Récit de la course : Trail de Nantes à Montaigu - 103 km 2022, par c2

L'auteur : c2

La course : Trail de Nantes à Montaigu - 103 km

Date : 24/9/2022

Lieu : Nantes (Loire-Atlantique)

Affichage : 509 vues

Distance : 103km

Objectif : Terminer

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103 km de l'Ultra Castle Tour

Ultra Castle Tour

103 km, 1400m D+

24/09/2022

 

 

« De Nantes à Montaigu, la digue, la digue,

De Nantes à Montaigu la digue du……... »

 

 

3h45 : Les puissants faisceaux des lampadaires du cœur médiéval de la cité des ducs de Bretagne, dans un jeu de ping-pong optique sur le miroir aqueux des douves, renvoient - sur le tuffeau laiteux des parties sommitales du « Grand Logis » du château d’Anne de Bretagne - les ombres évanescentes multicolores des armures de ces pseudo-chevaliers du 21ième siècle qui s’agitent dans tous les sens le long du chemin de ronde.

La nuit a été courte, très (trop !!) courte.

 

2h30 : Il a fallu prendre le remonte-voiture et « se lever » un peu plus tôt. Allez-retour entre Vendée et Loire-Atlantique de ma chauffeur favorite qui pourra aller se recoucher en attendant son tour pour cette aprem, sur le 22 km. Car l’orga rodée depuis 5 ans propose deux autres courses en ligne. Un 53 km plus « direct », 329 partants, départ de Nantes et un 22 km, 489 partants,  départ d’Aigrefeuille. Arrivées communes à Montaigu pour les 3 épreuves.

 

Toute, toute première fois  pour cet « Ultra Castle Tour ».

 

Comme un guerrier que l'on blesse, se cache dans son rêve, se masque de tout son courage,

sans cesse continue le combat…..

 

Première édition. J’adore. Alors ?? A ne pas rater évidemment. Étiage proposé à 300. Il faut en être et j’en suis, comme 122 autres inscrits. Pas plus, dommage pour les absents. Jauge intimiste. Même pas peur.

 

Mon dernier passage Nantais ici, studieux, 3h dans le musée du château, enrichissant, captivant, passionnant.

 

« De Nantes à Montaigu…….. » Allez à la louche, à vol d’oiseau, disons 35 bornes, 10 de plus par la route. Alors c’est clair, on ne va pas tirer tout droit. Mazette. Ça sent le détour. « Anne, ne vois tu rien venir ? » : Des sentiers plus ou moins roulants, un peu de dénivelé, des bords de rivières, des châteaux, 80 propriétés privées ouvertes d’une manière éphémère pour la course. Ça donne envie. Et puis du moins fun : 3 barrières horaires couperet aux kms 41, 67 et 88 le tout en 15 h max. A surveiller, avec les années qui me font aller moins vite, comme le lait sur le feu pour ne pas gâcher la fête.

 

 

3h55 : Cour du château privatisée. Rien que pour nous. Le top. Telles des particules chargées mises brusquement sous champ électrique, les traileurs se regroupent, se figent et s’orientent dans la même direction avec une vertigineuse chute entropique. Fin du mouvement Brownien. Baisse drastique du désordre malgré l’excitation. Les oreilles se tendent, dernières consignes. Quelques discours. Soif d’en découdre, avec la nuit, le parcours et soi-même….. Le blabla déborde un peu. Pas grave. Lâché des, « un peu fêlé », comme diraient certains hors du circuit à 4h05

Tunnel de sortie. Pont-levis à franchir. Des spectateurs courageux. Feux de Bengale. Contournement des fossés. Encouragements de quelques soiffards pros. C’est parti. Priorité aux coureurs sur 5 km. Mais vu l’heure. Question circulation, no problem man !!!.

 

Et comme pour tout ultra, une vente à la découpe, plus digeste est de rigueur. Step by step. Du psy bas de gamme, mais ça marche, en tout cas pour moi.

 

Quand on débarque en ville. Départ proche du liquide. Les douves, l’Erdre canal de Nantes à Brest, bras 1 et 2 de la Loire. On tourne, on contourne, on enjambe.

 

km 5 : Fin de pollution lumineuse de la ville, enfin. En avant pour notre first fil conducteur : La Sèvre Nantaise. A contre-courant. Ça part bien vite vu la distance. Toujours étonnant. Un trio féminin me passe. Je suis dans les tout derniers. Deux vélos balai rodent à petite distance. J’aime pas me secouer d’entrée. Un coureur à mon coté. Petite discute. Il trouve aussi que ça part vite et pourtant il y a du gros niveau de son côté, 246 km sur 24h en équipe de France.

 

km 8 : Petit flottement de rubalise. Hésitation, vite corrigée. On frôle Vertou. On longue l’hippodrome. Ben si vous le dîtes ! Bons bouts de GR. Chemin roulant. La nuit est d’encre, sans étoile. Portée visible très limitée. Pour mon confort, même si je sais qu’elle ne va servir que 3, 4 heures j’ai pris une frontale un peu lourde, un vrai phare. J’ai hésité question remplissage du sac avec une météo incertaine mais j’ai un fond de sac avec un bon coupe-vent anti pluie étanche. La pluie possible couplée à une grosse fatigue peut mettre un organisme fatigué en difficulté et bien pourrir l’affaire. Alors, règle de base, ne pas lésiner sur quelques 100 de grammes en plus !!

 

Tu es ma lumière du jour. Tu es mon ultime recours. Et je t'appelle au secours. Perdu dans la nuit qui m'entoure. Mais comment vivre dans un trou noir?. Moi j'ai besoin d'y voir.

 

km 12 : Premier contrôle. 50m D+, un billard. Je ne change rien. Tempo constant. Dans les tout derniers, again.

km 17 : On change de liquide suiveur. Histoire de confluent. Ça tourne et vire dans tous les sens. Pas facile de tout comprendre dans la nuit bâchée. On passe de la Sèvre Nantaise à la Maine. Un local m’explique tout cela. Il est sur son terrain de jeu. Pratique et instructif.

km 21 : Saint Fiacre. Contrôle et ravito. Pause express. J’ai gagné 2 places !! 143m D+

km 22 : Au revoir (provisoire), la Maine…..

km 25 : Re-bonjour la Sèvre Nantaise. Tout cela je le comprendrai après en regardant les cartes.

 

Le jour se lève. Chemins de grave. Petites routes, hors piste. Monotrace à travers champ ou en bord de parcelles. Enchaînements variés. Passage dans les vignes. Contournement de petits villages repérables plus ou moins loin à leur clocher. Monnières, Gorges. On progresse parfois proche de la rivière, parfois un peu plus loin. De-ci de-là, parfois dans des lieux improbables, rencontre avec des spectateurs matinaux qui nous encouragent. Brefs échanges. Progression régulièrement solitaire même en gardant souvent en visuel un poisson pilote aux couleurs flachies dans cette dominante faite de vert, de gris et de marron. Chacun prend son rythme.

 

Petites tranches d’avancées communes qui permettent d’échanger et de contracter le temps en oubliant un peu les kilomètres qui défilent ainsi plus vite. « Tu es du coin ? » « Tu connais le parcours ? » « Ah oui tu as fait telle épreuve !!!, moi aussi, en quelle année ?…… »

 

Des petits coups de cul, des pierres piégeuses, tapis précoces post-sécheresse de feuilles mortes. On ne s’ennuie pas question parcours sur ce tronçon. Entrée de Clisson. Pas mal de marches et d’escaliers pour atteindre ce beau château moyenâgeux.

 

km 41 : Château de Clisson, second ravito dans la cour intérieure et première barrière éliminatoire. Passage ici en moins de 5h avec 430m D+. 9 mn de rab. Peu de gras. Chaud patate mais bonne gestion. Ça c’est fait. 9 places de mieux. Les jambes sont là. Les sorties longues régulières payent. Coca, saucisson, fromage pour varier et neutraliser le pH de mon régime eau pure et gels sucrés en course.

Ne pas traîner maintenant. Il va falloir relever les manches. Je tombe donc les manchettes. Tee-shirt léger prêt du corps depuis le début. Thermique perso nickel. La seconde barrière dans 26 bornes me semble rude. 570m D+ sur ce tronçon et petit handicap, je ne connais pas la nature du terrain. Je sens qu’un coup de boost est nécessaire .

Suite du programme. La dernière barrière au 88 me semble être plus cool. Ça devrait alors le faire ?

 

 

Les passages dans les propriétés privées, exceptionnellement ouvertes pour nous, sont bien identifiés. Petits panneaux rouges, fléchages bleu au sol. De nombreux sections dans des pâturages aux mottes de terre dures, piège à cheville me rappellent la Trans-Aubrac. Ça avance vraiment moyen par moment. Parfois un peu de bitume sur route très très secondaire histoire de rebooster la vitesse instantanée et donc la moyenne. Pas de temps à perdre, il faut relancer en permanence dès que le terrain s’y prête. Je ne me débrouille pas trop mal de ce côté là.

km 60 : Ravito 3. Version éclair. Ça sent le chaud question barrière. Ils sont comment les 7 prochains ? « Ben quand même » me répond un organisateur. Message reçu. Calcul mental rapide pour la gestion de la vitesse. Toujours compliqué ces divisions avec la fatigue même avec un chrono qui dit papa-maman. Je remets quelques watts dans les bielles.

 

De beaux lacets en descente avant le château de Tiffauges, celui de barbe bleue que l’on frôle. Plein d’animations certaines au loin. Grande fresque historique avec une plongée au cœur du moyen-âge. Tout le week-end dans le cadre des « médiévales », Des énormes tirs se font entendre. « Fais gaffe » me dit un bénévole. « Ils tirent sur les retardataires !!! » Tenues d’époque. Ambiance Jacquouille. A la bonne pitance.

 

On quitte définitivement la Sèvre Nantaise

Ne pas traîner. Une montée d’un km à 5 % suivie d’un léger faux plat montant tout droit et très large de 2 km. Comme si on avait besoin de cela à ce moment là. Pénible. Faire le vide, s’accrocher. Trop bête de se faire arrêter maintenant avec le plus dur dans le rétro.

 

km 67 : Ravito 4 dans le château de l'Echasserie à la Bruffière. Badgé à 12H27 pour cette p….. de barrière à 12h30. Just on time. 24 places de gagnées dans le classement sur ce tronçon. A 3 minutes prêt. 900m D+ cumulé. Trop facile. Et là je prends un petit coup. J’apprends tout en sirotant que la barrière a priori jugée sévère a été reculée de 30 mn. Tout ça pour ça. Punaise, rendez-moi mes cartouches que je viens de griller.

 

La contrainte se relâche. Sortie et discut avec une jeune féminine. Elles étaient une petite dizaine au départ. Quelque km de marche active pour réchauffer les mécaniques. Je prends des photos. Elle s’éloigne en courant. Navigation à vue. Elle relance bien régulièrement la bougresse en fonction du terrain. Je maintiens l’écart comme je peux. Ce yo-yo va durer plus de 20 bornes jusqu’au prochain ravito. Je ramarre 2 coureurs. L’un utilise des bâtons. Cela semble lui convenir pour donner un tempo à ce niveau de l’épreuve. Arbres plus rares. Certains passages sont monotones lorsque la vue porte plus au loin. Grands champs moissonnés. Le soleil tape plus fort de temps en temps mais heureusement les nuages sont dominants question thermique.

 

km 81 : Coucou, La Maine est de retour. Mais cette fois-ci on la longe dans le sens du courant sur la rive droite. Après une descente sud-est on remonte nord-ouest. Retenue de la Bultière, on serpente durant 6 km le long de ce beau et paisible miroir bleu. Plusieurs coureurs me passent mais j’en passe aussi.

 

 

Je découvre un traileur plié en deux sur le bord du sentier. « Ça va ? » Classique problème digestif couplé à une éventuelle déshydratation. « T inquiet, je gère ». Je poursuis.

 

km 88 : Logis de la Fortècuyère à la Boissière de Montaigu, ravito 5 et dernière barrière qui est jugée en sortie et non pas en entrée comme les deux précédentes. 32 mn d’avance sur le cut time. 7 nouvelles places de gagnées. Je prends un peu plus de temps. Discussion sur l’historique de la bâtisse. Je retrouve un couple de suiveuses vu de nombreuses fois. Leur poulain est quelque part derrière. Une solide bâtisse privée qui nous ouvre ses portes. Une de plus. Petit muret bien raide à enjamber en sortie de parc.

 

Je sais que je vais maintenant manger mon pain noir sur ces 15 dernières bornes. Mes quadris bien explosés me le rappellent progressivement. Les cartouches dépensées pour passer la seconde barrière ancienne version sont définitivement perdues. Dommage, car un meilleur lissage de l’effort m’aurait permis de bien mieux avaler ce final. Les relances sont de plus en plus dures. A quoi bon quand on sait que le truc est dans la poche. Objectif du moment : Profitez des paysages à une vitesse qui n’est pas celle que l’on souhaiterait, en mode gestion fond de tiroir. Mais peu importe.km 90 : Poursuite de cheminement le long de la Maine. Un coup rive droite, un coup rive gauche. Passage à guet en saut de puce-cailloux me faisant penser à la rivière des galets sur la diagonale des fous de la Réunion.« C’est la dernière montée bien raide » me mentionne le bénévole en mode sécurité-secours, une bouée au bord de la rive.

km 99 : Nouveau changement de rive au confluent de la Maine avec la Petite Maine pour passer sur la gauche via une digue à fleur d’eau. Un bénévole m’accompagne pour sécuriser la traversée.

 

 

km 100 : Une forêt de bambous et expo de tableaux. Mes prises de photos me font baisser ma vigilance. Je repars tout droit sur le plat alors qu’il fallait partir violemment 90° à gauche en montant juste à cet endroit. Et 500 m de rab en mode perte de lucidité !! Grrrrrrrrrr !!!! Je vais lâcher 7 places sur ce dernier tronçon de 15 km.

 

 

km 102 : Une jeune féminine que j’avais doublée vers la mi-parcours me laisse sur place. Je la félicite. Dernière traversée de la Maine par le pont neuf. Je pose une colle au signaleur en lui demandant s’il connaît l’âge de ce beau pont !!!

 

 

Remontée en ville, puis bascule dans les fossés du château qu’il faut contourner. Un escalier de pierre à grimper. Une 50 de marches, dur, dur. Nombreux encouragements du haut des remparts. Grande boucle sur la place haute en contournement de la mairie. Banderole finale. Beaucoup de monde encore présent avec des coureurs du 50 encore en course. Belle animation sur cette grande esplanade sous une météo qui a su se tenir en ne nous donnant que quelques gouttes pas bien méchantes durant de brefs instants. Rencontre « au bar » avec Marie qui a bien bouclé avec grand plaisir son 22 km. Fermez le ban.

 

Christian

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