Récit de la course : 90 km du Mont-Blanc 2019, par IziiJon

L'auteur : IziiJon

La course : 90 km du Mont-Blanc

Date : 28/6/2019

Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)

Affichage : 3405 vues

Distance : 91km

Objectif : Faire un temps

3 commentaires

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Un 1er 90 dont je me souviendrai...

3 jours de repos n’auront pas été de trop pour récupérer et m’auront laissé le temps de mettre sur le papier toute cette aventure... Si ça vous intéresse de savoir ce qui peut se passer sur 21h de course alors bonne lecture 😉

Le réveil sonne à 3h
Toute la logistique est déjà prête.
Le temps d’avaler un bol de ricoré, un gatosport, et de noker les pieds il est déjà 5h30 et j’ai 4km de vélo à faire pour rejoindre le départ à Cham’.
C’était sans compter le 💩 de la peur qui m’a finalement fait quitter le camping à 3h50 😱
La course n’a même pas débuter que je cours déjà contre le chrono, à peine le temps d’attacher le vélo, et de me placer en toute fin de sas, derrière 1000 concurrents que le speaker entame le décompte 4, 3, 2, 1...c’est parti! 🤘🏽
Chamonix (1100m)
Bien échauffé du vélo j’attaque fort les 3km en ville (et déjà loin d’être plat) pour remonter un max de coureurs et éviter d’être piégé par les bouchons pour monter au Brévent.
Ça joue des coudes, à droite, à gauche, au milieu, ça déboule de tous les côtés mais j’attaque la montée en single en bonne position, peu de ralentissement et un rythme marche-bâton qui me convient parfaitement. Rapide juste ce qu’il faut pour bien monter sans pour autant me mettre dans le rouge.
On est parti à 4h, on a déjà chaud alors qu’on évolue à l’ombre...la suite promet..je veille à boire et manger régulièrement.
- 😡par contre que dire du comportement de cette partie du peloton...aucun respect ni pour les autres ni pour la nature, et vazi que je coupe hors sentier pour « gagner » une place puis ne pas avancer plus vite, vazi que jte plante mes bâtons de partout, mes tibias et tendons s’en souviennent 😡-
2h plus tard me voilà au sommet du Brévent (2473m /km10) avec en récompense rien de moins qu’un lever de soleil 🌄 sur le Mont-Blanc
Je range les bâtons et on bascule directement pour redescendre droit sur le 1er ravito à Planpraz (km13). J’ai déjà bu 1l d’eau (1flasque eau, 1 iso) et mangé 1,5 barre en route, je pensais compléter au ravito par du salé mais il n’y en a pas...je prends 2 pâtes de fruits, fais le plein d’eau et on poursuit la descente avant d’entamer une portion casse patte, profilée montante mais pleine de relance, pour passer à la Flegere (1901m /km18) puis à la tête au vents (2135m /km22). Le décor est sublime, alpin, sauvage et minéral
La descente sur piste forestière avec quelques névés (où je double avec étonnement des coureurs qui m’ont l’air bien en difficulté sur ces traversées... alors que sur le Skytrail Chartreuse c’est moi qui me faisait doubler) me permet de dérouler un peu la foulée, bien relâché et en maîtrise.
Une économie de course qui me permet de pouvoir facilement relancer dès que c’est possible.
Le rythme ne faiblit pas, on arrive à la tête aux vents pour une descente que j’attends particulièrement car annoncée comme « très technique ».
Au final elle passe crème, bien moins difficile que ce que j’ai l’habitude de retrouver dans Belledonne, voire même en chartreuse, il « suffit » de bien lire le terrain pour sauter de rocher en rocher, comme une descente d’escalier quoi..

  
 Motivation supplémentaire à descendre vite, en bas se trouve Morgane 😍 Arrivé au col des Montets km25 je retrouve mon assistante de choc, la 1ère d’une longue série.

  


Je suis encore frais, une légère brise nous rafraîchit, je continue de dérouler dans le faux plat descendant jusqu’au 2nd ravito au Buet (1391m / km28).
Ravitaillement de formule 1, Morgane procède à l’échange flasques vides/flasques pleine : 1 eau 1 iso , m’équipe de mon stock de nourriture, échange ma frontale lourde (utilisée pour la montée) contre une frontale de camping hyper légère pour gagner quelques précieux grammes tout en restant conforme au règlement.
La stratégie de ravitaillement suit son cours : 0,5 barre pour la remontée sur la flegere puis une compote avant la descente. 1l d’eau de nouveau consommé. Entrée en jeu du salé sur un mix saucisson beaufort.
Place à la 2nde bosse de la journée : la Loriaz (1994m /km34).
Ça y est la chaleur s’est bien installée et nous quittera plus : je prend mon joker appel à un ami et appelle bob l’éponge carré. L’idée est simple : mouiller bob à chaque point d’eau, l’utiliser pour humidifier ma peau, et le faire voyager sous ma casquette.
C’est une belle bosse assez traître puisqu’au rythme où je l’attaque elle se passe au trot en grande partie, j’alterne marche rapide et léger trot, ça passe vite et bien.
Le cadre est toujours aussi plaisant, des passages en sous bois pour déboucher au chalet de la loriaz, agrémenté de plusieurs cascades et ruisseaux.
Une immersion éclair pour se rafraîchir sous la fontaine du chalet de la Loriaz et c’est parti pour une nouvelle longue descente sans difficulté particulière si on veille à éviter les pièges des quelques racines qui parsèment le sentier.
Le retour dans la vallée, ou plutôt le four est synonyme de début des hostilités.
Le plein d’eau et rafraîchissement à la Villaz (1320m /km39) est indispensable pour s’attaquer à l’ascension suivante vers emosson.
Encore 1l d’absorber et 1 morceau de pain du montagnard consommé.
Ma détermination est également remontée à bloc pour aborder ce passage redouté (et redoutable).
Quand j’entendais parler d’Emosson, on me vendait un lieu exceptionnel, magistral, impressionnant de grandeur, offrant au surplomb de son lac niché au cœur des montagnes l’un des plus beaux points de vue de la région. Mais j’avais aussi entendu les mots : chantier, bordel, juge de paix, légendaire par son taux d’abandon, ravito à zombis,... et autres joyeusetés.
Qu’en était-il vraiment ? Il était temps de le découvrir...
Pour marquer la frontière avec le monde des vivants, la 1ere chose à noter est l’absence de végétation ombrageante : on va peaufiner le bronzage. La suite, que j’appellerais grosse blague, est indescriptible tellement elle est surréaliste : une pente à faire passer un kv pour un faux plat, un choix de passage restreint : pierrier ou escalade dans les rochers quand le chemin ne disparaît pas sous une haute végétation qui nous rappelle qu’ici le maître ce n’est pas l’homme, des questions sans réponse Qui a tracé ce chemin ? Pourquoi ? Comment ?
Aussi incongrue soit-elle, vous vous douterez que je n’ai que très peu gouté cette blague.
Alors comment réagir ? Tenter un coup de poker ? Bluffer ? Mettre toutes mes forces tapis ? Me coucher ?
Après un bluff rondement mené sur la 1ere moitié de montée avec un morceau de pain du montagnard consommé, la poursuite de l’hydratation (trop?) régulière, une humidification soignée par Bob, j’ai finalement craqué face à la surenchère de difficultés.
Je me couche.
Enfin...mon corps me l’impose, sans signe avant coureur je suis subitement lâché par mon moteur qui s’arrête net et refuse tout carburant liquide ou solide. Je me range sur la bande d’arrêt d’urgence, démuni, sans solution, sur le moment impossible de savoir ce qui coince. J’ai pas spécialement mal au bide, pas de nausée, pas chaud, pas soif, pas faim, mais plus rien ne répond. Je marque une pause, fait le point : il me reste « que » 300d+ et je serais au ravito, pas de douleur musculaire, le mental toujours à bloc, le plaisir d’être là toujours présent.
Sans solution, je tente une micro sieste. Je suis réveillé par les coureurs inquiets de me voir en pls, ils me poussent à avancer, je veux froisser personne donc je m’exécute. Ce qui remonte le moral c’est de voir tous les 3 virages des coureurs arrêtés dans le dur également. Ce qui me motive c’est de penser au sandwich comté/viande des grisons qui m’attend et sera peut-être le remède miracle.
Je grappille quelques dizaines de mètres de d+ comme ça en allant de pause (sieste) en pause.
Je préviens également Morgane de la situation pour pas qu’elle s’inquiète vu qu’un sacré écart commence à se creuser avec les prévisions que je lui ai données. Elle me rejoint même pour les derniers lacets avant d’arriver sur le barrage, ça fait du bien de l’avoir à ce moment là..
Je lui explique ma situation, on traverse le barrage et je me repose enfin.

  


Ravito d’Emosson (1972m /km44)
Elle me chouchoute, me reboost, me masse...bref l’assistance de luxe.


Malheureusement une fois posé, ma seule envie... c’est de vomir 🤢 ..
Je n’arrive plus à avaler quoi que ce soit. Je refais une sieste, au réveil l’envie est passée, j’en profite pour avaler un bol de soupe et rebelote sieste pour digérer car derrière ça descend sec. 
Au réveil c’est la folie, je suis requinqué physiquement et repars avec l’envie de tout n***er !

 


Une descente droit la pente pour moi et par la longue route en lacet en vélo pour Morgane et on se retrouve dans la vallée au Chatelard (1178m /km48). Une descente bien raide, peu technique, l’équivalent de la descente sur riouperoux en fin d’oisans ut4m.
Je profite du regain de forme pour avaler mon fameux sandwich, nouvelle pause ....yes ça passe !
Je repars de plus belle pour mon plus long tronçon sans assistance, ce qui laissera le temps à Morgane de rejoindre Le Tour toujours à vélo.
La montée redémarre aussi sec, je retrouve un autre challengers ut4m. Je lui avais apparemment laissé une forte impression l’an dernier mais ce coup ci c’est lui qui m’étonne par sa fraîcheur, je tente d’accrocher son rythme mais voila que mes envies reviennent..je le laisse donc filer, je ne le reverrai plus.
Cette fois ci l’envie se concrétise 🤮
Bon bh le sandwich...j’aurais au moins essayé 😂
Je me retrouve à jeun, avec donc certe peu d’énergie mais au moins avec aucun inconfort gastrique. Je me remets dans le rythme pour atteindre le ravito suivant...où un plein sera indispensable pour entamer une très longue section sans ravito, la plus longue du parcours.
J’ai peur de ne pas tenir sans rien avaler sur cette partie... alors je reproduis la recette miracle soupe sieste au ravito des Esserts (km50)
Même résultat, je repars gaiement à l’attaque du col des posettes (2013m /km58) en passant par Catogne (2053m /km54) et la tête de l’arolette (2333m /km55). Signe de regain de forme je me remet à doubler en montée ! Pour embellir encore un peu plus le tableau on retrouve même un peu de fraîcheur dans les alpages d’altitude avec ruisseaux et névés. L’éponge magique continue également de me rendre service avec une efficacité implacable.
Je prends conscience du chemin parcouru..en face se tient l’imposant barrage d’emosson..et oui j’ai bien monté tout ça, pour redescendre derrière et remonter juste en face 🤔 on va dire que la vue de chaque côté vaut le détour 😜
Dans mon instant réflexion je note que je ne connais aucun trail sur ce format avec autant de longue montée/descente raide...sûrement la particularité qui rend ce 90 aussi difficile heureusement pour moi j’ai déjà passé les 4 premières montées, il ne me reste que la finale.
Trêve d’égarement, je remobilise toute ma lucidité pour attaquer la longue descente jusqu’au tour.
Mais très vite j’ai les lèvres, puis la gorge sèche..un peu plus loin plus de salive.. j’ai pas faim ni soif mais j’ai rien avaler depuis les esserts. Un point d’eau rajouté m’offre une chance de retenter de m’hydrater.
Un plein d’eau et quelques gorgées plus tard, voilà que mes envies reviennent me stopper dans ma lancée. L’équation est simple :
J’ai le ventre plein d’eau et rien de solide pour éponger tout ça. Et pour manger c’est l’inverse, j’avale et mâche des aliments sans salive, ça m’irrite le palet et me brûle la gorge (j’ai encore mal 24h après...). Le seul moyen d’équilibrer tout ça est encore une fois de passer par la case vidange🤮
Pendant cet épisode d’errance un « randonneur » me double sans respect en marchant, en descente, à 2000m et sans autre apparat que son short et t-shirt « j’aime les vaches 🐮 ». En fait je comprendrai un peu plus loin qu’il s’agit du vacher du coin lors dune scène cocasse : priorité aux vaches, on s’arrête naturellement pour laisser descendre le troupeau bovin, agité mais bien rassemblé par le vacher et son chien. Une fois le troupeau passé la descente reprend et se termine vite, Morgane me voit arriver à petites foulées et me rejoint pour m’accompagner jusqu’au ravito. Mentalement ça ne va pas super fort, c’est tellement frustrant de sentir que mes jambes peuvent tourner beaucoup plus vite mais que pour ça j’ai besoin d’un minimum d’énergie que je n’arrive pas à trouver. Je craque un peu mais l’envie d’aller au bout est plus forte que tout ! Je ne peux pas arrêter après tous ces efforts ! Je suis aussi conscient de tout le soutien que j’ai , de l’assistance parfaite de ma chérie, si je ne finis pas pour moi alors ce sera pour eux !
Ravito Le Tour (1470m /km63)
Comme on ne change pas une équipe qui gagne, nouveau combo soupe sieste.
Même pas le temps de rêver que la dure réalité me rattrape : le panneau du ravito annonce Barrière Horaire (BH) et fermeture du ravito à 20h. Or il est 18h30 ! Je n’ai donc qu’1h30 d’avance pour pouvoir terminer la course à temps 😱 pour être sincère, j’évolue habituellement bien loin de ces préoccupations et n’ai jamais eu à intégrer la gestion des BH dans mes courses...une gestion dont je me serais bien passé mais qui m’a aussi bien remotivé à me bouger les fesses !
Je sais que 10km roulant plutôt descendant permettent de gagner le dernier ravito de vallée.
#Mode marathon activé# j’enclenche une foulée économe mais non moins efficace pour reprendre un maximum d’avance sur les BH. C’est une portion taillé pour moi, des faibles descentes pour dérouler la foulée, entrecoupées de petites remontées qui me permettent de récupérer en marchant.
Mission accomplie: arrivé au Bois (1082m /km73) j’ai accru mon avance sur les BH à 2h30.
Nouveau combo soupe sieste.
Je me paie le luxe de me faire offrir un bout d’ananas par l’assistance d’un autre coureur. L’ambiance est à l’entraide : des groupes se forment pour repartir, des mots d’encouragement s’échangent naturellement. ON va finir !
De toute façon par principe c’est interdit d’abandonner au Bois, si près du but tant que t’es capable de mettre un pied devant l’autre. C’est donc le dernier point d’assistance...quand je reverrai Morgane ce sera à Cham’ pour être Finisher !
Déterminé comme jamais j’attaque le dernier kv direction Montenvers (1903m /km78). Je me dis que si je traîne pas je pourrais peut-être voir un coucher de soleil 🌅 sur la mer de glace 😍 ça doit avoir de la gueule..
Mais petit couac à peine reparti 😂😂 dans cet euphorie je me rend compte que j’ai oublié un accessoire capital : récupérer ma vraie frontale à la place de la légère frontale de camping 😅 allô Morgane ?! Pas de réponse...tant pis 🤣
Une piste forestière raide mais régulière et sans difficulté technique nous guide sur cette dernière grimpée et me permet de remettre en place une marche bâton efficace.
Le soir s’installe et la chaleur commence à enfin bien retomber.
Plus ça va plus je remets de l’intensité. Comme une bonne nouvelle arrive rarement seule la soif et la faim font enfin leur retour...et oui chaque effort a un prix. Mais ai-je de quoi régler tout ça ? 🤔
Une gorgée d’eau et une boucher du pain du montagnard plus tard...la réponse est non.
Nouvel épisode vomito...cette fois ci c’est plus dur à reprendre je suis à bout de force j’ai épuisé toutes les réserves qui m’ont permis de tenir jusque là juste avec de la soupe aux ravitos ! Qui l’eut cru ? Où bordel étaient cachées ces réserves ?Comme j’aime à croire que rien n’est dû au hasard, je me dirais que la réserve glucidique amorcer à J-3 et J-2 n’aura pas été vaine.
Bref même pas le temps de me refroidir de cet épisode qu’un coureur que j’ai encouragé quelques mètres plus bas..c’était lui qui était alors en pls.. me rappelle les mots d’ordre ce cette fin : tant que tu peux mettre un pied devant l’autre alors avance !
Je m’exécute autant que je peux mais mes limites sont proches, je repars en titubant, la vision un peu floue. Ce qui me rassure c’est d’être assez lucide pour être conscient de mon état. Un pied devant l’autre le chemin continue. Je vois au loin un 4x4 redescendre par la même piste que nous, tous les coureurs s’écartent à son passage. J’en fait de même mais le 4x4 s’arrête à mon niveau « ça va Jonathan ? » « mais comment tu me connais ? » « c’est écrit en gros sur ton dossard ».... 🤦🏽‍♂️ .... bon ok je suis peut-être plus si lucide que ça.. Il s’agit en fait de la voiture qui redescend les abandons, je fais comprendre que je finirai même si ça ne va pas top, le chauffeur m’annonce 10min jusqu’au prochain bénévole. C’est en tout cas rassurant de voir un staff qui veille sur ses coureurs. Quelques minutes plus tard je retrouve ce fameux bénévole, il m’attendait ayant été prévenu de mon état à la radio par le chauffeur. Il a l’air agréablement surpris....en fait j’ai mis moins de temps qu’annoncé...cool c’est que j’avance encore pas trop mal 😄
Allez il m’indique 40min pour rejoindre le ravito de Montenvers et refaire le plein de soupe. Je reste sur ma lancée et continue ma route.
C’est là que les choses se corsent, on quitte la piste forestière pour un chemin irrégulier et semé d’embûches : des pierres, des marches, des échelles. La nuit tombe, je n’ai toujours pas allumé ma frontale, je l’économise au maximum car ne sachant même pas son autonomie j’ai peur qu’elle s’éteigne dans la descente. Comprenant rapidement ma situation un coureur accepte de m’éclairer, il est devant et je suis ses pas...en plus c’est un lièvre parfait, on discute, on avance bien et nous voilà à Montenvers.
L’obscurité est déjà trop forte pour observer la mer de glace, tant pis on reviendra. Je réitère une dernière fois le combo magique soupe sieste et sur les conseils des secouristes je réessaie le sucré. Mais pas n’importe comment...miettes par miettes d’abord puis bouchée par bouchée.... Alléluia ! Ça passe !
Je profite également de cet arrêt pour me renseigner sur la suite : encore 5km de montée et 200d+ pour rejoindre le plan de l’aiguille (2191m /km84) et basculer en descente droit sur Cham’. Je m’attendais à un dernier raidard, il n’en sera rien. Bien au contraire c’est plat on monte on redescend on remonte j’ai bien envie de relancer pour que ça passe plus vite mais je préfère garder mes forces pour la descente. Je m’accroche donc à un groupe, puis à un autre, puis je prend le relais et passe devant. Je ne sais même pas si je suis toujours avec les mêmes personnes, je sais juste qu’il y a toujours du monde derrière. Ce sera la partie que je ressentirai comme la plus longue de la course, la nuit nous fait perdre tout repère, on n’en voit jamais le bout.
La lumière du refuge du Plan de l’aiguille est synonyme de délivrance..enfin ! En bonus je savoure ma dernière soupe et profite de la vue sur la vallée et ses lumières.
L’énergie qui m’a délaissée depuis emosson est enfin revenue ! Je préviens Morgane et lui donne le ton par sms « 1h30 maxi. Je suis chaud patate ».
Tous les voyants sont de nouveau au vert : énergie OK, jambes OK, ventre OK, mental OK.
Go ! Le sprint final est lancé !
Dans ces conditions cette descente est un RÉGAL ! 😍
La seule chose qui me freine c’est l’éclairage...alors je compense le faible éclairage de ma frontale par une foulée plus aérienne pour éviter les pièges que je ne discernerai pas au sol. J’ai l’impression de voler, j’en profite d’autant plus que tous les coureurs que je rattrape ont la gentillesse de me laisser le chemin libre 🙏🏽
Même pas le temps de savourer cette descente que je suis déjà dans les rues de Chamonix (km91).
Il est plus d’une h du matin, il y a encore des gens présents pour encourager c’est fou !
Je partage les derniers 500m avec ma chérie et ça y est je franchis l’arche d’arrivée presque 24h après l’avoir quitté 😮


Bilan :
*Une magnifique journée en montagne dans un cadre de rêve: y’a pas à dire Chamonix-Mont-Blanc à ce petit grain de magie si particulier et vit pour et par la montagne.
*Des rencontres : des retrouvailles avec des challengers de l’ut4m, des partage d’expérience, du soutien dans les moments difficiles, jamais vu une entraide aussi forte, aucun participant n’a été abandonné
*Des leçons: la découverte de la vie à l’arrière du peloton (un savant mix de vieux briscards ayant tout connu, de coureurs rapides ayant explosé, de dépassement de soi repoussant toujours plus loin les limites du corps humain par la force mentale, de mec/meuf pepouze qui calent tranquillement leur rythme tout en maitrise pour arriver au bout sans trop souffrir), découverte du mode JALBHAQ ... flippant, stressant, mais aussi excitant et motivant.
*alimentation : expérimentation des bienfaits du combo soupe-sieste, l’intégration du salé indispensable.
*validation de la prepa : physiquement pas de souci particulier

3 commentaires

Commentaire de Mazouth posté le 12-07-2019 à 08:37:11

Sacrée aventure ! On voit que tu étais bien préparé et que ça t'a sauvé la mise, avec un gros mental aussi. Bravo !

Commentaire de IziiJon posté le 16-07-2019 à 10:27:18

Merci :) ça forge bien comme ça.... Je te souhaite une belle aventure aussi sur l'UTB ;)

Commentaire de Shoto posté le 26-12-2021 à 06:42:19

Beau récit et sacrée aventure sur ce trail réputé très dur. Plus d'1 aurait abandonné avec tes soucis vomito mais tu as su aller au bout. Beau mental. Bravo.

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