Récit de la course : Marathon de Nantes 2017, par Steph61

L'auteur : Steph61

La course : Marathon de Nantes

Date : 30/4/2017

Lieu : Nantes (Loire-Atlantique)

Affichage : 2138 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Balade

2 commentaires

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Marathon de Nantes 2017

Après avoir profité de 2016 pour accompagner mon épouse sur son premier marathon à Millau, j’avais décidé de revenir faire le marathon de Nantes pour plusieurs raisons: le parcours est plutôt agréable, le public assez nombreux, la course est bien placée dans le calendrier pour envisager un marathon de printemps quand on veut aussi faire un marathon en automne quelques mois plus tard … (Tours ?).

Un objectif ambitieux …

Même si je n’aime pas beaucoup faire toujours la même chose, la perspective de faire une seconde fois le marathon de Nantes faisait donc partie de mes objectifs pour cette année 2017. De plus, l’idée de courir ce marathon 3 jours après mes 50 ans (voilà, c’est fait …) me motivait encore plus pour aller battre mon record personnel (3h34 sur ce même marathon) et tenter d’approcher les 3h30 (voire moins …).

L’inscription est donc effectuée en ce début du mois de janvier (les bonnes résolutions de début d’année …). Bonne nouvelle : un de mes collègues s’est aussi inscrit sur ce marathon avec les mêmes objectifs. La traditionnelle préparation de 8 semaines avec 4 séances qui me réussit plutôt bien est calée dans mon calendrier … et la perspective d’aller faire ce marathon ensemble me réjouit déjà ! Un objectif ambitieux, mais pas irréalisable …

Oui, mais çà, c’était avant …

Hélas, les aléas de la vie font que les choses ne se passent pas toujours comme prévu … La disparition soudaine d’un collègue de travail (avec qui je courais de temps à autre et qui avait adopté le trail comme défouloir dominical), ainsi que d’un membre de ma famille après une vaine lutte de 6 ans contre la maladie, ont compliqué cette préparation hivernale …

La préparation de 8 semaines allait alors se transformer en une succession de doutes et de blessures, certes minimes, mais néanmoins suffisamment gênantes pour voir que l’objectif de 3h30 allait être de moins en moins réaliste …. La fin de la première semaine de préparation allait se solder par une sortie longue et pénible de 1h37 avec une douleur récurrente au mollet gauche …. Verdict : il faut s’arrêter deux semaines ! Glace, hydratation, repos sont les trois principales occupations des semaines 2 et 3 du plan d’entrainement !

Après 14 jours effectifs de repos, j’effectue une sortie longue sous la forme d’un footing avec mon épouse qui est, elle, en fin de préparation pour son second marathon (Paris 2017). Je n’ai pas de douleur au mollet ! C’était la condition sine-qua-non pour continuer le plan d’entrainement …

Mon expérience de coureur sait qu’on ne rattrape pas le temps perdu sur un plan d’entrainement. Deux solutions s’offraient à moi : continuer ce plan d’entrainement à la semaine 4 et malgré tout envisager de courir ce marathon en oubliant l’objectif chronométrique ou purement et simplement annuler ma participation. Je commence donc mon plan à la semaine 4 qui est une semaine de récupération … Cette semaine sera donc décisive pour savoir si tout va bien physiquement …

La suite du plan d’entrainement (semaines 5 à 8 ) se passe sans douleur mais je sens bien que les sorties longues de 2h15-2h30 commencent à peser et qu’il me manquera certainement du jus pour terminer sereinement ce marathon.

Dernière semaine avant le marathon: mon collègue qui devait m’accompagner est blessé et doit déclarer forfait. Un peu déçu de devoir affronter ce marathon seul, je décide d’y aller en hommage à mon collègue disparu et me résigne à oublier définitivement tout objectif chronométrique ….

Le jour J …

7h. J’ai bien dormi. Je jette un coup d’œil par la fenêtre de mon hôtel. Vent et pluie au programme. La pluie ne me dérange pas … et en temps normal, le vent non plus. Mais, je ne sais pas ce qui m’attend aujourd’hui avec tous les doutes liés à cette préparation compliquée. Malgré tout, je me suis motivé pour partir sur les bases de 3h40 et tenir le plus longtemps possible sur ce rythme …

En plus, c’est pratique : 3h40 au marathon, c’est 5’12 au km ! Ce qui fait des temps faciles à retenir tous les 5 km (26:00 au 5ème , 52 :00 au 10ème , 1h18 :00’ au 15ème ,…). Je me dirige vers la ligne de départ et me glisse à la fin du sas des 3h30 … juste avant les meneurs d’allure du 3h45. Pas la peine d’aller taquiner les premiers du sas des 3h30 si c’est pour exploser en vol ! Je partirais sur les bases de 3h40 …

9h15 : le starter vient de donner le départ de ce marathon. 1er km : 5’04. 2ème Km : 5’08. Le tempo s’installe … Une allure régulière et un bavardage à propos de choses et d’autres avec des coureurs voisins occupent ce début de marathon. Deux petites boucles nous font passer deux fois près du départ (au 3ème et 7ème km). Surprise au 7ème km : mon épouse que j’aperçois est maintenant accompagnée de mes parents qui ont fait quelques 300 km tôt ce matin pour venir m’encourager. Sympa.

11ème km : 56’22. Le tempo est toujours respecté. 12ème km : je rattrape un concurrent qui courre pieds nus … En blaguant, je lui demande s’il est au courant qu’il a oublié ses chaussures et nous discutons quelques instants sur cette méthode la plus naturelle qui soit de courir pieds nus … Avant de venir gagner des courses sur routes avec de magnifiques chaussures de toutes marques, les kenyans commencent leur carrière en courant toujours pieds nus … L’objectif de ce cours-nu-pieds est de 4h et il me dit qu’il part toujours un peu trop vite. Je confirme qu’il n’est pas sur le bon rythme …

15ème km: je regarde mon chronomètre. 1h17:59 … A une seconde près dans le temps de passage pour 3h40. Tout va bien. Nous passons au semi-marathon en 1h49:09 … au même moment que les deux premiers de la course (le parcours de Nantes étant globalement constitué de deux boucles, les deux premiers sont à cet instant au 34ème km …). J’invite mon voisin à prendre leur foulée … mais, même juste pour quelques mètres, il n’a pas osé ! … Moi, non plus !

Quelques kilomètres plus loin, je cours aux côtés d’un homme dont le sac à dos affiche «Je cours pour Corentin » … Je reste un instant à ses côtés pour m’enquérir de cette raison. Il me dit que Corentin est son fils et qu’il a une déficience mentale importante. Courir un marathon est une épreuve qui aide à vaincre d’autres épreuves … Ce courageux papa m’avoue qu’il ne court que depuis deux ans et que le marathon de Nantes est un tremplin vers les 100 km de Cléder … Respect. Quelques kms plus loin, son épouse a un tee-shirt qui affiche le même message. Respect aussi.

Nous arrivons tranquillement au 25ème km et au moment où je rattrape un concurrent, celui-ci s’écrit : « Cà alors, Stéphane !. Qu’est-ce que tu fais là ? ». Joël, rencontré à quelques reprises chez un de nos amis communs, fait son premier marathon aujourd’hui et m’avoue qu’il ne sait pas trop où il en est à ce stade de la course. Nous courons quelques hectomètres ensemble et j’essaye de lui donner quelques conseils. Je passe pour un vétéran avec mes modestes 5 marathons au compteur (le sixième est en cours …). Je maintiens toujours mon rythme de 5’12 au Km alors que lui commence à ralentir. Il finira son premier marathon avec un temps tout à fait honnête de 3h52.

Le 30ème km approche et le vent tant redouté se fait maintenant sentir au moment où nous traversons les ponts, mais, bonne nouvelle, il ne pleut toujours pas. 35ème : le tempo de 5’10-5’12 au km est toujours là mais j’éprouve un peu plus de difficultés … et le doute commence à s’installer. Je ralentis un peu l’allure pour passer les 2 prochains km et espérer que ce début de mauvais passage va en rester là …

Au 37ème, le dernier pont de la journée (pont Anne de Bretagne) est difficile car la côté suivie de la descente font mal aux jambes … Je repars tranquillement jusqu’au 38ème et profite du ravitaillement. Les meneurs d’allure de 3h45 passent tels des robots accompagnés de quelques dizaines de coureurs et mon moral en prend un coup … 39ème : je retrouve Cédric que j’avais croisé au départ et qui court avec un maillot de Mécénat Chirurgie Cardiaque (une autre belle raison de courir). Il me confie qu’il est un peu juste sur la fin (çà me rappelle quelqu’un …) et nous nous motivons pour avancer tous les deux à un raisonnable 10,5 km/h pour monter le boulevard de Strasbourg et descendre vers le 40ème km. Il finira quelques dizaines de secondes devant moi.

Pour moi, la fin est une alternance de marche et de course à 9km/h … Les crampes ne sont pas loin et je sais que je ne peux pas aller plus vite … La-dernière ligne droite avant le virage final est remplie de spectateurs qui nous encouragent en apercevant nos prénoms respectifs sur nos dossards.

Dernier virage : j’ai retiré un de mes manchons noirs et je le dirige vers le ciel. Presque par hasard, j’aperçois le chronomètre : temps officiel de 3h52 … (3h51 en temps réel) …mais, aujourd’hui, le plus important n’était pas le chronomètre. Quelques minutes après mon arrivée, il pleut des cordes sur Nantes … Les coureurs au-delà de 4h15 vont s’en souvenir !

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Conclusion

 

Avec un peu de recul, même s’il est loin de l’objectif initial, ce temps de 3h51 me satisfait amplement dans ces conditions de préparation. Je retiens malgré tout la satisfaction d’avoir pu tenir un rythme de 3h40 jusqu’au 36,7 km avant de craquer … Le sixième marathon est terminé. Je suis déjà tourné vers le prochain marathon d’automne pour un chrono (cette fois !) … Cadeau d’anniversaire oblige, les copains viennent de m’offrir un dossard pour le prochain marathon de Bordeaux (Avril 2018) à courir en nocturne … Encore du bon temps à partager avec des amis (avant, pendant et après le marathon !).

 

Moralité: n’ayez pas peur de réviser les objectifs à la baisse … il y a toujours de belles raisons de courir un marathon (ou d’autres courses) !

 

A la mémoire de Thierry et Yves, et pour tous ceux qui luttent contre la maladie.



2 commentaires

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 03-05-2017 à 15:56:07

Le marathon reste une aventure même quand on en a couru 26...
Les 3h30 restent à ta portée mais peut-être avec un plan de trois mois.
Bravo pour ton chrono et ton courage, ça n'a pas été facile avec tous ces événements.

Commentaire de Jean-Phi posté le 04-05-2017 à 16:22:48

Je suis d'accord avec le lutin, tu as couru avec une prépa tronquée. Et puis tu sembles assez facile sur des bases de 3h40 donc avec une bonne prépa et un peu de forme, tu finiras par toucher les 3h30.

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