Récit de la course : 100 km du Val de Somme 2016, par Vivien (100bornard1022)

L'auteur : Vivien (100bornard1022)

La course : 100 km du Val de Somme

Date : 8/10/2016

Lieu : Amiens (Somme)

Affichage : 1538 vues

Distance : 100km

Objectif : Terminer

1 commentaire

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Pourtant, que la breloque est belle ...

Amiens. Samedi 08 Octobre 2016. Troisième participation à cette épreuve.

L'idée était de prendre part pour la première fois à un Championnat de France qui se déroule sur un circuit qui, bien que monotone, nous a toujours bien réussi jusqu'à présent. Une fois de plus, cette épreuve se fera en compagnie de Arka Luc, fidèle compagnon d'aventure du cent bornes. Je savais que j'étais loin d'arriver en bonne forme -tant physique que mentale- à ces 100 km d'Amiens: ma situation professionnelle les semaines précédentes (et surtout la dernière semaine) était très chargée et ne me permettait pas de me préparer décemment à une épreuve qui ne permet pourtant pas de laisser quoi que ce soit au hasard ou à la chance. Je sais que ce Amiens 2016 risque d'être plus compliqué que les précédents, mais je me dis que je me servirai de mon vécu sur la distance pour gérer au mieux cette épreuve.

Le départ donné, les premiers kilomètres passent sans problème et me permettent de rentrer doucement dans cette épreuve. Cependant, les bonnes sensations ne dureront pas bien longtemps et, dès le 20 ème kilomètre, des douleurs commencent à apparaître (à l'arrière des genoux notamment) et je commence à sentir que la course va être longue, et bien plus difficile que je l'imaginais. Ce qui fait dire très justement à Luc que je ne suis pas dans une grande forme aujourd'hui. Je commence à me poser tout un tas de questions car je suis confronté à une situation nouvelle pour moi: jamais auparavant, les douleurs et problèmes physiques ne sont arrivés si vite sur du grand fond, et je me dis qu'il va falloir affronter celà sur le restant de la distance, soit 80 kilomètres ! Il va falloir jouer finement pour arriver au bout ... Mon compagnon d'aventures va pourtant trouver les mots justes et savoir parler à propos pour me faire continuer. Il me rappelle que je suis plutôt du genre diesel et que je me sentirai bien mieux en deuxième partie d'épreuve. Celà me semble de la science-fiction tellement c'est loin. A maintes reprises, le mental vacillera mais Luc saura faire usage de tout son talent de persuasion et sacrifier son objectif personnel pour me remettre les idées en place, m'adapter à la situation et me permettre d'y croire encore et toujours, repoussant fermement les idées chimériques qui me viennent en tête: abandonner ? Jamais ! Juste continuer, kilomètre après kilomètre, essayer de trouver des moyens pour que la situation s'améliore ou, à défaut, n'empire pas. Alors, je décide d'essayer de poursuivre sans semelles orthopédiques (qui me conviennent très bien dans mes chaussures de ville mais qui là me font visiblement plus de mal que de bien). Ce qui s'avèrera judicieux car, même si les douleurs ne s'estompent pas, elles ne s'aggravent pas non plus. Les kilomètres passent, et mon binôme fait en sorte que je gamberge le moins possible. Alors que je voyais se profiler un abandon, je suis petit à petit regagné par la ferme intention de terminer coûte que coûte, même si celà signifie terminer hors délais. Poursuivre encore, et ce qui me fait désormais tenir, outre Luc et les photographes prenant des clichés en différents endroits du parcours (pour, au moins, avoir des photos acceptables ...), c'est l'idée d'aller chercher cette breloque. Que je termine personnellement hors délais est une chose, mais mettre Luc hors délais par ma faute me paraît inenvisageable et intolérable. Je décide donc de fixer mes pensées sur cet unique but: aller chercher cette médaille pour et avec Luc. Et comme il le pressentait et me l'avait annoncé, après 60 kilomètres au fond du gouffre, je me refaisais (un peu) la cerise sur les 20 derniers kilomètres, chassant définitivement les doutes, les velléités d'abandon ou autres idées fallacieuses de ce genre. Nous sommes rentrés dans les délais, allant même chercher un temps final que nous n'osions pas envisager au vu de ma forme du moment. Après 13 heures 58 minutes et 18 secondes d'efforts, il était temps de mettre un point final à cette aventure qui m'aura énormément appris sur moi-même. Je tenais absolument à ne pas pénaliser Luc en le mettant hors-délais, ce qui aurait été cruel. Nous avons ainsi pu accrocher un 100 km de plus à notre tableau de chasse, le 10ème pour Luc, le 16ème en ce qui me concerne. Sacré Amiens !


 

Quelques impressions et enseignements:

- Quel bonheur de recroiser un certain Roland Vuillemenot, dossard numéro 106, multi champion de France de la spécialité et notamment à Steenwerck en 1996, pas innocent dans mon envie de me lancer sur cette distance ! Son palmarès n'a d'égal que sa discrétion.

- J'ai pu vérifier par moi-même et comprendre ce que voulait dire un ami coureur qui déclarait que l'expérience n'apporte aucun avantage et que nous avons tous le même niveau au départ d'une telle épreuve.

- Il s'agit pour moi d'un des deux plus durs 100 km que j'ai eu à affronter, peut-être plus difficile encore que celui de mes débuts il y a 9 ans, à Steenwerck.

- Quand on décrit l'accompagnateur/le suiveur comme un second rôle, c'est à la fois incomplet et erroné. Le rôle est essentiel et capital. Comme disait l'autre "Il n'y a pas de petits rôles, il n'y a que des grands acteurs".

- Cette expérience confirme qu'il faut arriver au meilleur de sa forme, tant au niveau physique que mental pour envisager sereinement une épreuve de grand fond. Sinon, on ne fait que bricoler, et il faut alors s'oublier (un peu) et se voiler la face pour espérer arriver au bout. Mais ce n'est en aucune façon comparable.

1 commentaire

Commentaire de Manuwak59 posté le 27-12-2016 à 20:16:40

Bravo Vivien. Une fois de plus tu as été persévérant. Quel palmarès déjà à ton âge.

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