Récit de la course : Marathon du Mont-Blanc 2016, par polosh

L'auteur : polosh

La course : Marathon du Mont-Blanc

Date : 26/6/2016

Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)

Affichage : 3511 vues

Distance : 42.195km

Matos : Nike Terra Kiger 3

Objectif : Terminer

8 commentaires

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Beaucoup de plaisir sur ce premier MMB!

Le MMB, je n’avais pas vraiment prévu de m’aligner en 2016… Quand je me suis inscrit au tirage au sort, je me suis dit que de toute façon, ça serait pour 2017, grâce à un coefficient plus avantageux. Et puis fin septembre je reçois ça dans ma boite mail :

Chanceux!

 

Quelle (merveilleuse) surprise ! Et vu la loterie, quelle chance surtout !! La contrepartie, c’est que je n’aurais pas tant de temps que ça pour me préparer. Je reviens de loin, je n’ai pas du tout la forme, pas un semblant d’entrainement, et encore moins de temps après l’arrivée de notre petite dernière dans la famille. Bref tout ce qu’il faut pour NE PAS faire cette course Langue tirée.

Suite à ma blessure au genou en 2014, il me faut tout reprendre à zéro. Et surtout éviter de faire les mêmes erreurs pour me retrouver à nouveau blessé. Du coup, j’essaye essentiellement « d’écouter ce que dit mon corps », trouver du plaisir dans les (trop) rares séances d’entrainement, allonger un peu les sorties longues et le D+. Qualité plutôt que volume. En mars je m’aligne au Trail des Cabornis (24k – 1000 D+), et au mois de mai de l’entrainement dans le Vercors et le Trail de l’Abbaye de Savigny (22k -1000D+). Fin juin, le niveau de forme est « acceptable » (il faut comprendre « jouable pour finir ») et surtout aucun bobo à l’horizon.

L’objectif sera minimaliste : être finisher (et dans un bon état).

Niveau timing, je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Je ponds un plan de route optimiste et scientifiquement/sportivement/mentalement douteux en 8h, avec une baisse constante de rythme tout au long du parcours. Une chose est certaine (et le suivi du fil dédié sur kikourou me le confirmera rapidement), je vais jouer avec les BH tout au long de la journée.



Dimanche 26 juin 2016

5h, le réveil m’extirpe d’une nuit bien de sommeil bien trop courte. Nous logeons en famille aux Houches, ce qui permet en théorie de rallier le départ facilement. Je dis bien en théorie, car dans la pratique la navette spéciale qui devait passer devant l’hôtel à 5h55, n’arrivera jamais… Nous sommes une douzaine de coureurs à commencer à stresser à 6h25 devant notre arrêt de bus, un peu en panique ! Heureusement, la solidarité est là, et tout ce petit monde se répartit dans des voitures pour rejoindre rapidement le départ. Un grand merci aux deux Bordelais très sympas qui m’ont gentiment pris dans leur véhicule (bon ils ne connaissaient pas Chamonix, je leur ai trouvé un super parking :p) !!

Vu le timing, nous arrivons tout juste pour le départ. A peine le temps de jeter le sac coureur à la consigne, et de se frayer un chemin jusqu’en queue de peloton. 4 min plus tard, le départ est donné.

 

 

Chamonix – Argentière : 9ème km – 1750ème – 1h17 ( - 8 min sur la prévision)

Les premiers mètres dans Chamonix sont magiques… On se laisse porter par tous les spectateurs dans une ambiance incroyable. Moi qui essaye d’habitude de rester un peu dans ma bulle en début de course, içi je savoure chaque instant ! Les premiers km permettent d’étirer un peu la fin du peloton et prendre un doucement le rythme. Ça bouchonne un peu en fin de peloton, et je regrette presque de ne pas pouvoir aller un peu plus vite… Pour l’instant !


Argentière – Vallorcine : 17,7ème km – 1751ème – 2h24 (-3 min sur la prévision)

J’ai perdu un peu de temps sur mon « prévisionnel » sur le premier tronçon, il faut maintenant rattraper un peu ces minutes, sous peine de ne pas passer les BH. Je continue de monter en marchant, et de courir au mieux dans le roulant, toujours sans me mettre dans le rouge. Le nombre de personnes qui sont présentes pour encourager les coureurs en fond de vallée est assez impressionnant.

 

 

J’ai aussi du mal à me faire au fait que les gens m’interpellent par mon prénom, mais finalement ça donne un côté plus chaleureux et j’apprécie tout autant ! Après une petite descente qui permet de relâcher et garder le rythme, on arrive enfin au premier gros ravito. Je suis agréablement surpris, car tout va assez rapidement : remplissage des flasks et surtout manger un morceau. Le côté aussi très positif, c’est que même à ce niveau du peloton, il reste de tout et en bonne quantité.


Vallorcine – Col des Posettes : 22,3ème km – 1883ème – 3h53 (-23 min sur la prévision)

Je sors les bâtons de mon sac pour la première difficulté de la journée. Les bâtons, j’en ai lu pas mal sur le fil, et j’avoue que j’ai eu un gros doute sur le fait de les prendre ou pas. Mon genou m’a gentiment demandé de ne pas déconner et de les mettre dans le sac ;).

Note : de mon côté, je ne me sens pas trop visé par les commentaires sur la « mauvaise utilisation dangereuse » des bâtons, je suis plutôt à l’aise avec. Je les plie tout le temps en descente pour éviter les gestes douteux. Même si on n’est jamais à l’abri d’une manip foireuse, j’essaye au maximum de faire attention.

Mon euphorie à Vallorcine sur le plan de route va prendre un peu de plomb dans l’aile quand j’arrive aux premiers mètres de la montée des Posettes…. On dirait l’A7 un 15 juillet… Complètement bouché dès le début. Le rythme s’améliore peu à peu, mais la densité de personnes est bien là. J’ai du mal à trouver mon rythme en sous-bois. Je m’arrête à deux reprises pour bien boire et un flot de coureurs (ses) me passe devant. On arrive doucement à la piste de ski, j’arrive à prendre un rythme un peu plus soutenu en suivant un petit gruppetto. Je n’ose pas regarder la montre, mais je sais que j’ai perdu pas mal de temps par rapport aux 1h10 que j’avais initialement prévu. Pas grave, je vais me rattraper dans la descente !! (A ce moment, j’y crois vraiment…). L’arrivée au col est tout simplement géniale, avec le chanteur/guitariste dont tout le monde parle dans ses CR !!


Col des Posettes – Le Tour : 28ème km – 1948ème – 5h17 (-57 min sur la prévision)

On attaque la montée à l’Aiguillette. Là encore, je suis un peu frustré par l’allure du peloton. Ce n’est pas très difficile, le soleil commence à sortir, mais cela n’avance pas. Je n’ose pas doubler. Tant pis, je me referais dans la descente (à ce moment, j’y crois encore…). Le sommet est là, enfin… Les nuages cachent un peu la vue, mais cela n’enlève rien à la magie… J’adore !!

 

Je prends 2 minutes pour manger un morceau, resserrer les chaussures et en avant la descente. Et là je commence à comprendre… Je ne vais pas du tout gagner du temps sur la descente. C’est impossible. A moins de jouer des bras et faire le casse-cou pour doubler, il va falloir suivre le rythme…. Lent…. Très lent… trop lent… A ce moment, je suis un peu frustré. J’en ai sous le pied, le terrain n’est pas particulièrement technique (même si un peu mouillé), et la BH du Tour s’approche. J’en profite pour lire mes SMS et répondre à la famille et aux amis. Ça fait un bien fou ! Ma femme et mon fils m’attendent à Montroc, trop bien ! Plus on s’approche du Tour, plus la pente s’adoucit, et plus tout le monde court. Ouf ! Encore beaucoup de monde (notamment un petit groupe de jeunes qui met l’ambiance, on les entendait de là-haut !!) pour encourager, c’est vraiment sympa ! Je passe la BH du Tour avec tout juste 15 min d’avance… Ça craint !


Le Tour – Tré le Champ : 31,1ème km – 1939ème – 5h41 (-41 min sur la prévision)

Je peux enfin reprendre un rythme correct. J’essaye de grappiller un peu de temps, sans trop forcer avant la terrible montée de la Flégère. J’arrive à Montroc où Marion m’attend avec Hugo. Ils font quelques pas avec moi, mais je leur dit illico que je ne peux pas trainer : la prochaine BH n’est pas loin et j’ai déjà pas mal de retard… J’ai quand même un plaisir fou à les voir tous les deux, ça me donne du baume au cœur pour continuer l’effort. Je ne me souviens plus trop de cette portion, on arrive tranquillement à Tré le Champ pour le gros ravito, avec une vingtaine de minute d’avance sur la BH. Je prends mon temps pour manger, et prendre des forces avant les derniers 12 km.


Tré le Champ – La Flégère : 37,3ème km – 1943ème – 7h58 (-58 min sur la prévision)

Tout le monde m’avait prévenu sur le fil dédié : la montée de la Flégère est remplie de cadavres ambulants. Ce qu’on ne m’avait pas dit, c’est que j’en ferais partie… J’avais initialement prévu 2h pour faire ces 6 km, je mettrai 2h17 au final. Mais dans un état complètement second ! Dès la première boss, je sens que ça ne va pas le faire et qu’il va falloir sérieusement serrer les dents. Le soleil est revenu, il commence à faire chaud dans les parties exposées. J’ai l’impression de ne pas avancer. Le peloton est silencieux, et chacun est dans sa bulle pour passer comme il peut ces 6 km. La prochaine BH est « large », il faut être à la Flégère à 15h15 au max. Ça va le faire ! La descente de la première bosse bouchonne à nouveau, c’est frustrant mais en même temps cela me permet de reprendre un peu des couleurs. La montée de la Flégère à proprement parler commence, et je suis ravi de trouver ruisseau et cascade pour un rafraichissement improvisé. On débouche enfin sur la piste, et le dernier km jusqu’au sommet des remontées est difficile… J’arrive enfin au ravito… Sauf erreur, je sais à présent que je vais finir :)


La Flégère  – Planpraz : 42,4ème km – 1977ème – 9h16 (-1h16 sur la prévision)

Je remplis mes flasks, j’empoche à manger et je vais tout de suite passer le bip de la BH. Ça, c’est fait ! Je me pose par terre pour prendre pratiquement 7 minutes de repos. Je ne joue plus la montre maintenant, alors bon… je repars confiant. J’ai prévu 1h pour ce dernier tronçon, avec ma pause je mettrais 1h18. Je marche rapidement, mais je ne cours pas. Je devrais, mais j’ai juste envie de profiter à ce moment. Et j’ai un peu peur du dernier mur… On y arrive doucement à ce dernier mur. De loin, on aperçoit la pente et les quelques virages qui mènent à l’arrivée. Impressionnant. J’ai un peu la frousse, je vais déguster. Bizarrement, dès les premiers pas en montée, je me mets dans ma bulle et je garde le rythme (lent…). Et 25 minutes plus tard, l’arrivée est enfin en vue… Ma femme et mon fils me rejoignent, nous ferons les derniers mètres ensemble !!! Trop la classe :) L’arche est là, à portée de main, on y est !! Youuuhouuuu !!!

 

 

 

Je suis R-A-V-I, finir dans ces conditions, avec ma petite famille qui est là, c’est juste magique.

Impression à chaud dans la voiture au retour….

Oui c’est sûr, tout ceci est un énorme Barnum, remplit de coureurs, ce n’est pas sauvage (© Arclusaz), on passe pas mal de temps en fond de Vallée…

Mais franchement, l’ambiance est tout juste géniale, l’orga est irréprochable (bon à part la navette du matin, mais ça ne doit pas être leur faute !!), et c’est quand même une coursette près du MB :)

J’ai adoré !!

 


 

Points positifs:

  • Aucune douleur au genou, même quelques jours après la course. Ça c’est plutôt une excellente nouvelle ! Les séances d’étirement font du bien, je suis content que cela soit de l’histoire ancienne.
  • J’ai l’impression d’avoir enfin trouvé un équilibre d’alimentation pendant la course. Pas d’hypoglycémie et pas de déshydratation. (La St-Yorre au ravito, c’est une révélation !)
  • Je termine fatigué, mais pas exténué. Je pense que j’aurais pu tenir un rythme plus élevé, mais la prudence a été de mise. Allez j’aurais pu gagner 45 min peut-être ?

 

Points à améliorer:

  • Il faut que j’arrive à me mettre en tête que le rythme quand on court tout seul ou en très petit groupe n’a rien à voir avec celui d’un peloton. Qui plus est en fin de peloton. C’est plus difficile de trouver le bon rythme et de le garder.
  • Il faut que j’apprenne à courir pour de vrai. Sur un parcours comme celui-ci, je me dis qu’il y a bien des tronçons sur lesquels j’aurais pu relancer et courir plutôt que de marcher. Après ça viendra surement avec l’expérience….

 

 

8 commentaires

Commentaire de bipbip73 posté le 29-06-2016 à 17:18:34

Bravo pour la course et le récit.
Merci pour ce récit, cela donne une petite idée des courses du coté de Chamonix.
C'est vrai comme vous dites, au vu des photos on se croirait sur l' A7 un jour de grand départ.


Commentaire de polosh posté le 30-06-2016 à 07:42:10

Merci beaucoup! Oui le petit bouchon était avant Vallorcine, ça donne une bonne idée de la densité, même en fin de peloton...

Commentaire de Arclusaz posté le 30-06-2016 à 08:41:11

Bravo Paul pour ce retour gagnant !!
Dingue comme ta course m'a fait penser à la mienne il y a quelques années. Courir avec les BH au cul, finalement s'apercevoir qu'on a un peu de marge et finir en marchant.
Normalement, faudrait qu'on s'oblige à plus courir mais bon on ne se refait pas ! et malgré les réserves que j'ai exprimées sur le côté "non sauvage" de cette course, elle reste superbe et incroyablement bien organisée : donc, elle attire du monde, c'est normal mais faut bien l'avoir en tête avant d'y aller.

A bientôt sur nos chemins....

Commentaire de polosh posté le 30-06-2016 à 09:03:39

Merci Laurent!
C'est pas pour rien que j'avais lu et relu ton CR!! Oui tu as raison, c'est une course magnifique, et il ne faut pas se priver si l'on est tiré au sort!!
A bientôt dans les MdL ;)

Commentaire de Jean-Phi posté le 30-06-2016 à 09:27:32

C'est sympa ça me replonge en 2007 (je crois !), année où je l'avais faite. Il y avait moins de monde mais l'ambiance était déjà celle que tu décris. C'es une super course et tu as bien raison de l'avoir savourée comme tel. Félicitations pour ton retour, ça n'est jamais évident mais tu y es admirablement parvenu !
A bientôt !

Commentaire de polosh posté le 30-06-2016 à 17:00:10

Merci beaucoup Jean-Phi! Ravi que cela ait réveillé de bons souvenirs!! :)

Commentaire de Trixou posté le 30-06-2016 à 11:33:29

Belle course "de reprise" ! Bravo.

Commentaire de polosh posté le 30-06-2016 à 17:00:38

Merci beaucoup!! Bon yapluka pour un off lyonnais maintenant!!

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