Récit de la course : Marathon de Paris 2015, par oliv_78

L'auteur : oliv_78

La course : Marathon de Paris

Date : 12/4/2015

Lieu : Paris 16 (Paris)

Affichage : 1123 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

8 commentaires

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Vers l’inconnu et au delà

Vers l’inconnu et au delà


1er récit sur kikourou pour mon 1er marathon de Paris. Mon objectif avec ce récit est de témoigner de l’ensemble de mes erreurs lors de ce 1er marathon. C’est pourtant écrit noir sur blanc sur tous les sites de running mais je n’ai pas été assez humble au début de la course et je l’ai payé.


La préparation :


Pour me présenter rapidement, 39 ans, mon passé sportif remonte à 20 ans, je suis gras et j’en ai marre. J’ai regardé le marathon de paris 2014 au fond de mon canapé le 6 avril. Lundi 7 avril, en discutant avec des collègues lors du déjeuner, je leur dit que si je devais reprendre le sport, c’est pour faire le marathon de Paris et les inscriptions s’ouvrent très bientôt. Un collègue a envie de le faire, puis un autre. Je doute. En 1 an c’est faisable ? Mon premier collègue me dit oui. Banco.


Le 9 avril 2014, 1ere sortie et c’est la cata. Je n’arrive pas à courir plus de 1 min d’affilé, pas de souffle, pas de jambes. Bref, pas le top mais je m’accroche. Les mois passent et je progresse. 5 min d’affilé, 30 min, 1h, etc….

Fin novembre, 1er semi “Les 20 bornes d’Andresy” à la maison, je connais bien le tracé car c’est mon terrain d’entrainement. Je souffre quand même car c’est loin d’être plat (voir les récit d’Overnight (http://www.kikourou.net/recits/recit-16810-les_20_bornes_d_andresy_-_21_1_km-2014-par-overnight.html). Résultat : 2h32. Pas top, mais je termine.


Début de la préparation marathon en janvier avec 14 semaines d’entrainement 3 fois par semaine (du classique). Petit relâchement en février dans le plan à cause d’un gros rhume et d’un déplacement professionnel.

2ieme semi à Rueil Malmaison, le 15 mars, avec un temps de 2h17 avec des ampoules au 9ième kilomètres, un départ beaucoup trop rapide et un gros coup de mou au 13ieme car je ne gère pas correctement mon alimentation. Bref, des erreurs de débutant mais il parait que c’est comme ça qu’on apprend. Mes collègues sont là aussi et ils terminent en 1h56 et 2h02. Nous avons pas le même niveau sportif, je le sais donc je me prend pas la tête


Mon problème d’ampoule est causé par des chaussettes non adaptées. C’est vite réglé et validé sur les sorties longues suivantes.

Pour l’alimentation, j’ai eu peur de trop manger/boire et c’est ça qui m’a tué. Je fais des tests avec des gels par la suite lors des sorties longues et ça va plutôt bien.

Ne pas partir trop vite : Erreur du débutant par excellence mais, avec l’ambiance de la course, c’est jamais évident. Je me dit que c’est le truc à ne pas faire le jour J et je me le répète tout les jours pendant 1 mois



L’avant course :


Etant en congé, je récupère mon précieux dossard le jeudi après-midi sans accroc et super rapidement. Je flanne dans le salon pour me mettre dans l’ambiance et la pression monte doucement. Le vendredi et le samedi passe très lentement et je n’ai qu’une envie c’est d’y être. Samedi soir, en mode baby sitter pour dépanner des amis. Ils reviennent vers 0h30 donc je sens que la nuit va être courte. De toute façon, je n’arrive jamais à dormir sereinement les veilles de course. Je me couche vers 1h et je tourne, je tourne, je tourne. Pas moyen de trouver le sommeil, je visualise la course en permanence. Je dois m’endormir vers 2h30/3h et mon réveil sonne 5h45. Petite nuit pas très réparatrice mais bon, j’ai fais du jus toute la semaine donc ça devrait aller.


Départ à 6h50 de la maison pour aller à la gare RER à pied. Environ 2.2 km, je me dit que c’est un bon réveil musculaire. Je monte dans le RER à 7h22 remplit de runner et j’arrive à Etoile peu avant 8h. C’est la folie, il y a du monde partout, je sens une énergie folle. Je file Avenue Foch pour poser mon sac à la consigne et remonte vers l’avenue des champs Elysées. Je croise les Lapins Runners en five fingers (chapeau à vous 2), un pingouin (le pauvre avec cette chaleur) et un gars en train de s’échauffer pieds nus (courage lui aussi).

Je retrouve mes 2 collègues et on est complètement surexcité. L’entrée du SAS est un difficile car il y a beaucoup beaucoup de monde. Une fois dans le SAS, on descend, petit à petit, les Champs jusqu’à l’arche de départ. C’est le moment, c’est parti pour 42.195 km !!!!


La course


C’est génial de descendre les Champs Elysées sans voiture avec les pavés rien que pour nous. Je laisse filer mes collègues car ils sont partis sur un rythme de 6’/km et j’avais prévu de partir sur un tempo de 6’40/km. Je me fais doubler par une flot de coureur, je me cale sur la gauche pour éviter de trop gêner et je profite à fond du 1er kilomètre en descente. Forcément, je termine ce 1er kilomètre en 6’17. Trop rapide, trop rapide. Je tente de descendre le rythme. 2ieme kilo en 6’27. Idem pour les suivants. Je sais que je suis trop rapide mais je me sens super bien. Le souffle est au top, les jambes aussi. Je n’arrive pas à ralentir. Les orchestres, la foule, les encouragements, c’est top, je kiffe.

Après le 4ieme km, je sens une tape dans mon dos. C’est mes 2 collègues. Euh ?????? Comment c’est possible ? En fait, ils ont fait un petit arrêt au jardin du Luxembourg. On passe 500 m à discuter et ils reprennent leur rythme.


Le km 5 arrive et le 1er ravitaillement. Je passe en 32’33. Tout va bien. Je prend mon gel et une bouteille d’eau. Il y a des bouteilles à moitié vide et de gels partout au sol, il y a pourtant des poubelles. C’est dingue. Je comprend pas pourquoi les gens ne prennent pas la peine d’utiliser les poubelles. C’est pourtant simple comme geste.


J’arrive à reprendre un rythme de 6’40 sur les km suivant avec les petites bosses vers la rue de Reuilly. Passage au dessus du périphérique par la porte Dorée et je m’arrête pour une pause pipi dans un bosquet après le 9ième km.

Après avoir longé le zoo de Vincennes, j’arrive au km 10. Une voiture avec le temps officiel affiche “2h05”, le marathon de Paris est terminé pour Mark Korir, le gagnant l’épreuve. Je passe le km 10 en 1h06m24s. Je suis trop rapide et je sens que je vais le payer. Je prend un gel et une bouteille d’eau. J’ai cru qu’il n’y avait que de l’eau sur ce ravitaillement à cause d’une indication sur une poubelle (pour cause de tri) et je ne prend pas de morceaux de banane. Tant pis, je ne vais pas faire demi-tour


Je passe le château de Vincennes sous un soleil de plomb. Cette place est magnifique. Il fait de plus en plus chaud. Vers le 13ieme km, je commence à avoir très mal au genou et je ralenti l’allure. J’ai déjà des petites douleurs sur le début mais qui sont passé après quelques centaines de mètres. Le 14ieme km arrive, synonyme du 1er tiers de la course. J’ai un énorme coup de mou. Je suis obligé de marcher. Je crève de chaud, j’ai super faim, mon genou me fait souffrir et j’ai les pieds explosé. Est-ce que je suis en train de me prendre un mur au 14ieme ?

Je marche, je trottine, je marche, je trottine. Dés que je cours, mon genou couine. Mes pieds sont compressés dans mes chaussures. J’ai l’impression que mes pieds ont beaucoup plus gonflés que d’habitude car je n’avais pas ressenti ça avant. Je m’arrête quelques secondes pour essayer de donner un peu de mou à mes pieds. Je n’ai pas d’énergie. J’arrive au ravitaillement du 15ieme et je prend 2 morceaux de banane, un gel et beaucoup d’eau. Je tente de retrouver des forces. J’alterne marche et course le temps. Le “gros” ravitaillement commence à me faire un peu de bien. je tente de chasser les idées noires. Je n’ai pas envie d’abandonner si tôt. Je pense à mes amis qui ont prévu de venir me voir et je tente de garder le moral. Après le 19ieme, je passe le périphérique. Beaucoup de monde à ce niveau là, ça fait du bien au moral. Je n’arrive toujours pas à faire 1km d’affilé en courant. Mon genou me tire et j’ai peur de me déchirer un truc. Cette peur ne va pas me quitter pendant toute la course. Je sais que si je me blesse c’est 6 mois minimum et je n’ai pas envie de subir ça.


Je passe le semi en 2h36. A partir de ce moment là, ma stratégie va être d’alterner course et marche en préservant mon genou dans la mesure du possible mais je ne m’arrête pas. Je profite de chaque ravitaillement pour bien m’hydrater et surtout manger. Je remonte vers Bastille. C’est noir de monde et je cours, histoire de ne pas perdre la face.


Je retrouve un peu plus d’énergie après Bastille dans la descente vers les quais. C’est dingue le monde de chaque coté de la rue. C’est vraiment sympa de voir toutes ces personnes avec un petit mot d’encouragement et qui viennent de partout dans le monde.


Je passe le km 25 en 3h09 et je commence à ne pas être le seul à alterner marche et course. Pas mal de monde s’arrête aussi pour s’étirer afin de faire passer des crampes. Heureusement pour moi, je n’ai jamais eu de crampes. Je profite du paysage. Sauf dans les tunnels, c’est vraiment horrible de passer la dedans. Je profite tout de même pour courir dans les descentes et je marche dans les montées. Nous commençons à approcher de la tour Eiffel et je me rappelle qu’il y avait des masseurs au Trocadéro. Sur le moment, je me dis que c’est pas une mauvaise idée de s’arrêter quelques minutes pour un petit massage. Seulement, je suis pas le seul à avoir cette idée là. Je n’ai pas le courage d’attendre. Le ravitaillement est un champ de mines et ça glisse de partout. Mélange de banane, d’orange et d’eau. Je repense au mec pieds nus vu au départ. Ca doit être difficile pour lui.

J’ai envie d’en finir et je pense à mes amis qui attendent Avenue Foch pour me voir. Je suis déjà très en retard et j’espère qu’ils pourront m’attendre car je sais qu’ils ont des contraintes familiales à honorer.


Mes cuisses commencent à durcir mais j’arrive à garder un rythme assez constant. J’alterne toujours marche et course et je passe le km 30 et son mur en carton en 3h58.  


Je suis plus du tout lucide et je pense à mes amis à l’arrivée alors j’avance. Même si je fais plus de marche que de course, je continue. J’arrive au bois de Boulogne mais je ne profite même plus du spectacle. La grande ligne droite de l’hippodrome est affreuse et je n’arrive plus à courir. Passage au km 35 en 4h42. Je suis pas fier à ce moment là.

Dans l’allée de la Reine marguerite. je me fait doubler par le meneur d’allure des 5h30. Je tente de m’accrocher mais je n’ai plus la force de les suivre.

Au km 40 en 5h40, je me fais doubler par le flamand rose. Chapeau à lui car ça doit être éprouvant de courir avec ça sur le dos.


Je vais y arriver. Au km 41, je cours un peu afin de me faire prendre en photo pour une publication sur Facebook. Mais je m’arrête pas très longtemps après. Je passe le dernier rond point avant l’avenue Foch et je me remet à courir. Il y a tellement de monde. Je regarde de tout les cotés pour voir si mes amis sont encore là. A ce moment là, je cours pas vite mais je cours et je n’ai pas le souvenir d’avoir mal. C’est assez curieux. Je passe la ligne d’arrivée en 5h53. Gros moment d’émotion et je retiens mes larmes. Je suis marathonien


Je remonte tout doucement l’avenue Foch pour récupérer le tshirt finisher et la médaille. Je n’ai pas faim et je récupère mon sac. Malheureusement, mes amis n’ont pas pu restés et ils sont sur le chemin du retour. Je n’ai plus de force et je erre sur l’avenue. Je me pose par terre pour récupérer. Je suis totalement vide. J’en profite pour appeler mes amis et prendre des nouvelles de mes collègues. Ils sont aussi finisher. Bravo à eux.


Autour de moi, je vois la joie de tous les finishers. Et moi ? Je n’arrive pas à être heureux après autant de souffrance. J’ai subi la course pendant les 2 tiers du parcours. je n’ai pas été humble au départ et je l’ai payé. J’ai l’impression de pas mériter ma médaille et mon tshirt car la course a eu le dessus sur moi et je l’ai subi de A à Z.

Après quelques dizaines de minutes, je reprend peu à peu mes esprits et je me motive pour rejoindre le RER et revenir à la maison.

Réveil difficile lundi matin. Au fur et à mesure de la journée, je réalise ce que je viens de faire et je savoure. Et aujourd’hui, j’ai comme une envie de prendre ma revanche l’année prochaine et faire une course digne de ce nom.






8 commentaires

Commentaire de Mustang posté le 15-04-2015 à 13:57:03

Beaucoup d'abnégation pour arriver sur la ligne d'arrivée. bravo
Et maintenant, continue :))

Commentaire de oliv_78 posté le 16-04-2015 à 08:05:11

Merci pour ton commentaire. Je vais pas m'arrêter là !!!

Commentaire de Overnight posté le 15-04-2015 à 18:38:20

Sympa le marathon d'Andresy était aussi mon 1er semi même si avant j'avais déjà quelques 20kms au compteur.
Tenter 2 semi et un marathon une 1ere année de pratique sportive c'est osé :). Tas eu la volonté et ça c'est déjà beaucoup! Rien que pour ca bravo!!
Maintenant, ne pas oublier le plaisir au risque de se dégoûter et/ou blesser... Si tas attrapé le virus autant prendre le temps d avancer doucement mais sûrement :)
Bonne continuation et peut être a bientôt sur une course ;)

Commentaire de Overnight posté le 15-04-2015 à 18:39:25

Le semi et non marathon d Andrés bien sûr :)

Commentaire de Overnight posté le 15-04-2015 à 18:40:33

Le semi et non le marathon d Andresy...

Commentaire de oliv_78 posté le 16-04-2015 à 08:06:42

Je suis d'accord que c'est osé pour une 1ère année. C'est aussi pour ça que j'ai voulu écrire le CR pour montrer qu'il faut être humble vis à vis du marathon et qu'après 1 an c'est limite limite. Je suis pas dégouter et je vais continuer la course à pied. A bientôt

Commentaire de arnauddetroyes posté le 17-04-2015 à 22:40:37

en tous les cas tu as fait preuve de volonté,1 année pour passer de rien à tout c est respect quand même!
Bravo marathonien!

Commentaire de Phénix posté le 28-04-2015 à 11:31:09

C'est super d'en arriver là au bout d'un an ! Félicitations ! Tu as raison de persévérer, moi je n'en suis qu'à trois ans de course à pieds et deux marathons...tu verras à force d'entrainement les progrès viennent vite. Et le plaisir ressenti ne varie pas !

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