet, gants fins, buff, et une petite veste de ski de fond. La veste protège le torse mais absolument pas le dos, où le tissu a l'avantage d'être respirant mais pas étanche ni coupe-vent. La pluie m'a convaincu d'enfiler par dessus mon coupe-vent absolument pas respirant, et je me retrouve déjà avec mon TS complètement trempé de sueur.
J'ai intérêt à rester échauffé, sinon je vais grave me cailler les miches...

Et c'est entre StChristo et SteCatherine que la situation se dégrade (déjà ! c'est trop tôt !). Les douleurs apparaissent un peu partout : dans les pieds (souci récurrent depuis 3 ans), les chevilles, les genoux, les adducteurs, les muscles globalement, et même le dos.
Ste Catherine en 3h0. J'ai ralenti le rythme : 50% "gestion de course", 50% "oula je commence à avoir mal, là, non ?". J'ai quand même perdu 100 places (308è).
Comme à StChristo, le ravito est fluide malgré ma position au milieu du peloton (merci les vagues, du coup ?).
J'ai les doigts gours, difficile de refaire le niveau de la poche à eau.
Parenthèse nostalgique : quand je pense que jadis je prenais le départ avec une mini flasque de 125ml dans la poche de la veste ! Cette année, pour la 1ère fois j'ai délaissé le porte-bidon pour pouvoir embarquer tout le matos obligatoire (pile de rechange, 2ème frontale, 3 couches, téléphone : on se croirait sur un 100 miles !) dans un sac, avec une poche à eau donc. Fin de la parenthèse...
En longeant la file des bus, je suis un poil tenté de mettre le cligno. Bah ! Objectivement, je n'ai pas de vraie raison d'abandonner, allez zou.

Sauf que ça se dégrade : les douleurs augmentent, musculaires et surtout dans les pieds. Ma foulée est tout sauf fluide dans les descentes. Avec toute cette boue, je me félicite du choix des Hoka Zinal (choix contraint : je n'ai plus de chaussures bitume, exceptée une paire avec lames carbone !). C'est peut être ma 1ère STL avec des trails aux pieds. Mais un peu plus d'amorti n'aurait pas été du luxe...
Ma vitesse chute, ma température corporelle et ma motivation avec. Le froid m'engourdit musculairement. Je commence à me faire doubler assez régulièrement... et pas seulement par des relais 4 !
Et quand je commence à avoir mal aux oreilles, ma décision est prise : ce sera cligno au prochain ravito. Même si l'abandon s'annonce pénible avec ce froid.
Continuer pour terminer à moitié en marchant voire en claudiquant n'aurait pas beaucoup d'intérêt, et puis de toute manière, avec un départ plus tardif que prévu et dans mon état actuel, je ne peux pas espérer arriver à Lyon à 9h.

J'arrive laborieusement à StGenou vers 5h, en étant même tenté de faire du stop pour rejoindre le ravito.
J'y suis plus, mais alors plus du tout...
Allez hop, je rends ma puce et me dirige en clopinant vers la tente des secours pour attendre la navette.
Abandonner à StGenou est clairement plus pénible qu'à SteCatherine. Attente sous la tente, chauffée par intermittence, ce qui ne m'empêche pas de rester trempé et frigorifié. Je grelotte en regardant avec envie les autres coureurs enfiler leur TS de rechange... Attente dans la navette, en observant avec inquiétude le bordel ambiant des voitures suiveuses qui bloquent la circulation sur cette petite route de campagne. Ouf, finalement la navette démarre bien qu'à moitié pleine, direction Soucieu.
Soucieu ~6h, changement de navette. Attente. Je ne parviens pas à m'endormir, je tremble trop ! Et en plus, je vois défiler les coureurs, avec un poil d'envie faut bien le dire. Eh, c'est moi qui devrait être en train de sortir du ravito en petite foulée, pour me laisser glisser vers la ligne d'arrivée en douceur, sur un bitume bien régulier, sans glissouiller à chaque pas ni trébucher sur des cailloux mal rangés !
à se demander si je n'aurais pas dû continuer à mon rythme...
(oui mais non, fais appel à ta mémoire : ça se passe comment habituellement la fin de la STL ? Hummm ?)

Tony Garnier 7h, toujours grelottant, mais sans difficulté pour marcher rapidement me mettre au chaud. Les douleurs se sont estompées, sauf aux pieds.
Récup du sac, douche, repas rapide : orga nickel.
Quelques minutes à applaudir les coureurs qui arrivent, et à 8h je décolle avec quelques regrets mais en relativement bon état et avec 1h30 d'avance sur mon timing.
C'était sans compter sur la SNCF. Dernière petite péripétie : TER annoncé avec du retard puis purement et simplement annulé. Le timing se resserre, mais ça passe encore, et je ne grelotte plus, tout est bien qui finit bien.

Sans rancune la STL, j't'aime bien quand même. On a eu des hauts et des bas tous les deux, mais on s'est quand même bien marrés depuis 20 ans. Je reviendrai !

Note pour moi même : l'an prochain, se poser quelques questions sur sa capacité à courir plus de 30km dans le froid, avant de s'incrire compulsivement à une 16ème STL !

9 commentaires

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 06-12-2022 à 08:50:05

C’est à un type qui a 20 ans de plus que toi que tu parles de naufrage ? Sale gamin !
Mon seul souvenir de la STL est moins huit degrés au départ, une patinoire généralisée, quatre chutes et un bras en rideau, vingt derniers kilomètres en marchant et tout ça sans rien voir du paysage. Que du plaisir!!! S’il n’y avait pas eu Kikouroù, je n’avais pas vécu cette galère. Merci Mathias

Commentaire de Mathias posté le 07-12-2022 à 17:15:05

De rien ;-)
PS : on est tous le vieux de quelqu'un !

Commentaire de Arclusaz posté le 06-12-2022 à 15:26:03

encore une aventure de l'impayable Mathias qui refera pareil l'année prochaine. Mais, tu as raison, faut tenter, sur un malentendu, ça peut passer....
Quand on abandonne à St Genou et qu'on est encore à peu près en état de marche, le plus simple est de rentrer en trottinant par l'ancien tracé sur la route. Il y a une petite montée puis ça descend tout le long (2 km de plat avant le gymnase).

Commentaire de Mathias posté le 07-12-2022 à 17:17:37

Non ! Je vais prendre la bonne résolution de remettre de la CàP au programme avant de m'inscrire à la STL. Faut quand même habituer un peu les muscles et les articulations à prendre des chocs... quel que soit la forme physique !
Rentrer en trottinant ? Jusqu'à Lyon ? Ah je n'étais pas, mais alors pas du tout, sur cette idée là...

Commentaire de Arclusaz posté le 17-12-2022 à 17:36:17

non, trottiner jusqu'à Soucieu ou c'est plus facile de récupérer un bus je pense.

Commentaire de Mathias posté le 18-12-2022 à 11:51:09

Ah oui, jusqu'à Soucieu ! J'y penserai la prochaine fois. ça ne prend effectivement pas bcp plus de temps à pieds, et ça éviter d'attraper froid !

Commentaire de poucet posté le 07-12-2022 à 14:27:46

Seconde note à toi même : ne pas s'arrêter aux navettes, c'est vraiment trop compliqué. Allez, encore un p'tit coup en 2023 pour oublier tout ça. En espérant que les explications de l'orga pour le départ seront moins vagues.

Commentaire de Mathias posté le 07-12-2022 à 17:18:52

Oui c'est ça ! Bah, la prochaine fois (si prochaine fois il y a), je le saurai, l'abandon à StGenou n'est pas une option !

Commentaire de philkikou posté le 17-12-2022 à 10:49:10

Toujours "rock n'roll" les courses de Mathias, avec plein de péripéties :-)

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