Récit de la course : Marathon de Paris 2017, par IziiJon

L'auteur : IziiJon

La course : Marathon de Paris

Date : 9/4/2017

Lieu : Paris 16 (Paris)

Affichage : 1644 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Objectif majeur

7 commentaires

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Une expérience inoubliable

1er marathon de Paris et 1er récit…ça fait un moment que je prends plaisir à lire tous vos récits et que j’hésite à me lancer…..avec toutes les émotions vécues à Paris je me devais de les partager.

Avant de vous lancer dans la lecture je vous préviens que ce sera long…..je m’en excuse, pas réussi à faire plus court, et chacun des éléments a eu son importance pour la course (Sinon vous pouvez aller directement au Jour J).

La course commence bien avant Paris, car pour moi un marathon ne se résume pas qu’à  42.195km.

Depuis toujours 2 courses me font rêver : Le marathon de Paris…..et la diagonale des fous.

A-1 / Avril 2016 : tout juste rentré de la classique iséroise « Grenoble-Vizille », je m’empresse de regarder images du Marathon de Paris 2016, avec le regret de ne pas y être 

>>  C’est décidé ! Ce sera le dernier à la télé ! <<

Je commande donc le précieux sésame dès l’ouverture des inscriptions, en m’inscrivant sous l’euphorie (ou folie) du moment dans le Sas 3h (avec un PR à 3h30! Et 2 marathons à mon actif).

J’ai donc un an pour gagner 30minutes ! Autant dire qu’il y a du boulot sur la planche !

Mais problème je n’ai jamais réussi à tenir un plan structuré… et encore moins à tenir plus de 2 sorties par semaines.

M-4 / Décembre 2016 : La motivation de descendre sous les 3h à Paris est quand même plus forte alors je décide d’entamer ma prépa dès décembre avec La SaintéSprint comme point de départ.

Nouveau hic ! Entre le foot, les vacances et les fêtes j’ai très vite du mal à me tenir au plan fixé (plan pour objectif 3h avec 4 sorties/semaines). Et surtout tout seul…j’ai l’impression de « subir » chaque sortie.

Alors 2 bonnes résolutions pour la nouvelle année :

1)      Je rejoins les runners du groupe facebook « Courir à Grenoble » qui me permettra de faire de super rencontres dans une super ambiance de tous niveaux, trouver des « partenaires » d’entrainements qui me poussent un peu plus et même trouver d’autres Grenoblois qui seront également alignés à Paris J

2)      Pour faciliter les sorties longues, je place quelques courses qui me feront office de sorties longue dont un trail de 25km 500D+, un semi et quelques 10km que je rallonge avant et après la course.

S-3 / Mars 2017 : Ma course préparatoire sera le semi de Bourg-Lès-Valence un semi pas super plat mais sans grosse montée (un peu comme j’imagine Paris) que je décide d’effectuer au rythme marathon à 4’15/km, les sensations sont excellentes, je vois enfin les résultats encourageant de ma prépa, et me permet d’accélérer sur la fin pour finir en 1h27m27s. La possibilité des 3h à Paris me semble alors accessible… mais toujours avec l’incertitude qui entoure ce qui peut passer après le 30ème.

C’est là que j’entame ma préparation mentale et me persuade un peu plus chaque jour que je suis capable d’arriver en moins de 3h, que ma prépa a été bonne, que le « mur » ne se joue que dans la tête désormais, et que j’arriverai à maintenir mon rythme au-delà du 30ème.

S-1 / Avril 2017 : On touche enfin au but, cette semaine est la plus dur mentalement, entre aller contre son envie de courir pour faire du jus, les 1ères appréhensions de la météo qui s’annonce chaude et l’impatience d’être dimanche sur les Champs, ce sera la plus grosse semaine pour cerveau qui s’occupera à imaginer une infinité de scénaris.

J-3 / Jeudi 6 avril : Arrivée à Paris. En provincial, n’étant jamais allé plus loin dans Paris que les gares et aéroports, je profite du marathon pour m’organiser un petit séjour « touriste ». Comme pour le marathon, je suis désormais seul et livré à moi-même. Bizarrement dans cette solitude je ne me serais jamais senti aussi soutenu et entouré qu’en ce moment, j’emmagasine toutes ces paroles, pensées de soutien et les garde bien au chaud, je sais que c’est celle dont j’aurais besoin quand les foulées seront difficiles dimanche.

Je profite de mon temps libre pour aller récupérer mon dossard dès Jeudi, et profite un maximum du salon avant qu’il soit trop blindé.

Le salon est très impressionnant, l’accueil, la musique tout est fait pour faire monter la pression jusqu’au départ et j’adore ça, cette ambiance qui nous laisse rêver que tous les exploits sont possibles.

Pour ma part, 1er salon du Running et je n’ai rien à lui reprocher, facilité d’accès, fluidité, organisation huilée, diversité des stands et animations. On m’avait averti sur les risques d’y piétiner et laisser de l’énergie, en y allant le jeudi j’ai eu aucun de ces soucis.

J’ai même eu la chance d’y croiser COACH, Rolland Courbis, sur le trajet^^. Bon je n’ai pas eu de conseils utiles pour dimanche mais un des moments qui rendra ce séjour inoubliable.

Petite sortie au théâtre le soir pour me changer les idées (oui toujours tout seul…c’était complètement expérimental pour moi ce séjour), puis au dodo à 23h30.

 photos j-3 

J-2 : Vendredi 7 Avril : Après une bonne nuit de 8h je me lance dans la visite touristique des « classiques » de Paris en bus et bateau sur la Seine, un cadre agréable pour repérer le parcours de dimanche. Mais tous ces Japonnais sont-ils eux aussi en repérage pour Dimanche^^ ? Si Oui ça promet parce que j’ai déjà l’impression d’être dans le peloton, vu le monde qui m’entoure sur chaque visite.

 photo j-2   

Je ne rentre pas trop tard, continue le régime « pâtes » commencé la veille, et trouve rapidement le sommeil vers 22h.

J-1 / Samedi 8 avril : Encore une bonne nuit, ça me rassure sur ce point j’aurais bénéficié d’un repos optimal pour la course. Je chausse les chaussures pour un dernier Run avant le marathon, juste pour faire tourner les jambes 30min. Pour ce run je retourne au Salon où je m’étais inscrit au Run Test Kalenji avec Stéphane Diagana. J’ai ainsi eu le privilège de pouvoir gratter de précieux conseils auprès de ce grand Champion. Notamment pour l’une de mes dernières interrogations, concernant l’échauffement à adopter, sachant que je comptais partir à 4’11 au kilo, il me conseilla de faire un échauffement quasi classique de 20min avec  des séquences rapides pour faire monter le rythme cardiaque. Ce que je pensais pouvoir faire dans mon SAS…

 photo ac Diagana

La « mauvaise » nouvelle du jour est qu’il fait très chaud, même en footing tranquille, j’ai chaud et transpire beaucoup plus que l’habitude, et ce sera encore plus chaud dimanche !

Je resterais à l’hôtel toute l’après-midi pour me reposer devant des films.

Après un dernier plat de pâte je prépare toutes mes affaires et file au dodo à 21h30.

Comme prévu, le stress, l’excitation, feront que je ne trouverais pas le sommeil avant 01h00…c’est pas grave, j’ai réussi à compenser tout le reste de la semaine.

Jour J / Dimanche 9 avril : ENFIN ! On y est !

Réveil  5h, petit déjeuner classique avec un gâteau énergétique préparé la veille et testé les 2 petit déj précédents.

Je check toutes mes affaires : Tenue OK, montre OK, 3 gel OK (1 toutes les 50min environ) et rien de plus pour la course, je compte donc exclusivement sur les ravitos pour m’hydrater et sur ces 3 seuls gels pour m’alimenter (comme pour toutes courses de prépa).

photo tenue

Je me refais une dernière fois ma stratégie de course, elle sera très simple : Partir entre 4’10 et 4’15 au kilo, passer en 1h29 au semi et maintenir ce rythme le plus longtemps possible, si jamais je devais ralentir je pourrais compterai sur cette petite marge gagnée au 1er semi.

Métro sans trop de monde, j’arrive à 7h20 à CDG-Etoile, et direction la consigne dont l’entrée est à l’opposé, une bonne dizaine de minutes plus tard j’arrive à l’entrée consigne : comme le salon, fluide et bien organisée

7h40 : Je pensais m’échauffer 20min et rentrer dans le Sas rouge 3h juste avant la fermeture du sas.

Vu le monde (à ma grande surprise) déjà présent dans le sas, je rentre et démarre un échauffement dans le sas.

8h : le sas se rempli de plus en plus, faire des petites boucles devient impossible, je vais me placer et j’attendrais 20min le départ en sautillant sur place de temps en temps.

Je suis quasiment en 1ère ligne et je suis surpris de voir que la situation est identique dans le sas préférentiel, les coureurs attendent simplement et patiemment le départ. Les conditions météos sont idéales, le ciel est dégagé, pas de vent et pas encore de chaleur.

8h22 : Après le départ handisport puis élite, le Sas rouge est enfin libéréééé, délivréééé !

L’ambiance est incroyable, les bords de routes sont noirs de supporters qui crient, encouragent, applaudissent ! Dans cette ambiance de folie, il est très difficile de ne pas partir vite sur la descente des Champs, même en me freinant je passe en 4’07 au 1er kilo.

km1

Les sensations sont excellentes, comme prévu ça part très vite, je dois tout faire pour ne pas m’emballer. Je suis très surpris du grand nombre de dossards « préférentiel » que je double dès le 1er kilo… Ils ne sont même pas à 12km/h je demande bien comment ils ont obtenu leur accès au sas élite….. Cette mauvaise surprise m’oblige à zigzaguer dès le début pour doubler, je peine à trouver un rythme régulier et alterne ces 1er km entre 4’01 et 4’17.

Passage au 5ème en 00 :20 :56 (29s d’avance sur l’objectif)

Sans avoir vu défiler ces 1ères bornes j’arrive Place de la Bastille, 1er moment stratégique car 1er ravito. Je n’ai pas l’habitude de courir dans un peloton aussi dense, je bataille pour accéder au table sans ralentir ni gêner les autres coureurs et parvient finalement à chopper une bouteille in-extremis.

En ralentissant pour avaler mes 4 gorgées d’eau, je sens arriver la horde collée au 2nd meneur d’allure 3h00 et son fameux drapeau rouge, je ralenti légèrement et décide de me joindre à eux. Ce meneur est un parfait métronome, il me permet enfin de stabiliser mon allure, et confirmer mon chrono, nous avons quelques secondes d’avance sur les temps de passage cibles.

En parlant de cible, je m’amuse à jeter ma jeter ma bouteille presque vide sur les cibles des poubelles, et on trouve encore plus de 500m après le ravito ! L’idée est super et ludique, bravo l’orga, il n’y a vraiment aucune excuse pour jeter ses déchets par terre…

En revanche je découvre pour la 1ère fois les désagréments de courir enfermé dans un peloton, j’avance de manière machinale sans forcer, mais je ne prends aucun plaisir, je n’ai aucune liberté de mouvement, le moindre de mes décalages me conduit au choc avec d’autres coureurs. Je fais donc le choix de me placer sur une extrémité en bordure de route, et m’éloigne de la ligne verte (je verrais plus tard que ce choix ne sera pas sans conséquence).

La 1ère montée a été facilement avalée sans perdre de vitesse, en réduisant la longueur des foulées avec plus de fréquence. Ce sera la technique que j’adopterai pour chacune des montées du marathon avec parfois des mouvements de bras plus amples pour me redonner du dynamisme.

Passage au 10ème en 00 :42 :26 (4s d’avance sur l’objectif)

Le 2ème ravito du parcours est là, je m’applique pour mieux le négocier, et me glisse derrière le meneur d’allure qui crée un passage facile. Je saisis facilement une bouteille ouverte gentiment tendue par un de ces super bénévoles et avale tranquillement mes 4 gorgées. La traversée du bois de Vincennes est super agréable, on profite encore d’une sorte de brume matinale humide et rafraichissante.

Après un nouveau faux plats montants bien appréhendé 3ème ravito, de nouveau mes 4 gorgées habituelles, qui me permettent en même temps de me débarrasser du sucre collant résiduel du 1er gel pris un peu plus tôt.

Petit état des lieux rapides : les jambes tournent bien, le plan est respecté, je reste concentré, je n’ai toujours pas chaud, ni soif. Tout est OK. Je commence à m’habituer au peloton, je n’ai malheureusement pas le temps de profiter du décor exceptionnel qui s’offre à nous.

Passage au 15ème en 01 :03 :51 (6s de retard sur l’objectif)

Pour la 1ère fois de la course, j’ai un léger retard sur mes temps cibles, mais pas d’inquiétude, il y a eu beaucoup de montées, on va bien finir par redescendre pour accéder aux quais de Seine.

Effectivement ce passage est roulant, on en profite pour se relâcher, et se détendre un peu les épaules et les bras.

Passage au 20ème en 01 :25 :03 (3s de retard sur l’objectif)

A l’approche du semi nouveau check-point : depuis que je suis le meneur d’allure rouge, je suis régulier et cours masqué ce qui permet de m’économiser. Jambes OK, pieds OK (aucun frottement ni chauffe). Par contre, sans avoir soif car je m’hydrate bien, je ressens mes premières impressions de chaleurs. Les encouragements des spectateurs présents en nombre et sans interruption me permettent de ne pas trop y penser, je profite simplement et tant que je le peux encore.

Passage au semi en 01 :29 :52 (12s de retard sur l’objectif)

photo semi

On repasse à Bastille en croisant les coureurs qui viennent tout juste de s’élancer avec une grosse pensée pour eux qui effectueront tout leur marathon sous la chaleur.

Je viens de passer le 4ème ravito, j’ai pris mon 2nd gel, bu mes 4 gorgées mais malheureusement il ne me reste pas assez d’eau dans ma bouteille pour me rafraichir.

Pourtant j’en aurais bien besoin, on vient d’arriver sur les quais, il fait chaud et pas un brin d’ombre, le seul réconfort vient encore des supporters, les encouragements et la musique allègent un peu les foulées qui sont légèrement plus lourdes.

Au 23ème kilomètre, j’ai de plus en plus en chaud et je n’ai toujours pas pu me mouiller…..et là tel un mirage apparait un stand d’épongeage avec en plus un jet d’eau.

Ni une ni deux je m’engouffre sous cette douche……..

………..Et là c’est le drame ! La rencontre de cette eau très fraîche avec mon corps très chaud n’a pas du tout l’effet attendu. Au contraire je subis une sorte de choc thermique indescriptible qui me tétanise tous le corps quelques secondes. Je repars trempé, avec de la peine à retrouver mes esprits et avec le ventre noué par le contact froid de mon tshirt humide.

C’est un véritable coup dur ! L’impression de me prendre le « mur » alors que nous sommes qu’au 23ème ! Mon ventre gargouille, j’ai la tête qui tourne, l’impression que le ciel me tombe sur la tête.

Je vis alors les moments les plus difficiles de mon marathon, je n’entends plus la foule autour, seulement des pensées négatives : « les 3h c’est mort », « même finir sera mission impossible, il reste trop de km encore », « j’ai fait tous ces mois d’efforts pour rien », « j’ai envie de disparaitre, qu’est-ce que je vais répondre à tous mes proches qui vont me marteler de Et Alors Paris ?! en rentrant»

Paradoxalement je continue d’avancer à un bon rythme, mais je ne le sais pas car vu les mauvaises sensations j’ai l’impression de ne plus avancer et pour pas me démotiver je décide de désactiver la vue de la vitesse sur ma montre et la laisse tourner en chrono sans la regarder. Bonne ou mauvaise décision ? On ne saura jamais^^.

Passage au 25ème en 01 :46 :47 (12s de retard sur l’objectif)

 photo km25

Le mal de ventre ne passant toujours, je décide de lever le pied volontairement.

Je vois alors tous les groupes rattachés aux meneurs rouges des 3h me dépasser les uns après les autres.

Cette fois-ci il faut que je m’y fasse je ne ferais pas moins de 3h aujourd’hui. Mon mental n’est pas loin du KO…

On traverse les tunnels, coupés du monde et livrés à nous-même. Pourtant je ne me sens pas seul, au contraire, je repense à chaque parole, message, encouragement, pensées que j’ai pu recevoir toute la semaine mais aussi depuis des mois, à chaque mot qui m’encourageait quand je me démobilisais.

Et j’ai réalisé que, oui je suis venu seul à Paris, oui courir un marathon en 3h est un objectif personnel, mais le plaisir, les émotions et tous les beaux souvenirs de ce séjour à Paris n’ont de valeur que si je peux les partager, avec mes proches dont le soutien a toujours été infaillible, mais aussi avec vous les kikourous que je ne connais pas et qui pourtant m’ont fait partager ces mêmes émotions à travers leurs récits.

Alors il faut que j’aille au bout, être ici est déjà un rêve, un rêve que j’ai la chance de pouvoir réaliser, mais il faut que j’aille au bout pour pouvoir le partager.

Passage au 30ème en 02 :09 :34 (2m04s d’écart avec les 3H l’objectif)

 photo km30

Passage du 30ème avec un stand hors norme, ambiancé avec un animateur et un Dj, et un réel mur que nous traversons.

EXIT l’objectif 3h, ce point est pour moi le départ d’une nouvelle course !

Je décide de vivre ma course à fond, profiter de cette super ambiance rythmé par la musique et les encouragements et ne plus regarder ma montre jusqu’à la fin, pour courir jusqu’au bout, peu importe le rythme mais courir sans m’arrêter.

Passage au 35ème en 02 :33 :44 (5min d’écart avec les 3H)

 photo km35

C’est avec ce mental remonté à bloc que je vais puiser dans mes réserves pour terminer en courant, dans mes réserves car avec le dernier gel avalé au 35ème je n’ai plus de marge.

La traversée du bois de Boulogne est la dernière épreuve pour mériter son arrivée en apothéose sur l’avenue Foch (on commence déjà à l’imaginer).

Epreuve physique avec des faux plats et le passage du dernier ravito qui nous laisse en autonomie jusqu’à l’arrivée.

Et épreuve mentale, car la tentation de marcher grandit au passage près de chaque coureur en douleur, de ceux qui finiront en marchant, ceux qui s’arrêtent au risque de ne plus repartir et certains encore plus mal en point couché au sol et pris en charge par les secouristes très présents en cette fin de course.

Passage au 40ème en 02 :59 :14 (9min d’écart avec les 3H)

 photo km40

Le tapis du 40ème à peine passé, voilà que les crampes veulent elles aussi participer à la fête.

Il me reste 2km, je les projette sur ma sortie la plus fréquente, d’un pont à l’autre sur les berges de l’Isère, même pas 10min c’est rien habituellement.

Mais après la cuisse droite, c’est une cascade de crampe, cuisse gauche, mollets droits, mollets gauches. Chaque foulée m’envoie une décharge dans les jambes, mais je ne veux toujours pas marcher.

Alors je souffre et espère croiser quelqu’un qui pourrait me dépanner un peu d’eau pour calmer un les crampes, mais il n’en rien jusqu’au dernier virage pour retrouver l’avenue Foch.

Là apparait enfin la ligne d’arrivée, j’ai l’habitude de signer mes arrivées avec un sprint et ce marathon ne fera pas exception à la règle alors je donne tout ce qu’il me reste !

Je crie pour évacuer la douleur, accélère ma respiration, me redresse, allonge ma foulée…

Le sprint est lancé ! Quel pied !! J’ai tous les muscles des jambes tétanisés et pourtant je n’ai pas mal, juste du plaisir à courir « vite » (pointe à 3’36 sur les 150 derniers mètres).

 photo arrivée

Je passe la ligne d’arrivée en 3H14MIN32S sur le chrono géant de l’arrivée.

C’est la délivrance, le moment magique qui justifie tout ce mal sur 42km, tant d’émotions fortes différentes réunies en un instant. C’est certain ce sera loin d’être le dernier.

Les 100 mètres pour marcher jusqu’au ravito d’arrivée me semble interminable et me laisse le temps de retrouver ma lucidité :

Je m’étais préparé physiquement (peut-être pas assez) et mentalement (peut-être un peu trop) pour faire 3h. Le chrono en lui-même en bien loin, la déception sera malheureusement le sentiment qui me dominera pendant les dizaines de minutes suivantes.

Une fois bien ravitaillé, changé, je savoure ce beau soleil dans la plus belle ville du monde.

photo finisher

Je me reconnecte petit à petit au monde réel, ENFIN je peux partager ce moment que ce soit avec des bénévoles pour les remercier et savoir comment c’était passé la course dans l’envers du décor, avec mes proches au téléphone et au pied de l’arc de Triomphe avec mes potes de  « Courir à Grenoble ».

Mon temps réel à la puce sera de 3H10MIN59S.

Soit une moyenne de 13,26 km/h – 4’32/km

Ma montre (Polar M400) qui est plutôt juste en général me donnera 3h11min00 pour 43,3 km.

Comme quoi suivre la ligne verte a vraiment son importance.

Pour l’anecdote sur ma montre je passe KM42.195 en 3h05min17s.

A froid, aujourd’hui mon chrono me parait bien anecdotique et je suis hyper heureux et fier d’avoir accompli mon 1er Marathon de Paris et encore plus de vous l’avoir fait partager.

Maintenant place au plaisir, à la récupération et à l’analyse pour que la progression continue !

7 commentaires

Commentaire de trailaulongcours posté le 12-04-2017 à 09:04:32

Respect! Bravo pour ton chrono qui reste quand même très fort même si ce n'est pas ce que tu souhaitais.

Commentaire de IziiJon posté le 14-04-2017 à 16:00:18

Merci :) ça va me motiver pour continuer à grapiller encore des minutes, bravo à toi aussi, c'était pas facile dimanche...et bonne reprise, les 3h30 tomberont la prochaine fois

Commentaire de Seb64 posté le 14-04-2017 à 19:10:12

Super compte-rendu, ça m'a permis de revivre la course, c'était une super journée, merci :-). Comment analyses-tu ton chrono (qui reste une bonne perf mais en-dessous de l'objectif affiché), objectif trop ambitieux, mauvaise prépa, mauvaise gestion de course, alimentation.... ?

Commentaire de IziiJon posté le 15-04-2017 à 15:04:07

Merci ! Ravi que ça puisse rappeler de bons souvenirs :) T'as apprécié la course toi alors ?
En analysant, j'ai fait énormément d'erreur, c'est aussi comme ça qu'on apprend...
Alors déjà Oui viser 3h était très ambitieux (trop ?), avec "que" 1h25 de record au semi, et le fait que Paris n'est pas plat...c'était un pari risqué (d'où la prépa mental pour transformé le "ambitieux" en "possible").
Ensuite, j'ai eu beaucoup de mal à me retrouver bloqué dans un gros peloton, c'était une 1ère pour moi, j'ai jamais réussi MON rythme et je paie ces variations de vitesse en fin de course, surtout que je suis allé un peu léger en gel, un de + n'aurait pas été de trop.
Pour la prépa elle est encore largement perfectible, pas encore assez mangé de sortie longue, mais je l'ai trouvé bonne dans l'ensemble, c'est pas ça qui explique l'écart.
Toi aussi tu visais 3h00 ?

Commentaire de Seb64 posté le 15-04-2017 à 16:01:47

Oui pour moi la course s'est déroulée comme sur un nuage, j'étais parti sur une moyenne de 4'20 au kilo soit environ 3h03, je savais que j'étais trop juste pour faire 3h (préparation gênée par blessure limitée à une moyenne de 42km hebdos, semi en 1h26 un mois avant), sinon j'ai fait très attention à l'alimentation cette fois (régime dissocié en début de semaine), j'avais 6 gels (pas testés avant mais heureusement c'est bien passé) et je pense que ça m'a bien aidé. Maintenant je me projette sur un sub 3h pour la prochaine fois donc ton expérience m'intéressait :-).

Commentaire de Roswell posté le 26-04-2017 à 15:03:51

Bravo super récit c'était très prenant !

Commentaire de IziiJon posté le 27-04-2017 à 10:09:56

Merci, ça m'encourage à essayer d'en faire plus souvent !

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