Récit de la course : Trail de l'Etendard - 63 km 2015, par Natou

L'auteur : Natou

La course : Trail de l'Etendard - 63 km

Date : 2/8/2015

Lieu : Bourg d'Oisans (Isère)

Affichage : 1978 vues

Distance : 63km

Objectif : Pas d'objectif

8 commentaires

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Trail de l'Etendard 66 km et 4000D+, un trail intimiste de toute beauté

Dimanche 2 Août, 6H00. C’est parti pour 66 km et environ 4000 D+ entre le Bourg d’Oisans (38) et Saint Sorlin d’Arves (73).


Nous sommes vraiment peu nombreux au départ : 34 partants dont 5 féminines. On va vite se retrouver seul ! Après la journée pluvieuse de la veille, le soleil devrait prédominer toute la journée. Il fait bon au départ du Bourg d’Oisans, 16°. C’est parti et bien vite !! Je suis en queue de peloton. Nous traversons le bourg, désert à cette heure-ci, pour rejoindre un sentier qui longe la Romanche. Cette section de 4,5 km permet de se mettre en jambes. J’essaie de ne pas aller au-delà de 10,5 km/h car ensuite, il va y avoir une sacrée grimpette ! La file des coureurs  s’étire déjà et la distance entre chaque se marque de plus en plus.

L’entrée en sous-bois annonce l’imminence de la montée. Celle-ci emprunte tout simplement le sentier du KV de Villard-Reculas. Il y a un jeune devant moi dont le rythme me convient bien. Je me calque à sa foulée et dépasse 3 coureurs. Je suis bien et cette portion jusqu’au village passe aisément. Mickaël m’attend et m’encourage. 750D+ déjà dans les pattes. Des brumes s’accrochent encore au versant.


 Le 1er ravito se trouve plus haut, au niveau du bassin Longaret. C’est magnifique. Dommage, cette brume !


C’est reparti, direction l’Alpe d’Huez ! La montée vers la station permet de passer au-dessus de la mer de nuage et laisse place aux rayons du soleil. Magnifique ! La montagne apparaît dans toute sa splendeur.

 

 

 

Tout va toujours bien. Je suis déjà toute seule sur ce parcours, au loin devant moi mon petit jeune qui grimpe bien ! Arrivée au ravito de l’Alpe, après 13.5 km et 1200D+. Là, je prends mon temps, savourant les petits pains aux céréales, bananes… Faut prendre du carburant pour rejoindre le plateau des Grands Rousses !

 Une petite portion de bitume avant d’attaquer un sentier de remontées mécaniques. Le terrain est toujours bien roulant. Je sens le soleil qui commence à chauffer et nous ne sommes qu’en début de matinée. Suivre les remontées mécaniques signifie dré dans le pentu !!!! ça crisse du mollet :D

 Les marmottes s’en donnent à cœur joie et s’amusent à me passer devant, se cachent, reviennent, m’attendent… LOL

21 km et 1900 D+, 3ème ravito. Cela fait presque 4H que je crapahute. Tous les voyants sont encore au vert. Les paysages sont de toute beauté. Je contemple Le Lac Blanc que je vais longer. Le terrain commence à changer : moins souple, plus de pierres. Tant pis pour les pieds, je savoure des yeux. Lac Blanc, Lac du Milieu, lac de la Fare, Lac de la Jasse… Extraordinaire ! Rien que pour ça, on en oublie la dureté de l’effort. Mais les pierriers, les cailloux qui viennent taper les chevilles me rappellent qu’il faut rester concentrée, histoire de ne pas trébucher ou perdre le fil des fanions qui indiquent le chemin. Il m’arrive par moment de devoir m’arrêter pour repérer le petit drapeau rouge entre pierres et hautes herbes.  J’arrive au Col du Couard qui annonce la descente vers le Barrage de Grand Maison. Cette descente n’est pas des plus simples : des torrents à traverser (pieds, genoux ou plus dans l’eau !! LOL), un balisage hors sentiers, des pierres, des trous. J’ai rejoint 2 coureurs devant moi et à 3 nous amorçons cette grande descente. Mes articulations sont très sollicitées. Les genoux font mal. Les parties en devers cassent les chevilles que je tordrais de nombreuses fois. Nous glissons, tombons. Pas simple. Mais nous nous attendons et nous aidons. C’est dans ces moments –là que je retrouve toute l’humanité et que les liens entre coureurs se tissent. Pas de discours, mais quelques mots ci et là qui donnent du courage à chacun. Nous arrivons enfin au Lac de Grand Maison qu’il va falloir remonter jusqu’au lieu-dit des Quatre Maisons.


Nous avons retrouvé un sol plus souple. Ça soulage les pieds ! Je me retrouve entre mes 2 coureurs et nous garderons cette position pendant tout le reste du parcours. Les premiers sont déjà bien loin et les derniers aussi. 40 km et 2500 D+ : 7 heures de course.


Je gère car les 26 kilomètres qui suivent ne sont pas plus faciles. Je commence à avoir bien chaud !!! La petite bise qui souffle semble tout assécher au lieu de me rafraîchir. Mickaël me retrouve là avant que je continue en direction du Col de la Croix de Fer.

 

Le sentier, faux plat montant, est en contre-bas de la route sur laquelle vélos, motos et voitures ne cessent de passer. Je profite de ce moment –là pour me ravitailler avec mes petites pommes de terre cuites à la vapeur et salées. J’ai faim et ces petites denrées me calent bien et sont de vraies booster ;-)


Je continue mon bonhomme de chemin et aperçois par moment ma moitié qui me suit de la route, route que je devrais emprunter sur la fin jusqu’au col.

 Bientôt un autre ravito (44 km et 2850D+). Mais contrairement aux premiers, ils sont moins achalandés : quelques tucs, morceaux de chocolat et bananes. Je remplis pour la nième fois la poche à eau que je ne cesse de vider. Cela me rappelle le trail de la Grande Casse faite sous une forte chaleur et pendant lequel j’avais bu plus de 8 litres d’eau. Le soleil dore mes bras et mes jambes comme des frites !

Direction le Refuge de l’Etendard avec des montées bien raides, histoire de couper les lacets du sentier. Ces pentes très raides me coupent un peu les jambes. La suite du parcours entre le refuge et le pied du glacier de l’Etendard me parait interminable. A chaque montée, j’espère arriver au point de retour. Mais il n’en est rien. A chaque fois, je vois le sentier continuer indéfiniment vers cette masse glacière qui me renvoie l’image d’être une fourmi dans cette immensité. Le vent est plus vif. Les 2500m sont franchis depuis un bon moment et je ressens pour la 1ère fois de ma vie de traileuse le manque d’oxygène à cette altitude. Le sentier se perd à travers des amas de blocs et débris rocheux. Le parcours se faufile au milieu de cette moraine glacière qui use mon corps. Quelques bénévoles empaquetés dans leurs blousons m‘encouragent et m’informent que j’ai fait le plus dur. Encore faut-il sortir du pied du glacier formé de ces pierres qui m’agressent ! La descente n’est pas de tout repos car mes appuis sont devenus sensibles. Chaque relance est arrêtée par mon appréhension à survoler ce terrain chaotique qui  aurait mérité que je me chausse de runnings plus rigides…

Glacier de l'Etendard (Photo 2014)

Me voilà enfin revenir sur le col de la Croix de Fer après une boucle de plus de 18 km au pied de l’Etendard.


Encore 7 gros km avant de franchir la ligne d’arrivée et une nouvelle bosse à franchir. Toujours encouragée par des randonneurs et bénévoles, je continue ma descente prudemment mais surement et retrouve plus bas Mickaël qui me montre le chemin restant à parcourir plus haut au milieu des prairies et chalets fermés.


Un bénévole m’indique encore qu’il me faudra encore plus d’une heure avant le final. Je ne sais pas si je suis comme les mules, mais quand je sens l’écurie, j’ai un regain d’énergie.

40 minutes plus tard, me voilà à Saint Sorlin, heureuse d’avoir mené à bien cette aventure.

 

 

 

25ème à l’arrivée, dernière personne à avoir fait le parcours complet. 4ème féminine et 2ème V1F. Mes poursuivants seront bifurqués avant la montée vers Saint Sorlin ou arrêtés.

 

 

 

Entre le maire de Bourg d'Oisans et le maire de Saint Sorlin d'Arves

12h40 au total pour 11h19 de déplacement. J’ai profité au maximum de ces paysages sublimes, de la gentillesse des personnes rencontrées, bénévoles, supporters ou randonneurs. La technicité de certaines portions, parfois très exigeante pour mon petit corps, n’a rien enlevé au plaisir que j’ai eu à faire cette course.

Quelques jours après, j’ai encore un hématome à la cheville, et les articulations des genoux font encore mal…mais je reviendrai !

 Merci à Mickaël, ma moitié adorée pour son soutien et toutes ces magnifiques photos prises. ;-)


8 commentaires

Commentaire de Ironmickey posté le 05-08-2015 à 15:34:11

Bravo. Encore un beau trail au palmarès. :-)

Commentaire de regneriebambip posté le 05-08-2015 à 16:16:45

j'ai suivie ta course via facebook et encore bravo et superbes photos !!

Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 05-08-2015 à 23:04:30

Je vois bien où tu es passée... Que dire ? Quel courage !!!
Bravo et merci à tous deux pour ces belles photos

Commentaire de patatrail posté le 06-08-2015 à 09:05:42

Bravo à toi Natou ton recit me donne l envie pour l année prochaine
il faut bien etre une bourique pour arriver au bout LOLL

Commentaire de chantrail posté le 06-08-2015 à 12:27:53

Bravo,

dommage que ce trail n'ait pas plus de succès car la 2ème partie après le col du lac Blanc, une fois passée le domaine de l'Alpe d'Huez, est un vrai régal de paysages, d'autant que ce n'est pas un secteur de rando classique !!

Commentaire de Natou posté le 06-08-2015 à 13:12:47

Tout à fait Chantrail ! Cette partie là est magnifique ! Et pour cette 3ème édition, c'est celle où il y a eu le moins de participants. Dommage, car c'est vraiment magnifique : bénévoles au top et balisage nickel dans un environnement extraordinaire ;-)

Commentaire de raspoutine 05 posté le 10-08-2015 à 22:31:37

Bravo pour cette course qui avait vraiment l'air d'être très, très exigeante !
Super job et ça fait envie de reprendre du service dans la discipline !
Merci à toi et ton photographe perso pour ces superbes clichés !
A bientôt !

Commentaire de le_kéké posté le 11-08-2015 à 17:31:31

Bravo Natou, cette course a l'air super belle, pas trop de monde et des sentiers rigolos, le top, ça fait envie. Sinon j'avais jamais entendu parlé des patates en guise de ravito, je garde l'idée dans un coin ;-)
Et bravo aussi pour la perf et le podium !!!

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