Récit de la course : Le Grand Trail du Lac - 75 km 2018, par Katman

L'auteur : Katman

La course : Le Grand Trail du Lac - 75 km

Date : 21/10/2018

Lieu : Aix Les Bains (Savoie)

Affichage : 2420 vues

Distance : 75km

Objectif : Pas d'objectif

5 commentaires

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Grand Trail du Lac du Bourget

Nous voilà au Grand Trail du Lac, le GTL pour les intimes, ce 75 km qui nous fait tourner autour du lac du Bourget, un peu à la sauce de la Maxi Race qui m’avait tant donné de fil à retordre au printemps, mais avec une ambiance chaleureuse, une organisation humaine. 

C’est l’équipe de l’échappée belle qui est aux commandes, j’ai eu le plaisir de rencontrer Florent de Fanny sur une reco du Moretan cet été et j’ai échangé avec eux sur cette course qui clôture leur longue saison d’organisateurs. Il s’avère qu’il y avait un manque de bénévoles cette année, j’opterais certainement dans les années à venir pour ouvrir mon compteur d’aides aux coureurs avec cette course. 

Je suis largement redevable pour l’instant parce qu’à certains moments le job des bénévoles quand j’arrive sur les ravitos ressemble à de l’assistanat, voire carrément à de la tutelle! 

Revenons au TGL.

Format idéal pour moi: ma plus grande distance réalisée étant les 85 km de la Maxi Race. J’ai dû abandonner au Pleynet sur l’échappée belle (65km) et vu que je veux plus que tout y retourner je vais me caler plusieurs courses entre 70 et 100 d’ici à l’été prochain.

Trail réputé roulant avec ses 3500 de dénivelé, autant qu’à Albertville, mais là bas ils sont regroupés sur environ 28km sur les 48 que compte le trail. 

Je suis chez moi: j’habite à 10 km de la ligne de départ... malgré cela à part les 10 premiers km de plat le long du lac et la longue descente finale je ne connais rien au parcours.

Go! Rendez-vous avec mon pote  Franck que je covoiture depuis Chambéry, petit café dans l’espace de réception des coureurs où il fait bon chaud. On retrouve Valérie qui était citée comme potentielle prétendante au podium de part sa côte Itra, on papote un peu, je suis détendu par rapport à certains autres événements auxquels j’ai participé. 

Mon but premier est de finir sans subir, mission gestion de mon maillon faible: nutrition et hydratation, ce qui m’a fait rendre les armes cette année sur l’EB et sur le Grand Duc. 

Quelques mots de Florent Hubert pour attirer notre attention sur le balisage et bim, le départ est donné. En quelques centaines de mètres Franck disparaît dans la foule des 400 coureurs. Nous n’en avions pas parlé mais il n’était pas question de faire course commune, sont niveau est bien supérieur au mien. Naturellement l’écart se creuse, je reste avec Valérie sur un rythme légèrement au dessus de ce que j’avais espéré mais je ne force absolument pas. On parle jusqu’à Aix-Les-Bains, 10km sur une vitesse de croisière de 11km/h, on double sans chercher à le faire pas mal de monde. Début des hostilités pour monter à Brison st Innocent, des marches anciennes nous mènent dans un chemin en sous bois assez large mais un peu trop accidenté pour être forestier. Pour l’instant c’est vraiment dans mes cordes. 

Premier ravito au 13eme km, je prends le temps de remplir mes flasques et de manger 2/3 trucs. Valérie me fait signe qu’elle file. 

Je l’aurais bien suivi mais je reste dans mon idée de ne pas me griller. Finalement je gère avec sérénité cette petite pause et repars sans stress. Ça monte plus sec, on est encore en groupe avec pas mal de coureurs, on se double mutuellement, sans vouloir imposer un rythme, juste en fonction des pulsations cardiaques de chacun, en trail tu te sens bien pendant 300 mètres et les 200 suivants ... ben t’es moins bien... t’as rien compris au phénomène mais le rythme est impacté direct. Dans l’ensemble jusqu’au belvédère de la Chambotte, 23 km et 870 d+, second ravitaillement, tout se passe bien, j’en suis ravi! On m’avait dit que la vue était sublime, que j’avais de la chance de passer par là... bon ben  ce ne sera pas ce dimanche 21 octobre que je verrai le paysage, trop tôt le matin, là nappe de brouillard ne s’est pas encore levée. Il est environ 7h30, 2h30 de course. Exactement dans mon prévisionnel. 

Aller feu, je suis bien, je profite de ma course, on monte sur le plateau ou j’espère voir plein de beaux panoramas. 

Single assez long jonché de petits arbustes coupés à 5 centimètres du sol, autant de petits pièges pour les chevilles. Le groupe plus clairsemé dans lequel je me trouve enrage avec ces obstacles inattendus, on connaît les racines, les pierres mais je dois avouer que c’est peu fréquent de rencontrer ça. On dirait que quelqu’un est venu débroussailler le chemin la veille et qu’il s’est dit: oh ça ira bien comme ça!! ....

Les ruines sur le plateau de la Chambotte doivent être belles avec du soleil. Dommage pour nous, on reviendra. Ça bascule pour une longue descente sur Chatillon, d’abord en sous bois, large et peu accidenté, ensuite sur la route le long d’un parapet, c’est plutôt agréable, le temps est frais mais ça se dégage. Je descends bien et je reprends Valérie qui a l’air bien, on fait la partie bitume ensemble et voilà le ravito de Chatillon, au bord du lac. Pas de pointage à ce niveau là et quelques coureurs ne font pas le crochet pour aller jusqu’au ravito, les relais principalement. J’avais décidé de changer mon haut à ce point là, je m’exécute, frontale, micropolaire et compression trempée dans le sac, nouveau haut pour éviter des maux de ventre occasionnés par le froid de la transpiration. Je prends mon temps et Valérie part avant que je n’ai pu atteindre le buffet du ravito. Je prends avec moi quelques pâtes d’amande et reprends le chemin de Chanaz. Je marche pendant un bon moment car c’est un faux plat montant et j’essaye de me nourrir en chemin. Le long du canal je trottine à un rythme faible mais constant, c’est long mais on va vite regretter cette monotonie car à moins de 2 km de Chanaz se dresse une montée raide à travers ce que je ne peux même pas appeler une forêt, c’est à mi chemin entre un pré mal entretenu et un sous bois clairsemé. C’est pas très beau mais je vais m’en souvenir un moment parce que sur mon roadbook je n’avais pas fait cas de ce truc là! Grave erreur! C’est le premier moment dur de cette course, environ au 40eme km, si un jour vous faites cette course, vous saurez que c’est un mini juge de paix qui vous attend ici! Tu passes ou tu casses. 

Ça m’a tellement secoué et surpris que je ne me souviens pas de la suite, mais j’arrive à Chanaz et à son ravito ou en théorie ma femme et mes filles doivent me retrouver. 

Personne...

Je chope mon portable pour leur demander ce qu’il se passe... elles se garent un peu plus bas, elles arrivent. Ouf. 

Un remplissage rapide des flasques, quelques bricoles à manger, je sais que ne mange pas assez mais je me dis que ça doit tenir... une bise aux filles qui sont rassurées de me voir mieux que sur mes précédents trails et je roule sur Ontex. 

Ce n’est pas une partie vraiment marquée par un paysage grandiose ou quoi que ce soit de difficile mais mine de rien quand tu as 40 km et plus dans les pattes, cette succession de montées en forêt de faux plats semi roulants, de descentes peu techniques te minent le physique et le moral. Résultat je m’aperçois que mon estomac est en train de se demander pourquoi je lui fais subir une énième fois ce qu’il redoute le plus, le manque d’influx sanguin vu que je n’ai pas assez mangé et que forcément le sang en a profité pour se barrer prêter main forte là où ça bosse: les muscles et le cœur. 

Une constante chez moi, je me mets l’estomac en rideau faute d’assiduité à la nutrition, et bien sûr la déshydratation n’est pas loin vu que je suis brassé, je n’arrive plus à boire correctement. 

Ontex arrive enfin, je suis toujours dans mes estimations : 7h18, je prévoyais entre 7h et 7h30. Par contre là je rigole moins et mon équipe d’assistance s’en rend vite compte. Je vais m’assoir sur un banc, tremblotant, refusant pas mal de chose sur lesquelles j’aurais sauté au 20eme km. Rien ne me fait envie. Un orangina, une patate salée et basta. Quand on y pense, c’est m’importe quoi!!! 

Allez je repars avec ma grande fille sur 300 mètres, sors mes bâtons parce que je sais que c’est la partie finale qui sera la plus dure. Je les ai volontairement laissé dans le carquois pour véritablement sentir l’aide qu’ils m’apportent quand cela devient raide. 

Cette partie est plutôt roulante, avec ce que j’appelle des kilomètres gratuits, du sous bois large et peu technique en faux plat descendant. Je prends!

Du coup j’atteins vite le col du Chat. J’y retrouve ma femme et mes filles qui sont au top de l’assistance. Je suis mieux mais commence à être pressé d’en finir. Je sais que c’est là que se dresse la plus grosse montée: 3,7km pour 800d+ pour atteindre le mollard noir, le belvédère qui précède le relais de l’aigle, sommet du TGL. 

Je ne m’attarde pas, les bénévoles présents semblent contents de nous ‘avertir’ que les difficultés commencent. Et ils ne se trompent pas, directement dans une pente vertigineuse qui ne nous quittera plus jusqu’au sommet. 

Sous bois, roches qui nous oblige à mettre les mains au sol, câbles par endroits, feuilles mortes qui chassent les appuis déjà bien maigres, sécheresse du sol, patinage en règle. J’imagine sous la pluie, sur ce coup là on a eu de la chance. 

Et quand tu as du mal à doubler des randonneurs, qu’une bonne douzaine de coureurs te passent devant et que tu te sens scotché au sol sans énergie, tu te demandes bien ce que tu es venu chercher ici. Délicat le mental du traileur à ce moment précis. Tu sais une chose: la course que tu as programmé dans un mois... même si on te paye, t’y fous pas un pied! 

Bon le lendemain en général ça va mieux hein... et tu t’inscris à 3 autres courses!

Interminable montée mais quelle vue au sommet! J’ai du mal à apprécier car je suis vraiment impacté physiquement mais franchement, une vue comme celle là vaut le détour. Le lac du Bourget est magnifique, toute la chaîne du Revard face à nous (du moins si on a la force de se retourner) avec le mont Blanc au fond du décor!

Direction le relais et le dernier ravito, un gros 1/4 d’heure dans un sentier riche en pierres et nous y voilà. 

Toute mon équipe est là, je leur laisse mes bâtons car à partir de maintenant c’est une descente vertigineuse qui nous attend pour rejoindre la ligne d’arrivée. Je me pose un peu sur un muret, bois une tisane au miel et je file.

Je dois avouer que je suis amer de m’être fait doubler par autant de monde sur les derniers km. Je me sens rapidement bien en jambes pour entamer le long single de descente, double 2/3 coureurs et mon esprit compétitif reprends le dessus! J’adore ces moments là, je mets le turbo et me mets à compter tous ceux que je reprends. 7,8, puis rapidement une vingtaine, tous ceux que j’ai eu en ligne de mire pendant les 25 derniers km y passent, ceux qui m’ont doublé dans la montée aussi, j’arrive en bas, j’en suis à 33 dépassements, bien sûr il y a quelques relais et un peu de retardataires du 34 mais bien 25 solos du 75. 

Personne ne m’a doublé, j’ai une patate d’un coup, moi! Tout est dans la tête dans ce sport, on passe par tous les états, de l’euphorie à la plus grande déprime... un concentré de vie. 

Final à fond dans les rues du Bourget, on débouche sur la piste cyclable qui mène au campus et à l’arche que je passe main dans la main avec mes 2 filles! 

12h10, parfait timing j’espérais entre 12h et 12h30. 

Franck fini en 11h20, il souffre sur la fin lui aussi mais se classe 101 eme 

Et Valérie fini sur le podium, 3ème féminine en 10h30 et 60eme au scratch! J’étais avec elle au 35eme km, une fusée sur la seconde partie de course, un immense bravo à elle! 

Je suis 152eme sur 400 environ au départ, 65 abandons. Je signe! 

Seul bémol, je n’ai pas su gérer mes problèmes de nutrition, je suis brassé depuis Ontex, je ne prendrai pas le repas offert, ni la boisson finisher. 

Ravi de l’aventure malgré ça! C’est un trail très plaisant et varié, en gérant bien il doit être possible de ne pas trop souffrir sur la montée finale. 

Pour ceux qui veulent se lancer sur cette distance, ce TGL est fait pour vous. 

Bénévoles au top, d’une bienveillance absolue, toujours le sourire aux lèvres.

Lot finisher bien moyen par contre ... mais bon je ne viens pas pour ça. 

Je suis venu pour profiter de notre beau sport et je ne suis pas déçu!


Petite vidéo de ma course :

https://youtu.be/lufN8SlZ4C4


5 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 30-10-2018 à 08:14:27

Bravo, belle course qui constituera une fondation sur laquelle tu pourras bâtir ta progression.
Par contre, un chambérien qui n'est jamais allé au Belvédère de la Chambotte, je ne te félicite pas ! un conseil : pour te faire pardonner de toutes tes courses, emmène ta femme et tes enfants manger au resto du Belvédère, c'est magnifique...quand il fait beau !

Commentaire de Katman posté le 30-10-2018 à 13:13:59

Merci! C’est clair que je suis impardonnable, je suis à côté d’endroits magiques sans pour autant en profiter. Ma femme connaissait pour y être déjà allé avec le boulot.... je sais ce qu’il me reste à faire! Qui plus est, elle a vraiment été aux petits soins pour moi sur cette course!

Commentaire de Gibus posté le 31-10-2018 à 12:21:34

Ouah super. Je l'avais fait en 2006 mais c'était 56 bornes. Ils ont grossi depuis leurs débuts par les bidasses du coin.

Bonne gestion de course et le suivi par la famille c'est toujours top.

Commentaire de Katman posté le 31-10-2018 à 21:50:38

Merci!
56km? Mais le tour du lac n’y était pas alors. Ils zappaient la partie piste cyclable du départ?

Commentaire de Gibus posté le 31-10-2018 à 22:55:27

Oups désolé c'était 62k, départ/arrivée aix les bains. Montée vers la dent du chat au dessus du tunnel puis de l'autre côté chambotte.

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