Récit de la course : Esclapa l'Oeil Trail 2016, par shef

L'auteur : shef

La course : Esclapa l'Oeil Trail

Date : 11/6/2016

Lieu : Cipieres (Alpes-Maritimes)

Affichage : 1312 vues

Distance : 62km

Objectif : Faire un temps

5 commentaires

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On en a pour son argent

Cette course mérite, si j’en ai bien saisi l’esprit, un label saucisson fermier : organisée tous les 2 ans, les droits d’inscriptions se limitent à un plat fait maison, qui sert à alimenter les ravitaillements et le buffet d’arrivée. Et pour ce « prix », on a même droit à une pression à l’arrivée et un « bal dansant », pour ceux qui ont encore des jambes. Nombre de dossards limités (150 partants solo je crois) pour une organisation à taille vraiment humaine. De tous petits ravitos, et pourtant… Jamais à court de rien et surtout pas de bonne humeur ni d’encouragements de l’a part des bénévoles qui accueillent à chaque ravito comme si on faisait partie de la tête de course. On ajoute à ça un très joli parcours, logique, avec de superbes panoramas…

Et dire que j’ai failli passer à côté de cette course ! C’est en fait ma compagne qui me la dégote il y’a 1 ou 2 mois. Je me dis que 62 bornes c’est quand même un sacré morceau. Et d’ailleurs les inscriptions ont l’air closes pour cette année. Je me la note dans un coin de la tête pour 2018. C’est à ce moment que le club de trail de ma boîte envoie un mail pour dire que suite à désistements, il y a 5 places disponibles, premier arrivé, premier servi. Je contacte Clém pour voir s’y a moyen d’avoir mon samedi et zou, je m’inscris avec mon cake feta/cornichons/basilic. Ça sera donc ma plus grande course : 62km (plutôt 57 d’après la montre et confirmé par trace de trail) avec 3000D+. Un petit chantier, donc, mais finalement qui se positionne plutôt bien par rapport à mon objectif de l’année (Echappée Belle traversée Nord). D’ailleurs a posteriori je me dis que cette EB va être un sacré chantier et qu’il ne va falloir rien lâcher pour arriver au bout !

Enfin, je me retrouve donc sur la ligne de départ à 6h avec un joyeux troupeau qui s’élance joyeusement. Il fait déjà bien chaud. Je garde mes manchettes peut-être 1km.

Je suis en milieu de paquet à vue de nez, maintenant que j’ai « un peu » plus d’expérience, je ne pars plus en fin de peloton car je sais qu’ensuite je suis bouchonné. On commence par une descente de 200m avec déjà des cailloux, ça va, le contrat terrain sera bien rempli, on est dans l’arrière-pays sans aucun doute. On attaque ensuite aussi sec le gros morceau du parcours, la montée au Cheiron. Je connais presque par cœur, ce sont mes terrains d’entrainement. Un petit panneau annonce tranquillement la couleur : « première côte, 1200D+ ». Quelques plaisanteries à ce sujet. La montée se fait à rythme un-peu-plus-que-tranquille. J’entame ma traditionnelle barre de début de course. C’est que mon petit déjeuner de 4h est déjà loin !

Je rattrape quelques personnes, la 2è féminine à ce moment de la course (qui terminera 1ère).



Puis que je reviens sur la 1ère (qui terminera 2ème, je ne sais pas si je suis clair) qui s’extasie devant le paysage, et c’est vrai qu’il y a de quoi.



On reste en tout petit groupe jusqu’au sommet atteint après 1h30 d’ascension (800m/h donc, pas trop mal), en marchant quasiment tout du long, et un petit coup de gaz sur la fin. Les premier relais partis 15 minutes derrière nous commencent à passer, ça cavale à tout va !

Poinçonnage du dossard comme preuve de passage, puis je resserre mes lacets pour la crête et la descente car mes pieds bougent pas mal. Je fais 500m mais ça ne va pas, mes chaussettes tournent, forment des plis, je dois donc stopper pour les changer (j’avais prévu le coup car je testais une taille différente, trouvant mes actuelles trop petites, étant à la limite entre 2 tailles, bref…) Je revois le petit monde lâché à la fin de la montée me dépasser gentiment, mais je sais qu’il vaut mieux perdre 2 minutes et éviter les ampoules ou risque l’entorse parce que le pied bouge. Je repars sur la crête, rattrapant petit à petit, je cours dans les courtes montées, lâchant encore un peu d’énergie mais ça me semble acceptable. Et surtout, le paysage là-haut est à 360° vraiment superbe, le Mercantour, le Haut Verdon, la Méditerranée… Quelle classe, sur 6km !


A partir de là, j'ai arrêté de prendre des photos (plus trop le tmeps, ou bien occuppé à autre chose ou bien fatigué)


Bon, il faut quand même parfois garder un œil sur ses pieds. Je rattrape sur la fin un gars dont j’ai oublié le nom mais qui va faire la grande traversée des Pyrénées cet été, ça me paraît un bon lièvre raisonnable. On attaque la descente sur Coursegoules tranquillement. Je m’y suis déjà cramé les cuisses à l’entrainement plusieurs fois, donc mollo. Quelques fusées de la descente nous enrhument. Je sais que je jouerai mes cartouches sur un autre terrain, il faut savoir patienter.

Arrivée au ravito sous les acclamations du public, chouette !! J’ai donc mis 2h50 pour ces 18km, ce qui me met 34è de ce tronçon.

Le ravito est tout petit, mais on ne manque de rien. Chocolat, cake salé, remplissage des bidons, réorganisation du sac. 5 minutes d’arrêt. Je vois encore une fois passer ceux qui m’avaient repris pendant le pit-stop chaussettes…

Je repars derrière une féminine qui je trouve envoie bien. D’ailleurs ses gambettes un peu trop propres la trahissent, c’est une seconde relayeuse qui vient tout juste de partir, bien fraîche. Je me cale dans son sillage. La suite, c’est d’abord une montée d’environ 200m sur un large sentier à peine trop raide pour courir. Je l’aborde donc en marche rapide et j’en profite pour manger les 2 parts de cake que j’ai piquées au ravito. Je double quand même plusieurs personnes. On franchit une petite crête et c’est une descente, pas très raide mais assez caillouteuse. Bizarrement mes cuisses me tirent assez fort, ça sent pas bon. Je descends donc « à la cool » en me disant que ça va passer. Et effectivement, ça passe. S’ensuit une loooongue section de traversée descente, d’abord sur une piste puis sur un sentier, de plus en plus joli. Cette partie de l’itinéraire d’abord monotone devient vraiment sympathique et finalement le temps passe assez vite. Comme en plus ça descend, on peut courir « vite » (ce qui à mon niveau et à cet instant de la course se situe entre 11 et 12 km/h). D’ailleurs je reprends la 1ère féminine à ce moment de la course (qui terminera 1ère, c’est toujours pas clair ?). On arrive au pied du Pic de Courmettes, deuxième point haut, qui paraissait si loin tout à l’heure du haut du Cheiron. Un point sympathique dans cette course, c’est que quasiment de tout point du parcours, on embrasse celui-ci dans sa totalité (et parfois ça fiche la trouille).

On se retrouve sur une partie de boucle qui est empruntée à la fois à la montée et à la descente. On croise la tête de course, environ 1h d’avance. Ils ont l’air frais comme des relayeurs. Je sais que la montée au Pic pique, et c’est un terrain pour moi ! Je mets donc un gros coup de gaz et je reprends pas mal de monde sur ces 400m, surtout la fin vraiment raide avec de grosses marches. D’ailleurs j’ai dû en mettre même un peu trop, car dès le début de la descente après le 2ème poinçonnage de dossard, j’ai une douleur importante au genou gauche. Je descends sur des œufs. Je sais que je risque de me faire reprendre, mais bon, mieux vaut assurer. J’essaye d’oublier la douleur, de me dire que ça va passer, de me détendre un maximum. Et ça finit par passer effectivement. Descente très raide mais vraiment sympathique sur un sentier très joueur entre les chênes liège. On rejoint ensuite une piste en faux plat montant qui casse bien. Je me force à courir, je sens bien la fatigue mais je sais que tout le monde en est au même point et que c’est aussi sur ce genre d’endroits qu’on peut faire le trou, au moral, et donc reprendre un peu de ce que je perds dans les descentes. Je rattrape d’ailleurs un coureur qui se retourne en m’entendant, repart à la course sur 20m et finalement retourne à la marche. Je ne peux pas vraiment dire que je prends plaisir sur cette partie, c’est même plutôt l’inverse physiquement, mais je suis content de voir que ma tête arrive à trouver des arguments pour convaincre mon corps de courir.

S’ensuite encore une descente où je me traine pour sauvegarder et où je vide mes bidons. J’ai une réserve d’eau dans le sac mais je sais le ravito proche et j’ai la flemme de m’arrêter pour la prendre (pas un bon calcul, je sais, mais cette fois le cerveau n’a pas trouvé les bons arguments). Arrivée au ravito de Courmes encore sous les applaudissements, ces bénévoles sont parfaits !

5h09 au total (36km), 2h19 pour cette section de 18km, ce qui me place 14è de ce tronçon. Plein des bidons, boisson, chocolat, cake, quiche. D’ailleurs je sens que cette dernière a un peu de mal à passer. Je préfère ne pas forcer et ne la termine pas. C’est qu’avec cette chaleur bien humide, il faut gérer l’hydratation et c’est l’estomac qui décide. Je vois arriver au compte-goutte les doublés de la montée. Je reste 5 minutes comme au premier ravito.

La suite, c’est la descente au fond des gorges du Loup par la route d’abord où j’ai du mal à avancer entre 10 et 11km/h. Ce qui permet tout de même de « digérer » le ravito. On se fait encore doubler par des relais qui sentent la lessive et n’ont pas une goutte de transpiration au visage, le rêve.

On traverse le Loup et là commence pour moi la partie difficile de cette course. D’abord une montée très courte mais hyper raide pour rejoindre l’aqueduc. On traverse les 2 tunnels, à l’aveuglette pour moi car j’ai oublié de passer ma frontale sur le devant du sac au ravito et j’ai la flemme de m’arrêter (encore une histoire d’arguments). Je colle donc au concurrent devant moi et ça passe. On longe ensuite l’aqueduc à plat pendant 2,5km qui sont loooonnnng. Encore une fois, au mental. J’ai les jambes et surtout les fessiers qui crient mais je me force à avancer à 10km/h. Il faut prendre ce temps ici car après, ça ne sera pas possible. On quitte l’aqueduc pour la draie du sanglier, et c’est seulement après coup que j’ai compris que les sangliers, c’est nous ! Sentier non tracé, on grimpe dans la forêt en zigzaguant entre les arbres, ronces, il faut parfois se pencher accroupi pour passer, le tout en montant régulièrement, parfois de grosses marches. Moi qui pensait à la lecture du tracé qu’on prendrait les pistes et que rejoindre Gourdon serait la partie la plus aisée ! Je peste un peu, et en plus je commence à être bien cramé. Je me reconcentre, pense à l’alimentation, etc. Et finalement, on finit par arriver au dernier ravito de Gourdon.

A partir de là je suis de nouveau en terrain connu. Je repars bien, et dans les montées ça avance encore bien. On rejoint la crête et je « yoyotte » avec un autre coureur, qui me dit qu’il est tout crampé etc. Ravito surprise au pied du dernier coup de cul avec de belles tranches de pastèque !! J’en engloutis une, ça fait un bien fou avec cette chaleur. On reprend encore quelques gars avec mon crampé qui me lance « Allez on se les fait, on est presque au bout ! ». Tu parles d’un crampé.

On arrive enfin au sommet de la dernière difficulté, le sommet du Gaz (car une conduite passe par ici). Dernier poinçon. Puis descente par la piste du Gaz, qui suit le gazoduc. Et vous vous doutez que les gens qui ont installé ce gazoduc n’ont pas pris la peine de faire de beaux lacets. Donc ça descend… droit dans la pente, qui est vraiment raide à cet endroit. Je laisse donc filer mon crampé qui gambade et abat le truc en moitié moins de temps que moi. Tu parles d’un crampé !

On termine par un joli sentier que je connais par cœur jusqu’au village où j’arrive à bien relancer sur les parties plates (enfin, à 10km/, quoi). L’arrivée sous l’arche est à l’image des ravitos avec les acclamations. Je boucle donc ces 57km avec 3000D en 8h19 au chrono officiel, en 17è position. J’ai fait le dernier tronçon en 3h10 pour 21km, ce qui me met en 11è de la dernière section.

Je finis en relative bonne forme : cuisses qui tirent un peu mais surtout les fessiers. J’étais encore bien efficace en montée à la fin, pas trop mal sur plat et assez minable en descente. Ma cheville n’a pas tordu, mais au lendemain j’ai quelques douleurs. Aucune ampoule mais des échauffements notamment sous les « coussinets » qui m’ont rendu la fin de course un peu désagréable. J’ai géré ma course un peu comme à mon habitude, c’est-à-dire avec un départ relativement prudent et en essayant de garder une bonne efficacité tout du long (ce qui se traduit par mes classements sur les différents tronçons 34è, 14è, 11è). Je visais un temps entre 9 et 10h, j’ai donc largement battu mes objectifs : il faut que je continue à apprendre à me connaître sur ce genre de formats. J’ai géré à peu près correctement mon alimentation et mon hydratation même si à mon avis j’aurais dû boire un peu plus. Cela dit c’est l’estomac qui décide et si parfois j’avais une sensation de faim je sentais bien que ça n’allait pas passer, et dans ce cas je préfère ne pas tenter et patienter un peu.

 

Pour finir, cette course est vraiment à conseiller. Tout est parfait : parcours superbe (quelques longueurs de ci de là, mais quel tracé n’en n’a pas ?), bénévoles excellents, principe de participation culinaire…

5 commentaires

Commentaire de brague spirit posté le 12-06-2016 à 20:40:27

C'est vrai que cette épreuve,mérite le label rouge saucisson.Il n'y a rien à jeter.Il ne faut pas le crier trop fort.Sinon belle progression sur la longueur.
C'est peut etre toi,que j'ai croisé sur la passerelle sur le Loup,après avoir abandonner Lolo du06,qui a lui,par contre,bien "dégusté" sue le dernier tronçon.

Commentaire de lolodu06 posté le 12-06-2016 à 22:16:33

Je confirme brague :-)mais comme je m'y étais mentalement préparé, j'ai dégusté mais bien digéré au final
bravo à toi shef, belle course tout en remontée (le contraire de moi donc)...Il est possible qu'on ai traversé le tunnel ensemble car je précédai justement quelqu'un (peut être toi?)qui ne trouvait plus sa lampe
Tu as très bien résumé l'esprit de cette course organisé de main de maître par Francois et son équipe (comme il disait au départ 75 bénévoles pour un village de 75 habitants...!!!)
bonne récup

Commentaire de shef posté le 12-06-2016 à 22:28:54

Possible, si je t'ai confié que j'avais déjà emprunté ces tunnels à vtt, c'était bien moi.

Commentaire de lolodu06 posté le 12-06-2016 à 23:10:29

Je m'en souviens bien ( tu vois brague, j'étais encore lucide...). Moi, j'avais la lampe a 3 led et 2 lumen de puissance😜. Ravi d'avoir partagé ce (petit) bout de route avec toi et encore bravo pour ta fin de course

Commentaire de shef posté le 13-06-2016 à 08:53:28

C'est dommage car j'avais ma belle Stoots dans mon sac, j'avais simplement la flemme de la sortir ;)

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