Récit de la course : Le Tour de la Grande Casse - 65 km 2016, par catcityrunner

L'auteur : catcityrunner

La course : Le Tour de la Grande Casse - 65 km

Date : 21/8/2016

Lieu : Pralognan La Vanoise (Savoie)

Affichage : 1829 vues

Distance : 65km

Matos : Chaussures HOKA Mafate Speed
Sac Raidlight Olmo 5l avec poche à eau
Batons Black Diamond Distance Carbon Z
Frontale Armytek

Objectif : Terminer

4 commentaires

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Ca passe pour la Grande Casse

Le Tour de la Grande Casse 2016

 

03 Juillet 2016

Voilà, ça fait quelques jours que j'ai bouclé ma première course en montagne (le marathon du Mont Blanc) et je me dis que c'est dommage de laisser passer tout l'été sans remettre le couvert avec un challenge un peu plus important au niveau km et D+.

Avec un semaine de vacances prévue dans la Vanoise en Août, je me mets en recherche d'une course et je tombe sur le Tour de la Grande Casse (TGC) : 65 km, 4000 D+ annoncés.

«  Epreuve grandiose », «  parcours raide mais de toute beauté » annonce le site Web. Les photos achèvent de me convaincre. C'est fait je suis inscrit : le calendrier très chargé de fin Août fait que le TGC est loin de faire le plein (500 coureurs max, 160 au départ).

 

Juillet 2016

Je continue le travail en côte (en forêt de Meudon), en rajoutant aussi le maximum de descente rapide. Le Marathon du Mont Blanc m'a appris l'importance de la descente et mes faiblesses sur ce domaine !

Le jeu des 365H avec l'objectif de D+ me sert aussi d'aiguillon pour préparer à avaler un dénivelé qu'il est impossible de reproduire près de Paris. Fin Juillet, je suis à presque 95% de l'objectif D+.

 

Le parcours du TGC

Le TGC c'est 4 cols à plus de 2500m, une altitude moyenne de 2140 m et une partie finale exigeante sur les 13 derniers km (1000 m D+, 1400m D- avec des parties techniques assez difficiles).

Cinq ravitaillements complets sont prévus.

Je prépare un roadbook sur la base d'un temps de 12h, à partir des temps de passage de concurrents en 2015 et de l'analyse des difficultés du parcours.

 

La veille de la course

Rien à voir avec les 6000 ou 8000 coureurs des courses du Mont Blanc : On doit avoir au max 300 inscrits au total sur toutes les courses du week end.

À 18h00 le samedi, départ du 13 km / 1000 m dénivelé, qui est « sans difficultés » d'après l'organisation. Le vainqueur Nicolas Martin gagne en 1h09 !!!

L'ambiance du briefing est très décontractée : visiblement beaucoup de montagnard ou d'habitués ayant fait le Tour des Glaciers de la Vanoise. J'ai un l'impression d'être un novice parmi des trailers chevronnés !

Pas de contrôle particulier sur les équipements, ni même de message récapitulant ce qui est obligatoire et les consignes de sécurité. Un peu surprenant quand même...

Après un samedi très pluvieux, les prévisions sont optimistes avec le retour du soleil pour la course, mais avec un gros coup de fraîcheur.

On nous avertit qu'il faut en garder sous le pied pour gérer la fin de course qui fait « très mal au jambes » (Tour du Merle + col de Leschaux).

Le départ est donné à 4h00 avec 158 concurrents au départ. Le temps est frais (8°), assez humide et couvert, mais il ne pleut pas.

 

1. Pralognan - col de Leschaux

Le premier tronçon fait 8 km et 1100 D+ pour arriver au refuge de la Vanoise.

La montée est régulière et on suit des chemins et sentiers assez large. Le peloton s'effiloche petit à petit dans la montée, il est très facile de doubler et je prends un rythme plutôt tranquille pour éviter de se griller dès le départ. Nous sommes à proximité d'un torrent, c'est le seul bruit qui accompagne les coureurs, silencieux et concentrés dans la montée.

Nous traversons le lac des Vaches, qui fait le bonheur des photographes de jour. Là on ne peut qu'imaginer la beauté du lieu tout en prenant garde de bien passer sur les rochers et éviter de se tremper les pieds. 

Arrivée au refuge du col de la Vanoise en  1h42 (1h50 prévu), arrêt de 3 mn.

Un verre de coca, un peu de fromage et un bol de soupe bien chaude (délicieuse, ça fait un bien fou avec ce froid) au ravito. Les bénévoles sont aux petits soins, l’ambiance très  tranquille.

On devine les sommets environnants à la faible lueur de de la lune derrière la couche nuageuse.

2. Refuge de la Vanoise – refuge de la Leisse

Ensuite on a un passage plutôt plat au sommet avec traversée de zones humides. Le jeu consiste à rester sur les cailloux pour éviter de se tremper les pieds. L’air est toujours très humide et froid.

On atteint l’embranchement entre le sentier en balcon qui poursuit vers les glaciers (emprûnté par le TGV) et celui qui descend vers le torrent de la Leisse. Le parcours continue  à gauche ; on bascule dans la descente vers le pont de Croë-Vie pour rejoindre le magnifique vallon de la Leisse. Il faut rester vigilant dans la descente et bien contrôler ses appuis ; dommage que le paysage ne soit pas visible avec la nuit et les nuages.

Après le pont de Croe-Vie, nous remontons le vallon de la Leisse, dans un pente modérée, qui permet de courir régulièrement. Le jour commence à pointer timidement son nez à l’horizon ; l’obscurité se fait moins forte. Je me retourne pour admirer le ballet des frontales qui serpente dans la descente du col.

Le lever du jour a quelque chose de magique ; peu à peu les paysages  embrumés se dévoilent et on aperçoit au loin le refuge de la Leisse et plus loin le col. Nous sommes au pied de la Grande Casse ; quelques jours plus tôt j’étais en randonnée à cet endroit et j’ai eu le temps d’admirer la beauté du lieu.

Le terrain est assez facile : succession de prairies d’altitude, de passages plus rocailleux et de quelques bosses qui obligent à marcher ça et là. Avant de parvenir au refuge de la Leisse, la pente se fait plus prononcée ; je ressors les bâtons.

Arrivée au refuge en 3h21 pour 3h30 prévus . J’en profite pour me ravitailler, remplir la poche à eau. Au total presque 10 min. d'arrêt; je suis dans les temps.

 

3. Refuge de la Leisse – Val Claret

Après le refuge, il reste encore 300 m de D+ avant le col. Le paysage se fait toujours plus minéral ; par moment on se croirait sur la lune. On passe un petit lac. Toute l’ascension se fait sur des pentes modérées.

L’approche du col est magnifique. Le vent dissipe les brumes ; les sommets s’illuminent sous le soleil mais nous sommes toujours à l’ombre et j’ai les doigts engourdis par le froid, malgré les gants.

A 2760 m, le col de la Leisse, point culminant du parcours est franchi après 31 km de course.  Pour la première fois on sort de l’ombre et les rayons du soleil amènent une sensation de chaleur bienvenue.

La descente vers Tignes Val Claret est assez roulante et dans des paysages verdoyants. Après avoir plié les bâtons, je déroule et dépasse quelques concurrents.

Arrivée à Val Claret, changement de décor. Une petite parenthèse de béton qui paraît incongrue dans ces paysages grandioses. Pour le coup, il vaudrait mieux passer là de nuit et profiter de jour du col de la Vanoise …

Ravitaillement et remplissage de poche à eau : on va attaquer une section de 14 km avant le prochain ravito

J’en profite pour passer un coup de fil, rassurer et dire que tout va bien. Je sais que le plus dur est à venir !

4. Val Claret – Laisonnay

Au menu le col du Palet : ascension régulière dans les alpages, sous le soleil.

Je rattrape deux filles dans la montée et j’adopte leur rythme, un peu plus lent que le mien : meux vaut modérer l’allure avant les grosses difficultés finales.

Nous commençons à discuter : l’une est triathlète et a fait les 80 km du Mont Blanc en 20h. Nous discutons un bon moment sur les courses en montagne, les trails. L’autre prépare la Diagonale et fait la course sans bâtons. Je me dis que ça va être sacrément dur pour elle dans les deux derniers cols (la vérité sera toute autre, on le verra plus loin).

Avec ces agréables discussions de trailers, la montée passe vite et on aboutit à un plateau avec le col du Palet  et le col de la Croix des Frêtes.

Après le col, nous avons la chance d’avoir une vue magnifique de la face Nord de la Grande Casse, entièrement dégagée. « Inoubliable » dixit Navier38.

Entre temps, j’ai faussé compagnie aux deux filles et me suis emballé un peu dans la descente.

Le roadbook conseille d’être vigilant sur ce tronçon afin de ne pas s’égarer. Effectivement, il y a de long de passages sur large chemin agricole et de temps en temps des bifurcations sur des singles. Et des singles parsemés de petits rochers saillants bien vicieux pour les chevilles.

Le balisage des bifurcations est en général bien marqué, mais ce qui est déroutant c’est l’absence total de balises sur de longs passages. A ce stade de la course, je ne vois personne ni devant ni derrière et j’ai parfois l’impression de m'être fourvoyé.

Plusieurs fois je ressors le roadbook afin de vérifier que je n’ai pas raté une bifurcation ou je demande aux randonneurs le chemin. Le fait qu’il y ait alternance de trois types de balisage (fanions, rubalise, marques de peinture bleu au sol) est un peu confusant. Enfin globalement c’est simple :  il faut toujours descendre, descendre..

Enfin l’arrivée au Laisonnay. Déjà  1 marathon et 2400 D+ au compteur, encore très bien, pas mal aux jambes.

5. Laisonnay – Plan Fournier

Après le ravito, départ sur une route goudronnée en descente. J’ai encore de bonnes jambes et je peux dérouler à 12 km/h.

Arrivée dans le hameau de Friburge. Je dépasse plusieurs concurrents qui marchent ou trottinent. Le positionnement malencontreux d’une rubalise m’amène à faire  une petite balade dans Friburge en suivant le gars devant (je l’appellerai « le ramasseur de champignon » ; explication à suivre. Arrivés dans une impasse, nous faisons demi-tour et entamons la conversation en pestant sur le balisage.

J’ai trouvé un compagnon très sympa : nous avons la même allure et tapons la discut. J’apprends que le ramasseur de champignon fait le TGC en prépa du TOR : son objectif est de finir frais ; pour le TOR  il suffira d’enchaîner 5 TGC de suite. C’est la formule TOR = 5 TGC, bien connue en physique du trail ;-).

Nous courons et discutons sur les 3 ou 4 km roulants qui précèdent la rude montée vers la Tour du Merle. On passe sur un single dans une belle forêt qui hésite un peu le long des courbes de niveau avant d’obliquer à gauche et attaquer l’ascension. Le chemin est très agréable et ombragé, mais avec un sérieux pourcentage. Mon compagnon qui a pris quelques longueurs d’avance,  quitte le sentier et se met à genoux dans la forêt. Un instant, je crois qu’il doit assouvir une envie pressante, mais voilà qu’il revient sur le chemin et arbore fièrement le fruit de sa cueillette !

La scène se répétant régulièrement, notre ramasseur de champignon remplit allègrement sa musette. Nous cheminons au même rythme, les pauses mycologiques compensant ma vitesse moindre. Après le sommet de la Tour du Merle à 1970m,  une descente brutale nous ramène vers le dernier ravito à Plan Fournier. Je suis passé devant le ramasseur de champignon, la cueillette ayant été très fructueuse.

Arrivée à Plan Fournier, je suis dans mon plan de marche. Je commence à être dégoûté du sucré et de la boisson isotonique. Eau gazeuse et fromage passent encore.

Je profite du réseau pour un sms « avancement nominal, dernier ravito passé ».

 

6. Plan Fournier – Pralognan

J’ai prévu 3 h pour ce tronçon de 13 km avec 1000 D+ et 1400 D- en me disant que c’était large - au final je mettrai 3h30. Le ramasseur de champignon et moi repartons ensemble. Au départ, le chemin forestier est large et la pente modérée. Mais la pente s’accentue régulièrement et mon rythme est de plus en plus lent. En fait j’ai beaucoup de mal à monter lentement et régulièrement : globalement je vais trop vite et je m’arrête souvent. Nous sommes maintenant à découvert et on voit l’étagement des concurrents le long des lacets interminables jusqu’au col. Il y a  très peu de répit dans cette montée ; je suis le dénivelé sur mon Ambit 2 ; chaque 100 m de D+ est une victoire qui me rapproche du but.

Je marque un assez long arrêt pas loin du point haut . Plusieurs concurrents me dépassent dont le ramasseur de champignon. Evidemment, là on est dans la rocaille, de champignons que nenni et le bougre il avance bien.

Je me demande bien où on va passer et où se trouve le col de Leschaux. Le roadbook a prévenu : rapide traversée de pierrier descendante et remontée 150 m D+. Sauf que c’est  pas rapide et il faut se frayer un chemin dans les gros blocs en cherchant les flèches bleues ; là les bâtons sont plutôt un handicap !

D’ailleurs je vois passer la fille sans bâton que j’ai accompagné dans le col du Palet, qui prépare la Diago. Elle  trotte avec facilité sur les rochers et me gratifie d’un mot d’encouragement. Je continue à mon allure de gastéropode, histoire de reprendre un peu de jus avant le raidard final.

Au pied du bestiau, je vois d’autres gastéropodes à flanc de montagne ; ça me réconforte un peu ! Bon il suffit de prendre son temps, le col de Leschaux est tout proche, le site est magnifique.  

Au col un bénévole prend les numéros de dossard et avertit sur les deux lacets très raides en début de descente. Je m’octroie une bonne pause en haut du col sous le soleil. Pralognan est là juste 1100 m plus bas ; il y a même du réseau ce qui permet de prévenir de mon heure d’arrivée estimée. On est tellement bien sur ce nid d’aigle que j’y resterai bien plus longtemps (c’est l’heure de la sieste).

Sachant que je suis attendu en bas, je me lance dans ce kilomètre vertical inversé. Le terrain a séché depuis les pluies de samedi, mais je descends prudemment en m’aidant beaucoup des bâtons. J’alterne marche rapide et trot ; le village se rapproche lentement !

Arrivé près du centre Pralognan, voilà que ça remonte (ben oui il faut les 4000 D+, là il en manque encore un peu). Et on a droit à un grand tour du village : ça permet d’aborder la ligne d’arrivée en descente et de lâcher un peu les chevaux.

Encouragements et applaudissements dans le final. Ma famille est là pour l’arrivée !

Finisher en 12h28. Une belle course avec un final difficile.  

 

 

 

 

 

 

 

 

4 commentaires

Commentaire de ch'ti lillois d'vizille posté le 26-08-2016 à 20:05:29

Super course bien menée et un récit qui me replonge 6 ans en arrière mais dans le sens inverse et surtout une fille sans bâtons qui ressemble à la même que celle rencontrée dans la facilité en 2010.
Bravo.

Commentaire de catcityrunner posté le 26-08-2016 à 20:27:18

Merci. Entre temps j'ai complété et terminé le récit

Commentaire de dafunker posté le 02-09-2016 à 11:57:40

Félicitations ! Très belle anecdote sur le ramasseur de champignons ;)
Avant 2015, le parcours de ce TGC était inversé. L'an dernier, il a été pour la première fois changé à cause des conditions météorologiques prévues sur une parte de la vallée en soirée. Pour quelle(s) raison(s) le parcours a t-il été celui de 2015 ? Ont-ils donnés des informations ? Peut-être que ce parcours est plus facile à organiser ?

En tout cas, je me souviendrais longtemps, comme toi je pense, du final au Col de Leschaux ;)

Commentaire de catcityrunner posté le 02-09-2016 à 15:04:48

Merci Dafunker !
J'ai parcouru ton excellent récit lors de ma préparation au TGC. Ca m'a bien servi pour planifier mes temps de passage et en garder sous le pied pour le final !
En fait au niveau sécurité la section vallon de la Leisse / col de la Leisse est problématique pour les secours (accès hélicoptère d'après ce que j'ai lu) donc il vaut mieux la passer en début de course le matin avec aussi moins de risques d'orage.
Ce qui m'a marqué c'est la vision du raidard de 150D+ du col de Leschaux à la sortie des pierriers.

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