Récit de la course : Serre Che Trail - Grand Tour des Cerces 2015, par Free Wheelin' Nat

L'auteur : Free Wheelin' Nat

La course : Serre Che Trail - Grand Tour des Cerces

Date : 13/9/2015

Lieu : Le Monetier Les Bains (Hautes-Alpes)

Affichage : 2335 vues

Distance : 49km

Objectif : Pas d'objectif

8 commentaires

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De l'eau de là , de l'eau de là haut...

D’accord, je m’en lasse, mais là, ce matin, ma crème déj est particulièrement dégueulasse… sucrée, mais sucrée… beuark…
Puis  tilt !
Oh naaaannnn, j’ai pas fait ça…


Ben si ma caille, tu as dosé en 1 les sucres et en demi le reste … Quelle gourde , mais quelle gourde !!!
Choix cornélien s’il en est,
1)ou  je ne le mange pas et c’est pas la banane qui me reste , la tranche de pain et des gâteaux que je n’ai pas envie d’avaler  qui vont suffire (j’ai pas pensé au reste de salade de riz, tiens…) et je crains le pire,
2) ou bien je le mange et je fais une belle hypo réactionnelle , et je crains le pire.

Après un bref entretien avec moi-même, je choisis le pire n°2 , je peux pas partir le ventre vide avec ce qui s’annonce (il pleut depuis déjà un petit moment) , et avec un peu de chance, ma glycémie sera à la normale d’ici le départ.
Tope là ! (beurk… au second haut le cœur à la fin du bol, j’ai lâché l’affaire…)

Avant de quitter la voiture, ah, la Stoots.
C’est pas vrai, mon homme m’a refilé une frontale qui ne marche pas !!!!
Bon, c’est l’heure, je prends quand même ,( j’arriveraiàcollerquelqu’unpersonneneverraqueje n’aipasdefrontale,yatoujoursunesolutionminceilsvendaientdesfrontaleshiersoirpisya qu’uneheuredenuitavantleleverdujourmaisquelleconnepourquoijen’aipasvérifiéhier ???)et on verra après .
Bien mieux à la lumière de la salle puisqu’ayant débranché moi-même le câble de l’ordinateur en partant, il était normal que la fiche de raccordement optique/batterie ne soit pas à son branchement habituel…
Je suis définitivement et irrémédiablement une femme Barbara Gourde…


Bon, l’été aura été au-delà de toutes mes espérances côté énervement/fatigue/heures de boulot.
C’est bien simple, après le Verdon, 15j d’arrêt normal, reprise de 15jours puis paf, blessure à la fesse gauche et bassin déplacé , re 15 jours d’arrêt sans même piedtaf puis reprise à pas 2 sorties/semaines (pas le temps, et même plus l’envie), et ah, mince, le Serre Che c’est la semaine prochaine.
Et pour couronner le tout, maman est à l’hopital à 1200 bornes d’ici : tchernobyl dans la tetê, toutes les conditions sont réunies pour réaliser une course de malaaaaade ! lol

Donc après tout ça, je décide ,même si ça a fait rigoler Chantal que je retrouve ( avec grand plaisir) au départ de la course , de courir le Grand Tour en touriste.


Comme d’habitude, je courrai comme je le sens, mais c’est pas possible d’espérer une perf vu les conditions météo prévues et le reste.
Le  souvenir mon abandon pour hypothermie sur l’Ardechois est vivace et je flippe ma race , car même si j’ai vaguement estimé raisonnables les températures prévues à 2500m , quelque chose me dit que rien n’est moins sûr qu’il en sera ainsi…
Je compte gérer le truc en mode ultra avec 9 à10h de course (je n’ai pas trop tenu compte de la réduction de dénivelée, j’ignore comment sera la progression côté terrain détrempé) .

Le ciel nous tombe dessus avant même le départ, et merci, le petit discours avant départ sera bref !!

 Mes bonnes résolutions se prennent une claque au premier ravito puisque ayant vaguement calculé qu’il me restait 2h de flotte et une demi litre de coca/eau (2nd test du jour, après la crèm déj, même plus peur ! ) , j’ai de quoi rallier tranquille le second. Et il ne fait pas 40degrés, je peux me permettre un léger déficit « si jamais ».
Donc après un bref coup d’heure à la montre histoire de voir l’heure qu’il est, je trace direct , pas d’arrêt pour celui-ci.
La hantise du jour  ne me lâchera pas de la course : « te refroidis pas , t’arrête pas ! »

Autant d’habitude, j’ai toujours de la musique dans la tête, là , c’est pollué par des injonctions, mantras débiles, un babil incessant…
« t’es bien, là « , « le froid il est dehors, pas dedans », « la chaudière tourne-la chaudière tourne » , « t’es mouillée mais t’as chaud, cool »  « t’as vu, y’a du vent mais t’es bien » etc etc…
Je me surprends à apprécier la course, et à ne pas avoir froid, JE SUIS LA et JE VIS .
J’essaie d’accepter l’inconfort de l’humidité , du vent et plus tard, du froid.

Et ça marche puisque je m’éveille à nouveau à l’extérieur , et je me marre franchement par moments, notamment après le 1er ravito planqué dans la forêt : ça faisait un moment que je trouvais l‘endroit un brin étrange au lever du jour , vraiment vert, sympa, et je m’attendais presque à voir surgir des maison de hobbit au détour du chemin ou des elfes bondir derrière les arbres (juste des piafs…).
Ah d’ailleurs j’entends  de drôles de voix féminines , drôle de phrasé à travers le Ffffrrrchhht – Ffffrrrchhht- Ffffrrrchhht de la capuche de la goretex sur le bob (vi, il est avec moi , et heureusement, car sans, c’est FFFFFFRCCHHHHTTTT- FFFFFFRCCHHHHTTTT- FFFFFFRCCHHHHTTTT !!!! que ça fait, et en plus, ça me tombe sur les yeux…) .
Je pouffe (1ère édition) « oh, des hobbits »  !  ( en fait des aimables et enjouées dames anglophones encapuchonnées dans des capes de pluie, bien sagement rangées au bord du sentier).   
En revenant sur le bruit, il y en a eu beaucoup, le vent, la cape plastique du gars devant (ouf, j’ai failli prendre la mienne à la place du coupe vent XXL trouvé sur une sortie, ça ne m’aurait servi à rien !), le bruit de l’eau…
Oui, très sonore finalement, ce trail.

A découvert , ça rigole moins, j’ai toujours en tête « la chaudière tourne-la chaudière tourne » , et même si les gants de parapente sont trempés, je serre les mains , ça essore, et je trouve même marrant ce qui en coule, mais je n’ai toujours pas froid aux mains.
On attaque la seconde bosse , et la vraie course commence. Vent , toujours flotte, on est dans le nuage, et les températures baissent .
Le coin doit vraiment être chouette, c’est vraiment con tout cette brume. On devrait voir la vallée en principe…
Bien contente de ne pas être là pour longtemps, tout se complique.
J’essore les gants , mais ça y est,  le froid prend prend ce qu’il y a dedans, ça commence … Allez,  dansez petits doigts !.
Cool, pas de panique, j’ai les néoprène dans le sac (3ème test…) .


Mince, j’ai un truc dans la chaussure gauche sous le pied…
Ah, non, déjà senti ça, c’est le froid qui perturbe les capteurs sensitifs, d’ailleurs ça se confirme,  de l’autre côté, je ne sens carrément plus l’orteil gauche.
Avec les chaussures que j’ai , normal , ce ne sont pas des Hoka, je ne suis pas bien isolée côté thermique vu l’épaisseur des semelles !


Mais bon, j’accepte, ces sensations/absences de sensation n’empêchent en rien la progression, ça reste périphérique, tout va bien.

Oh merde !! Dark Vador !!  8O


En fait un gros cairn en haut d’un monotrace , vraiment la silhouette avec juste comme différence une toute petite tête à la place du casque.


Je suis d’un seul coup catapultée sur une Tattoin glaciale et venteuse, à rétorquer mentalement à la silhouette, « nan , mais ça va pas garçon, tu te crois où ? » et a pouffer toute seule comme une jeune écolière devant son premier mec à poil dans une tasse à saké…
Et la lucidité revenant, je me rappelle avoir lu y’a pas longtemps le post sur les hallucinations, et je me dis que merde, si après 3h de course j’en suis déjà là, c’est pas gagné pour la suite !!

Et pas plus de 10mn après (en haut de la première bosse ?) , c’est pas vrai... Je suis toujours dans Star Wars, ici c’est une tribu d’Ewoks sur laquelle j’arrive 


Bon… Désolées mesdames… merci d’être là … simple méprise… Ah 26-46, Ok, ce sera gauche pour moi … Oups…

Je me souviens d’un sommet du Garlaban par un froid à décorner les corbeaux ou les contrôleurs ressemblaient carrément aux extra terrestres en métal du début du "5ème élément", tellement les couches de doudounes enfilées étaient conséquentes …
Bon, bah hier, c’était Star Wars et Bienvenue en Mordor…

Au second ravito, « t’arrête pas p…n , t’arrête pas «  , un gentil garçon me prend en charge alors que je saute et gigote dans tous les sens « t’arrête pas p…n , t’arrête pas !«  


 OH QUE C EST BON L ASSISTANCE AU RAVITO !!!.


Pendant qu’il me remplit la poche (peux pas… je ne sens plus du tout mes doigts cette fois-ci) , je me translate au bout de la table en dansant toujours le pogo pour récupérer un peu de soupe dans mon test numéro un , à savoir une bouteille de 500ml avec un embout de pipette de poche à eau widepack (sans cette fois-ci l’ouverture d’équilibre de pression).
Ca marche!! C’est léger, ça encaisse le coca/eau secoué, suffit juste à après chaque série d’aspirations de dévisser légèrement le bouchon.
 C’est génial, mieux que mon premier essai plus péchu mais moins étanche ! (hein Banditblue, tu te souviens du trail Oxubii ? lol)

Bref, je rigole, mais poukram, j’ai encore envie de pisser (pas assez bu, étonnant, non ?) et j’ai beau tourner, tout est à découvert, je passe  derrière le chalet…ah…en plein vent…
Et bien, se désaper toute mouillée et poser culotte en pleine tempête , c’est coton !
1) le collant trempé colle à la peau et ne veut pas descendre
2) second effet kiss cool avec la pluie glacée qui vous mord les cuisses et les fesses
3) 3 ème effet kiss cool avec le même collant qui bien sûr ne veut pas reprendre sa place et qui emmène avec lui le slip qui s’enroule dans la ceinture donc tortille toi pour remettre chacun à la bonne place que gnnnn, rhââââa, ça caille, merdeuuuu, je vais y passer la nuiiiiiit !!!!


Après ça enfilage assisté des néoprène  et zou, exit, merci Gauthier !!!  

Je repars un peu vénère d’avoir perdu autant de temps , mais ravie d’avoir vu Xavier kikourou (pas plus réchauffé que moi, et qui n’a pas résisté à l’appel du chalet ,lui , gna gna gna !). 
Ce sont trois mots échangés qui réchauffent autant qu’une bonne soupe, même brefs, mais a peine fini l’échange que j’avais déjà sauté de l’autre côté pour retrouver mon assistant du jour…
Qui plus est , ça va basculer donc retourner à des conditions plus clémentes, faut voir le verre à moitié plein ;-).

O miracle , des trous de ciel bleu apparaissent , puis le soleil !

La descente est chouette, comme j’ai trouvé sympa le signaleur maître-chien du PGHM , sa tente et son animal avant le passage juste « un peu » glissant qui ramène  vers Villard, je crois.
C’est là que zliiip, je glisse latéralement, fais un roulé boulé latéral pour me retrouver debout, hop, magique!


Moins magique, le genou droit douloureux après quelques foulées, je l’avais oublié (petit souci récurrent, mais en rémission), et je ne comprends vraiment pas pourquoi là maintenant, ça se réveille aussi brutalement et intensément.
En remontant vers le dernier ravito et CP , ça va mieux mais je redoute la descente finale . Quoi qu’il en soit, j’ai bien l’intention de finir , même avec un genou malade.
En attendant, j’en prends plein les mirettes, la montée n’est pas douloureuse

Oh le raidillon !! On dirait la montée de l’Archas , je suis presque chez moi ! lol
Un passage plus horizontal en devers , puis le dernier ravito arrive assez rapidement et je retrouve avec bonheur la clarine sonnante et sa joyeuse propriétaire qui m’ont doublé en voiture un peu plus tôt  en montant.

On passe sur la branche retour et j’entends un hélico arriver, chouette, j’aime bien ces bestioles.
Et ce con se rapproche avec un type avec un beau télé-objectif,  pour  me shooter moi ou les gars qui me précèdent.  Et là, même si je vois l’appareil, au moment où il repart, il me prend une montée d’angoisse d’un autre monde !!
Une fois l’hélico éloigné , je me mets à hoqueter comme une perdue en répétant « quel con, mais quel con !! »  En même temps je sais pertinemment que c’est un appareil photo, mais ce sont les nerfs qui ont lâché d’un seul coup là …Mauvais trip…
Fallait que la pression s’échappe, mais de cette manière là, je n’y aurais jamais pensé ! lol  (heureusement les gars devant étaient trop loin pour m’entendre, je serais passée pour quoi ??)

 
Il me faut tout de même quelques minutes pour reprendre un fonctionnement normal ,  et tout se remet en ordre. Et  même si cette piste vaguement montante est un chouille longuette, ça passe presque comme une lettre à la poste malgré la petite pointe en bas à droite…

Ah, ça sent l’écurie, on dirait bien que la sente qui descend en bas à gauche  annonce le haut de la troisième bosse donc la fin du Tour !
Mince , le genou…
 J’ai remarqué un peu plus tôt qu’en le  pliant complètement (je ne vous dis pas pourquoi…) la douleur diminue notablement. Donc je tente le coup, j’attrape le pied et je plie à fond comme si j’étirais le quadri.
Re soulagement, donc on y va, ça durera ce que ça durera, mais on va y aller franco et ne pas perdre de temps, je suis vraiment contente d’être allée au bout , il y a encore du jus et s’il y a du monde derrière, je n’ai pas envie de laisser ma place, quelle qu’elle soit !
Aille ouille, mais ça tient !
Je double plusieurs messieurs , petit bonus ;-)  

Les rues supérieures du village, traversée de la nationale , tapis rouge puis l’arche.


 Même pas mal .

Déçue lors de l'annonce du rabotage de relief donc de dénivelée pour cause d'orages annoncés (j'ai 47,5km pour 3000 de D+/D- au lieu des 50 et 4000 prévus), en ce qui me concerne, c'était finalement tout bien  :icon_mrgreen:
Pas contre , je n'ai toujours pas intégré que je ne mange quasiment pas en course et que je dois arrêter de me charger pour revenir les poches du sac pleines ou presque...
 Pour moi , le plus difficile c'est d'arriver à ne pas me trop charger, c'est vraiment une manie!
Les quelques rondelles (ô combien appréciées) chipées aux ravitos ont largement suffi , ainsi que même pas une poignée de fruits secs entre deux.
Deux mini sacs zippés  (5cm sur 5 au plus) ont été au top pour ce que j'avais  à y mettre , les noix de cajou et les fruits secs le sont restés, nickel.
J'ai appris également que mon caleçon hiver va très bien et reste chaud même mouillé , c'est mieux qu'un corsaire tout fin et les mollets à l'air en dessous.
Qu'une goretex c'est le minimum pour ce genre de conditions et que les néoprène, c'est pas mal du tout! ...

Remerciements vifs et chaleureux aux bénévoles toujours là avec le sourire... Fallait oser se mettre dans de telles conditions pour nous soutenir!
Et merci à Genoux dans le gif, j'ai bien rigolé lors du fignolage de ce CR!

8 commentaires

Commentaire de elnumaa[X] posté le 15-09-2015 à 10:54:12

ahaha bp de bonne humeur dans tes récits ,bravo pour ta perf !!
bon j'avoue je serai bien venu mais la surdose de soleil a eu raison de ma motivation ;-)
shame on me !!

au plaisir sur une prochaine course !
manu / cby

Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 15-09-2015 à 11:55:51

Tu ne sais pas ce que tu as raté! lol

Commentaire de Jean-Phi posté le 15-09-2015 à 13:16:00

Ah Serre Che, c'est le paradis des trailers ! Mais faut un peu de beu temps quand même !
Bon, c'était la 4° dimension, on dirait que tu as traversé tout ça à travers la pellicule d'un film. Je me suis régalé !

Commentaire de Jean-Phi posté le 15-09-2015 à 13:21:58

PS : Bon anniversaire ! ;-)

Commentaire de philtraverses posté le 16-09-2015 à 08:45:48

tu t'es bien marrée en écrivant ton récit. moi aussi. Ton récit me rappelle, je ne sais pas pourquoi la chanson de jean noël dupré : "ça me rappelle les vacances y avait une chouette ambiance" lol
https://www.youtube.com/watch?v=14geOct0zVo
sinon belle perf : le yoga ça a du bon

Commentaire de tourist 80 posté le 16-09-2015 à 21:18:04

Alors ça , c'est du récit !!!! Génial , quel beau boulot et qu'elle course.
Félicitations pour les deux.

Commentaire de Japhy posté le 17-09-2015 à 08:12:42

Bon ben c'est très bien! Un bonne séance de prépa des futurs mois d'hiver ! :D
Les gants néoprène, jamais essayé, mais j'ai eu plusieurs courses pour me rendre compte que l'imperméabilité ne suffit pas si c'est pas chaud en dessous.
Sinon c'est pas facile d'avoir ses parents malades loin de chez soi, c'est sûr...

Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 20-09-2015 à 19:09:25

C'est ça l'avantage du néoprène, les mains sont mouillées, mais au chaud ;-)

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