Récit de la course : La Verti-Causse - 42 km 2016, par Pastisomaitre

L'auteur : Pastisomaitre

La course : La Verti-Causse - 42 km

Date : 8/5/2016

Lieu : St Georges De Luzencon (Aveyron)

Affichage : 2060 vues

Distance : 42km

Objectif : Pas d'objectif

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Dans la douleur...



Vidéo de la course via "caméra embarquée" =

https://youtu.be/ocv5pH_0bmM

Dimanche 8 mai 2016

Un fois n’est pas coutume, je ne suis vraiment pas en forme lorsque j’arrive à la Verticausse.

Pourtant très bien préparé ces derniers mois, et en grande forme en début de semaine, les 2-3 jours de bricolage printanier dans mon jardin m’ont causé une grosse contracture derrière la cuisse droite, due à des mauvaises positions, et quelques douleurs au dos et aux jambes.

Pourtant, je suis ravi de venir courir ici, je n’ai jamais mis les pieds dans ce coin, qui est bien connu pour être un paradis du trail, et je sais que les plateaux du Larzac sont vraiment exceptionnels.

Je ne vais pas être déçu.

Heureux d’étrenner mon action-cam, dont le but est de ramener quelques images de la course et des paysages traversés, je me lève à 4h ce dimanche, le temps de me préparer et d’attaquer les 2h de route depuis Toulouse. 

Arrivé sur place à 7h15, je récupère mon dossard et file me préparer pour rallier la ligne de départ.

Comme d’habitude, l’adrénaline monte comme il faut dans le SAS, nous sommes dans un peloton moyen, un peu plus de 200 coureurs annoncés et quelques noms connus dans la région, notamment Michel Rabat, que je croise de temps à autre.

C’est parti !

42 kms dans les Causses du Larzac, 2300 m de dénivelé positif.

On trace dans la rue principale de Saint Georges de Luzençon, joli petit village dans une vallée Aveyronnaise, et on pique presque de suite à gauche pour attaquer directement la première montée.

Et bien sûr, ça part vite. Ça part toujours trop vite ! Et, je parle pour tous les coureurs sans trop me tromper, on maintient la cadence, même si on passe au rouge.

C’est dans le premier kilomètre que je sens bien que je vais souffrir dans cette course, ma contracture me fait mal, même après échauffement, et je souffle comme un bœuf dans cette première montée. Ce n’est pas dans mon habitude, et il reste 41 kms…

On traverse le centre du village et on passe à proximité d’un lotissement récent avec des maisons plus modernes, ce qui marque par rapport aux maisons en pierre croisées précédemment. De là, on peut déjà apercevoir le relief typique du coin, des sommets de collines très raides marqués par des falaises abruptes et rocheuses, des vallées encaissées et une aridité de la végétation bien marquée. La suite de la course montrera que 2 paysages se distinguent dans la région, les hauts plateaux étant bien différents.

Ca grimpe mais personne ne s’arrête de courir, malgré la pente bien raide. Je lutte un peu mais lâche finalement du lest et commence à marcher. Je sors et déplie les bâtons et attaque ma foulée de montée.

Beaucoup de cailloux ici, pas toujours simple de planter les bâtons. Ça monte un peu, puis ça redescend, mais je sais que nous allons globalement monter une pente assez raide pendant 5 kms. J’ai toujours sur moi le profil de la course pour appréhender les difficultés. Le mental !

En levant la tête, je peux voir le haut de la colline, marqué comme dit plus haut par ces falaises rocailleuses. Je sais qu’on va passer au-dessus, mais à ce moment-là, je me demande vraiment par quel côté. J’aperçois des coureurs dans un virage un peu plus haut. Je ne sais pas si c’est le groupe de tête mais en tout cas ils ont bien avancé en 2 ou 3 kms.

Tant bien que mal, je prends un bon rythme et passe une dizaine de coureurs sur la montée. Je ne suis pas au top mais je me concentre sur la difficulté en cours et arrive en haut, et je peux contempler ce que je vais voir quelques temps ici : les plateaux du Larzac !

On est à environ 700m d’altitude, le sommet de la colline est donc très vaste et très plat, d’où la définition d’un plateau, mais ce qui marque le plus ici est la différence de climat, puisque le très fort vent renforce considérablement le froid, et la végétation se limite à quelques buissons et beaucoup d’herbe.

On retrouve du plat et je cours ici avec grand plaisir, en gardant de temps en temps la main sur la casquette, car faut pas déconner, je me vois mal lui courir après.

Je prends également plaisir à sortir la cam de temps en temps. Je souhaitais vraiment avoir et accessoire de ce genre pour ramener des images, mais en aucun cas ça ne devait gêner ma liberté de mouvement, ni m’empêcher de profiter pleinement du moment, car ce sont vraiment 2 critères essentiels pour moi en course.

Puis finalement, pour toi qui lis (qui est arrivé jusqu’ici du moins, ça veut dire que je t’ai pas gonflé et c’est déjà pas mal) c’est quand même sympa de retrouver la description en image.

J’ai donc bricolé un système pour clipser la cam sur mon sac sans qu’elle bouge trop quand je cours, et pour la sortir facilement quand j’ai envie de capturer un truc sympa. Et bien sûr, étant adepte des bâtons, je ne peux pas la garder à la main..

Bref, j’ai trouvé le bon compromis et arrive à prendre plaisir en capturant quelques images de temps à autre.

Je me sens plutôt bien dans la première descente, relativement courte, et attaque fort, cela étant habituellement un point fort pour moi. Je trace et je double, j’adore cette sensation et ai tendance à avoir de très bons appuis sur terrain difficile.

Je gagne quelques places et le terrain remonte.

On est plus tout en fait sur le plateau mais on passe à flanc de colline, il y a donc alternance de petites montées descentes. On a une vue exceptionnelle sur la vallée et pouvons contempler de temps à autre la raideur de la falaise sur la gauche.

Le chemin ressemble la plupart du temps à une monotrace qui passe au milieu de forêts arides, il y a pas mal de rochers et une terre légère. Bref, le top du top pour courir pour moi, de superbe sensations que d’allonger la foulée ici, zigzaguer en suivant le chemin, en passant d’un côté et de l’autre d’un rocher, se retrouver devant un semblant de falaise et repartir de l’autre côté. Magnifique.

Vient ensuite un passage sympa, interdit à ceux qui ont le vertige. 

Un gars de l’orga annonce le danger. La monotrace fonce dans le vide, et le chemin frôle la falaise rocailleuse. En fait on contourne un énorme rocher surplombant le vide, en étant protégé uniquement par un câble accroché à quelques pieux en métal.

Court mais intense !

On approche du 10ème km, je sais que le parcours passe sous le viaduc vers le km 11, mais je m’étonne vraiment de ne pas l’avoir encore aperçu alors que je peux voir la vallée depuis mon arrivée en haut du plateau. Pourtant on ne peut pas le rater !

La monotrace continue son chemin, je m’en lasse pas, on est dans un bois clairsemé composé de petits arbres secs, paysages un peu provençal à mon goût, puis mon regard tombe tout à coup sur le viaduc. Effectivement on ne peut pas le rater. Il est majestueux et s’intègre parfaitement dans la vallée. Une construction aussi immense et aussi moderne, au milieu de ce coin autant préservé par la nature.

Pourtant je ne trouve pas qu’il représente une pollution visuelle, il est magnifique et mérite sa place.

Je sais que le chemin passe sous le viaduc, puisque le 1er ravito est au pied d’un pilonne, mais pourtant on grimpe en zigzag dans la colline, toujours dans cette même « garrigue ». On s’approche de plus en plus du viaduc, entendant sans cesse les véhicules passer dessus à toute vitesse. En effet, à force de grimper, le viaduc se trouve désormais à proximité et en contrebas.

Vient ensuite une sacrée descente. On sort des bois et attaquons une pente extrêmement raide et faite en grande majorité de caillasse complètement friable. C’est abrupt et la descente devient glissade.

Je m’aide des arbres pour contrôler mes pas. Ma main gauche a une ampoule crevée et la peau s’est arrachée en grande partie, laissant la chair à vif (merci la pioche, taquinée la veille pour préparer le potager). Je trouve rien de mieux que de riper sur un arbre en m‘y accrochant, m’égratignant au passage directement à l’intérieur de l’ampoule, sur la chair à vif.

Putain ça fait mal.

Pour le « planté de bâton », je dérouille un peu mais fait abstraction.

La descente glissade continue et j’arrive au pied du pilier, monumental. A se demander comment des êtres humains ont pu trimbaler des trucs pareils jusqu’ici, et les empiler pour en faire quelque chose de solide..

Le chemin part à gauche et contourne le pilier, le ravito est effectivement au pied de ce dernier.

C’est ici que je sens que je ne gère pas bien ma course. Je bois 2 verres d’eau, preuve que je ne bois pas assez depuis le début de la course car j’étais assoiffé, et j’ai du mal à encaisser le coca, qui est la base de mes ravitos habituellement.

L’estomac lourd, je repars assez vite.

On aperçoit Millau plus loin. Je sais que je vais descendre un peu et repartir pour une belle montée avant de commencer à entrevoir Creisseils.

La descente est tranquille.

Puis vient le début de la montée. Il y a environ 200 ou 300 D+, je les attaque tranquillement et, même si les jambes sont un peu lourdes, je me sens pas trop mal toujours très à l’aise avec les bâtons et je fini par accélérer.

La pente est bien raide, le chemin est à peine assez large pour doubler et grimpe à pic. Nous sommes dans un sous-bois typique du coin, comme décrit plus haut. Je ressens systématiquement l’effet d’un climat aride dans ce coin, les sous-bois paraissent toujours sec et les chaussures n’on jamais collées au sol, contrairement aux Citadelles fin mars dernier ou l’argile collait constamment aux pieds.

Le chemin tourne de temps en temps, j’ai une dizaine de coureurs devant et quelques-uns derrière. Peu à peu je me sens plus rapide que mes camarades et commence à doubler. Beaucoup de coureurs ralentissent et je remarque que pas un n’a des bâtons. C’est le cas pour pas mal de monde aujourd’hui. Moi je suis adepte et si je sais que je vais avoir affaire à du dénivelé, je les prends systématiquement.

Je reconnais un coureur que j’ai doublé trois ou quatre fois depuis le départ, je le double à chaque fois en montée, il me reprend sur le plat.

Bon il finira devant moi..

Peu à peu, je rattrape le dernier coureur et prends de l’avance, le chemin s’est transformé en monotrace et le bois s’est clairsemé avec l’altitude. On aperçoit clairement Millau en bas et je sens le ravito se rapprocher.

Le chemin fini par redescendre assez raide et on pique droit vers quelques installations sportives.

Je rejoins le plat de la vallée et pique vers un stade. Il y a un peu de monde qui encourage, je me tourne et vois que le premier coureur est relativement loin dernière. Je suis satisfait de mon début de course finalement.

Le chemin passe dans des endroits improbables. Pourtant, même en étant seul de temps à autre sur la trace, je n’ai pas douté une seule fois du chemin à emprunter ! Grosse félicitation à l’orga, de toutes les courses que j’ai pu faire, je n’ai jamais vu un balisage aussi complet !

Je me mouille pas en disant que s’ils avaient laissé seulement la moitié des rubalises, personne ne se serait trompé de route.

C’est impressionnant, félicitations !

Après quelques zigzags qui font contourner la poubelle, longer le ruisseau, passer la porte du stade, on emprunte une petite monotrace à travers champs et je commence à grimper une petite difficulté qui sera la dernière avant le ravito et le début des choses sérieuses (oui, j’ai regardé le profil de course…).

Ça grimpe un peu et je me retrouve sur une route en haut d’une crête, la vallée du Tarn et le viaduc trônant majestueusement à ma gauche, Millau en contrebas  face à moi et les Causses à ma droite.

Je vois des coureurs un peu plus loin sur la route à ma droite en direction de la pente. Je me dis que c’est étrange, que je devais descendre vers Creisseils si j’en crois le profil.. Une fille de l’orga me dit que la route à droite sera pour plus tard, que le chemin descend pour moi.

Ok, en fait les gars que j’ai aperçu sont bien en avance par rapport à moi…

Le chemin descend bien raide et on arrive à l’entrée de la ville, aux alentours du km 19.

On passe près d’un parc, il y a un peu de monde venu encourager les coureurs et j'aperçois le ravito.

Petit ravito pour moi, du mal à avaler mon coca qui restera planté dans l’estomac, je lutte pour avaler un Tuc et je sens les jambes qui chauffent.

Je pense honnêtement que ma méforme du jour a également entamé ma gestion de course…

Cette dernière est définitivement ratée aujourd’hui. C’est pourtant très important, s’hydrater très régulièrement avant même d’avoir soif, compenser les pertes de sodium créer des apports en sucre. C’est tout raté aujourd’hui et je le regretterai en fin de course.

Je me ravitaille comme je peux et repars. Le bord du trottoir sur lequel je me trouve est bordé par un aqueduc, l’eau y est claire comme elle l’est dans toutes les rivières du coin. C’est magnifique.

Plus haut, on voit la rivière en question tomber en cascade près d’un bâtiment public. C’est très beau.

Un gars de l’orga annonce ma position, 78ème pour moi.

Content !

On sort du village et longeons la petite rivière, qui s'écoule en succédant cascades et trous d’eau, le tout dans une impressionnante clarté.

Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer toutes les truites farios qui se cachent la-dessous…

A partir de là, la très grosse difficulté du jour commence et durera entre 2 et 3 kms.

La première partie concerne la remontée entre Creisseils et la fameuse route vue précédemment, où j’ai aperçu des coureurs bien en avance par rapport à moi.

Et cette première partie est réellement une belle surprise pour moi.

D’abord par sa difficulté, car on alterne facilement marche et escalade pendant quelques centaines de mètres, mais aussi parce que nous sommes dans une végétation luxuriante, sur une monotrace parfaite qui va traverser de gros creux dans la falaise, le tout en longeant le ruisseau suivi plus bas. Arrive le moment où l’on passe à proximité d’une immense cascade, on se croirait presque à la cascade El Limon vue en République Dominicaine quelques semaines plus tôt. Quoi que, je pense que c’est plus beau ici !

Encore un peu d’escalade puis on arrive directement sur la route qui grimpe sur le plateau.

La seconde partie de la montée va rester mémorable, à tel point qu’elle atteindra quasiment la difficulté physique d’une journée de shopping un samedi. Exemple frappant.

Je suis 2 coureurs depuis le ravito quand le chemin pique à droite vers les sommets.

Le chemin se transforme en une véritable falaise. Le paysage des plateaux va se former durant ce kilomètre d'ascension.  La végétation se raréfie et certaines portions se font carrément avec les mains.

Je suis sur une sorte de crête et m’accroche à mes bâtons, le regard sur les pieds.

J’en chie vraiment  aujourd’hui et cette montée attaque à peu près toutes les parties de mon corp.

Je me retourne de temps en temps, non pas pour regarder qui arrive derrière moi, mais pour regarder le paysage qui devient sublime.

Peu à peu, en alternant escalade, marche et piétinement, j’entends des voix plus haut et perçois une sorte d’estrade marquant le lieu d’un point de vue pour admirer le payage. Ce doit être le sommet.

Certains passages se font à peine à 1m du bord de la falaise, vertigineuse. Il faut encore une fois laisser le vertige dans la voiture.

Tant bien que mal, j’arrive sur la route et rejoint le fameux estrade.

Je profite du paysage. Le ciel est gris mais la vue est époustouflante. Le viaduc fièrement ancré dans sa falaise sur la gauche, Millau nichée dans sa vallée sur la droite.

Des coureurs apparaissent au loin en bas de la colline. Vue d’ici, la montée que je viens de terminer est  impressionnante par sa raideur.

On est environ au km 22 et je pars maintenant pour une dizaine de kms de course sur les hauts plateaux du Larzac.

La grimpette n’est pour autant pas terminée puiqu’elle continue sur une monotrace pelée au milieu de l’herbe recouvrant ces plateaux pendant un bon kilomètre encore.

Ces 10 kms vont longer le bord de la falaise pour rejoindre l'autre côté des Causses, du côté du viaduc.

Décidement, on se croit sur un autre planète sur ces hauts plateaux. Le paysage est « lunaire » ! Pelé et apparaissant comme un terrain très légerement valloné et aride. Typique des paysages du Larzac que j’ai pu voir.

Aux alentours du km 23, le chemin redescend légèrement à flanc de colline.

Je suis totalement seul et décide de faire la pause vidange à laquelle je pense depuis un moment.

Je stoppe quelques secondes face à la falaise, devant cette superbe vue.

2 coureurs arrivent, le premier passe, je m’incruste devant le 2d et accélère.

Nous sommes sur une monotrace bien « caillouteuse » en descente.

Après quelques alternances de montées descentes, je demande au gars derrière s‘il veut passer, car je sens qu’il me suit à la trace depuis 2-3 kms. Il me dit que non, que le rythme lui convient.

On parle un peu lorsque la piste d’élargit. Sacré hasard puisqu'on est du même coin! Habitant 2 villages voisins au nord de Toulouse.

Cette rencontre a été sympa pour nous 2 je pense car la deuxième moitié de course n'a pas été simple. Merci Anthony pour ton soutien !

On arrive sous le pont de l’autoroute, cette dernière qui file droit sur le viaduc. La ravito se trouve juste là. Je me ravitaille aussi mal que sur les précédents, et commence réellement à avoir des crampes. Je fait l’effort de m'étirer proprement, ce qui fonctionne temporairement, j’essaie de m’alimenter en sucré et salé et je m'assieds, chose qui me ressemble pas généralement…

Le vent est terriblement fort ici et fait tomber la température. J’avait chaud plus bas et j’arrive  avoir froid ici malgré mon polaire.

Un coup d’œil à Antho, avec qui on a décidé de continuer la route à 2 et on décolle.

Je me sens bien mieux, on repart à travers le plateau pelé en discutant Zinzin, club de course à pied de par chez nous dont il est membre. On se fait doubler par une fille déjà vue précédemment, qui finira finalement 3ème féminine.

On doit être au km 27 environ.

Le chemin descend bien raide à partir du km 30. Le payage est magistral puisqu’on passe dans une sorte de canyon, c’est assez impressionnant.

Malgré les douleurs, je prends mon pied sur cette descente bien raide. Il y a souvent ici des cordes le long du chemin. La forêt est un peu plus dense et on s’accroche pour ne pas déraper.

La monotrace est étroite et parfois pentue, je passe pas loin de riper sur le côté à plusieurs reprises, mais arrive finalement en bas entier.

J’attends Anthony quelques secondes et on repart en petites foulées. A ce moment là de la course, on est en bas de la vallée et il nous reste bien sûr à remonter les Causses jusqu’en haut pour rejoindre l’arrivée. Le contraire serait trop simple !

On court sur un chemin le long d'un ruiseau. Ce chemin alterne bois et lisières des champs. Le ruisseau est magnifique ! courir ici est vraiment agréable bien que je ressente de la détresse dans la plupart de mes foulées.

On arrive finalement au ravito de St Geniez de Bertrand. Ce  dernier se trouve sous un auvent devant une sorte de salle des fêtes.

Comme de coutume en cette belle journée, je fais un ravitaillement de misère qui ne risque pas de me revigorer. Mais à ce moment-là de la course, je cherche à finir, pas à me remettre sur pied.

Le coca ne passe pas très bien, j’essaie de grignoter mais j'ai un peu de mal.

J’aurai même pas touché à ma barre Isostar, cadeau habituel de la remise des dossards.

Habituellement, je m’alimente régulièrement en courant avec Isostar, Twix, Lion etc… pour garder un bon apport en glucide. Aujourd’hui rien de tout cela, ça me servira de leçon.

Je m’étire, m’assieds, j’ai les jambes qui tirent.

Antho à l’air en forme ! On décide de repartir. On court un peu sur la route en faux plat montant.

J’ouvre la route et reprends la marche en disant que je n'arrive plus à courir. Antho me suit.

On sais ici qu’il reste 2 bonnes difficultés avant l’arrivée.

La première arrive vite. À ce moment là, on se dit qu’elle va être difficile. Je me mets en mode gladiateur, baisse les yeux au sol et me concentre sur le mouvement de mes bâtons pour enlever le plus de travail possible à mes jambes. Le chemin est large et accidenté, je grimpe comme je peux et ne me fait pas doubler.

Le haut du plateau arrive assez vite finalement mais redescend aussi sec.

Je n'ai pas le temps de courir, mes jambes sont criblées de crampes. Je lutte avec l'une d'entre elles très persistante près du genoux. Je me dit qu’elle va finir par passer en enchainant les foulées. Finalement une autre me prend derrière la cuisse et je dois stopper.

Je vois Antho devant, il se retournait de temps en temps avec un petit mot d’encouragement depuis les quelques kilomètres qu’il ouvrait la route. Je sais que je vais m’arréter quelques minutes mais je ne me manifeste pas pour ne surtout pas stopper son élan, il est en canne se serait dommage.

Je gère tant bien que mal et m’étire de plusieurs façons car les crampes partent vraiment partout, l'avant et l'arrière de la cuisse, mollet, aducteurs. Jamais je n‘ai été sujet à cela auparavant, ou pas dans ces proportions en si « peu » de kilomètres. Je me fait doubler par 5 ou 6 coureurs qui, comme toujours, demandent si ça va.

Je repars après quelques essais et arrive à reprendre un bon rythme.

Je regagne une ou deux places dans la descente. Cette dernière s‘apparente vraiment à un canyon. La Causse qu’on vient de grimper est à ma droite, on redescend juste dans un creu pour remonter de l’autre côté. Le chemin est très escarpé et très technique, les falaises rocheuses sont juste incroyables. J’arrive à peu près à prendre du plaisir dans ma contemplation quand la dernière, l‘ultime montée tant attendue arrive enfin !

Les gars près de moi ne sont pas trop motivés non plus.

Le décor est le même que la montée précédente.

Le terrrain est accidenté, je souffre et fait quelques minis breaks pour gérer les crampes naissantes. On longe le sommet sans jamais y parvenir et piquons finalement droit vers les plateaux après une dernière rangée d’arbres.

Je vois qu’un dernier relief nous attends sur les collines pelées des plateaux. J’aperçois un gars tout en haut que je pense reconnaitre : il ne reste que la descente finale à Anthony pour boucler sa course.

De mon côté, je me trouve dans un faux plat descendant longé de clôtures,le chemin remonte clairement ensuite pour piquer à gauche sur une route et repartir en face dans la descente.

Ce faux plat sera mon second lieu de souffrance. Je reconnais un gars que j’ai croisé au ravito de St Geniez qui choisit un poteau pour s’appuyer dessus et gérer ses crampes, qui ont l’air chez lui aussi de partir de manière anarchique.

Je choisi mon propre poteau et l’imite.

Quelques minutes passées à me tortiller dans plusieurs positions et je reprends ma route.

Je grimpe la dernière côte et suis le balisage pour apercevoir le village d'arrivée en contrebas.

Dans la descente finale, je vais alterner plaisir et souffrance.

Le chemin descend en lacets le long de la colline, certains passages sont pleins de cailloux, d’autres couverts de terre.

Je sens un groupe derrière moi, mais même dans la souffrance, je ne me ferai pas doubler. Il doit rester 3 kms à tout casser, je vois loin devant un gars qui a pas l’air au top de sa forme et me motive pour le passer, ce qui sera fait assez vite. Mon but est maintenant de garder ma position jusqu'à l‘arrivée. La descente s’adoucit et on rejoint un chemin plus large. Des randonneurs, qui ont pris un dossard pour 17 kms le matin même, se trouvent là, je me fait encourager et ça fait chaud au cœur.

Je rejoins les abords du lotissement moderne longé au début. Je pénètre dans une petite ruelle au milieu de maisons en pierres avant que le chemin ne se faufile dans une ruelle étroite. Je pense rejoindre de suite la rue principale du village mais non, il reste encore un peu de route.

Le chemin descend à travers un pré et rejoint le bord de la rivière, des gens encouragent encore !

Les jambes en coton, je serre les dents pour maintenir mon allure, le chemin grimpe légerement pour récupérer la route principale du village, je me débine pas et garde ma foulée, dernier virage et je vois l’arrivée, j’aurais presque pu doubler les 2 gars de devant, qui viennent de pointer finisher !

A mon tour de passer la ligne… OUF !!

Que ce fut dur aujourd’hui.

5h55 de course, 84eme sur un peu plus de 200 partants annoncés.

Je me fait badger et m’assieds directement sur le trottoir. Pas longtemps car me crampes me bouffent litteralement les jambes dès que je me baisse.

Je rentre finalement car le speaker anonce la remise des récompenses.

La aussi j’ai l’air fin, à m’assoir et me lever directement pour m’étirer dans des positions improbables. L’acide lactique m’a bouffé en cette fin de course.

J’arrive à m’assoir et prends plaisir à regarder la remise des prix.

Michel Rabat, quel grand homme. L’air tellement simple et sympa, normal j’ai envie de dire. Et pourtant capable de claquer moins de 3h50 sur un parcours comme celui-là.

Bravoi à lui !

J’ai pas vu Antho, arrivé 7mns plus tôt, on a dû se croiser..

On se reverra dans nos coteaux.

Prochain objectif, 52 kms et 3800 D+ au trail des crêtes, pour toucher du doigt le pic de St Barthelemy. Sur cette épreuve, la gestion de course chaotique d'aujourd'hui sera éliminatoire…

Encore bavo à l’équipe de la Verticausse pour leur balisage et leur orga au top !

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