Récit de la course : La Montagn'Hard - 100 km 2016, par JuCB

L'auteur : JuCB

La course : La Montagn'Hard - 100 km

Date : 2/7/2016

Lieu : St Nicolas De Veroce (Haute-Savoie)

Affichage : 3084 vues

Distance : 104km

Objectif : Faire un temps

9 commentaires

Partager :

Merci Vik

Orga : c'est rôdé. Retrait des dossards,carte du tracé avec le gars à dispo pour t'expliquer les points cruciaux, emplacement pour poser une tente, il y a tout ce qui faut à la MH dans une bonne ambiance.
Des bénévoles adorables, un grand merci aux 2 kinés des Tappes : elles sont indispensables.
Un balisage rendu parfois moins lisible par le brouillard et notre fatigue.

Parcours : C'est alpin au sens où ça monte haut.
Relativement peu technique et pas de passage engagé, excepté les névés au retour sur la crête du Joly.

Météo :
On a eu la totale : pluie, éclaircies, vent, froid et grand soleil pour terminer.

Objectif : 22h

Le contexte :

Vacances 2e semaine de juillet 2015 aux Contamines, ma chérie voit une affiche de la MH.
- Ju, t'as vu ? Il y avait un trail ici la semaine dernière ?
- Ah bon ???????
- Oui, regarde : la montagn'hard. Tu devrais regarder pour le faire l'an prochain: ce n'est pas trop loin de la maison.
- OK,merci chérie, deal done
- Tu n'as même pas regardé, il y a plusieurs distances ?!?
- Je m'inscrirai sur le 100, il part de St Nicolas de Véroce, ça descend sur St Gervais, passe au Tricot derrière, tire jusqu'à Trê-La-Tête , descend à ND puis passe ici devant nous, ça monte en face au Joly, descend par là à ND, on file au fond de la vallée, on passe dans le Beaufortain, on fait une boucle derrière, on remonte au Joly et on rentre à St Nicolas.
- Sacré loustic !!
- Innocent

Le truc qui m'a sauvé : avoir Vik sur la même course, merci bello. Bisou

Merci : Olivier pour cette course qui mérite une météo plus cléménte,  les bénévoles pour l'investissement, jpoggio pour  le balisage Clin d'œil, Alain pour les roulettes, Elisabeth pour les encouragements, ma chérie pour le reste Bisou


Mon récit après 2 mois de digestion qui ont un peu édulcoré la souffrance...

Lundi 25 juillet : retour au boulot après 3 semaines de vacances.
Appel de FX, une relation professionnelle :
- Vacances ?
- Top,cool, blabla
- Ta course ?
- ?? oui la Montagn'Hard : dure, très dure et froid, si froid. J'en ai bavé, j'ai failli abandonner 2 fois, j'ai même abandonné avant de continuer !!
- Normal, c'est cohérent avec ce que tu m'avais dit avant de partir : pas le temps de t'entraîner correctement, débordé par le boulot, pas la tête dedans, pas l'envie et la tentation de bifurquer au 60

On oublie vite...

Vendredi 1er juillet : j'ai choisi de dormir sous tente, 1 belle 2-secondes que l'on m'a prêtée. Je me suis entraîné à la plier dans mon garage, pico-bello. Demain, ils annoncent des orages, j'essaye à nouveau, elle ne veut rien savoir : elle restera là demain...Langue tirée
Je récupère dossard et goodies, croise Vik, Bubulle et jpoggio en mode bénévole.
Giula monte sa tente pas loin, une bernoise avec la gueule ouverte, elle prépare la transpy (qu'elle finira brillament) pendant que son mari profite de congés exceptionnels pour enchaîner les défis pour débiles pathologiques (mais le stade au dessus de nous...)

Pas de bouffe kikou pour moi, je réchauffe ma purée et discute avec mes voisins, finishers UTMB ou UT4M. L'un assène que la base de vie est à la moitié en terme de temps : 2 ans auparavant, il avait mis 28h. 14H pour la base, 14h pour rentrer. Avant de me coucher, coup d'oeil au roadbook, 22h = 12h+10h

Samedi 2 juillet :
Au réveil, de belles étoiles, la météo s'est encore plantée comme depuis 2 mois, on va bien profiter.
15 min plus tard, des éclairs au-dessus de Cham....
J'ai beau avoir tout préparer la veille, vérifier 3 fois, j'arrive 2 min avant le départ. Pas le temps de voir qui que ce soit, c'est parti. Un trail, ça part toujours vite : la MH, c'est le pompon. Ca commence en descente puis droit dans le pentu. J'aperçois Vik qui respecte son programme ''A fond, exploser puis survivre''. On échange quelques mots mais le rythme est vraiment violent.
En haut, le bagnard nous encourage, il allume Vik, reconnaissable entre mille. La 1ère descente s'enchaîne sur un rythme toujours stratosphérique. Belle surprise que de croiser Elisabeth qui nous encourage, ça booste.



On rejoint le 1er ravito où je crois reconnaître ejouvin qui fait l'assistance d'un Christophe. Je ne l'ai jamais vu qu'une fois à l'arrivée des Brasses en 2015 sans savoir que c'était un kikou. Je ne m'arrête pas, l'annonce à Vik et colle aux basques de Christophe. La 1ère averse nous tombe sur le coin du nez.
Christophe m'aide à sortir la casquette et Vik nous rejoint tout content d'avoir trouver le bouton du climatiseur !! Je grommelle, bougonne et cherche l'intérêt de se frapper 100km sous cette pluie.
J'ai du mal à suivre et je me fais distancé par les 2 compères. J'enfile la veste avec l'averse qui se renforce.
Sur les hauteurs, je les vois une dernière fois qui trottinent pendant que je sens les forces s'échapper.
Appel de réconfort à ma chérie qui m'annonce qu'il pleut et que se taper un AR aux Contamines avec ces conditions ne motive personne : oh le bazar dans le ciboulot.
2e ravito, une éclaircie, la météo n'avait pas menti. Mais il faut remonter dans le brouillard et s'avaler le Tricot. La montée n'en finit pas : on aperçoit un bout de glacier et pis c'est tout.Je ne ronge plus mon frein, je gémis, je regarde la montre tous les 500 m, je n'ai pas l'envie.Descente du Tricot : à monter, ça va être du costaud en août !!! Les gars de la TDS vont le sentir passer. On double quelques TMBistes.
3e ravito au sec, je pose la veste, prends le temps de manger un bout quand un bruit suspect m'interrompt. Les bénévoles sont rassurants, juste une petite averse. Et le bruit, c'est quoi ? des gamins qui balancent des cailloux sur la tonnelle?!? Renfiler la veste, repartir, croiser Arclusaz qui a vu Vik qui est parti trop vite (pour une fois qu'il respecte son programme)
La montée qui suit s'avale facilement, la pluie cesse enfin. Je décide de rappeler mon épouse adorée qui m'apprend que des éclaircies sont annoncées et qu'ils seront aux Contamines. Tout est parfait excepté Giula qui m'engueule car je ne tiens pas mes bâtons dans le bons sens.
Parfait, je me comprends : je peux bâcher aux Contamines si l'envie me prend et j'aurais un taxi.
Pour le reste, je suis fatigué, trempé et j'ai mal aux ischios & adducteurs.
C'est la montée à Trê-la-Tête qui suit. C'est long mais long. Je me fais déposer par Jeff un V2, j'attends avec impatience ce chemin balcon qui nous amènera au refuge mais il se cache.
Quand je l'aperçois enfin, il est vraiment loin et haut. Je traîne ma carcasse.
L'accueil y est des plus chaleureux, plein d'humour.



Je fais un demi-plein et file vers la descente. Ma vitesse est si grande que j'irais plus vite dans l'autre sens.... Déboule le 1er du 60 : je m'arrête pour le regarder, vitesse, équilibre, glissade, c'est joli.
En bas, je sais ce qui m'attend. Des kms de plats jusqu'aux Conta. Autant dire que je ne me languis pas.
Il faut courir : protocole 10 mn de course + 1 mn de marche mais pas l'énergie. Donc ce sera 6+1
A partir des tennis, je connais le chemin, on est venu l'an dernier en vacances. Je reconnais les endroits, revois les petits jeter des cailloux dans la rivière, ça change les idées.

Auré est venu à ma rencontre, elle a chaussé ses runnings pour m'accompagner, elle vient de croiser Vik. Ca change les idées de pouvoir discuter, voir les enfants, mon neveu, trotter avec eux jusqu'au ravito.



Je croise à peine Vik qui repart et que je suis censé reprendre plus loin mais j'ai plus qu'un doute et il me remotive.
Auré, le père, tout le monde s'y met pour remettre le ciboulot à l'endroit. Auré, en experte, me fait tous les niveaux, j'ai emporté moins de poudre que d'hab, j'essaye d'utiliser plus les ravitos, je prends 1/3 pepsi et 2/3 flotte.
Je repars sans le cœur, je sais qu'ils ne pourront pas venir aux Tappes et la bifurq au-dessus est bien ancrée dans ma tête. Je n'ai pas couru 5 min et atteint le torrent en contrebas que je sens du liquide dans le dos : Auré a dû mal fermer la poche, ça m'apprendra à ne pas vérifier. Et non, elle est devenue experte ma chérie : c'est la poche qui est trop vieille, elle se décolle sous la pression du pepsi et un bon demi litre s'est échappé par un p... de trou.
Faut remettre le barda trempé sur le dos, la famille qui est juste au dessus, il suffirait de les appeler et rentrer, mettre fin à cette journée de merde, à ce trail à la con, certainement très joli quand il fait beau. J'en suis même sûr, je me suis régalé l'an dernier sur ces chemins pendant les vacances mais là, rien. Je trouve tout moche.
Je n'ai pas envie de pêter le moral de tout le monde, c'est la fête du village, je vais rentrer, me retourner la tête, c'est assuré si j'y vais. La décision est prise : bifurcation / dodo à St Nicolas et je rentre demain. J'économise une cuite.
Dans la montée, un peu de réseau, j'appelle Auré. Et s'ils me faisaient la surprise d'aller aux Tappes, de monter en benne et descendre à pattes ??? Elle décroche. Au son, je sais qu'elle est dans la voiture. Ils sont en train de rentrer. Je vais bifurquer, dormir. Elle reste fière de moi, je suis abattu, je me suis vu si beau aux Aventuriers, j'ai pris la MH de haut, pas pu m'entraîner comme il faut, défoncé au boulot, enquillé des heures et des heures, je ne suis pas au niveau. En plus, j'ai l'EB en fin d'été, je la ferais en mode rando/dodo comme dans l'un des 1er récits.
Les 2e et 3e du 60 me rattrapent, les autres 100 n'ont pas le moral, la bifurq est à vue puis devant moi.
- Bonjour, c'est ici la bifurq ??
- Oui, 5km de descente et t'es à St Nicolas
- Ok, je descends
- dossard ?
- le 2... je... Aux Tappes, on peut arrêter facilement ??
- Oui, t'as 400m à descendre et t'es dans la vallée.
- Je vais me faire le Joly, reste plus grand chose, j'ai le temps.
- Je te raye alors
- Oui, merci, je vais aux Tappes.

Allo Chérie, je tire jusqu'aux Tappes, histoire de faire le Joly, je rentrerais en stop à St Nicolas.
Trop fière de moi qui continue, je peux bâcher où je veux, perf de dingue...

300 m plus loin, Vik sur un banc avec 3 comparses devant un ravito light
- Alors champion, t'as retrouvé tes jambes ?
- Ras le cul de cette course, je fais le Joly et je bache aux Tappes
Les 3 se sont levés illico et se sont cassés avant d'en entendre plus, je dois être contagieux....
- Mais non, t'inquiète. On monte tranquille, on descend paisible et aux Tappes, bouffe + massage + change !!! Tu seras un nouvel homme.
Nouvel homme, mon cul. Je vais aux Tappes et je bâche.
Vik repart tranquille pendant que je profite de ravito minimaliste mais au combien utile.
Je le reprends plus haut, le vent se lève, on s'équipe un peu et on continue dans le brouillard.
J'arrive à profiter quand même, on ne voit rien mais il me reste plus très long avant les Tappes.
Je vais pouvoir boire ma bière, dormir, me reposer avant de rejoindre la fête.

On retrouve le soleil dans la descente, Vik déroule et me trace. Il se retourne de temps en temps. Il fait bon, les jambes se délient, je prends enfin du plaisir. 12H pour prendre du plaisir.
Arrivé aux Tappes, la mutation a commencé, les graines plantées par Vik ont germées. Je vais prendre le temps et je verrai en bas à Notre Dame de la Gorge.

La soupe est bonne, le sourire revenu, le massage à 4 mains divin, des vêtements secs mais plus de GPS. Le powerbank a pris la flotte, Vik me fait gentiment remarquer que j'aurai pu au moins le mettre dans un sac histoire de le protéger... La montre a encore un peu d'autonomie, j'aurais au moins l'heure. J'annonce à ma chérie que je continue, serais prudent et court avec Vik.

Un concurrent arrive, il bâche et demande comment on descend. Un bénévole lui dit que c'est compliqué pour le transporter mais qu'ils vont regarder. Je lui dis qu'il peut descendre jusquà ND, 400d-. Il décline sèchement, il a payé... Je n'insiste pas, il est nerveux et 1h plus tôt, je n'aurais pas apprécié qu'un concurrent s'en mêle.

On repart avec Vik avec des vêtements légers car il fait bon et qu'ils annoncent beau... La descente sous les Tappes est ludique. On croise Elisabeth à ND de la Gorge.



Vik file sur le plat, je suis difficilement. Dans la montée, ce n'est pas la même, il passe en mode chaudière sans circuit de refroidissement. A chaque panneau de randonnée, je regarde l'altitude et je fais le décompte jusqu'aux 2000 du col de la fenêtre.
On traverse un hameau vers 1900, plus grand chose à monter puis descente sur le Bolchu. Je dis à Vik que je l'attends là-bas. Je grimpe bien mais je ne vois pas le col. Il est où... Il y a bien ce truc à droite mais c'est trop haut... Je ressors le profil : coup de bambou, c'est 2250 pour la Fenêtre et je la vois très bien sur la droite. Vik est à vue. Je continue 250 d+ et la même en descente jusqu'au Bolchu où le meilleur gâteau au chocolat nous attend, promesse de Vik.
Les bénévoles nous y encouragent de loin, on a enfilé les frontales, c'est bien sympa de les entendre mais la miss gâteau n'est pas là cette année.
Je prends mon temps, j'attends Vik. C'est la boucherie sur la course, beaucoup d'abandons.

2 gars arrivent, pas de Vik.
Au bout de 20 min, je commence à bien m'inquiéter et j'envoie un bénévole le chercher. Il n'a pas fait 20m que Vik arrive. Tout sourire mais bien marqué.

Je n'ai pas à l'attendre, il va finir très cool, il va se poser. Je pars avec la promesse qu'il ne bâchera pas, condition sine qua non. Je pars mais sans les bâtons. Bien 5-7 min pour m'en apercevoir + 2 pour me tâter à faire demi tour... Je repars avec les bâtons pendant que Vik anime la yourte.

Pour la Girotte, les bénévoles ont annoncé une montée de 500 d+ et une descente. 500 d+ ok mais 6 km de nuit dans le brouillard, ça n'en finit pas. De temps à autre, j'aperçois une frontale au loin.
Les balises se cachent mais le chemin se lit assez bien, enfin, jusqu'aux névés !!!
Là, ce n'est plus la même. Pas de trace, pas de balises : p******, il a foutu quoi jpoggio. En pleurs
Je rattrape 2 gars en galère : pas à l'aise sur la neige + paumé avec les balises. Je passe devant et annonce quand la suivante est à vue. Quand j'avance trop, ils partent sur les côtés à la recherche de nos copines.
Ca occupe, on n'avance rien, on grogne sur les traceurs bénévoles qui ont planté des centaines de drapeaux. Mais l'esprit n'a rien d'autre à faire.
La sortie du brouillard est une délivrance. On descend petit rythme jusqu'à la Girotte. On fait connaissance : Alain du Jura et Alex un belge.
Au ravito, il y a des lits : Alain va en profiter pour faire un clopet. Je vais essayer de suivre Alex.
Des consignes sont tombées : obligation de repartir à 2 minimum.
Alain ne souhaite pas attendre un autre concurrent, il fera l'impasse sur la sieste, on repart à 3.

Alex est le plus en forme des 3 : il prend la tête dans la descente, accélère, on le reverra à l'arrivée.
Avec Alain, le rythme est cool. On discute, partage les expériences, on va boucler cet ultra ensemble, Alain n'en doute pas un instant. Moment hors du temps en compagnie de cet inconnu avec qui je converse avec plaisir. On prend les difficultés 1 par 1 sans pression.

La montée au monument n'est pas des plus belles mais pipelette revenue, la grimpe me semble moins fastidieuse. On aperçoit enfin un halo de lumière dans le brouillard qui est toujours au-dessus.

On est accueilli chalheureusement, pris en charge. Un secouriste nous donne l'astuce de la frontale à la main pour mieux chasser les balises dans le brouillard. Quelle frustration d'entendre ces conseils que l'on applique régulièrement mais que le manque de lucidité nous a fait oublier.
Et tombe la sempiternelle question du timing d'ici l'arrivée.
On a eu le temps d'étudier la chose avec Alain : 300d+, 200d+/d- sur la crête et 1300d- --> 2h30
Les bénévoles n'ont évidemment aucune envie de nous donner de fausses indications et s'en réferre à Geofp.
Le 1er a mis ..... 2h15 et le 16e qui vient d'arriver 3h15. Surpris
Je vois dans les yeux d'Alain que tous les bambous ne sont pas tombés sur ma gueule, ils étaient bien répartis dans la yourte et il en a reçu la moitié. Il faut partir, ne pas se laisser envahir : il est synchrone, on se casse.
Avant d'entrer, on avait décidé de prendre le temps de profiter mais d'apprendre que 4h nous attendent nous a un peu assommé. Merci les bénévoles et bye-bye, on a un ultra à terminer, on sera resté 10 min.

15 min après : SMS de ma chérie.
Le petit a fait un cauchemard, elle a regardé sur l'ordi.
34e et depuis un moment, c'est bientôt fini !!

Je ne lui réponds pas que 4h me semble très long. De toute façon, le tel est tout collant du pepsi de l'aprem et les doigts s'engourdissent avec le froid.
On monte doucement, le jour se lève, toute la chaîne du Mont Blanc apparaît, les vallées que l'on domine : c'est beau. Beau mais froid. Le vent sur la crête me glace : pas de bonnet, pas de buff, pas de gants, pas de manches longues, il faisait si bon cet aprem.
Comment être aussi c** ?!? En pleurs
Etre c** a un avantage : c'est comme la chasse aux balises, je ne pense à rien d'autre qu'à m'engueuler d'être aussi bête et à suivre Alain toujours aussi flegmatique et réconfortant. L'air de rien, Alain me maintient la tête hors de l'eau depuis La Girotte, jamais un message négatif, toujours le bon côté des choses. Il m'empêche de chavirer. Avec Alain à mes côtés, j'ai l'impression de courir avec des roulettes. Courir au sens participer à une course, ça fait un moment que mes 2 pieds n'ont plus quitté le sol simultanément.

Avec la crête, le plaisir de la montagne revient petit à petit, le soleil apparaît, on en prend plein les yeux. La descente commence par du cassant mais ça sent bon l'écurie.
On se fait reprendre par un gars, je propose à Alain de filer, la consigne de courir à 2 ne fait plus de sens depuis plusieurs heures, il a le droit de profiter de ce final à son rythme.
Il décline gentiment, on a fait toute la nuit ensemble, on termine ensemble.
La tente de la bifurcation est juste en dessous : c'est sympa de pointer et de descendre en étant fier d'être monté 14h plus tôt.

L'émotion monte, prend le dessus, j'ai du mal à suivre Alain : on se motive, objectif 36h.
Il cravache, m'attend régulièrement.

SMS de Vik qui est à la Girotte et va bâcher à cause de contractures.
Cette course, ma course, elle est la sienne : sans lui, je dormirais dans ma tente.

Appel de ma chérie : hilare, j'annonce à Alain que mon classement part en cacahuète, j'ai perdu 2 places, 36e.
Alain propose de me laisser passer devant sur la ligne pour que je regagne une place.
J'en rigole comme une baleine, je l'avais oublié le classement, le concept de course avec les autres : finisher était mon seul objectif.
Puis les jambes reviennent avec ce single qui vient comme une délivrance après cette longue route.
C'est gentiment technique et je me surprends à doubler Alain, rattraper le gadjo des crêtes et finir à belles enjambées main dans la main avec Alain.
Le gadjo nous colle aux basques, il a vu un autre duo qui revenait fort : perdre 2 places qu'il avait gagnées 1h plus tôt ok mais de là à en perdre 2 autres de plus....
Tous les mêmes, on galère pendant 26h et à la fin, on sprinte pour garder une place, rester dans un objectif horaire déterminé 1h plus tôt.
Les 2 gars derrière sont des méga warriors, ils ont râté l'embranchement de la descente du Joly sur les Tappes et se sont frappés toute la crête avant de faire demi-tour...

Sur la ligne, Elisabeth est là pour me féliciter et jpoggio pour me pointer. Bisou

Finisher avec Alain en 25h58
13h pour quitter les Tappes / 13h pour rentrer

Premier et unique sentiment : plus jamais. Criant
Je suis allé puiser profond pour terminer cet ultra : le prochain et les suivants seront plaisir ou rien.
Quitte à faire un DNS, prendre les pompes et aller encourager les potes, donner un coup de main sur un ravito. Mais subir la pluie, le vent, le froid car la météo est pourrie le seul et unique jour du départ : plus pour moi, plus jamais.... jusqu'au prochain... Clin d'œil


Fin août, Alain termine l'UTMB en 38h02 pendant que je faisais l'EB.
Il est vraiment plus rapide quand il ne m'attend pas. Il m'a collé 2 min ce we-là !!!
Merci Alain Cool


9 commentaires

Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 10-09-2016 à 15:48:13

j'aime bien ton récit!
Pour commenter ta conclusion, nous en sommes tous au même point... On se jure de ne plus jamais s'y remettre, mais passé la ligne on cogite sur ce qu'on pourra améliorer la proch.. oh merde... lol
Bravo!!

Commentaire de jpoggio posté le 10-09-2016 à 15:59:43

Quel sport délicieux que nous faisons là...
:D

Commentaire de Arclusaz posté le 10-09-2016 à 17:14:23

Avoir un bon copain
Voilà c'qui y a d'meilleur au monde
Oui, car, un bon copain
C'est plus fidèle qu'une blonde (j'espère qu'Auré est brune !!!!)

là, des copains t'en a eu plein et à des moments décisifs.
Vik que tu connaissais, Alain que tu as découvert.
C'est aussi ça la beauté de notre "délicieux" sport (Jacques, je le garde celui là)

La photo avec Vik à ND de la Gorge résume tout.

Commentaire de boby69 posté le 10-09-2016 à 18:41:06

A mon avis ,le pire ,c'étais d'aller à Lucerne !!
Très beau récit ,qui résume bien l'ultra-trail :des bon moments,des moins bon,des pires moments ,et surtout,l'esprit trail ( Eh oui ,il existe vraiment ),l'entraide entre inconnu ,en discutant ,ou en silence ..

je les agendé pour 2017 ou 2018 ,et j'espère t'y voir ,si 2018 .

Commentaire de bubulle posté le 10-09-2016 à 19:39:42

"A chaque panneau de randonnée, je regarde l'altitude et je fais le décompte jusqu'aux 2000 du col de la fenêtre."

Ah, cette montée à la Chenalettaz, c'ets une tuerie. Surtout quand on a oublié que ça redescend jusqu'à Nant-Borrant et que de foutu Col de la Fenêtre est aussi haut...;-)

Super duo avec Alain, jolis moments avec Vik, partage avec la famille et même quelques coucous à Elisabeth 1ère...:-)....c'était un beau week-end, n'est-ce pas ? Allez, je ne t'en veux pas, du coup, pour le "trail à la con", ni d'avoir imaginé bâcher aux Tappes.

A l'année prochaine ?

Commentaire de Arcelle posté le 11-09-2016 à 20:15:29

Juste, j'ADORE ce récit
Merci

Commentaire de Philippe8474 posté le 12-09-2016 à 09:56:03

Ben dis donc j'avais pas suivi que ça avait été un chantier pareil!!
Chapeau en tout cas!
Beau "forçage" de mental
Dur à cuire le Julien! C'est bon ça!

Commentaire de Vik posté le 14-09-2016 à 21:18:59

Ah super récit mon champiGNon !

La miss gateauchoc n'était pas là, mais une autre adorable miss avait concocté deux excellents gâteaux, qui n'étaient pas au chocolat mais fort bons tout de même ;)

Moi j'aimerais arrêter la canicule :D plus jamais... jusqu'à l'année prochaine, quoi...

la bise

Commentaire de millénium posté le 15-09-2016 à 17:23:09

merci pour ce récit et bravo pour ta perf !

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Version grand écran