Récit de la course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous 2017, par Cheville de Miel

L'auteur : Cheville de Miel

La course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous

Date : 19/10/2017

Lieu : Saint-Pierre (Réunion)

Affichage : 2853 vues

Distance : 167km

Matos : Un Moral en Béton armé.

Objectif : Balade

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Ti pa Ti pa La Dodo lé la

Comme un Hymne une prière, Ti pa, Ti pa La Dodo lé la.

J'ai saussissoner la course comme je l'ai ressentie et non pas au rythme de la vingtaine de ravitos.

Par quoi commencer, de l’arrogance, de la naïveté ? Comment peux-t-on penser qu’une diagonale des fous peut être facile ? Bien sur que les mots partagés avec un Réunionnais avec qui j’ai partagé un bout de ma Traversée Nord l’année dernière ont joué. Lui qui trouvait que L’Echappée Belle version Adulte était bien plus difficile que la Diag qu’il avait fait 3 fois. Alors pourquoi ne pas enchainer les deux ? D’ailleurs ma femme à sa cousine sur place et cela nous fera notre premier grand voyage avec les enfants. C’est tellement simple sur le papier….. Plage, Rando, cascade, Baleines, Dodo, Rhum arrangé et une « promenade » de 165km et près de 10000 de D+ au milieu, mais plus facile que l’EB……

Elle peut nous accueillir, je clique sur le package et me voilà inscris, tellement simple……

Sauf que je comptais m’entrainé un peu à la sortie de l’EB et qu’après une semaine « normal » je suis pris d’une grosse fatigue pendant 15 jours. Le fait de ne pas dormir pendant plus de 50 heures à enclencher chez moi un effet secondaire fulgurant, une grosse claque. Attaquer une saison en janvier et enchainer les courses (Vulcain/GR73/MH65/EB avec des recos, des sorties longues, un week chez Ju et la terrible  Chambottine) c’est juste débile pour un type qui attaque sa deuxième saison.

 Je fais bien une tentative de reprise mais mon genou reste douloureux et je suis cuit, cramé. Osthéo pour le Genou, médecin du Sport pour le reste, Pédicure pour rafistoler les pieds, check up général pour me rassurer. Il faut du repos pour arriver le moins cramé possible là bas. Au bout de 3 semaines j’arrive à retrottiner sans trop de douleur mais je me traine lamentablement. Un bon dimanche avec les kikous en mode « Echappée revival » donne un bon coût de boost au moral.

La semaine suivante je tente un peu de fractionné, a ma grande surprise, je suis dans les temps « classiques » durant les 3 fois 1000 ce qui me motive un peu. Comme pour l’Echappée Belle je ne peux pas me défiler. Heureusement Antoine sera là, il veut que l’on fasse la course ensemble malgré son niveau bien supérieur au mien. J’ai une chance incroyable de l’avoir comme pacer de luxe. Il fait le RB sur une base de 48H pour nous éviter la troisième nuit, je lis quelques CR, mais ne m’intéresse pas plus que ça au parcours, ses difficultés, de toute manière c’est plus facile que l’Echappée Belle. Vous noterez que je l’ai déjà citée 3 ou 4 fois, je ne suis pas sortie indemne de cette course, on ne sort pas indemne de son premier Ultra, surtout celui là, surtout dans ces conditions si particulières avec les liens forts qui sont se sont crées. Elle est unique, elle le restera.

J’ai l’impression d’aborder mon premier 100 miles qui marquera les 2 ans de mes débuts en CAP complément à l’improviste, à la One Again. C’est la course de leur vie pour beaucoup et moi je suis un touriste, un Pink Floyd. Oui-Oui (au plutôt Ouin-Ouin) au pays des Ultra –Traileurs.

A l’heure de préparer mes affaires, je prends mes 2 paires de Xodus pour éviter ma connerie de l’EB, une est défoncée mais je préfère ça que des pompes qui me massacrent les pieds. Vu le nombre de ravitos, je pense partir léger en flotte, 2 flasques + une petite de rab au cas où. Je prépare mes Zip lock que je numérote pour gagner du temps lors de la prépa des sacs, une à chaque base de vie. Je prévois aussi de prendre des douches. J’ai commandé des barres et des Gum Cliff qui m’ont l’air pas mal. Les gels et barres classiques c’est vraiment trop dégueux. En volume cela représente quand même une valise complète. Mais je répartie le bordel dans 3 au cas où l’une se perd et l’essentiel sera avec moi en bagage de bord, se serait quand même con……

Décollage le samedi 14 pour arrivé le 15 avec la petite troupe. Bon il faut trop compter gagner en heure de sommeil dans l’avion….. Il fait relativement chaud (25/29°c) et surtout super humide. Moi qui craint la chaleur, je sens que je vais en suer au propre comme au figuré.

 Les 2be3, Courotaf, ta barbe!!!!!

 

 

Ambiance à la remise de dossards.

Ça commence en format vacance, promenade au Maïdo, plage, cascades et moments partagés en famille. On se retrouve vite avec Antoine, les enfants ont à peu près le même âge, les femmes s’entendent bien, et on plouf pas mal à la recherche des poiscaïl du lagon. Je suis nul en CAP, mais pas mal pour les bestioles aquatiques. Bref plein de bon moment qui ferait presque oublié qu’on a aussi une course à faire. Bizarre ce sentiment de ne pas être dedans. On va chercher les dossards avec Antoine, St Pierre est une misère à traverser mais il n’y pas d’attente. L’occasion de faire quelques photos et surtout de nouveau un plouf dans le lagon. Le soir c’est moi qui prépare à manger chez nos logeurs, quoi de mieux qu’une bonne croziflette pour se mettre en jambe……

Prépa au top!!!

Le jour du départ, on fait quand même plage et piscine avant de prendre le bus à côté de chez « loulous » qui sera notre fournisseur de Samoussa par la suite. J’ai quand même préparé une salade de pates pour faire plus pro quand même. Je pense qu’Antoine est à peu près dans le même esprit que moi à ce moment, on est bien, tranquille, mais ultra zen avec une pression à 0.

0 pression avant le départ

On passe rapidement les contrôles pour attendre 1H30 dans le parc dédié au coureur, l’occasion de dire bonjour à Françoise et Xavier. On mange (un peu), on pisse (beaucoup) et d’un coup gros mouvement de foule vers les rambardes. On suit le mouvement. Certains avaient laissé leurs sacs et se retrouve à le chercher sous 2700 coureurs agglutinés. Quand les barrières s’ouvrent, on est happé, je comprends que Françoise ait eut peur, les pieds ne touchent pas le sol par moments, c’est un peu flippant. On est obligé de se tenir avec Antoine pour ne pas se perdre. On se retrouve à peu près à mi peloton au départ. Je n’ai toujours pas du tout l’impression de partir pour mon plus grand Ultra. On n’a pas forcement de tactique pour le départ, mais on veut ne pas se griller tout de suite. Et concrètement je ne suis pas capable de courir à 14/16 à l’heure pendant plus 15km et 640D+, c’est à priori ce qu’il faut tenir pour éviter les bouchons.

Le départ est donné est nous voilà parti sous les encouragements d’une foule incroyablement dense, c’est magique, avec en prime le feu d’Artifice sur l’Océan.

Les Moches

Domaine Vidot, 14,64km, 640D+, Arrivé 00H04, 02H04 de course. 2092

L’ambiance est incroyable, des milliers de gens au bord de la route nous encourage, ça donne vraiment la banane. Pris dans le flux on se retrouve vite à 12/13 à l’heure pendant toute la longue ligne droite bordant le littéral et malgré cette vitesse on est happé de toute part. On bascule au bout de 4/5km sur du faux plat montant dans les champs de cannes. On zappe le premier ravito et on continue sur un bon rythme jusqu’au domaine Vidot avec 15 minutes d’avance sur le plan. On stop 2/3 minutes avant de repartir le temps d’avaler 2/3 bricoles solides et liquides. S’il y a un truc ou je ne suis pas mauvais, c’est la gestion de la bouffe et de la boisson. Donc toute les 45minutes environ je mange et je m’enfile 2 soupes à chaque ravito et quelques bricoles qui me font envie. La course est dense, je ne pense pas que l’on est allumé nos frontales durant ses 2 première heures. On est pointé 2092, c’est quand même fou pour un Ultra d’être autant à la ramasse malgré des secteurs courus et qui auraient du être marché en mode gestion « normal »

Premier levé de soleil.

Notre Dame de La paix, 31,53km, 2071D+, Arrivé 03H54, 5H54 de course.2092

Il n’aura fallu que quelques mètres après le ravito pour comprendre pourquoi tout le monde part aussi vite, un gros bouchon est formé. Les coureurs parlent de 2H ! j’ai du mal à y croire. Et pourtant, cette section est une grosse daube, il fait nuit, c’est moche et t’avance pas, mais pas du tout !!!C’est débile, tout le monde part de plus en plus vite au fil des années, se grille comme des tanches pour finir quand même tous coincés dans des interminables bouchons. Quand tu sorts de l’EB bah t’as le moral qu’en prends un coup. D’ailleurs avec Antoine on est en mode blasé, négative spilt. Mais quelle grosse merde cette course !!! Désolé mais sur le moment c’est le sentiment qui nous anime. Je prends une grosse envie de perfect mais ce n’est juste pas possible de s’isoler ! Il faudra attendre 30 minutes pour que j’arrive à m’enfoncer dans un trou de margouillat pour me soulager. Bref on arrive frais mais avec le moral à 0 à notre Dame de la Paix. On a déjà perdu 1H15 par rapport à notre plan mais au moins 1H45 dans les bouchons. Le terrain ressemble à la STL en plus crade, avec encore plus de monde

 En fond le piton des neiges.

Mare à Boue, 48,69km, 2446D+, Arrivé 8H32, 10H32 de course 1735     

Comme on a perdu du temps, ça m’énerve et j’accélère. Le terrain est facile, un peu de single mais beaucoup de grande piste et même du goudron, la plupart du temps en forêt, Vous pensez bien que l’on passe notre temps à comparer avec l’EB avec le père Antoine. Le lever du jour nous apporte un peu de réconfort mais surtout une première belle image. C’est sec et l’on passe pas mal de monde, presque 400 au final, les gars se sont grillés au départ. L’avantage du bouchon c’est que l’on est bien frais. Trop, Antoine me rappel souvent à l’ordre lors de mes dépassement. J’ai plus envie de me faire bouchonner. D’ailleurs à force de faire le con, mon pied se place mal dans un trou, et bim, grosse entorse ! Mais ce n’est pas possible, quelle merdasse cette course ! Je me calme, me pose 5mn le temps que la douleur se calme. Je sens que je ne me suis pas loupé. N’est pas Cheville de Miel qui veut. Je serre les dents et repart en serrant les dents.  On arrive encore avec 1H de retard sur un RB sans doute bien optimiste. Autant à l’EB je ne voulais que finir, handicapé par mes pieds et mon genou, autant là j’ai envie d’avoir au moins quelques courbatures…..Avec du recul, je pense qu’à ce moment là de la course, on était toujours pas dedans avec le Père Antoine.

La Normandie du côté de Mare à Boue

Cilaos, 65,5km, 3256D+, Arrivé 13H10, 15H10 de course 1542.

Objectif première base de vie pour le premier 1/3 de course. Je pense que c’est le premier contact avec la « Vrai » diagonale. C’est toujours des terrains « facile » puis d’un coup une grosse descente entre les blocs, les racines et dans la jungle. Ami lecteur, tout ce qu’il avant ne compte pas, la course commence en fait ici, quelques km avant Cilaos. Là aussi ça bouchonne un peu mais rien de dramatique. J’arrive à bien descendre avec Antoine et si mes souvenirs sont bons je ne me fais pas doubler et comme on a bien avancé en monté, on gratte encore 200 places. A Cialos, La famille d’Antoine est montée malgré les 420 virages. On en profite pour prendre une douche, lavage de dents, se changer, je passe chez le Kiné pour me faire strapper la cheville et me faire masser, j’ai juste une petite contracture à un mollet, une Red Bull pour la tête un Orangina dans la flasque pour changer de goût. J’ai bien respecté mon plan bouffe en avalant mes 15 portions et recharge donc le Bazard  en gardant que les Gum, quelques barres, pâte de fruit et compotes. Bref on reste un bon 1H15. De toute manière on est à la voile sur le RB malgré une vitesse moyenne de plus de 4km/H avec pratiquement 2H de bouchon. On ne pouvait guère faire mieux. Nos comparaisons avec l’EB commencent à être moins présentes, et le fait d’être un peu moins groupé aère nos pensées. On rentre enfin dans la course, et il faudra bien ça pour la suite.

Sentier Scout, 87,69Km, 5167D+, Arrivé22H12, 24H12 de course 1160

On repart toujours très frais avec l’ami Antoine. Le moral commence à être plus positif. Descente encore facile avant d’attaquer la montée au Taïbit, toujours des marches, ah oui, à partir de Cilaos c’est le début des marches, des milliers de marches, pas une de droite, le jeu est d’essayer d’en esquiver un maximum pour soulager les quadri, surtout en descente. J’en étais où, oui au Taïbit, comme on est bien frais, on envoie pas mal, on passe des centaines de concurrents agonisant au bord des chemins. Mais qu’elle connerie ses départs rapides, tout ça pour éviter des bouchons qu’on n’évite pas ou qu’on paye le double après. Bref. Les montées c’est vraiment notre truc, même sans bâton, ah oui, j’avais aussi oublié de préciser cela, j’ai jamais fait de course « longue » sans bâton, en fait j’y pense pas aux bâtons et curieusement cela ne me manque absolument pas. Je pense même que sur cette course, peu technique en montée, il m’aurait ralentie. Donc grosse montée et Bim on est en haut avant la nuit. Et là les descentes réunionaises commencent, des tonnes de racines/Arbres/pierres/rochers, bon au début c’est rigolo, mais juste au début……

Deuxième levé de soleil

Roche Plate, 106,79Km, 6519D+, Arrivé 6H44, 32H44 de course 1263

Quelle nuit dans Mafate!!!Passé à monté et à descendre sur des terrains minés digne de la descente du Moretan. C’est interminable, dès que l’on croit que c’est fini, ça recommence. La poussière est omniprésente et vient se déposer sur les lentilles ce qui brouille complètement ma vision. Il fait chaud, humide, enfin pour nous car les locaux sont habillés comme pour affrontés un col en hiver à 3000. Il n’y pas de lit aux ravitos, on tente de se poser 30mn sous la couverture de survie, première expèrience pour moi, je ne ferme pas l’œil, mais Antoine est encore cuit, on retente une deuxième fois avec plus de succès un peu plus loin. On croise Xavier qui n’a pas l’air au mieux. Vu mon niveau, être devant Xavier est pas forcement bon signe, pourtant on est toujours à la ramasse sur le RB. De toute manière la moindre petit bosse peu se transformer en calvaire ou tu passes 1H pour faire 700 mètres. Bien sur le fait de fermer les yeux m’a faire perdre une lentille. Je tente bien d’en remettre une neuve mais dans la nuit, crade je mets un temps infinis et la mets de travioles, tout aura été infini cette nuit là. Heureusement, les locaux sont toujours là pour partager, encourager, c’est vraiment le point fort de cette promenade. Mais au levé du jour, je sens bien qu’Antoine trépigne, et je ne me sens pas en capacité d’accélère à ce moment là…….

En haut du Maido, Mafate et la nuit titanesque.

Sans Souci, 126,42Km 7665D+, Arrivé  13H00, 39H de course 1194

Je ne sais plus exactement là ou nos chemins se sont séparés, entre Roche plate et la montée du Maïdo. Je l’ai poussé à filer, Antoine ne voulait pas faire de troisième nuit. Je le remercie encore de m’avoir accompagné jusque là. Je savais que cela allait différent de l’EB, il ne pouvait pas en être autrement, ce le fut mais ces 30 ou 35 heures passé ensemble furent encore une fois très enrichissant. Partagé ce type de course est vraiment extraordinaire et une expérience que je vous conseil.

 Sortir de Mafate, c’est à ce moment là le seul sentiment qui m’anime, sortir de cet enfer qu’aura été la nuit. Je suis bien fatigué mais sans gros bobo, la cheville est déjà bien gonflé mais ça fera l’affaire jusqu’au bout, je continue ma routine glouglou et bouffe, les Gum Cliff ça passe vraiment tout seul. J’ai l’impression de me trainer dans la montée du Maïdo, mais vu la casse au bord du chemin, je suis bien mieux que beaucoup. C’est la vision la plus belle de la course, cette montée, ce rempart que l’on voit de loin, ou l’on voit le cheminement tortueux, ou l’on voit la foule massé en haut pour l’ »extraction », les Hélico qui tournent, le levé de soleil. En haut je cale un peu sur le replat, c’est encore bien loin pour arrivé au ravito ou je refais le plein. Derrière, c’est marche, marche et encore marche. Je me force à courir et repasse pas mal de coureur, les jambes répondent, la tête est bien, profiter de ses sections pour gagner du Km. Par rapport au plan initial je gratte 1H sur le temps prévu, ma petite famille va venir me voir à Sans Soucis ainsi que la Cousine de ma femme et son Mari. Je vais arriver en avance sur ce que je leurs est dis mais hors de question de ne pas passer le temps qu’il faudra avec eux. Arrivé, c’est douche glacé, Dents, Kiné (30minutes à  se faire chouchouter, privilège des « propres », le Kiné est surpris de l’Etat de mes jambes qui sont encore en bon état), Podo (J’ai quelques ampoules douloureuses à soulager). Je passe 1H15 avant que ma famille arrive, et resterait encore 45mn avec eux avant de repartir. Le plus dure est fait, et d’après ce que j’ai compris la fin est « facile »……. Et puis j’avais besoin de ce temps pour me projeter sur le final.

La Possession Ecole, 143,73Km, 8391D+, Arrivé 20H, 46H de course, 1250

Du goudron des grands chemins, on traverse la rivière à Galets avec toujours du monde et des encouragements qui font chaud au cœur. Monté facile ou j’envoie pas mal. J’ai saucissonné le parcours au maximum et relance ma montre à chaque fois. C’est un peu moche (champs de cannes/Terrain vagues/Goudron) mais les km défilent. A se rythme je me dis que je vais pouvoir gratter un peu de temps. Comm’dhab sur la diag, d’un coup, paf du te tape une descente de la mort qui tue dans les arbres/racines/Blocs avec des cordes partout ou tu passes 1H pour faire 700m……et retomber sur du goudron, puis encore des tonnes de marches. Dès que tu crois que c’est facile, grosse claque qui fait mal au moral. Au final, tout le monde souffre sur ces sections (dans mon niveau de course) et seul des Réunionnais volant doublent dans ses descentesdelamortquitue. Et à chaque faut relancer derrière, interminable. Encore une fois les ravitos sauvages font du bien au moral. C’est fou l’enthousiasme des Locaux pour cette course. J’arrive à la Possession bien cramer et repasse pas la case Podo, je commence à avoir le devant des pieds bien douloureux à cause des ampoules et puis ça fait du bien de pourvoir enfin se poser sur un lit….j’y passe 45mn, ce n’est pas très sérieux mais j’ai besoin de trainer.

Colorado, 161,12Km, 9532D+, Arrivé 2H24, 52H24 de course, 1271

Mon pire moment et mon meilleur. Au début tout va bien, trottinage, je suis dans un groupe sympa, je « guide » sur le D+, et puis la fatigue m’envahie, les jambes ne répondent plus, le cerveau est déconnecté.  Pil poil sur le début du Chemin des Anglais qui sera mon chemin de croix. 5km pour 2H30, je me pose tous les 10 mètres et regarde passé les coureurs, je ne suis plus du tout lucide, j’ai l’impression de repasser 10 fois au même endroit, de mettre trompé et de recommencer la même chose. J’appel mon pote Pierre Yves, j’ai besoin de parler, de penser à autre chose, il me dit d’avancer, je veux dormir à la grande Chaloupe, il me dit que c’est une connerie. Good Game, foutu Anglais !!!!! Des coureurs viennent me voir, je titube, je sombre, j’erre, je zombise….Ti pa Ti pa, la dodo lé la, mais qu’elle est loin à ce moment de la course. C’est même pas la question d’abandonner, ma tête n’est pas à ça, mais je ne suis plus là. J’arrive péniblement au bout de se calvaire, je m’en souviendrais de ces anglais. Ravitos au bord d’une route, je mange soupe, recharge les flasques, me pose 10mn, pas de lit, rien pour se poser, je veux  finir et reparts sur mon chemin de croix, il reste 850de D+ à faire. Des wagons de coureurs passent, un vient me voir et me demande des nouvelles. Je lui dis que je suis cuit. Il me répond tranquille que la seule solution de débrancher le cerveau et d’aller à fond……

Alors j’accèlère, un peu, je recommence à transpirer, je me sens revenir, j’accèlère, l’adrénaline arrive, le flow arrive, je gobe une gum, une compote, je vais en avoir besoin, je le sens. Je double les coureur qui m’ont vus mourir il y a peu de temps, je leurs dis en rigolant que c’est soit ça soit je fini jamais. Le Flow, je pense à Vik, dans les ravines je cours à 4 pattes, je passe, je cours, je suis bien, je bouffe le sentier, je me gave de monter, putain que c’est bon. 1H30 de grosse gavade, je sais pouquoi je cours.  Fin de la montée, fin du flow, mais rien que pour ça cette diag valait le coup. J’en profite pour faire mon deuxième perfect avant de m’engager la dernière portion, celle que même les Réunionais  trouve difficile…..


La Redoute, 165,69Km, 9553D+, Arrivé 4H20, 54H20 de course, 1287.

2H pour 5km, je n’avance pas mais je m’en fou. La descente est hyper technique à la Réunionnaise mais je m’en fou. Je descends peinard, à mon rythme, je suis serein. Ma femme et sa cousine m’attendent en bas.  J’ai pas envie de me casser quelque chose ici. Je cours les quelques centaines de mètres courable, elles sont là et m’accompagne en marchant sur la ligne d’arrivée. Médaille, T-Shirt, j’ai fini la Diag en me demandant si j’ai vraiment été dedans. Si je l’ai vraiment faite.

Il y aurait beaucoup de chose à dire sur la course en elle-même, mais c’est vrai que la ferveur des Réunionais coureurs comme supporters gomme beaucoup de ses défauts. C’est un truc à part qui ne doit pas ressembler à d’autres. J’ai l’impression de ne pas l’avoir mérité, c’est tellement précipité alors que certains en rêve toute leurs vies. J’ai quand même une chance incroyable. Maintenant il va falloir se remettre de tout ça aussi bien mentalement que physiquement malgré que je ne me sente pas plus cuit que ça, en tout cas bien moins que sur l’EB ou j’avais pourtant fini à peu près propre.

On a encore partagé un truc à part avec Antoine. Avant, pendant et après la course et pour une bonne partie avec nos familles respectives.

Un grand merci à ma petite famille, à Valère et Nathalie qui nous ont acceuillie chez eux, a Antoine et sa petite famille pour l'ensemble des moments passés ensemble, A Manu, Ju, Courotaf, Franck pour les encouragement pendant la course, merci a ts ceux qui font vivre ce sitte qui permets de faire rencontre formidable!

Toutes les photos sont d’Antoine, j’ai pas le temps, MOI !

30 commentaires

Commentaire de Antoine_974 posté le 09-11-2017 à 18:08:50

Ah Cheville !! Que de bons moments passés avant et après. Tu n'as pas parlé de notre super récup à la dodo, mojitos sur la plage !!!
Ce que tu ne dis pas, c'est qu'aux ravitos, c'est rougaille saucisse !!

Commentaire de Cheville de Miel posté le 10-11-2017 à 09:39:09

Le Mojito de 16H!!
J'ai oublié Sandra qui nous pouttrais en monté et que l'on déposais en descente, des réunionais que tu croises 50 fois par ce qu'ils ont des tentes pour dormir des ravitos sauvages tous les 5km. ça va revenir à la surface au fur et à mesure :-)

Commentaire de bubulle posté le 09-11-2017 à 18:45:11

Enfin on sait un peu ce qu'il s'est passé pendant que nous on ne faisait qu'imaginer nos deux zigotos dans Mafate.....(enfin, sauf qu'on se demandait tous où était passé l'Antoine qu'on avait perdu sur le live).

Tu parles d'une saison quand même, qui aurait dit ça au Vulcain, hein ?

T'es taillé pour ces conneries, je ne serais par surpris que tu finisses avec les dingues qui se lancent sur le Tor....

Commentaire de Cheville de Miel posté le 10-11-2017 à 09:44:15

Au Vulcain, j'avais vraiment aucune idée de ce qui m'attendait derrière. La force de l'inconscience.....
Pour la grande promendade, bien sur que je suis tenté....ça ne serait vraiment pas raisonnable, et puis ma femme sait ce que c'est maintenant à cause d'Antoine, je vais me faire engeuler.
Encore une fois merci aussi, tes CR sont des vrais mines de conseils. Et pour un guignol comme moi, cela permets de pas faire trop de bétises!

Commentaire de Mazouth posté le 09-11-2017 à 20:43:28

Il est fort le "touriste" ! Impressionnant ce que tu as fait depuis deux ans... et ce n'est certainement que le début de la gavade ;)

Commentaire de Cheville de Miel posté le 10-11-2017 à 09:45:31

Y'a quand même des chances que l'on fasse un bout de route ensemble début Juillet, il parait qu'il y a un truc ou il y a du bon Jambon!

Commentaire de tidgi posté le 09-11-2017 à 21:39:51

T'as eu raison de ne pas prendre de photos, c'est bien trop moche par là bas...
Bravo en tout cas !

Commentaire de Cheville de Miel posté le 10-11-2017 à 09:49:39

On a pu en profiter vraiment après. Si la course pouvait repasser par la Plaine des Sables, La Fournaise, Dos d'âne, Mafate (de jour), le sommet du piton des neiges...Il y vraiment de quoi s'éclater la rétine!

Commentaire de Lécureuil posté le 10-11-2017 à 06:35:57

Bravo Rémi
Finalement si tu es capable de supporter l'Antoine pendant 100 bornes,
tu peux tenter le TOR, mais réfléchis bien avant car çà peut vouloir dire le supporter 300 km, ... sauf s'il t'abandonne lâchement pour finir quelques minutes devant toi ;-)

Bravo encore pour cette énorme saison

Commentaire de Cheville de Miel posté le 10-11-2017 à 09:52:37

Merci!
La seule chose qui m'enerve, c'est le tirage au sort car c'est un truc que j'aimerais faire à plusieurs comme pour l'EB. J'ai l'impression que le partage apporte une autre dimension à ses courses!Il aura le droit de m'abandonner à 100 mètres de l'arrivée :-)

Commentaire de elnumaa[X] posté le 10-11-2017 à 12:02:05

en reunionais ds l'texte
" seule solution de débrancher le cerveau et d’aller à fond……
Alors j’accèlère, transpire, me sens revenir,accèlère, l’adrénaline arrive, le flow arrive, je gobe une gum, double les coureur qui m’ont vus mourir il y a peu de temps,cours à 4 pattes, passe,cours suis bien,bouffe le sentier, me gave de monter, putain que c’est bon. 1H30 de grosse gavade, je sais pourquoi je cours "
//
merci a ts ceux qui font vivre ce site qui permets de faire rencontre formidable!

Remi tu nous vends du rêve , si j'étais pas déjà complétement addict à (l'utra)trail , je retomberai amoureux ;-)
--
vivment le prochain run !!!!!!!!!!!!!!!!! BANZAI

Commentaire de Cheville de Miel posté le 11-11-2017 à 05:45:07

En 2024 je serais près pour faire un "Ma Couille" ;-)

Commentaire de Kirikou69 posté le 10-11-2017 à 13:58:16

Bravo pour cette super année : en espérant que le fait d'avoir 2 des épreuves phare de notre sport ne te déroute pas déjà vers d'autres aventures genre le scrabble, , la belote,...

Commentaire de Cheville de Miel posté le 11-11-2017 à 05:44:32

J'ai encore jamais fait de Marathon, j'ai a travaillé ma vitesse, et puis il y a plein encore de belles courses, de OFF, à faire avec les copains.

Commentaire de franck de Brignais posté le 10-11-2017 à 21:45:40

T'es un sacré costaud gars !! Parce que c'est un sacré morceau une diagonale...
2ème année de CAP et tu as déjà couru les épreuves parmi les plus dures de la planète... quelles vont être les prochaines étapes ??!
Bon et c'est quand que vous organisez une réunion de débrief' de ce GRR ?? Parce que y en a qui ont des choses à apprendre sur la diag' !!

Commentaire de Cheville de Miel posté le 11-11-2017 à 05:47:11

Comme dis à rémi, j'aimerais bien faire un Marathon l'année prochaine.
Pour le Débrief, on va se pencher rapidement avec la Team gentianes pour l'Orga du OFF en Berjallie numéro II!

Commentaire de catcityrunner posté le 11-11-2017 à 08:14:03

Bravo, quelle saison magnifique !
Avec des récits comme celui-ci, je suis à deux doigts de me laisser tenter par l'aventure en 2018 :-)

Commentaire de pyv posté le 11-11-2017 à 16:16:32

Salut la communauté,
Joli récit mon gourmand!
Il faut se méfier des jugements sur une course, surtout que le parcours change régulièrement. pour l'avoir faite en 2008 et en 2014, je n'ai pas eu du tout les mêmes impressions.
2008, premier trail, peu d'entrainement, hypo dans la montée du volcan, tendinites au genou dès Cilaos (avec Jalabert),grosse haine des marches à la fin! J'avais trouvé Mafate si beau mais trop chaud et la fin assez facile (sortie à Dos d'âne) Beaucoup avait trouvé la montée côteau Maigre/coteau Kerveguen abominable, en plus un ravito manquait (panne d'hélico) et il y avait eu pénurie d'eau.
2014, très entraîné, j'ai fait Mafate de nuit,je me suis "balladé" jusqu'à Sans souci, et puis j'ai vécu l'enfer sous le cagnard jusqu'à Grande Chaloupe.
Peut-être que tu as fini la saison un peu usé, et que tu n'as pas pu profité de cette course autant qu'elle le mérite.
Moi j'ai le sentiment que l'EB était magnifique côté paysage, mais les délais très élitistes, il n'y a aucune ferveur populaire par rapport au GRR, l'orga approximative même si ça fait son charme, le ravitaillement chaud du Pleynet qui disparaît au plus mauvais moment alors que j'avais 3-4 heures d'avance par rapport aux barrières horaires...Je pense surtout que c'est moi qui était usé psychologiquement

Commentaire de Cheville de Miel posté le 14-11-2017 à 08:50:36

Je sais pas si je dois te dire merci de m'avoir donner le virus :-)
Si tu savais comme le fait de t'avoir au tel dans se foutu chemin des Anglais m'a fait du bien. En fait l'EB et la Diag sont justes incomparables. Reste a savoir si je doublerais, il y en a tant de magnifique à faire, et la plus belle c'est toujours la prochaine!!!
On s'en programme une pour 2018???
Bises et merci, merci, merci!!!

Commentaire de pyv posté le 11-11-2017 à 16:22:27

En tout cas bravo mon clickeur fou, on pourra dire que tu as assumé!

Commentaire de PetitManseng posté le 11-11-2017 à 19:23:27

Salut Rémi,
Je me joins aux autre kikoureurs pour te féliciter et te remercier pour ce chouette récit. Faire ce que t'as fais cette année après seulement deux années de pratique, vraiment chapeau à toi ! Moi, j'ai attendu 13 ans avant de m'attaquer à cette diag :-)
Dommage que l'on se soit raté à la Réunion après notre rencontre sur la Montagn'hard: J'ai juste aperçu Antoine alors que je cherchais à me garer à St Pierre le jour du retrait des dossards (j'ai du mettre une bonne demi-heure :-))
Mais ce n'est que partie remise: tu as une petite revanche à prendre sur le parcours long de la Montagn'hard et j'espère t'y voir l'an prochain :-). Je pourrai même te re-covoiturer si tu n'as plus trop peur de ma conduite: j'ai justement passé le permis de conduite du coté de Cilaos sans soucis il y a quelques semaines :-)
Allez, à une prochaine fois !

Commentaire de Cheville de Miel posté le 14-11-2017 à 08:52:54

On t'a chercher mais pas vu au départ. Après on risquait pas de te voir :-)
Je sais pas encore pour la MH, cela va dépendre des tirages au sort de Janvier/février. Je vais essayer d'être un poil plus raisonnable en 2018!!
Merci pour ton commentaire, j'ai quand BEAUCOUP de chance de ne pas mettre fait bobo.

Commentaire de Jean-Phi posté le 17-11-2017 à 08:03:10

Chapeau ! Quand je repense à tous les doutes que tu avais en début d'année juste pour le Vulcain, tu as fait du chemin depuis ! Bravo !

Commentaire de Cheville de Miel posté le 20-11-2017 à 11:17:04

Merci,j'ai l’énorme avantage de ne pas savoir ou je mets les pieds!!! On va bientôt fixer la date pour le OFF en Berjallie ;-)

Commentaire de PATAPON73 posté le 17-11-2017 à 14:20:18

Salut Cheville de miel. J'ai bien aimé ton récit. J'y était et on a du se croiser sans le savoir. peux tu me dire comment je peux partager le mien. il est différent et peut être que cela te rappellera des souvenirs. Moi je suis encore sur mon nuage. Patrice

Commentaire de Cheville de Miel posté le 20-11-2017 à 11:18:22

Tu y es arrivé ;-) Oui on c'est croisé, sans doûte quand j'étais à l'Agonie sur le chemin des Anglais, tu as fait partie du wagon de coureurs qui m'a doublé!!

Commentaire de PATAPON73 posté le 20-11-2017 à 16:46:41

Yes. Merci. Bon retour sur terre. Pat

Commentaire de JuCB posté le 23-11-2017 à 15:59:25

Hello bello
lecture tardive pour ma part car je ne voulais pas bâché.
Tu me régales à chacun de tes pas : connaissant ta vitesse/dextérité en descente, ta volumétrie et ton incroyable capacité à optimiser ton sac, tu es le parfait contre-exemple du finisher.
J'avoue qu'au mois de juin, j'ai douté, que le triptyque me semblait trop grand.
T'as fait un doublon de rêve.

Chapeau !!
Le gras et la bonne humeur, c'est la vie.

Commentaire de Cheville de Miel posté le 27-11-2017 à 10:28:59

Je suis aussi vachement bien entouré, ça aide beaucoup, merci à toi, merci à tous!
Bon promis je travaille ma vitesse cet hiver, comme ça en 2019 je pourrais Offer avec vous!!!

Commentaire de Arclusaz posté le 25-12-2017 à 22:20:13

c'est vrai que tu es un cas , une force de la nature, qui ne fait pas les choses raisonnablement mais qui les réussit...donc qui a raison !
Et je note que tu écris fort justement que ta course la plus dure de l'année fut la Chambottine (surtout avec le sur-régime que je t'ai imposé pendant une bonne heure).

Change rien, continue à faire n'importe quoi.

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